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3,57

sur 331 notes
Si vous croyez un seul mot de ce que Pierre Michon raconte dans ce roman, vous êtes perdu(e) : le couperet de la guillotine littéraire vous tombera sur le cou aussi sûrement que vous aurez lu d'un trait "Les onze". le fil rouge est cousu de blanc : deux couleurs qui s'accordent assez bien avec l'époque de la Terreur qui écrit les pages des plus terrifiantes : ces portraits-là des Sanguinaires sont réalistes, réels sans doute. Nantes, Bordeaux, Lyon, Paris entre autres sont gérés par des fous, qui donnent envie de haïr à jamais tout régime jacobin. Celui-là même qui organise les musées nationaux où se prête au regard ce type de tableau, justement, celui qui représente le Comité de salut public. L'artiste pourtant choyé par le récit disparaît derrière (ou dans ? ) la fresque historique. Mais qui est le personnage principal du livre finalement ?
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L’écrivain se met dans la peau d'un artiste peintre, parcourt les galeries souterraines du passé, nous montre le dessous des choses, là où personne ne pensait voir ou découvrir encore quoi que ce soit, et nous offre un tableau des Onze, les onze apôtres qui ont représenté le Comité du salut public et semé la terreur, à travers une fiction.
Mais est-ce vraiment une fiction ? N’est-ce pas plutôt le réel, qu’on nous a falsifié ou édulcoré, et ce qu’on aurait pu et dû y voir ? Un humour décapant et féroce servi par une langue parfois un peu alambiquée, mais néanmoins truculente.
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Je suis passé totalement à coté … et pourtant j'aime la peinture, j'aime la belle écriture, donc j'aurais dû, comme beaucoup de lecteurs aimer ce livre.
Mais non ! Je n'ai aimé ni le style littéraire, usant et abusant de mots et de formules " précieuses" ( j'ai appris de nouveaux mots, que personne n'utilise, comme " anacréonisme", "difficultueusement" … )
Je ne suis pas rentré du tout dans l'histoire.
Bref, je pense que j'ai manqué de concentration ou de culture… au choix !
Je retenterai ma chance néanmoins une autre fois , car cet hermétisme absolu m'étonne.
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Un petit bouquin admirable, écrit au scalpel, au style sec et resserré, qui aborde la Révolution sous un angle tout à fait original. Lisez Michon, le plus discret de nos grands auteurs !
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Je viens de relire Les Onze, et il m'a sonné comme la première fois...
Pourtant, entre lui et moi c'était mal parti et pour être honnête, je crois que de moi-même, je ne me serais jamais dirigé vers ce livre d'apparence austère malgré sa couverture orange-soleil...
C'est un professeur de stylistique qui nous l'avait fait étudier... Si je m'en suis plainte, je n'ai pas dû le faire longtemps, tant le livre m'avait plu, même quand il me donna à travailler le thème de la cruauté dans le roman...
"Les Onze", c'est le monumental tableau qui représente les membres du Comité de Salut Public en 1794, ère de Terreur. C'est aussi le récit de la vie du peintre génial qui créa le tableau: François-Elie Corentin.
Pierre Michon joue à l'historien d'art mais tout est fiction et roman, affabulation. On croit à ce tableau, à ce peintre qui vont si bien avec la Révolution Française, ses excès, ses passions. On croit à cette mère aimante et sacrifiée par l'enfant sans vergogne ni empathie; on croit à ces limousins tous entiers pétris de boue, de sang, de poussière; on croit à la lumière presque purificatrice de la peinture à l'huile. Les Onze n'est pas vraiment un roman historique ni un roman sur l'art. Il est un peu tout ça et plus encore. Les Onze, c'est la puissance évocatrice des mots, c'est un souffle poétique, c'est une écriture magnifique, exacerbée, excessive. C'est un peu Baudelairien aussi car Michon de la boue et de dureté des limousins fait de l'or et de la soie. Dans la terre et le sang.
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Ce livre mythique est effectivement un bijou. Pierre Michon y conte l'histoire d'un tableau exposé au Louvre, qui représente le rassemblement pour un repas, autour de Robespierre, de onze commissaires du Comité de Salut Public qui en 1794 doit instaurer le gouvernement révolutionnaire de l'an II, et engager la période dite de la Terreur. Au delà du tableau, il nous retrace la généalogie familiale et picturale, ainsi que la vie d'un peintre inconnu, François-Elie Corentin, sorte de Tiepolo français. Il explique qui sont les commanditaires du tableau, quel est le but de cette " Cène révolutionnaire ", qui sont les participants, les Billaud, Collot, Saint Just etc... d'où ils viennent, quel était le rôle de chacun autour de Robespierre. Sans oublier que ces hommes vont finir sous la lame de la guillotine. Il décortique l'interprétation que le siècle suivant, Michelet a faite du tableau. 130 pages sublimes qui ont conduit beaucoup de monde au Louvre pour voir le tableau, car la force d'évocation de cette période par Pierre Michon réussit à nous persuader de l'existence du tableau, d'autant que régulièrement il prend le lecteur à témoin. J'ai beaucoup aimé!
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Le récit du chef-d'oeuvre absolu abrité au coeur du Louvre, la cène républicaine, sans Dieu qui est mort, et sans table car c'est une scène de massacre. Peindre les onze membres du comité de Salut public comme des héros, mais aussi comme des tyrans, c'est la commande passée au peintre Corentin par les Sans-Culottes. On y croit, on voit ce tableau, et surtout, on a envie de tout lire à haute voix pour le style et les périodes. Un roman magnifique.
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Écartons tout de suite tout risque de confusion ou de mauvaise piste. Pierre Michon, reconnu comme un de nos meilleurs auteurs contemporains, ne traite pas ici d'un sport collectif bien connu mais d'un fameux tableau signé François-Élie Corentin et représentant le Comité de salut public qui, en 1794, instaura le gouvernement révolutionnaire de l'an II, ce qui entraîna la Terreur.

D'emblée, le lecteur est saisi par la qualité de l'écriture et par le style de l'auteur. Avec des phrases riches, denses, longues, Pierre Michon nous emmène à Combleux, en 1730, près d'Orléans pour que nous fassions connaissance avec la famille de François-Élie Corentin qu'il nomme à plusieurs reprises comme le Tiepolo de la Terreur(1).
Il parle beaucoup de ces maçons limousins qui ont construit les levées de chaque côté de la Loire. Arrive enfin Anacréon, ce poète lyrique grec du Vème siècle avant J.C. et qui semble avoir beaucoup marqué l'auteur. En effet, Pierre Michon use et abuse de l'adjectif anacréontique décrivant une poésie célébrant l'amour et la bonne chère.
Régulièrement, l'auteur revient à cet impressionnant tableau de 4,30 mètres sur 3, exposé au Louvre, où figurent entre autres, Carnot, Robespierre, Saint-Just, Collot. Revient aussi l'enfance passée entre deux femmes, sa mère et sa soeur à l'amour dévorant. Il décrit bien la situation politique du moment, parle du récit que fait Jules Michelet de ces Onze. le grand historien a vu dans ce tableau une cène laïque. Quant à Pierre Michon, il offre au lecteur une description détaillée, pleine de sensibilité de la période révolutionnaire.

Ce livre est écrit avec un style puissant, étonnant, unique, original, au vocabulaire riche et souvent très recherché, une véritable oeuvre littéraire.

(1) Tiepolo (1696-1770) : peintre et graveur, dernier des grands décorateurs baroques italiens.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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C'est la deuxième fois que je suis confronté à un roman de Pierre Michon, la première fois c'était avec "Rimbaud le fils" que je n'avais pas réussi à terminer. "Confronté" car pour moi il s'agit bien d'une sorte de bataille avec le texte et aussi avec l'auteur, celui-ci apostrophant d'ailleurs ici son lecteur avec un "Monsieur" qui ressemble assez à une provocation. Autre élément de provocation : la répétition ad nauseam de certains termes comme celui de "limousin" dans la partie centrale du livre. Ok, Pierre, on a compris que vous opposiez ici l'homme du terroir, les pieds dans la boue mais jouisseur, au bourgeois parisien, parvenu, et bien souvent écrivain raté et coupeur de têtes. Mais de grâce, arrêtez un peu avec votre "limousin" !
Cette lecture ne fut pas pour moi un moment agréable même si le pire fut dans les cinquante premières pages, la suite étant un peu plus intéressante. Ce n'est que près de la fin que je tentai de trouver sur internet une image de ce fameux tableau des "Onze" ... et que je découvris la double supercherie, concernant le tableau et le peintre. Bien joué et du coup, le livre prenait un intérêt supplémentaire... ou pas. Car au final, c'est l'omniprésence de l'auteur dans son livre qui m'a le plus gêné. Tout, y compris le "limousin" distillé à l'envie, y compris le "Monsieur" adressé au lecteur, y compris les multiples références livresques et picturales qui parsèment le roman, tout ramène à l'auteur qui, dans un style très rococo, se tisse un dais de brocart au dessus de sa personne.
Je ne peux m'empêcher de comparer ce livre au roman de Jean-Paul Kaufmann, "La chambre noire de Longwood" que j'ai lu, il y a quelques semaines, et qui lui aussi donne à "voir" une période historique, la chute et l'exil à Sainte-Hélène de Napoléon. La force de ce livre tient beaucoup à la modestie de JP Kaufmann, modestie qui donne une vibration intense au récit. Pour moi, c'est un peu l'inverse qui se passe avec "Les onze" : on se sent comme convoqué en Sorbonne à une brillante dissertation dont la vacuité du sujet est recouverte par les saillies de l'orateur.
J'ai vu parmi les critiques de Babelio qu'un lecteur s'interrogeait : Qui est le héros de ce livre ? Et parmi les différentes hypothèses qu'il formule, je choisis sans hésiter : Pierre Michon, et ce, au détriment de "Monsieur" son lecteur !
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Plus qu'un romancier Pierre Michon est un biographe, et plus qu'un biographe un généalogiste.
Quand je lis cette phrase anodine : « de leur union naquit vers 1710 Suzanne, la mère du peintre – née donc comme des bataillons de Limousins noirauds, moreaux, mal faits, tombés des échelles, noyés dans des boues, le jour du Seigneur ivres-morts s'égorgeant entre eux, mais qui de toute cette boue avaient magiquement fait de l'or pour une tierce personne… » etc, etc. la phrase n'en finissant plus -, je me dis qu'on a là l'essence des oeuvres de Pierre Michon, ce qu'on trouve déjà dans « Vies minuscules ». Rythmées, digressives, terriennes, un peu misérabilistes, belles. Et quand une page plus loin il écrit : « Je me demande, Monsieur, s'il est bien utile de vous raconter cela, ces histoires de famille et ces hautes généalogies, à quoi notre époque tient tant ; s'il est besoin de remonter si loin, dans ces pâles existences qui ne sont après tout que des on-dit, des causes hypothétiques, alors que nous avons depuis deux cents ans devant nos yeux, l'existence indubitable des Onze, le bloc formel d'existence, sans réplique, invariable, l'effet massif qui se passe tout à fait de causes et qui se passerait tout aussi bien de mon commentaire. » Tout serait dit, si ce tableau des Onze n'était pas une invention d'écrivain. Comme toute Histoire.
Donc, il retrace la vie de François-Elie Corentin, peintre du célébrissime tableau des « Onze », les onze révolutionnaires ou terroristes qui fondèrent le Comité de salut public, tous écrivains, des hommes, des vrais ! « C'est étrange, Monsieur : il a mis la figure de son père sous la forme des onze tueurs du roi, du Père de la nation - les onze parricides, comme on appelait alors les tueurs de roi. » L'intrigue réduite à peau de chagrin (dix ou douze pages) repose sur la machination politique qui a permis à ce tableau de voir le jour. Mais c'est surtout un roman qui donne l'occasion de s'interroger sur l'histoire, sa part de vérité et de mystification.
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