En un mot, Hu Yaobang est l’homme qui cristallise, plus encore dans la mort, la division du PCC. Deng Xiaoping, l’éternel hésitant (ou plutôt l’homme-liane, capable, comme tout dictateur, de s’appuyer tour à tour sur toutes les factions pour conserver le pouvoir, quelle qu’en soit l’orientation), l’avait appelé à ses côtés dès son retour aux affaires, en 1978. À partir de 1981, il était devenu le numéro deux du pays.
Le lancement de la Chine sur des rails réformistes avait été accepté par les conservateurs, moyennant l’adjonction d’une sorte de “garde-fou” en forme de droit de veto pour la vieille garde : les “quatre principes de base” qui spécifiaient que la réforme ne conduirait jamais à un régime de style occidental : pas de réforme politique !
Une hypothèse est que Zhao Ziyang et ses amis politiques
ont cherché à s’appuyer sur les étudiants, en saisissant
l’occasion historique de la mort de Hu pour développer leur agitation jusqu’à en faire celle du pays entier, afin de reprendre le pouvoir et relancer la réforme.
Le temps presse : d’après le South China Post (quotidien
de Hong Kong) du 17 avril, une démission forcée du
Premier secrétaire est très possible, et peut désormais se
produire à tout instant !
Ce “ras-le-bol” proche du désespoir étant apparemment l’acquis principal, dans l’esprit des masses, de quarante ans de stalinisme en Chine, associé à un solide matérialisme (fruit du “Enrichissez-vous” professé par Deng Xiaoping depuis sa reprise en main du pouvoir dix années plus tôt).
Le système étant bien trop “ficelé”, sous contrôle de la police et des peurs individuelles, pour qu’on puisse rêver même du moindre débordement. Si tant est qu’elles existent, ces opinions !