Par cette belle journée ensoleillée du 15 août, quel livre eût-il été plus agréable d'emmener à la plage pour une longue flânerie entre soleil et baignade.
Et peu m'importe si l'ouvrage ne me semble pas adressé.
Il l'est à toutes celles qui aspirent aux ronds dans l'eau, à la régate tranquille.
Car Jean Merrien, pour qui, un plaisir sans une dame n'est pas tout à fait un plaisir, a chargé ce livre d'être son ambassadeur auprès le la gente féminine.
Sa lectrice, celle qu'il aime, s'imagine-t-elle que le plaisir d'être sous une voile n'est pas pour elle ?
Quel dommage ! Quelle erreur !
"La mer aux dames" s'ouvre sur une pirouette humoristique, un petit choix de dédicaces fantaisistes.
"La mer aux dames" est une agréable promenade, une petite digression entre conseils et anecdotes, au pays de la régate, de la plaisance.
Ouvrir un livre de Jean Merrien est toujours une fête pour qui aime la mer.
Ici, comme à l'habitude, le propos est redoutablement étayé.
La réflexion hésite entre sérieux et humour.
Et sans oublier de faire preuve ailleurs de clairvoyance, elle se teinte parfois d'une certaine naïveté, .
"Vous rendre la mer, amies, ce n'est pas rien !"
Jean Merrien a décidé de sonner ici le glas du temps de la femme du marin, qui agitant son mouchoir sur le quai, est une femme de chagrin.
Il annonce celui de la femme navigateur, femme de hâle et de labeur.
"Le temps de la mer des dames est bien venu".
Le livre est tissé d'Histoire, d'anecdotes, de courtoisie et de réflexion.
Pointant l'injustice dont faisait preuve l'inscription maritime à l'égard de la gente féminine, Jean Merrien se livre ici à une analyse pertinente de sa condition dans le milieu de la pêche.
Il en a profité pour me présenter Mlle Léonie Hubert de Réville, qui a obtenu, par dérogation spéciale de son ministre de tutelle, le droit de faire office de patron de pêche dans des eaux particulièrement difficile.
L'ouvrage paraît aujourd'hui un peu désuet.
Mais par le charme irrésistible de l'âge, il y a gagné plutôt que perdu.
La plume de Jean Merrien n'est jamais prise en défaut d'avoir ni bâclé, ni tâché le papier.
Le livre est délicieux.
Il est destiné à toutes les femmes qui ne veulent pas devenir marin-pêcheur, qui ne veulent pas verser dans la piraterie, qui ne veulent pas se lancer dans un tour du monde océanique et qui, espérons-le, ne sont pas naufragées.
Il est destiné à toutes les femmes qui apprécient la mer et la bonne littérature ... et à tous ceux qui les aiment ...
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Il y a des voitures sur les routes. des files de voitures.
Des fumées, de la poussière, des chauffards et des gendarmes [...]
Il y a les restaurants à la graisse de baleine, avec rosé à 600 francs la bouteille.
Il y a les hôtels complets [...]
Il y a les villas retenues à prix d'or [...]
Il y a les campings bourrés.
Des trois tentes proches sortent trois symphonies : celle d'un bébé, celle d'une dispute de ménage, et celle d'une radio beuglante, vomissante ou dégoisante.
Il y a les plages au coude à coude ... pardon, au fesse à fesse [...]
Et puis, il y a la croisière.
Notre maison flottante, sans voisins, sans radios, sans gendarmes, sans foules, sans poussière, sans chaleur, notre maison qui, chaque jour, développe ses ailes, et, comme un oiseau, s'en va par les mers à notre guise ...
Avant de parler, chère Madame, de vous sur la mer d'aujourd'hui, disons quelques mots de vos devancières.
Et tout d'abord de ces "femmes de mer" par occasion momentanée - quelquefois par goût -, les passagères ...
Dieu protège les innocents.
Il protège aussi les femmes confiantes et les chics types, espérons-le ...
Jean Merrien : Dictionnaire de
la merDepuis COLLIOURE, dans les Pyrénées-Orientales,
Olivier BARROT présente le livre "Dictionnaire de
la mer, le
langage des
marins, la
pratique de la voile", de
Jean MERRIEN, réédité par Omnibus.
Dessins en banc-titre.