Ce livre consiste essentiellement en une succession d'interviews de
Reinhold Messner intercalées avec quelques récits qu'il a écrits, l'ensemble sur une période allant des années 80 au début des années 2000.
La première partie relatant les années d'enfance et d'adolescence de l'alpiniste, ainsi que ses premières ascensions dans les Dolomites et, plus tard, sur les grands sommets de l'Himalaya, est assez intéressante. M'ont manqué toutefois des descriptions de la montagne que j'attends toujours de ce genre de livre. On est sur du récit, de l'interview, du factuel, donc pas de poésie des cimes.
Néanmoins, malgré toutes ses contradictions, le personnage de
Reinhold Messner m'est paru attachant. Il est d'abord remarquable par ses réussites, il est toujours redescendu des différents sommets. Il l'est également par son attachement à une forme d'alpinisme, certes réservée à une élite, sans aucun piton, ou le moins possible si vraiment nécessaire. Il l'est aussi par toutes les actions qu'il a menées pour aider le peuple tibétain pour lequel il a vraiment mouillé le maillot en participant à la construction d'écoles, d'infirmeries, en s'efforçant de remettre sur pied des villages détruits par les tremblements de terre.
Sa réflexion métaphysique, malheureusement trop éparpillée dans ce livre, au fil des interviews, révèle également une personnalité en recherche, recherche de lui-même, du divin, tout en affirmant un athéisme qui ne convainc pas. C'est un homme entier, capable de faire confiance, d'aimer, de détester, qui a encaissé bien des coups et que son orgueil a certainement aidé à résister à tout.
Dommage également que la traduction soit des plus approximatives, truffée de fautes, de constructions erronées, au point de se demander si le texte français a bien été relu...
Cela reste un témoignage souvent émouvant d'un véritable alpiniste, connaisseur de la montagne, acceptant ses dangers, vivant douloureusement ses peurs et ses remords, finalement un homme, simplement.