Un papillon sur l'Alhambra (et autres nouvelles)

Je suis une inconditionnelle de Philippe Moncho. Pas vous ? C'est que vous n'avez pas encore découvert cet auteur. Il nous offre ici sept nouvelles, sept petites merveilles qui ravissent notre imaginaire, nourrissent notre âme de poésie, d'humanité et d'amour. Philippe Moncho est un conteur magnifique, avec lui on redevient l'enfant émerveillé qui tend l'oreille et écarquille les yeux pour recueillir une histoire qui le transportera dans un univers où le ciel est proche, l'espoir jamais loin du désespoir, l'amitié secourable, l'amour absent pourtant toujours présent. L'indicible prend des formes inattendues, les mots transportent et touchent. Cette fois-ci, pas de jardin de la maison corse, pas d'anges, quoique, pas de cafetière italienne mais toujours des cafés ou des thés offerts ou partagés, parfois même alcoolisés. Des breuvages essentiels, existentiels, surréalistes, autour desquels se nouent et s'écrivent des relations inoubliables et improbables, dans des lieux variés, l'établissement de Philémon Marcoeur, chez Sélim au désert, avec Joséphine, Robert et Liliane, dans la clinique du docteur Delamorre, au buffet de la gare du dernier train, sur la Place Saint Nicolas. L'imagination de l'auteur nous emmène sur ses ailes de papillon aux couleurs de la vie allant du plus sombre au bleu intense. Un voyage au bout des mots et du ressenti, pour le plus grand plaisir du lecteur. le prisme poétique de Philippe Moncho fait regarder la vie et les êtres autrement. Chez cet auteur, tout n'est pas parfait, tout ne se comprend pas, mais c'est cela qui me plaît et le rend envoûtant, hors du lot commun.

Des deux précédents écrits de Philippe Moncho je disais ceci : "Le jardin des anges" est un texte empli de poésie, magnifiquement écrit... et, même si "Respirer la nuit" est totalement différent, la poésie persiste et l'écriture est toujours aussi belle." Mon point de vue est identique pour "Un papillon sur l'Alhambra", recueil de nouvelles.

Il est des ouvrages que je lis une première fois pour le fond, et une seconde, juste après, pour en savourer l'écriture. C'est le cas pour ces sept nouvelles, des nouvelles dont je ne vous raconterai pas grand-chose, sinon qu'elles nous disent le monde, qu'elles nous parlent de la vie mais aussi de chimères. Je peux, en revanche vous répéter encore et encore combien l'écriture est une merveille de poésie, d'entrelacement de mots, de légèreté, de beauté. Comme ceux tressés dans la nouvelle intitulée "Evasion d'un percheron" : "À petits pas de syllabes, je dessinais dans le sable de mon désert intime, ces mots-rébus d'une fable, fers tracés dans l'argile de l'imprimerie pour chanter la formulation, dire la soif et le désir…" Facile, me direz-vous de faire d'une chronique un relevé de mot choisis, mais ce n'est qu'un exemple.

L'auteur nous entraîne au fil de ses phrases dans un monde onirique. Il nous appelle à lâcher prise, à passer sans obligatoirement comprendre, à juste se laisser aller au gré de la musique de ce qu'il jette sur le papier – après tout, il est aussi musicien – et de profiter. Profiter de l'amitié, de l'amour dont il nous parle qui est présent ou pas, le plus souvent, de sourire à certains moments ou retenir ses larmes à d'autres.
Et quand arrive la dernière, la nouvelle éponyme, ma préférée entre toutes, l'histoire du papillon sur l'Alhambra, c'est une effusion de couleurs et de sons "…cette voix qui ressemble à l'écoulement de galets dans un ruisseau, cette voix sensuelle et apaisante…" Et une chute des plus réussies.

Décidément j'aime la poésie qui chante dans les textes de Philippe Moncho.

Lien : https://memo-emoi.fr

Un Papillon sur l'Alhambra nous offre sept nouvelles. Ce
sont autant de fenêtres avec vue, que l'auteur nous ouvre
sur le monde et sur des individus spectateurs de leur
propre vie.
Son regard oscille, bat des cils entre imaginaire et réalité.
Il nous invite à prendre la légèreté au sérieux, et inversement.
Si l'éphémère côtoie la tragédie, elle n'en subit pas le moindre
effet de gravité.
Ce peut-être le privilège des contes, ou bien un art de vivre.
Nous traversons les paysages de ces sept histoires, comme on
parcourt notre propre existence, d'un bout à l'autre, par le
dernier train.
La découverte nous laisse d'humeur à la poésie. Elle nous
soutire çà et là des sourires, et toujours, par le battement
d'ailes des mots, nous inspire à sa lecture, un sentiment de
plénitude et de volupté.