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EAN : 9782379131455
184 pages
Mon Poche (17/08/2023)
3.4/5   114 notes
Résumé :
Dans la forêt, une partie de chasse s’engage, menée par Gérald, la gâchette du coin. Devant lui, son chien Olaf piste la trace, et Linda, son vieil amour, guide les traqueurs qui rabattent le gibier. Alan le garde-chasse a le cœur en morceaux. Ce soir, il le sait, les biches seront en deuil. Mais en ce dimanche plus gris que les autres, une tempête approche. La forêt aligne ses bataillons, les animaux s’organisent. Les cerfs luttent sous l’orage. Et une biche refuse... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (63) Voir plus Ajouter une critique
3,4

sur 114 notes
Biche est un conte. Comme dans les contes ou les fables De La Fontaine, les animaux de Mona Messine ont des prénoms, des personnalités, des expressions corporelles et faciales humaines. Comme dans les contes, il a une morale sous-jacente, un message édifiant sur la condition humaine.

Biche est un conte écologique qui rend hommage à la beauté de la nature sacrifiée par les Hommes, mais aussi un conte allégorique mettant en scène des proies ( les biches = les femmes ) et des prédateurs ( les chasseurs = les hommes ) dans une partie de chasse qui ne se déroule pas comme prévu.

Incontestablement, le roman avance avec fluidité. Sa construction est très propulsive pour le lecteur à mesure que se révèlent des interactions restées secrètes jusqu'alors entre les personnages humains ( Alan le garde-chasse romantique, Linda la chasseresse frustrée amoureuse, Gérald le principal chasseur ) et leurs aspirations.

Mais voilà, j'ai beau savoir que c'est un conte donc, avec son potentiel métaphorique, le sous-texte contemporain m'a semblé tellement lourd et scolairement présenté que je n'ai pas accroché et que j'ai fini quelque peu agacée par ses proies-biches-femmes et ses prédateurs-chasseurs-hommes. Et surtout par quelques scènes comme l'épisode nunuchement lyrique des cerfs homosexuels ( même si je sais que cela existe chez les cervidés ) ou le parallèle gênant entre la maman du garde-chasse battue par son mari et la maman de Bambi ou encore quand Linda traite les biches de « salopes ».

J'ai eu également beaucoup de mal avec les prénoms donnés aux animaux ( comme Hakim le hérisson ou la vieille biche Elisabeth ) et la forte tendance à anthropomorphiser les réactions animales, procédé que de façon générale je n'apprécie pas en littérature.

Je comprends ce qu'a voulu faire Mona Messine, ce qu'elle a voulu dire et dénoncer de notre société patriarcale violente à l'égard des femmes, mais j'ai trouvé sa proposition littéraire maladroite. Là où elle vise juste, c'est avec le personnage très inquiétant de l'adolescent Basile ( sous-exploité ), éduqué à la violence, avide d'en découdre et de tuer. Et puis il y a l'étonnante scène finale qui veut décrire le changement qui est en train de s'opérer dans les mentalités. Cette scène pourrait être totalement grotesque. Etonnamment, même si elle n'est pas très bien amenée dans le récit, elle m'a plue car elle a réveillée mon intérêt sans me faire lever les yeux en l'air, le conte devenant alors cruel avec sa dimension surnaturelle audacieuse.

Lu dans le cadre de la sélection 2023 des 68 Premières fois
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Le premier extrait de Biche, lu par l'autrice elle-même, ne m'avait pas tellement accroché… Nous étions à Manosque pour une nouvelle Sieste littéraire, lors des Correspondances 2022. Puis, après quelques morceaux musicaux toujours aussi beaux et planants, l'autrice, Mona Messine, a repris la lecture : un autre extrait de son premier roman et là, j'ai été captivé de plus en plus, complètement scotché, ne voulant plus qu'elle s'arrête !
Aussi, je n'avais qu'un désir : lire Biche ! Enfin, c'est fait, grâce à Livres Agités, dynamique nouvelle maison d'édition, et je ne l'ai pas regretté car j'ai retrouvé ce style fluide, non dépourvu de réflexions justes, précises parfaitement représentatives d'une partie de chasse, un livre qui prend aux tripes…
En douceur mais toujours très efficace, Mona Messine me plonge dans cette forêt, au coeur de la vie sauvage menacée par ceux qui ont les fusils et sont organisés pour tuer. C'est Gérald qui semble tenir la vedette. Fils et petit-fils de chasseurs, il est lent mais précis et son chien, Olaf, sait ce qu'il doit faire.
De leur côté, les traqueurs sont chargés de rabattre le gibier alors qu'Alan, le garde-chasse tente de faire respecter les règles car lui, il aime profondément la nature et les animaux qui y vivent.
Que c'est beau ! Que c'est précis ! Que c'est juste !
Mona Messine m'emmène dans cette forêt où les biches en chaleur observent malicieusement les cerfs. C'est une biche en particulier que l'autrice va suivre et elle réussit la prouesse de se glisser dans l'esprit de l'animal, la laissant s'exprimer, confier ses peurs, ses espoirs, ses émotions, sa colère aussi.
Mais le charme est vite rompu par le premier coup de feu tiré par le jeune Basile (14 ans et demi) qui vient d'abattre une caille. En raison de son jeune âge, il rentre tôt chez lui avec son père et se charge d'enjoliver ce qu'il considère comme un exploit…
Les chiens, la biche, l'eau, le garde-chasse, les femmes des chasseurs, les enfants, Hakim le hérisson, évoluent dans cette forêt où la personnalité de Linda, une canadienne venue s'installer au village, émerge rapidement. C'est elle qui pilote les traqueurs tout en pensant sans cesse à Gérald, quitté par sa femme il y a quelques années.
Le tableau est prêt. La chasse est lancée et, dans cette atmosphère bucolique qui pourrait être délicieuse, je sens que le drame va se nouer autour de Biche et de Gérald, un moment des plus intenses, tendu à l'extrême, superbement mis en scène et conté par Mona Messine.
Biche est un hymne à la nature, à la vie, un magnifique premier roman distillé avec une écriture délicieuse et dont la couverture est une réussite !


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Ayant eu le grand plaisir en septembre dernier de faire connaissance avec des extraits de textes de Biche lus par Mona Messine elle-même, au cours d'une sieste littéraire aux Correspondances de Manosque, je n'avais qu'un souhait : découvrir ce roman !
Livres Agités, la jeune maison d'édition indépendante dédiée aux primo-romancières, co-fondée par les écrivaines Vanessa Caffin et Jeanne Thiriet, en m'offrant ce roman, a réalisé mon voeu et je la remercie ici bien sincèrement, d'autant que sa lecture a été à la hauteur de mes attentes.
Les premières pages s'attachent à décrire un monde quasiment idyllique en nous plongeant aux premières lueurs de l'automne dans une forêt où folâtrent une jeune biche et ses faons.
Mais, à l'opposé du massif, des chasseurs se préparent en vue d'une battue menée par Gérald, pas très vif mais tellement précis ! Pour lui, le Graal : une seule cartouche pour abattre un cerf.
Olaf, son chien, son fidèle compagnon, piste la trace et Linda, son vieil amour, est cheffe de battue. Elle guide les traqueurs qui rabattent le gibier, frustrée de ne figurer que dans les rabatteurs et de ne pas être autorisée à chasser.
Alan, le garde-forestier, lui, aime le mystère de la forêt, laisser vivre la nature. Il fait son possible pour protéger les biches « Vaillant, il faisait face à tous les agriculteurs pour sauver ses trésors à quatre pattes. Mais contre les chasseurs, il ne pouvait pas agir. C'était là son grand désespoir ».
Lors de cette partie de chasse, les biches et les faons, les cerfs, c'est la saison du brame, vont devoir esquiver, lutter contre cette horde de chasseurs. Les animaux, les arbres et le ciel, seront tous partie prenante dans cette bataille jusqu'à l'affrontement final entre deux entêtés, la biche qui refuse la loi des hommes et Gérald, isolé, qui ne pense qu'à sa réputation de chasseur mise en jeu.
J'ai été embarquée dès les premières lignes par cette histoire haletante où proies et prédateurs se font face. Comme un conte, une fable dans laquelle sont mis en exergue les rapports de force qui existent dans toute société. Rapport de force, de domination, induisant la violence pour soumettre la proie.
J'ai été subjuguée par l'écriture tellement poétique de Mona Messine. Ses descriptions de la nature, de la forêt, des animaux sont criantes de beauté et de vie.
Quelle magnifique idée aussi de suivre les pensées aussi bien des hommes que des animaux, de les faire se rencontrer dans ce beau théâtre qu'est la forêt, cette forêt qui peut gronder !
Avec le personnage du jeune Basile, c'est la fascination pour les armes et les dangers des réseaux sociaux que l'autrice met en évidence.
En lisant ce récit de chasse dans lequel sont développés sans jugement, tous les arguments déployés par ceux qui aiment se faire appeler les régulateurs, il est impossible de ne pas prendre fait et cause pour cette biche aux abois. Cela m'a rappelé « La chasse », cette magnifique chanson de Henri Tachan, véritable réquisitoire pour ce que certains appellent un sport !
Que la nature est belle sous la plume de Mona Messine et quel talent elle possède à nous faire vivre aussi bien Hakim le hérisson ou Élizabeth la biche en fin de vie que ces deux magnifiques cerfs que nous nous apprêtons à voir combattre pour gagner la harde et qui contre toute attente, nous offrent une sublime scène d'amour …
Biche est un conte écologique, un conte initiatique émouvant mais aussi un roman de révolte dans lequel la tension est palpable à chaque instant, tension qui monte inexorablement jusqu'à la scène finale digne d'une tragédie grecque !
À noter une très belle couverture pour un roman que j'ai particulièrement apprécié.
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Biche est un court roman dont le personnage principal est annoncé dans le titre. Et il ne s'agit pas d'un surnom affectueux, mais bel et bien de cet animal souvent aperçu au détour d'un décor rural, en lisière d'un bosquet.

Biche est aux abois, comme le dit la chanson, car une chasse est en cours, et elle est la proie. Nous vivons avec elle cette traque, les pièges qu'elle tente de déjouer, et sa fuite éperdue pour sauver ses petits.

La parole est aussi donnée aux chasseurs, et à leur discours écologistes, où l'on parle de régulation, de quotas et de maîtrise de la prolifération animale. Sans jugement, l'autrice reprend les arguments que l'on connaît.

Pour compléter le tableau, s'ajoute la figure du jeune garde-chasse amoureux de son territoire, et prêt à venir en aide aux animaux menacés pour les tirer de ce mauvais pas.

On tremble pour les cervidés, bien sûr, mais aussi pour les dangers potentiels de cette partie de chasse où les consignes de prudence ne sont pas toujours respectées. On s'attend à l'accident à tout moment, ce qui rajoute une pression angoissante au déroulement de l'histoire.


Ce premier roman aborde un sujet original. Si l'on ajoute la qualité de l'écriture ,il conviendra à tous les amoureux de la nature, de la forêt et de ses hôtes discrets mais présents.


208 pages Livres Agités 5 juin 2022
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Un dimanche d'automne, à l'équinoxe, « la biche et la forêt : deux pieds de ronce imbriqués l'un dans l'autre ». Mais à ce moment terrible de l'année, à la fin de l'été, le royaume mystérieux de la forêt et son petit peuple d'animaux doivent faire face à l'armée des balles des chasseurs.

Cette journée qui ne va plus finir où les couleurs du ciel annoncent l'orage débute pourtant comme un jour ordinaire.
Dans les clairières, les jeunes biches se reposent en gardant un oeil sur les faons, petites têtes marron sur la pelisse froissée des feuilles amenées par le vent d'un grand changement.

Tandis que les pas lourds des chasseurs écrasent le sol, les petits animaux, fourmis, hérissons, tiennent la gardent et préparent le terrain. Il y a bien aussi côté humain Alan le garde-forestier mais il se sent bien seul et n'a pas vraiment de moyens. Les vieux arbres au tronc douloureusement scarifié alertent eux aussi.

Au loin, à l'écho du premier coup de fusil, le brâme d'un cerf cache une vérité sublimement archaïque et belle, que la ligne des tireurs menée par la femme rabatteuse ne peut imaginer ou ne supporterait pas de voir.

J'ai vécu cette journée comme un conte noir dans une fièvre de sensations et d'émotions qui m'a tenue en haleine jusqu'à la dernière page. Il n'y a pas de vaincus ni de vainqueurs, seul le désir de rester en vie dans une symbiose naturelle à l'endroit parfait qui a vu naître la biche et ses ancêtres avant elle.

Les reflets du soleil déclinant à la cime des arbres, les bruits furtifs des bois. C'est à la nuit de ce premier jour où le chasseur devient braconnier, qu'une courageuse et fascinante biche, héroïne du récit va prend sa vie en main en bousculant l'ordre et les genres dans un incroyable mouvement de sororité féminine.

Je remercie Babelio et les Editions Livres Agités pour ce beau moment de lecture dans le cadre de la Masse Critique Littérature de janvier.
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critiques presse (1)
LesInrocks
28 septembre 2022
Pourtant, loin d’une histoire pour enfants, c’est une tragédie cruelle, sauvage, presque mythologique, qui se dessine derrière la couverture graphique de l’ouvrage.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Il s’engouffra dans sa voiture avant qu’on ait pu le questionner et démarra. Il allait tenter de rejoindre le quart sud de la forêt. Gérald ne pouvait qu’être là-bas, parmi les ruines de pierre, les prairies, tout ce qu’il y avait de plus rassurant, de plus humain. Il le savait depuis le début, mais personne ne lui avait rien demandé. Alan allait sauver les biches, stopper un massacre annoncé. Sa main ne décollait pas du levier de vitesse, il n’avait plus besoin d’être convaincu. C’était cela son pouvoir face au maire dédaigneux : il connaissait mieux que personne la forêt et ses cachettes, savait où la biche dormait et jusqu’où Gérald irait la traquer. Il passa la seconde et frotta la buée sur l’intérieur du pare-brise. Comment avait-il pu oublier ses facultés, lui, le fin connaisseur des sentiers sylvestres, et se terrer face aux ordres et contrordres de sa hiérarchie ?
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Le chant des arbres balayait tous les bruits alentour, inutiles. La biche racla du museau le sol pour remuer la terre et dénicher des glands. Sous un tapis de feuilles, elle en trouva quatre, ratatinés sur eux-mêmes, amassant en même temps des brins d’herbe séchée et des aiguilles de pin qui, sans qu’elle s’en aperçoive, resteraient collées sous son menton. Derrière elle, les feuilles prenaient la lumière d’un commencement de soleil, des liserés d’or sur leur pourtour.
(page 9)
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Ils arrivaient, scindés en deux groupes. Des hommes armés, des femmes sifflantes et leurs marmots bruyants. La biche reconnut la méthode de la chasse en battue et arrêta de mâcher la dernière fleur qu’elle avait portée à sa bouche. C’était l’annonce d’une journée sale. Les faons ne devinèrent pas son inquiétude et continuèrent de jouer dans les flaques. Elle devait partir, emmener tout le monde à la recherche de nouveaux champs. En bélier devant la harde comme butoir d’espérance, elle enfoncerait la porte de tous leurs appétits à l’orée de la forêt, appel acharné aux asters et aux héléniums orangés, arbouses sucrées qui tombaient sur le sol à la frontière des arbres. Ici la nourriture et la boisson, là-bas le calme, et entre les deux l’inconnu durant lequel elle pouvait à tout moment finir sous les balles des chasseurs.
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Sonnée par le premier faux signal du fusil, la biche patientait, exsangue, en essayant de récupérer le fil du jour. Les chasseurs restaient sur ses traces, elle ne pouvait l’oublier. Décapiter des pâquerettes avait une saveur pauvre, et pourtant, elle n’avait plus que ça ce matin. Elle se noya dans cette idée : manger. Les faons étaient en sécurité pour le moment, ses pensées s’envolèrent librement. Comment s’endormir dans les herbes de la prairie en sachant que sa cervelle pouvait exploser à tout moment dans le viseur d’un sanguinaire ?
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Gérald était nerveux quand il faisait trop beau, comme ce matin, qu’avant 10 heures, déjà, des promeneurs arrivaient près des abords de la forêt, loin d’ici mais pas assez. Des familles, des sportifs, ces paresseux qui venaient là pour les loisirs alors que sa discipline à lui, la chasse, c’était du sérieux. Des crétins qui auraient mieux fait de rester chez eux à bouffer leur confiture d’églantine ou faire des crêpes aux flocons d’avoine pour le petit-déjeuner.
(page 48)
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