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Soledad Alegre ("Solitude joyeuse") porte moyennement bien son nom. Seule, elle l'est, célibataire sans enfants et sans parents. Joyeuse, elle ne l'est pas, en tout cas elle n'a de cesse de courir derrière la joie, qui pour elle se confond avec l'amour, le sexe et le fait de ne pas être seule. Elle porte encore moins bien son âge, 60 ans tout juste. Non pas qu'elle soit en mauvaise santé (même si elle est "un peu hypocondriaque"), ni ratatinée comme une vieille prune (on lui donnerait même dix ans de moins), le problème est que dans sa tête, elle a toujours 16 ans. Et qu'elle croit dur comme fer que son âge physique l'empêchera de plus en plus d'obtenir la joie susmentionnée. C'est dans cet état d'esprit entre rage et désespoir qu'elle décide de se venger de son dernier ex-amant, plus jeune qu'elle et qui vient de la larguer, pressé d'aller fonder une famille avec sa légitime. Soledad engage un escort boy de la moitié de son âge et l'étrenne à l'opéra. Mais sur le chemin du retour, un grave incident se produit et amorce une relation trouble voire menaçante entre les deux faux tourtereaux.
N'allez pas croire que le personnage de Soledad (et le livre) soit superficiel. Certes obsédée par l'apparence physique et la peur de vieillir seule, la dame gagne cependant en profondeur quand on découvre peu à peu son histoire familiale et sa relation avec sa soeur jumelle Dolores ("douleurs"), malade mentale. Par ailleurs, Soledad est la commissaire d'une future exposition sur les écrivains maudits, ce qui donne à l'auteure l'occasion de glisser des anecdotes au sujet de quelques-uns d'entre eux, et à Soledad celle de se comparer à certaines de ces femmes artistes escamotées par une société machiste.
"La chair" est un roman à la fois léger et profond, loufoque et sérieux, dans lequel les mésaventures de Soledad sont parsemées de réflexions sur la vie, l'amour, le désir, la mort, la folie, la solitude, le féminisme. Ironique et impétueux, il interroge sur une question vitale : comment composer avec l'absence d'amour et le temps qui passe ?
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Une lecture fort intéressante, mais avec un ressenti mitigé en comparaison de mon premier texte lu de cette auteure, offert et défendu par une amie babéliote, qui se reconnaîtra....
Il s'agissait de "L'Idée ridicule de ne plus jamais te revoir" (2015), qui m'avait transportée...

Il est aussi juste de préciser que la lecture ne peut être comparable, les thématiques étant complètement autres......
La narratrice, Soledad, la soixantaine "pimpante", est commissaire d'exposition; elle prépare une manifestation autour des "écrivains maudits"...C'est ce qui a capté mon attention plus fortement...

Soledad en pleine préparation effervescente de cette exposition se fait quitter par son amant, qui rejoint sa jeune épouse pour lui faire un
enfant. Pour se venger et le rendre jaloux, elle "s'offre" un escort boy, jeune homme très beau, Adam... S'ensuivra une relation trouble et volcanique... de là, moult réflexions et constatations aussi rageuses que lucides sur le vieillissement des femmes, la hantise de ne plus séduire, de ne plus faire l'amour, de plus être TOUT pour un homme, d'autant plus lorsqu'on vient d'avoir 60 ans, et que l'on n'a pas eu d'enfants...

Même si ces thèmes sont récurrents et poignants, mon attention a été attirée par le passé de la narratrice, enfance massacrée par l'abandon paternel et une mère toxique, maltraitante...Enfance partagée et supportée grâce à sa jumelle, Dolores... qui depuis, à cause d'un délire et chagrin d'amour est en institution psychiatrique...
Longtemps Soledad a eu peur , elle-même, de sombrer comme sa soeur dans la folie... deux prénoms prédestinés entre Soledad et Dolores, entre Solitude et Douleur !!...

Soledad a cumulé les histoires d'amour avec des hommes toujours plus jeunes... sans créer vraiment et durablement une vie de couple... encore moins une cellule familiale... En carence d'amour depuis cette "fausse enfance" , elle se rendra compte mais trop tard, que sa demande envers l'autre est trop exigeant, insatiable; qu'ainsi, elle a fait fuir son premier amour, Pablo....

En contrepartie, elle exerce un métier culturel qui la passionne ... comme cette préparation d'exposition sur les "écrivains maudits"... [ de nombreux que j'ai découverts...Comme Maria Lejarraga, Pedro Luis de Gàlvez, etc.] où il encore et toujours question d'Amour , de passions contrariées, et des rapports complexes entre les hommes et les femmes !

"A présent que Soledad y pensait, presque toutes les histoires de ses maudits avaient quelque chose à voir avec le besoin d'amour, avec l'abîme du désamour, avec la rage et la gloire de la passion. L'amour faisait et défaisait L Histoire, mobilisait les volontés, désordonnait le monde. Elle devrait changer le titre de l'exposition. Ce serait mieux de l'appeler Fous d'amour. Fous d'aimer. Fous à lier." (p. 105)
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En ouvrant ce roman de Rosa Montero, on pense découvrir une lecture légère dans une tonalité de comédie loufoque. En effet, les émois d'une Bridget Jones espagnole de 60 ans qui loue un gigolo pour rendre jaloux un amant qui l'a quittée depuis peu, racontés avec une tonalité humoristique, promettent un moment de détente agréable avec un bouquin, qui se révèle vite pas si superficiel que ça.

Le jeune amant est très beau, et presque émouvant dans sa détresse de migrant d'Europe de l'est naïf , qui vit dans un quartier glauque. Notre héroïne, Soledad, n'est pas simplement le prototype de la fashion victime, célibataire, urbaine et active qui n'arrive pas à assumer son âge , elle prend de l'épaisseur avec sa détresse familiale, ses difficultés relationnelles et sa soeur malade mentale. Soledad fait entrer dans le roman une cohorte de personnages de tragédie avec son projet d'exposition sur des écrivains maudits, qu'une jeunette sans scrupule veut lui piquer.

Les femmes qu'elle veut inclure dans ce projet témoignent toutes de la difficulté d'exister en tant que créatrices dans une société patriarcale rigide. J'adore à ce propos la rencontre inattendue avec Rosa Montero, l'auteur devient personnage pour apporter un éclairage scientifique, et esquisse d'elle même un autoportrait savoureux. Ainsi plus personne ne lui demandera si le personnage de Soledad lui ressemble ou pas !

J'ai beaucoup aimé ce roman féministe, à la fois grave et léger, très humain, ancré dans notre temps.
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Voilà encore un livre lu d'une traite – la marque d'un bon bouquin pour moi, quand on n'arrive pas à lâcher ses quelques centimètres de papier, c'est qu'on tient une bonne histoire avec le style adéquat.

Soledad est une femme qui va fêter son soixantième anniversaire. Séduisante, elle a connu de nombreux amants, sans jamais ne marier ni avoir d'enfants. Son dernier amant vient de l'abandonner, la délaissant au moment ou sa femme vient de tomber enceinte. Soledad doit aller à l'Opéra voir et écouter Tristan et Iseult – un morceau qu'elle écoutait précisément avec son amant jusqu'à l'extase … - et il n'est pas question d'y aller seule et de croiser son ex dans les couloirs non accompagnée …

Mais Soledad n'a personne en vue de satisfaisant pour cette soirée. Elle se tourne alors vers un site spécialisé et repère un Escort Boy qui fera l'affaire : Adam, 35 ans, est magnifique et fera sensation lorsqu'il s'assiéra à ses côtés, et l'ex-amant ressentira même peut-être une pointe de jalousie en le voyant à côté d'elle – c'est du moins ce que se dit Soledad dans son for intérieur.

Normalement Adam aurait dû rentrer dans Madrid une fois l'Opéra terminé. Mais un curieux incident devant un restaurant chinois que Soledad connaît bien en décidera autrement : en défendant le propriétaire du restaurant d'une agression à l'arme blanche, il va contraindre Soledad à l'inviter à se remettre les idées en place dans son prestigieux appartement madrilène, ce qui n'était pas au programme …

Commence alors une relation tumultueuse entre Soledad et Adam. Désir ? Amours tarifées ? Relation amoureuse ? Difficile à déterminer, Soledad oscillant entre addiction à la chair du beau jeune homme et fascination pour son rôle de maîtresse femme achetant des vêtements magnifiques à son compagnon …


Rosa Montero excelle à dépeindre la femme de 60 ans, en lutte perpétuelle contre les méfaits du temps. « le corps était une chose terrible, en effet. La vieillesse et la détérioration s'y tapissaient insidieusement et l'intéressé était souvent le dernier à l'apprendre.”

Il y a des pages hilarantes, notamment celle où elle décrit la valise d'une femme de son âge en déplacement : une liste infinie de produits pour combler les défauts inévitables qui apparaissent à la soixantaine.

On ne dira rien du final de cette relation improbable ni du passé de l'un ou de l'autre, comme le demande l'autrice à la fin du roman. Son souhait qu'on ne révèle pas les dessous de l'histoire, afin de ne pas divulgacher l'histoire pour les futurs lecteurs, sera respecté. On dira juste que Soledad dans ce récit va rencontrer une certaine journaliste nommée Rosa Montero – une scène les réunissant toutes deux très réussie – encore un clin d'oeil au lecteur qui se régale de ces inventions.

Reste un roman plein de sensualité, de férocité et de tendresse pour les personnages, dans la lignée de sa « Folle du logis » tout aussi savoureux. Beaucoup d'humour, et un regard plein d'acuité pour traiter d'un sujet passionnant – quelques 180 pages délicieuses qui valent bien tous les magazines féminins sur le sujet. Un vrai régal, je vous assure !

Lien : http://versionlibreorg.blogs..
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"La vie est un petit espace de lumière entre deux nostalgies, le corps est une chose terrible, le vieillissement et la détérioration s'y tapissent insidieusement"...

La narratrice, la soixantaine triomphante, séduisante, séductrice en diable, célibataire, urbaine et active, rebelle, obnubilée par la tyrannie du sexe, se raconte , avec rage et désespoir..

Elle est commissaire d'exposition, en prépare une autour des "écrivains maudits ".
Elle exerce un métier culturel qui la passionne , grâce à la culture elle tente de compenser son mal être !
Elle nous conte , et c'est très intéressant les errements de Philippe K Dick d'Anne Perry, folle d'amour et meurtrière, de William Burroughs, de Maria-Luisa-Bombal, écrivaine homicide ravagée par l'abîme du désamour,de Maria Carolina Geel, auteure de romans érotiques qui tira trois fois sur son amant etc.... Une cohorte de personnages de tragédie !
Solidad, en français :"solitude," égocentrique et passionnée, ne supporte pas que son amant la quitte pour faire un enfant à sa femme..
Pour se venger elle engage un "escort boy", un gigolo de trente ans , Adam, très beau.
Il l'accompagne à l'opéra afin de rendre jaloux le futur père et ex- amant .
S'ensuit une relation trouble, enflammée, volcanique et ambiguë , compliquée, :"Elle se sentait accablée, déchirée, toquée, ravagée, déconcertée, paumée, ratée" par la peur insigne de ne plus séduire, de ne plus pouvoir faire l'amour car elle aime l'amour charnel , se sentir encore vivante dans le désir de l'autre.

Elle a eu une enfance massacrée par un abandon paternel précoce et une mère maltraitante et toxique , une soeur jumelle Dolorés atteinte d'une maladie mentale, une détresse familiale qui lui donne une épaisseur touchante et poignante .
Je n'en dirai pas plus à la demande de l'auteur ..
C'est un livre universel qui jette une lumière crue sur les affres du temps qui passe, la peur de la mort, la folie et le sexe ,l'amour charnel et le désir, le vieillissement et la décrépitude: "La Chair change et vieillit ", la fièvre de la peau , cette animalité qui nous sauve de n'être que des humains.

Un roman cruel et tendu , ironique,efficace , féministe et féroce, agréable , très contemporain .......
Solidad est une femme de son temps.Être créatrice dans une société patriarcale n'est pas chose facile ........
L'auteur porte un regard non dénué d'humour sur la narratrice, une vision lucide et tendre, réaliste grâce à une écriture pointue et vivifiante, espiègle et ensorceleuse , chatoyante.
Cet ouvrage à la première de couverture élégante qui m'a poussée à l'acheter donne envie de découvrir les autres oeuvres de cette romancière !
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Le désir s'estompe t-il avec l'âge ? Certainement pas ! Et Soledad en est bien consciente. Même si elle a 60 ans, elle n'accepte pas de s'être fait larguer par son amant qui est reparti faire un enfant à son épouse légitime. Bien décidée à le récupérer, elle fait appel aux services d'un gigolo beaucoup plus jeune qu'elle pour essayer de rendre son ancien amant jaloux. le problème c'est qu'elle craque sur son gigolo et qu'elle ne peut bientôt plus s'en passer...

Rosa Montero à l'art de mettre le doigt là où ça fait mal et de mettre en lumière les affres de l'âge. Certains disent que l'âge "c'est dans la tête". Mais l'âge est aussi dans le regard des autres. Cette héroïne qui n'a pas vu les années passer et n'a pas changé son comportement amoureux se retrouve pointée du doigt en raison de la différence d'âge de son amant. Car si la société tolère la différence d'âge dans un couple, elle la tolère bien mieux si l'homme est plus âgé que la femme.

Ainsi Rosa Montero pointe toutes les inégalités homme-femme dans le domaine de l'amour. Même au niveau de la prostitution, "les gigolos coûtent plus cher que les putes", les femmes sont toujours perdantes ! Mais le livre est surtout intéressant pour ce personnage de Soledad qui n'accepte pas son âge. le faire se serait en fait se rapprocher un peu de sa mort, et elle ne peut pas s'y résoudre. Son personnage est à la fois attachant et détestable. C'est aussi pour savoir décrire ces demi-tons de l'âme que j'apprécie beaucoup cet auteur. Rosa Montero est une conteuse née. Elle signe un livre très universel sur l'âge, l'amour, la mort, la folie et le désir. Allez-y !!!
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J'ai trouvé ce livre un peu en-deçà des autres ouvrages que j'avais déjà lus de la même auteure. Cette histoire m'a paru un peu indigente.

Une femme habituée à plaire et à collectionner les amants, atteint la soixantaine et justement, son dernier amant en date la quitte pour se marier et faire un enfant avec une femme plus jeune. Sachant que le couple ira à une représentation d'opéra, la protagoniste engage un escort boy pour rendre jaloux son ancien amant. Et démarre une histoire qui se veut compliquée mais qui est fort simple, elle s'attache à cet homme gigolo en essayant d'oublier qu'elle le rémunère.

Rosa Montero aime les apparitions à la Hitchcock dans ses livres, mais cette fois-ci, elle se fait intervenir de manière plus pesante et, à mes yeux, inutilement. Cela n'apporte rien à la narration.

En conclusion, Rosa Montero nous a déjà offert mieux, mais ce livre n'est pas non plus un casse-tête chinois et reste agréable à lire. Livre sans prétention donc.
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La chair, les amours tarifés, chers.
Quand c'est la femme qui bourse délie, le sujet est déjà tabou. Mais malgré toute une panoplie de portraits de femmes intéressants, et une intrigue au départ somme toute amusante, je n'ai pas réussi à rentrer, adhérer à l'histoire dont je ne dévoilerai pas grand chose, selon les voeux de l'auteure...je comprends bien son souhait, elle s'est ingéniée à trouver une intrigue et des rebondissements surprenants, alors si je dévoile tout, c'est foutu!
Le fou tue, mais pas toujours. Lisez, vous comprendrez !
Il se lit très vite en fait, le temps d'une passe quasiment !

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Soledad est une belle femme, vive, active, une profession enviable dans le milieu littéraire madrilène. Mais Soledad vient de fêter ses soixante ans et son amant la quitte pour faire un enfant à sa jeune épouse. Soledad devient une femme seule et effrayée par ce vide qui l'attend.

Alors pour une soirée à l'Opéra, pour être vu de tout Madrid, Soledad loue les services d'un Escort-boy, vous savez ces jeunes hommes que l'on appelait gigolo au siiècle dernier. Cupidon et son aiguillon peut-il transpercer le coeur d'une sexagénaire et d'un trentenaire, ou les dés sont-ils déjà pipés et le jeu forcément dangereux ?

Comme disait Mallarmé : « La chair et triste hélas et j'ai lu tous les livres ».L'histoire de Soledad sera donc une triste histoire, en bonne romancière Rosa Montero s'attache à ses personnages, cette femme seule qui a passé sa vie à compenser un manque d'amour et une absence va rencontrer son alter égo masculin, mais est-il encore temps ?

Roman sur le temps qui passe, sur le bilan d'une vie, mais aussi drame romantique et littéraire à suspens, nous rencontrerons brièvement Philippe K Dick, Williams Burroughs, Guy de Maupassant, Anne Perry, Thomas Mann, une mystérieuse Josefina Aznarez et une journaliste branchée devenue romancière nommée Rosa Montero qui énerve beaucoup cette pauvre Soledad. Jubilatoire mise en abime « La chair » est aussi un roman lucide, cruel et ironique.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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« Cher lecteur, j'aimerais te demander un service. Et il s'agit de garder le silence. La tension narrative de ce roman repose sur l'erreur de croire que, dans la relation entre Soledad et Adam, le personnage potentiellement dangereux est…(…) si, on le raconte, la structure, le rythme et le mystère du texte tombe à l'eau. Un grand merci. » Il est bien rare qu'un auteur s'adresse en postface à son lecteur et plus rare encore qu'il l'enjoigne de ne quasiment rien révéler de son roman. La tâche du chroniqueur devient alors difficile. Je vais toutefois essayer de relever le défi, essayer tout à la fois de vous faire aimer La Chair tout en respectant le voeu émis par Rosa Montero de ne pas trop en dire.
Soledad a soixante ans. Un âge ingrat, surtout lorsque l'on vient d'être quittée et que l'on se retrouve seule au moment d'aller à l'opéra où le traître sera présent avec sa nouvelle conquête. Surtout lorsque l'on prend soin de s'étudier face au miroir: « le corps était une chose terrible, en effet. La vieillesse et la détérioration s'y tapissaient insidieusement et l'intéressé était souvent le dernier à l'apprendre, comme les cocus du théâtre classique. »
Mais Soledad a des ressources. Elle gagne bien sa vie, prépare une nouvelle exposition sur le thème des artistes maudits, et décide d'avoir recours aux services d'un gigolo qu'elle trouve sur le site AuPlaisirDesFemmes.com et qui lui servira de chevalier servant pour ses sorties. le jeune Russe est non seulement beau, mais charmant et attentionné et Soledad va finir va se laisser prendre au jeu. Tout en sachant que sa relation n'est pas amoureuse, qu'elle paie pour un service, elle va avoir envie d'y croire. Elle va passer beaucoup de temps à se faire belle, va avoir envie de faire des cadeaux à son jeune amant, un téléphone portable, une garde-robe, des repas dans les grands restaurants. « Elle commençait à se sentir désespérée qu'ils ne se retrouvent que pour faire l'amour, que leur relation reste enfermée dans la cage étroite de la clandestinité et de la routine. » du coup, cette relation tarifée va virer à l'obsession. Elle va chercher à en savoir plus sur le beau gigolo, suit son emploi du temps à la minute, fait le guet devant son immeuble de la banlieue de Madrid, le piste durant ses déplacements. Un jour, elle le voit avec une métisse et un enfant, alors qu'il affirmait vivre seul. Pour en avoir le coeur net, elle va même endosser le rôle d'un agent de recensement pour faire du porte à porte dans l'immeuble.
Du coup, on se demande si le piège n'est pas en train de se refermer sur elle. Ne devient-elle pas dépendante, «folle» de son amant. Un peu à l'image de ces écrivains maudits qu'elle étudie et dont elle nous raconte les errements. Dans cette galerie, outre Philip K. Dick et Anne Parry, on trouve William Burroughs, Maria Luisa Bombal et Maria Carolina Geel, deux femmes écrivaines chiliennes du XXe siècle qui ont tué leur amant, Maria Lejáragga qui a laissé son mari endosser la paternité de son oeuvre, sans oublier Josefina Aznárez, dont on aurait bien aimé qu'elle existât. Cette femme qui se fait passer pour un homme et dont la supercherie, au moment d'être découverte, va l'entraîner vers une fin tragique mériterait un roman à elle toute seule ! Mais comme promis, je n'en dirai pas davantage. Ayant commencé cette chronique par la postface, je la conclurai par le début, par une définition de la vie à la Soledad : « "La vie est un petit espace de lumière entre deux nostalgies : celle de ce que vous n'avez pas encore vécu et celle de ce que vous n'allez plus pouvoir vivre. »

Lien : https://collectiondelivres.w..
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