Son père est mort sous la torture des Talibans, après avoir combattu les Russes.
Sa mère est morte dans un attentat, ainsi que deux de ses frères.
Il lui reste une soeur qu'il veut rejoindre à Londres et un petit frère resté en Afghanistan..
A 15 ans, Wali fera deux tentatives pour rejoindre Calais en utilisant notamment les dinghys, ces canots pneumatiques pour enfants, “de ceux que l'on achète dans les boutiques de mer, entre bouées et canards”.
Il nous délivre par le menu toutes les épreuves subies, d'autant que les passeurs ne sont pas payés au résultat.
Son parcours est encore plus difficile parce qu'il est adolescent, naïf, proie des bons samaritains homosexuels qui lui offrent la douche.
Il ne se facilite pas la tâche en s'imposant des règles de l'Islam, refusant de manger les repas préparés par des chrétiens et les bonbons qui peuvent contenir de la gélatine.
Il nous fait part de sa façon de ressentir les choses selon son éducation : un couple qui s'embrasse est affreusement impudique, “parti d'Afghanistan trois mois plus tôt, j'ai l'impression que l'on me projette un film X.”
Plus tard, entre moultes épreuves, il évoquera l'émoi de ses sens à la vue de filles en minijupes, lui qui n'avaient vu que des femmes voilées !
C'est un récit poignant qui ne peut que nous toucher et nous faire regarder avec plus de générosité ces “voyageurs” qui n'aspirent qu'à échapper à l'ostracisme et à la mort.
Daté de 2009, ce récit demeure d'une actualité insupportable.
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Ce témoignage poignant révèle la dureté d'une réalité souvent ignorée de nombre de nos concitoyens, celle de milliers de jeunes, des enfants, des adolescents, qui chaque année fuient la misère de leur pays, des situations de guerre, ou cherchent à échapper à des persécutions ou des dangers qui les guettent pour des raisons ethniques ou religieuses. Un horizon : l'Europe occidentale. Ils y parviennent, souvent après des mois de long et difficile périple, d'autres traumatismes rencontrés en cours de voyage, d'autres dangers et les passeurs ne sont pas le moindre de ces dangers.
Rien n'est garanti pour autant qu'ils parviennent au terme de leur voyage. Si toutes les règles et conventions internationales exigent qu'un mineur soit pris en charge et bénéficie de toutes les protections liées à son âge, les pratiques vont parfois à l'encontre de ces règles et l'errance reprend.
C'est tout ce parcours qui se déroule dans ce texte difficile et douloureux, dont le héros est bien jeune pour supporter les risques, les poursuites, les persécutions qui deviennent sont lot quotidien. Nous adultes, y aurions-nous résisté ? Lui qui n'est qu'un enfant parvient toutefois au terme de son voyage, se construit un avenir.
Mais pour un Wali qui trouve un foyer, une famille, un avenir, combien d'enfants en errance sur les routes d'Afghanistan, du Pakistan ou de l'Asie centrale, combien qui fuient la misère de leur pays, en Afrique ou en Asie, se verront refouler aux frontières de ce qu'ils imaginaient être la terre promise, contrairement, faut-il le répéter, aux textes internationaux qui exigent des Etats signataires que les mineurs soient protégés ?
Certes, l'accueil n'est pas la solution unique à apporter. Mais pour reprendre une citation célèbre, si la France ne peut accueillir toute la misère du monde, elle doit en prendre sa part.
Or la politique suivie par la France en la matière n'a rien d 'exemplaire...
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Wali a quinze ans lorsqu'il quitte son pays, l'Afghanistanl. Sa famille a payé un lourd tribu à la guerre. A quinze ans, il ne lui reste plus qu'une grande soeur qui est partie s'installer à Londres avec son mari et un petit frère qui dépend de lui. Il part le coeur lourd car il est obligé de laisser son petit frère sur place, ne voulant pas lui faire courir de dangers. Son périple va l'amener à traverser de nombreux pays, autant de risque de se faire attraper par les services de douanes. Il va aussi totalement dépendre de passeurs peu scrupuleux dont le seul objectif est de se faire de l'argent sur le dos des autres. Les économies de Wali vont fondre comme neige au soleil au cours de son voyage et c'est souvent sa débrouillardise qui va lui permettre de s'en sortir ou d'avancer. Il va finalement réussir à relier Calais, dernière étape avant l'Angleterre tant espérée. Mais le passage de la France à l'Angleterre n'est pas des plus simples. Il va traîner de nombreux jours dans le froid calaisien sans que l'opportunité de passer en Angleterre ne se présente réellement. Lorsqu'une famille de Calaisiens l'accueille chez elle, il se sent en transit et à beaucoup de mal à l'idée de s'imposer chez eux. Mais les choses vont se faire naturellement et il va finalement devenir un membre à part entière de cette famille. Il finira par se rendre à Londres pour retrouver sa soeur mais souhaitera retourner à Calais où il s'est fait sa vie, bientôt rejoint par son petit frère.
C'est un témoignage poignant. Il est difficile d'imaginer les difficultés par lesquelles Wali est passé. Et, à la lecture de son histoire on ne peut s'empêcher d'imaginer que pour une histoire qui se termine "bien", combien se terminent mal...
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Rencontre sur le thème du conflit en Afghanistan avec Wali Mohammadi, auteur de "De Kaboul à Calais" en partenariat avec le groupe 11 Mulhouse Amnesty International et l'AFRANE (amitié Franco-Afghane).