Les lieux respiraient tout simplement le calme paradisiaque. Ceinturée d’une myriade de bosquets fleuris qui embaumaient l’air de leur parfum, la riche demeure était construite en bois de cyprès avec un toit bas et large qui recouvrait une immense véranda aux colonnes enrubannées de lierres et de roses. Colibris et abeilles se partageaient joyeusement ce copieux festin. De part et d’autre de l’habitation s’élevaient, au cœur de ces majestueux jardins, des colombiers : symbole éternel de l’amour où se déroulent en perpétuité des scènes de rivalité et de séduction.
Évangéline, la vierge de Grand-Pré, était, est et sera toujours pour les Acadiens l’emblème et l’exemple du courage et de la persévérance. Si son grand périple donne un sens réel à notre vie, à notre quotidien, son histoire symbolise l’humble et brave peuple qui a payé le prix de sa liberté afin de toujours préserver sa langue, sa culture et sa religion.
Que de beaux et savoureux souvenirs j’emportais dans mon cœur rempli de reconnaissance ! Que de belles leçons de vie aussi ! J’appris que connaître le sens de la bonté et de l’amour n’avait rien à voir avec notre origine, notre culture, notre religion et notre langue puisque nous affrontions tous les mêmes rafales de peines et de joies.
Cette philosophie magnanime d’accepter l’autre dans ses différences me mettait à l’épreuve. L’ennemi ne devrait jamais plus exister, puisque l’ignorance, les croyances et les dogmes créaient des fossés entre les hommes. Mon amour était-il assez fort pour le réconforter et l’accompagner vers son repos éternel ?
Même si le territoire était désormais anglais depuis presque un demi-siècle, le peuple français refusait toujours de prêter serment d’allégeance au roi d’Angleterre. Jamais il ne se départirait de sa culture, de sa langue et de sa religion. C’était l’héritage sacré pour sa progéniture