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4,27

sur 1364 notes
Es pas trop leu !!!

Voilà, j'ai dévoilé le tiers de mes connaissances en occitan et la seule qui fasse à peu près sens dans le contexte.
Pourquoi l'occitan ? Parce que l'histoire du présent roman se passe dans le Périgord, pas loin de Sarlat, en un 16ème siècle où l'occitan était encore largement plus parlé que le françois de Paris. Et puis j'ai vécu mon enfance dans le midi et j'en suis bêtement fier.
Et pourquoi « c'est pas trop tôt » ? Mais parce que je ne savais pas qu'il existait une saga historique de la France du 16ème siècle aussi bien troussée que ce que ce début laisse augurer. C'est de la génialitude distillée douze fois dans un bon vieil alambic qui sent bon la liqueur de prune.
Il était temps que je m'y mette donc, et je remercie un million de fois ma chère TheWind dont les délicieuses critiques m'ont décidé à me lancer dans cette gageure (13 volumes, ça me fait très peur en général).

Mazette et cornebidouille, quel roman ! Il est rare que je sois en tout point satisfait d'un roman historique. Souvent, l'auteur sculpte avec précision les événements historiques en étant incapable de donner de la vraie chair à ses personnages (Roger Caratini par exemple, Jean Diwo à un moindre niveau). Parfois, des personnages somptueux évoluent dans un cadre historique où la licence romanesque prend le pas sur la véracité des faits (on trouve ça chez des auteurs du 19ème siècle). Robert Merle parvient à faire vivre de vraies personnes qui m'ont instantanément touché dans un contexte historique vrai et complet.
Dans ce premier tome, Pierre de Siorac raconte son enfance au château de Mespech. Il est narrateur et on a l'impression qu'il nous nous conte ses mémoires, un peu comme dans le Grand Meaulnes. L'époque est à la conversion à la religion réformée, au choix de son camp, aux premières guerres de religion. le père de Pierre prend son temps pour affirmer sa conversion au monde, sa mère ne veut pas en entendre parler. L'ambiance de guerre civile qui pénètre le moindre foyer est palpable et on pleurerait de voir ces gens, devenus des amis à force de les côtoyer en lecture, se déchirer. Amour réciproque contre croyances incompatibles qui leur sont autant nécessaires que respirer.
Je viens de le dire, on se sent rapidement appartenir à cette famille, au sens large c'est-à-dire en comptant les domestiques. On les aime dans leurs qualités et leurs défauts. On a la chance de voir vivre le petit peuple de province avec la petite noblesse. Une vie simple faite de travail, de batailles parfois, de maladies, de discussions rigolotes et de religion catholique ou protestante qui gèrent tous les gestes de la vie ou presque. J'ai beaucoup appris sur le sort des petites gens, de cette nourrice obligée de partir se faire faire un gosse par son mari dès que sa maîtresse est enceinte, de ses hommes qui ne peuvent espérer prendre épouse tant qu'ils ne possèdent pas un minimum de moyen de faire vivre une famille, de ces gens qui sont obligés – au moins en public – de prendre la religion de leurs maîtres. L'égalité n'est pas à l'ordre du jour.
Non, elle ne l'est pas. Les maîtres de Mespech, Jean de Siorac et son frère de sang Sauveterre, sont des modérés attachants, mais ce ne sont pas des saints (et je ne dis pas ça parce qu'ils sont huguenots). Ils passent par des phases de fanatisme, ils n'hésitent pas à s'emparer des terres de paysans incapables de survivre en temps de disette moyennant fourniture de vivres. Comme je le disais, ils sonnent vrais.

Et Robert Merle parvient à mêler petite et grande Histoire en rendant cette dernière aussi palpitante que sous la plume d'un Dumas. Ce roman est aussi riche qu'un livre d'Histoire ou dix biographies. J'y ai retrouvé tout Didier le Fur et Jean-François Solnon. Il évoque un Henri II manipulé, un Philippe II d'Espagne manipulateur, un Duc de Guise obnubilé par sa propre gloire et une Catherine de Médicis dont je me suis demandé si Robert Merle voulait la faire coller à sa légende noire (comme Dumas) ou plus simplement à l'opinion qu'en avait les huguenots à l'époque (opinion pas très favorable).

J'ai vraiment vécu quelques jours avec ce livre, dans ce livre, ma réalité s'effaçant derrière cette puissante évocation d'un temps passé qui m'a semblé si incarné. Les Piliers de la Terre de Ken Follett m'avait fait cet effet auparavant, et Azteca de Gary Jennings aussi.
Mais là ce n'est qu'un début. La saga va m'accompagner plusieurs années. Et cela rend l'avenir très attractif.
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J'ai découvert Robert Merle en lisant La mort est mon métier.
Alors, puisqu'il raconte si bien l'Histoire, pourquoi ne pas entamer cette série Fortune de France pour redonner un peu d'éclat et dépoussiérer les cours d'histoire qui m'ont pourtant intriguée mais parfois, hélas, fait soupirer d'ennui en classe.

Si seulement on apprenait au collège en lisant des romans comme ceux-là qui mettent en scène l'Histoire avec tant de vitalité et de couleurs, en mêlant cruauté avec un brin d'amusement. C'est comme un voyage dans le passé où rois, princes, chevaliers et paysans, domestiques et jeunes filles, nous invitent à découvrir leurs us et leurs coutumes, leurs joies et leurs peines. Faste et misère se côtoient, tout comme hypocrisie et courage, religions et démons, honneur et perfidie. Chaque personnage nous éclaire sur un trait de l'Histoire, dont la religion et le pouvoir tirent les ficelles.

Le XVIe siècle, période de grands troubles, de guerres entre catholiques et huguenots, où le pouvoir des grands impose les règles, enlise les pauvres dans la misère, mais ne peut rien contre la peste. Époque de grande ignorance où la médecine est quasiment impuissante et où les croyances sont truffées de légendes païennes, chères aux domestiques et aux paysans. Et, emporté par la magie de sa langue qui fleure bon le terroir, qu'on comprend sans avoir appris, tant les images sont parlantes, cocasses, amusantes, le lecteur ne peut que dévorer cette grande aventure.

Une histoire à suivre…

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Hélas, je vais faire partie des quelques rares qui n'ont pas prolongé le plaisir de lecture jusqu'à son terme. Je ne peux que saluer le talent d'écrivain de Robert Merle, dont j'avais adoré "La mort est mon métier", et j'ai passé un bon moment de lecture en parcourant les 200 premières pages.
Et puis,...
Allez savoir pourquoi, ma concentration s'est enlisée dans le récit, très dense. Est-ce dû à la multitude des personnages, aux nombreux événements entremêlés ?
Je le regrette, car c'est un bon livre, mais j'ai lâché.
Une autre fois peut-être...
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Vincent Beckers s'est plongé dans Fortune de France.

Et il a aimé.
Aimé le style, avant tout. Quel bonheur de retrouver le parler de l'époque et de découvrir moult expressions d'autrefois.
Rien que cela mérite le détour.
Mais il y a plus : la richesse documentaire.
De quoi réconcilier tous ceux et celles dont le prof d'histoire les a dégoûtés de l'Histoire. Ici, Histoire et histoires se recoupent. Sans ton pédant, sans délire irrationnel.
Bref, un bon moment de lecture.
Idéal pour les vacances.

Vincent Beckers a dit : hugh !
Lien : https://vincentbeckers-cours..
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Très belle découverte que cette saga historique qui nous plonge au coeur du XVIème dans une famille protestante. L'écriture se veut classique mais l'histoire sait happer le lecteur par un style sérieux parfois grivois souvent ironique. On s'attache vite à l'ensemble des personnages, maîtres comme domestiques. J'entame de ce pas le deuxième tome de cette saga.
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La série des Fortune de France figurait dans la bibliothèque familiale. A une époque où j'ai beaucoup lu Dumas, je n'ai jamais été tenté par Merle. La faute à la couverture du livre de poche ? A l'appréciation laudative des adultes sur ces romans ? Au côté plus sérieux que divertissant de ces ouvrages ?
Résultat, je n'ai lu ce premier tome que tardivement, et sans enthousiasme. le XVI éme siècle et ses guerres de religion est pourtant un moment décisif de l'histoire de France. Mais les aventures de Pierre de Siorac n'avançaient pas assez vite pour moi et le style très travaillé de l'auteur me pesait.
J'ai prolongé l'essai avec le tome deux.
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J'a longtemps hésité avant de lire Fortune de France. Les critiques étant si élogieuses j'avais peur de trop attendre de ce roman. Ensuite, l'idée d'ajouter une nouvelle série de romans dans celles que j'ai déjà commencé me laissait craindre de ne pas aller au bout de cette oeuvre.
Mais j'ai fini par succomber à la tentation. Pour mon plus grand bonheur. Tout a été dit sur le style, l'écriture, le récit, la vie ou les personnages présents dans ce roman. Je ne ferai que plagier les autres analyses si je me lançais dans un Nième éloge. Je me contenterai donc de dire que ce Fortune de France est une pépite de roman historique. Une façon idéale de se plonger dans cette France qui se déchire sur fond de Réforme. Certes, le point de vue est "Huguenot centré" mais il dépeint avec adresse les tensions entre les deux communautés.
Et si quelques uns d'entre vous ont peur de cette langue qu'on dit proche de celle du 16e siècle, sachez quand même que le récit se lit sans la moindre difficulté.
Aujourd'hui, je n'ai qu'une hâte : me plonger dans la suite.
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Voilà, je referme ce livre et je suis conquis, une écriture fluide, imagée très cinématographique, le fait de prendre le personnage principal et d'en faire le narrateur, pour ces raisons-là, je me suis régalé.
Une totale immersion dans l'histoire avec l'impression d'en être l'un des protagonistes c'est rare...quel plaisir! mais quel plaisir.
J'aime l'histoire et je ne sais pas pourquoi je n'avais jamais osé cette saga.(les 13 tomes, peut-être...).

Merci à Denis. qui grâce à sa critique m'a donné l'envie de lire Fortune de France
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Et nous voila parti pour un très long voyage, surtout dans le temps au coté de notre jeune héros qui va traverser les années aux cotés des plus grands. Ce qui est plus facile pour raconter la grande histoire et la petite. Une série qui m'a longtemps tenue en haleine, que j'ai laissé ( vu le nombre de tomes) puis repris avec toujours autant de plaisir. Par ce tome c'est la que tout commence.
Tout va s'étaler sur 7 tomes dont le dernier publié à titre posthume. Nous découvrons dans ce premier opus la jeunesse de Pierre de Siorac, fils cadet qui se destine à la médecine. Nous sommes en 1547, avant la mort de François premier. Merci " Robert" pour nous avoir entraîné si loin avec toi. RIP.
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Un bon moyen pour passer en revue l'histoire de France tout en se divertissant.
À la longue et au fil des tomes, le style est un peu répétitif quand même.
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