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EAN : 9782487261013
LA TRACE (20/03/2024)
4.38/5   4 notes
Résumé :
Témoin naïf du monde des passants depuis sa fenêtre, Benjamin fait la rencontre accidentelle de Joséphine Buisson, une auteure dont il découvre l’œuvre et la vie tumultueuse au fil des pages. Depuis les heures sombres de la Résistance, celles de l’Indochine, de la guerre de Suez, de l’indépendance de l’Algérie, jusqu’aux barricades de Mai 68, Joséphine se transforme en Mirabelle, un nom que lui a attribué le réseau. Joséphine amoureuse, Mirabelle guerrière, elle sèm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Quel plaisir de retrouver Philippe Moncho, qui non seulement est un conteur hors pair mais a l'art de sortir de son chapeau ourlé d'un ruban bleu, ou d'un marc de café, des personnages originaux, étonnants de simplicité, aux vies cependant singulières et toujours riches d'une belle humanité. Ah, Mirabelle, comme elle est fruitée, délicieuse, pulpeuse, mystérieuse !
Un incident ou plutôt un accident va permettre la rencontre de Mirabelle, alias Joséphine Buisson et de Benjamin, le ”naïf qui regarde le monde à sa fenêtre”. Tous les deux sont écrivains. L'une, octogénaire, a relaté dans des écrits de jeunesse ses amours et sa vie si particulière de militaire. L'autre est un jeune auteur en mal d'inspiration, sédentaire et solitaire en quête d'amour.
Elsa sera le prétexte qui fera sortir Benjamin de son appartement d'où il observe les passants pressés. Doux rêveur, Benjamin se mettra à désirer : ”J'ai envie d'aimer Elsa, envie d'aimer Joséphine comme une famille d'adoption, une qui se trouverait là pour ne pas que je me perde en chemin, dans les taillis de la grande prairie où le monde est cruel et sauvage. Ce serait ma façon à moi de me socialiser, de me fabriquer une cellule familiale, il n'est jamais trop tard, ça ne coûte rien d'essayer". Il essaiera et ouvrira de nouvelles fenêtres ouvrant sur le passé guerrier de Joséphine et sur le présent provençal, pour y respirer partout et par-dessus tout le parfum de l'amour.
Philippe Moncho, conteur et poète, nous fait rêver à notre tour, sans édulcorer les évènements tragiques vécus par Joséphine. Il propose avec réussite un livre gigogne de romans dans le roman, d'histoires dans la grande Histoire, celle des guerres du XXème siècle. Un roman et des personnages attachants que l'on quitte à regret.
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Quand Philippe Moncho s'évade avec la muse… Alors l'écriture, c'est un fantasme de calligraphie sur sa peau, une poésie d'épiderme, le goût de la mer sur la langue.

L'écrivain corse est un contemplatif. Son narrateur aussi.

Je prends mon premier café accoudé à la fenêtre. Je regarde les passants qui traversent, je leur invente des vies diverses, un cours du destin qui s'inverse. Des tas de « peut-être » se bousculent dans ma tête. J'imagine les différentes raisons de ce qui les pressent. J'ai envie d'aller fouiner dans leurs rêves enfouis qui sommeillent, dans leurs aspirations secrètes mises en veille. À la croisée des pas anonymes ils forment tous un grand ensemble, oui, celui de l'empressement. Même ceux qui sont immobiles agglutinés dans l'abribus jettent des regards au loin ou plus près sur leurs montres. II me semble, vu leur attitude, qu'ils ne sont pas là où ils devraient être, pas sous la bonne latitude. Ils ont déjà la tête ailleurs, toute à la pensée de leur destination. Pour la plupart d'entre eux le futur est cadré dans un emploi du temps, serré, compressé, compact, optimisé, comme une ligne ferroviaire étirée dans un agenda. Vu comment ils tracent leur route en claquant du talon sur le goudron, ils doivent avoir des pieds enflés, des ampoules, des cals, ils doivent se sentir à l'étroit dans les chaussures de cette vie-là. Plus loin, les passants tracent, ils sont en phase de transportation hâtive, d'un ailleurs à l'autre. Là où ils sont, ils ne veulent plus être, et là où ils souhaitent être, ils n'y sont pas encore…

J'ai remarqué une vieille dame avec une canne, un grand chapeau ourlé d'un ruban bleu. Elle se lève et se rassoit sans cesse sur le banc de l'abribus. de tous, c'est elle qui s'impatiente le plus. Quand on arrive à cet âge de la vie c'est sûr, le temps c'est précieux, on apprécie l'exactitude.

Témoin naïf du monde des passants depuis sa fenêtre, Benjamin fait la rencontre accidentelle de Joséphine Buisson, mémé cascadeuse, la dame au grand chapeau. Elle est accompagnée de Elsa, une jeune femme élégante aux cheveux longs, belle comme un soleil… Elle travaille pour Madame Joséphine, au départ comme aide à la personne, et au fil du temps au service exclusif de la vieille dame au chapeau.

Joséphine, une momie blanche, à présent plâtrée et bandée des pieds à la tête. C'est une auteure dont il découvre l'oeuvre et la vie tumultueuse au fil des pages des livres empruntés dans la bibliothèque du manoir où elle habite. Depuis les heures sombres de la Résistance, celles de l'Indochine et du récit intitulé Guangzhou, en réalité un voyage dans l'intestin du monde, et la rencontre avec Haimeï, prénom qui veut dire petite soeur de la mer. On aurait pu croire que c'était une romance coloniale à l'esthétique élégante et soignée, là, elle avait chargé la mule. En tant qu'auteure, elle était descendue racler le fond de son humanité, presser l'intestin du langage, pour former l'entortillage des phrases, et celui de l'offrande puante de Li Yin, un attrape-mouche naturel et gluant, arrosé d'un coulis d'hémoglobine. C'est sûr, Mirabelle, l'héroïne, en avait dans le ventre, il fallait avoir l'estomac sacrément bien accroché pour poursuivre la lecture.

J'ai terminé la lecture de Guangzhou. Certains ont pu traverser ces pages comme un roman d'aventures, moi j'ai l'impression d'avoir en cette nature, progressé dans l'intestin du monde.

J'ai remis le livre Guangzhou à sa place, il me fallait être précis, j'avais l'oeil de Moscou derrière moi, j'agissais sous sa menace. Les autres bouquins aussi surveillaient mon créneau dans le parking des livres. Un seul ouvrage qui n'est pas à sa place, et voilà que le voisin développe une allergie, une irritation épidermique s'en suit, ça contamine le rayonnage. La fièvre jaune peut passer de l'un à l'autre, se retrouver à Carthage. Un livre qui n'est pas à sa place et c'est la révolution, une guerre qui se déplace, un château de cartes qui s'écroule, des pages qui s'embrassent, mêlent leurs langues et leurs phrases, c'est le grand baiser de la tour de Babel, un sacré bordel, une pluie de pâtes alphabet à réordonner comme un puzzle de l'impossible. Un livre à sa place, je connais son rôle de fondation, sous le regard de Joséphine Buisson, sous sa pression, je peux vous dire que je ne l'oublie pas. Je souhaite poursuivre la lecture de son oeuvre, alors je tire à moi délicatement le livre suivant, ça s'appelle « Port-Saïd ». Je lui montre la couverture pour qu'elle valide mon choix. Elle crie : Ouiiiii !

De la guerre de Suez, de l'indépendance de l'Algérie, jusqu'aux barricades de Mai 68, Joséphine se transforme en Mirabelle, un nom que lui avait attribué le réseau. Joséphine amoureuse, Mirabelle guerrière, elle sème derrière elle des histoires d'amour et de mort, de larmes et de sang, des pans de la grande Histoire et des lettres intimes que Benjamin nous fait découvrir par ses lectures. Tantôt accoudé à la fenêtre de sa chambre, tantôt nous ouvrant grand celle d'un livre de Joséphine, ce lecteur ingénu progresse, crée un courant d'air littéraire chargé d'effluves. Il soulève pour nous le chapeau à large bord de Mirabelle pour nous dévoiler le vrai visage de Joséphine Buisson…

Tu te rappelles cette fois où tu m'avais fait rire, en disant que les mots étaient des pinces à linge ? Tu m'avais dit : « L'important ce ne sont pas les mots, les pinces, ni le linge suspendu, l'important c'est le fil et le vent dans le linge ».

Le livre a soif d'exhaler à nouveau ses parfums, ses émotions endormies dans sa silencieuse calligraphie.

Un bijou dans son écrin !
Lien : https://lesplaisirsdemarcpag..
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En parcourant mes chroniques rédigées après la lecture de deux précédents ouvrages de Philippe Moncho "Le jardin des anges" et "Respirer la nuit", je m'aperçois qu'un même mot revient : poésie. C'est également celui qui me vient après "Mirabelle", son dernier roman. Oui, celui-ci aussi est empreint de poésie mais aussi d'une belle musicalité.

Pas étonnant, me direz-vous, de la part d'un auteur musicien. Et dans ce dernier opus, cette fibre m'a semblé encore plus présente. La musique est déjà dans le titre. Mirabelle, ça chante, ça danse, ça tournoie et il n'y a pas que ça. Benjamin, le héros, est, lui aussi, écrivain, un rêveur qui passe beaucoup de temps à sa fenêtre et invente des vies aux passants qui déambulent ou s'arrêtent pour attendre le bus juste en face. C'est ainsi qu'il repère une vieille dame affublée d'un grand chapeau, accompagnée d'une jeune femme de grande beauté…Cette dame au chapeau est Joséphine et notre Benjamin va entrer dans sa vie d'une drôle de manière. Et quelle vie !
Et puis il y a l'amour…très présent. Celui, passé, de Joséphine et celui, bien présent, de Benjamin et Elsa, la jolie jeune femme de l'arrêt de bus.

L'auteur nous livre ici un récit passionnant aux mille facettes. A travers les romans et les lettres de cette Joséphine, les rêveries de l'écrivain en herbe à son balcon, il nous entraîne dans un tourbillon qui mêle la grande et la petite histoire depuis les grandes heures de la résistance jusqu'à celles de mai 68 en passant par l'Indochine, Suez et la guerre d'Algérie. C'est un véritable ballet auquel nous assistons, sans oublier l'amour qui subrepticement s'immisce. L'écriture est magique, poétique. Philippe Moncho s'amuse avec les mots et les rimes, les phrases s'enchaînent, musicales et légères, d'une élégante limpidité.

Et pourquoi "Mirabelle", me direz-vous ? A vous de le découvrir. Si vous êtes curieux, vous trouverez la réponse en lisant la quatrième de couverture. Si, comme moi, vous préférez vous plonger dans le roman sans en rien connaître, vous la rencontrerez au détour d'une page. Et, croyez-moi, vous ne l'oublierez pas.

"Mirabelle", un roman aussi savoureux et magique que la liqueur du même nom. Sans oublier la magnifique première de couverture.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Certains auteurs donnent un prénom comme titre de leur roman, mais peu resteront inoubliables (Christine, Sophie, Éloïse), Mirabelle fera partie de ceux-là. C'est un récit aux allures de conte. Celui de la rencontre improbable d'une auteure octogénaire, Joséphine et de Benjamin. Un doux rêveur, buveur de café, auteur amateur quand il ne passe pas tout son temps à sa fenêtre pour regarder les gens passés ou à attendre un bus juste en bas de chez lui. Un matin, il est le témoin d'un accident qui va bouleverser sa monotonie. Il fera la connaissance de Joséphine et de sa dame de compagnie Elsa. C'est le début d'un beau voyage au travers les écrits de l'auteure, Joséphine, lus par Benjamin. Tout commence en 1939, à St-Luçon, avec Joséphine Buisson enfant, pendant la seconde guerre. Joséphine entre dans la résistance sous le pseudo de Mirabelle, un nom de code qui va lui coller à la peau. Mirabelle est une James Bond à la Française. On la retrouve, grâce à la lecture des romans, en Indochine, puis L'Egypte et le canal de Suez, l'Algérie, pour revenir sur l'hexagone en mai 68. Dans ce roman, l'amour y est omniprésent. Ceux, passés et toujours douloureux de Joséphine, mais aussi celui, naissant, de Benjamin. Un récit captivant, attachant grâce à la plume poétique, visuelle, aux jeux de mots et de rimes que Philippe Moncho manie avec maestria. C'est un beau roman, c'est une belle histoire, mais ce n'est pas une romance. Merci Philippe pour cette belle balade au travers l'Histoire de notre pays, c'est triste et heureux à la fois, un récit de vies qui m'a emporté. Un petit mot pour la magnifique couverture qui m'a poussé à lire ce roman. J'imagine que l'on y voit Mirabelle sur le pont d'un paquebot, qui vogue entre deux continents, laissant une fois de plus un amour inachevé. Au revoir Mirabelle, au plaisir de relire ton auteur.
Lien : https://www.facebook.com/phi..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Son humeur dépend de ses lectures, c'est le livre qui éclaire la fenêtre. Dans l'une et l'autre il a lui-même un rôle à jouer, le scénario change sous ses yeux chaque matin, c'est un voyageur immobile.
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