Après l'envoûtement amoureux (Trois nouvelles exemplaires et un prologue), l'amour maternel, marital et sororal (la tante Tula), voici le thème de la fraternité rivale traitée sous la parabole de Caïn le mal-aimé et d'Abel, le préféré du Dieu.
Joaquin se sent mal aimé, incompris et en vient à haïr son ami Abel, personnage lumineux à qui tout réussit (selon la conviction de l'ami, mais est-ce la réalité vécue par Abel lui-même ? des détails permettent d'en douter).
Car le drame de Joaquin prend racine dans une fêlure profonde de son être, fêlure que rien ne peut combler et qui a pour nom envie et haine : son obsession se fixe sur le personnage d'Abel dont nous ne savons rien que ce qui nous est dit par son contempteur lui-même, son ami/ennemi Joaquin, nouveau Caïn perclus d'admiration et de jalousie et sculptant sans cesse une nouvelle image d'Abel au gré de sa progression dans la nuit morale où il se débat.
Manifestement Unamuno est très attaché au personnage de Caïn véritable centre du motif de cette oeuvre humaine et métaphysique.
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Les esprits vulgaires, grossiers, ne parviennent pas à se distinguer et, ne pouvant supporter que les autres réussissent à le faire, ils veulent leur imposer l'uniforme du dogme, ce vêtement rudimentaire qui s'oppose à toute distinction. À l'origine de toutes les orthodoxies, religieuses ou artistiques, il y a l'envie, c'est certain.
Vidéo de Miguel de Unamuno