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En 2016, Toni Morrison a donne six conférences à Harvard. Elles sont retranscrites dans ce livre.
Pourquoi la race est-elle un facteur de différenciations ?
Difficile question de l'asservissement de l'Autre.
Toni Morrison s'appuie sur des journaux, privés ou publics, traitant de l'esclavage, sur des auteurs ayant abordé le sujet, sur ses propres écrits
Une réalité brûlante et douloureuse qui est le fil conducteur de tous ses livres.
Partant des débuts de l'esclavage à la vague de migration actuelle, elle dénonce une réalité qui n'a toujours pas résolu le problème inhumain du racisme.
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Deuxième essai de Toni Morrison sur la littérature et les personnages noirs dans les romans, L'Origine des autres est un recueil qui contient des "résumés" de six cours que l'auteure américaine a dispensé à l'université. Une fois n'est pas coutume, Toni Morrison y aborde les sujets qu'elle connait le mieux : l'identité afro-américaine, la littérature (la sienne mais pas seulement) et l'histoire des Noirs aux Etats-Unis.

Ses réflexions sont toujours très incisives, très justes (et dans un langage limpide!) et son admiration pour la littérature et les possibilités qu'elle offre plus que contagieuse. Certes, on sent fortement (comme dans ses romans) l'influence de la morale chrétienne, surtout quand elle parle d'amour ; d'amour de soi et/ou d'amour de son prochain.

J'ai trouvé cet essai enrichissant - mais bon, c'est Toni Morrison, quand il s'agit d'elle il me semble toujours que l'objectivité est une notion qui me devient totalement étrangère ! - avec des arguments très pertients bien sûr. Toutefois, j'ai préféré Playing in the Dark que je trouve plus complet, plus abouti. L'Origine des autres ne contient pas de synthèse globale ici, un détail qui m'a laissé un peu sur ma faim. Malgré ce détail, je dirai quand même que c'est une lecture dont tout amoureux des lettres américaines et/ou de littérature en général ne devrait pas se passer !
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Images des mots et langage des images. Psychologie sociale que dessinent nos écrits et nos lectures qui mènent à l'Autre ou l'excluent, qui le frappent ou l'accueillent, qui le reconnaissent ou le différencient, qui l'intègrent ou le rejettent.
Rien de ce qui est dit, montrer, ou écrit est exempte d'une pensée. Qui ? Vers qui ? À qui ? Pourquoi ? Quand ? Que recèle ce qui est écrit, montré, prononcé , effacé, ou éludé? Les conférences de Toni Morrison regroupées dans cet ouvrage permettent d'entrer un peu plus avant dans son travail d'écriture qui décrypte, traduit nos affects sociaux .
Beloved ,Paradis, Home ,Délivrances, Un don, l'oeil le plus bleu…Étude, analyse, décryptage, traduction de l'interprétation de l'Autre face à l'identité d'un « soi », de l'identité de l'Autre face à l'interprétation d'un « Soi », et plus largement de la construction d'un nous qui ne voudrait se concevoir sans la destruction , la négation d' Autres.
Il y a toujours à beaucoup apprendre auprès de Toni Morrison. Beaucoup de retour en soi et vers les autres. L'écrit n'est pas innocent, l'image ne l'est pas davantage. La haine, la peur, le refus de l'Autre n'est que la haine, la peur de ce que nous percevons en nous mêmes, reconnaissons en nous mêmes, redoutons de nous mêmes, et ignorons de nous mêmes.
L'Autre et Soi sont des constructions mentales produites par notre culture, par la société dans laquelle nous évaluons, par le désir que nous avons d'intégrer cette société, de nous assurer de notre intégration au sein de celle-ci, de la reconnaissance que nous espérons d'elle , afin qu'en retour celle-ci affirme notre reconnaissance.
L'autre serait l'inconnu d'un Soi, et Soi serait , donc, l'inconnu de l'Autre.
Mais la vérité est : l'humain. Humain pluriel, mais semblable, et toujours indissociable.
C'est cette vérité qui est au coeur de l'oeuvre de Toni Morrison.

Astrid Shriqui Garain
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Ce petit livre rassemble six conférences données par Toni Morrison à Harvard en 2016.
Elle y explore "l'altérité" (plus précisément ce que les auteurs noirs francophones appelleraient la négritude) au travers de multiples sources : souvenirs d'enfance, documents historiques, extraits d'oeuvres littéraires, y compris les siennes, dont elle explique les intentions (et ces passages-là sont passionnants).
Le livre est tout petit, certes ; mais tout y est.
Toni Morrison en appelle à l'histoire de l'esclavage aux États-Unis, elle analyse ce qui a rendu possible l'esclavage, mais aussi ce qu'il a produit en termes d'inhumanité.
Car l'Autre, pour être traité ainsi, doit être justement autre, déshumanisé ; inhumain. Au travers de nombreux exemples (l'horreur des textes médicaux du 19ème siècle !) elle montre la fabrication de l'inhumanité des Noirs, et à quel point elle a procuré aux Blancs de nombreux avantages.
Et à quel point aujourd'hui être Américain, c'est encore être blanc.
Mais elle montre aussi que l'inhumain, celui qui ne se conduit pas en être humain, bien entendu, c'est le raciste.
La litanie des personnes noires lynchées au 20ème siècle… il faut la lire pour prendre conscience. Même si elle brise le coeur.
Tout comme aujourd'hui la liste des personnes tuées par la police, liste qui a fait se lever le mouvement "Black lives matter".
Toni Morrison termine en se penchant sur les effets culturels de la mondialisation par l'analyse du roman de Camara Laye, "Le regard du roi" (que je n'ai pas lu mais que j'ajoute illico à mon pense-bête).
Comme dans tous ses livres, ma Nobel préférée écrit avec une intelligence si lumineuse, si bouleversante, que cette modeste critique ne saurait en rien parvenir à lui rendre hommage.
Traduction parfaite de Christine Laferrière.
Avant-propos dispensable de Ta-Nehisi Coates (il dit la même chose que Morrison en moins bien).
Challenge Nobel
LC thématique de décembre 2022 : "Littérature étrangère (hors U.E.)"
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Dans « l'origine des autres « , Toni Morrison fait valoir que le besoin de confirmer son humanité tout en commettant des actes inhumains est le fondement même de l'attitude des Blancs vis à vis des Noirs. La notion de race n'existe que dans la mesure où il faut prouver que l'autre est inférieur, et ceci s'est avéré pour cautionner l'esclavage. le racisme crée la race avec ses différences négatives pour ceux qui se sont trouvés si longtemps dans une situation d'inférieurs. Pratiquement tous les groupes sur terre ont essayé de transformer le différent en un Autre doté de telle ou telle qualité, afin d'imposer leurs croyances en leur supériorité. Après ces considérations sur la suprématie blanche en Amérique, Toni Morrison, dans ces conférences à l'université de Harward cite longuement ses propres romans , et son analyse du processus de la création de l'Autre. Définir l'Autre par sa couleur, dit elle, c'est réaffirmer encore et encore la supériorité blanche innée et l'horreur d'une seule goutte de sang noir – et pour cela elle critique Faulkner et Hemingway. Ce refus d'un « colorisme » la conduit à ne pas faire mention de la couleur, et à gommer tous les codes raciaux dans ses romans . Comme c'est le premier livre d'elle que je lis, je suis mal placée pour comprendre vraiment ce qu'elle dit. Sauf que, curieusement, elle avoue à la fin de son « origine des autres » la vision qu'ont les Noirs Américains de l'Afrique « une immense terre natale dans le besoin, à laquelle nous étions censés appartenir, mais qu'aucun d'entre nous n'avait vue ni n'avait particulièrement envie de voir, habitée par des gens avec lesquels nous maintenions une relation délicate d'ignorance et de dédain réciproques…. » Et , ne craigant pas de se contredire, elle cite Conrad, « le coeur des ténèbres », en critiquant sa vision de l'Afrique , » énigmatique, répugnante ou désespérément contadictoire ». Il est très étrange qu'une ecrivaine renommée puisse se permettre de critiquer un des très grands écivains connus en sortant une des phrases du début du livre de celui ci hors de son contexte. Alors je vais relire Conrad.

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« L'origine des autres » Toni Morrison (90p)
Six brèves conférences données en 2016 par Toni Morrison dans une université américaine. A partir de l'histoire plus spécifique des USA et du racisme endémique qui y sévit, TM s'interroge sur ce qui rend cet «autre», le noir, si indispensable au blanc pour qu'il se sente «normal». Elle montre que pour se sentir intégrés, les nouveaux migrants venus d'Europe dès la fin du XIXème siècle (juifs, catholiques, européens du Sud ou de l'Est…) ont eu besoin de s'identifier au racisme ambiant constitutif de l'esclavagisme. C'est la désignation de cet autre dans sa supposée inhumanité qui créée pour ces nouveaux venus ce sentiment d'appartenance et d'intégration. («La nécessité de faire de l'esclave une espèce étrangère semble une tentative désespérée pour confirmer que l'on est soi-même normal» et «Le danger de compatir avec l'étranger, c'est la possibilité de devenir un étranger.») Les descriptions de situations d'abominations dans le sort réservé aux esclaves d'origine africaine, y compris aux affranchis, puis aux afro-américains encore aujourd'hui, sont explicites. Les exemples qu'elle tire de la littérature (de «La Case de l'oncle Tom», à Hemingway) montrent aussi combien le paternalisme prétendument moins violent est l'autre face de la même médaille de mépris à vision d'exploitation. Cette perception finit par modeler une vision du monde par des noirs américains, au point que certains d'entre eux créeront des villes «noires» qui devaient se prémunir contre «l'impureté blanche». Dans le dernier texte, Toni Morrison m'a mis en appétit curieux de «Le Regard du roi», un roman allégorique de l'écrivain guinéen Camara Laye qui inverse les postures, avec un blanc déchu qui se perd (ou se trouve en perdant ses préjugés ?) dans un royaume africain.




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La première de couverture est une photo de profil de Toni Morrison. Noble.
Dans ce recueil de 90 pages sont réunies six conférences prononcées en 2016 dans une célèbre université américaine.
Elle intervient sur la déshumanisation liée à assujettissement des noirs africain durant l'esclavage. Elle évoque la couleur de peau comme identification à l'étranger.
"L'enfer, c'est les autres", de Jean-Paul Sartre. La nature consciente est refusée à l'esclave. le statut d'individu est nié.
Comment se construire une identité humaine et sociale dans une société blanche et raciste ?
Des propos lucides.
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Qui revendique, à jamais revendique un baiser

En avant-propos, Ta-Nehisi Coates, parle des conférences sur « la littérature de l'appartenance » données à l'université de Harvard en 2016. Elle aborde cette Origine des Autres, la politique identitaire du racisme, la création des étranger·es, la construction de barrières, les liens entre racisme et race, « le racisme précède la race », le « gouffre racial », le concept ténu qui a néanmoins pu avoir une forte emprise sur des millions de personnes, la fabrication de l'« Autre », une « sorte de ligne de démarcation naturelle et divine entre celui qui fait esclave et celui qui le devient », la peur de perdre son rang et de perdre sa propre différence « consacrée et prisée », la politique policière, le langage de la justification, les frontières du pouvoir, les privilèges jamais abandonnés par altruisme, les partisans de la blancheur, les luttes pour l'égalité, Toni Morrison, « Son oeuvre est enracinée dans l'Histoire et puise sa beauté dans les manifestations les plus monstrueuses »…

Six conférences :

Embellir l'esclavage

Etre ou devenir l'étranger

L'obsession de la couleur

Configurations de la noirceur

Raconter l'Autre

La patrie de l'étranger

Toni Morrison analyse, entre autres, « les ingrédients qui font que l'on est inférieur », les constructions de l'« Altérité », les critères de différenciation (race, classe sociale, genre), le racisme scientifique, « l'un des objectifs du racisme scientifique est d'identifier un élément marginal afin de définir ce que l'on est », le devenir – car on ne nait pas – raciste ou sexiste, l'esclavage et sa tolérance, l'utilisation de la force brute ou son embellissement, les viols, l'espace noir, la fabrication de l'« appartenance ».

L'autrice parle aussi de littérature, de quelques-uns de ses livres et de leur construction.

Elle souligne que les Noirs sont indispensables « à une définition blanche de l'humanité », l'utilisation de « caractéristiques » pour obtenir l'ascendant et le pouvoir, la confirmation de la (sa) « normalité » par la construction de l'esclave comme « espèce étrangère », la dignité « d'être su à propos de ce que nous ressentons », l'étranger.e comme « aléatoire » ou comme « remémoration », la négation dans l'autre de son « individualité spécifique » sur laquelle « nous insistons par nous-mêmes ».

La « goutte du mystique sang « noir » », l'obsession de la couleur traquée par Toni Morrison dans des oeuvres littéraires, les lois interdisant la mixité « raciale », « elles ont déroulés le tapis sur lequel ont dansé de nombreux écrivains », les configurations de la noirceur, les prétendues caractéristiques de la « couleur » et les définitions toujours sociales et politiques…

Les migrations (Contrairement à ce qu'écrit l'autrice, si en nombre de migrant es, les mouvements de population sont aujourd'hui importants, en pourcentage de la population mondiale, ils restent très faibles), la patrie de l'étranger·e, les exils aussi dans les lieux « où étaient leur place », les perceptions de l'extranéité (menace, dépravation, inintelligibilité), l'espèce humaine, « Ne savais-tu pas que je t'attendais ? ».

Le titre de cette note, emprunté à l'autrice, est la dernière phrase de la conférence nommée « Raconter l'autre ».


Lien : https://entreleslignesentrel..
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Un essai ardu à lire dans l'écriture mais aussi dans la complexité des propos. A travers les exemples de l'esclavage, de la ségrégation et des migrations contemporaines, Toni Morrison s'interroge sur les notions de race et de racisme véhiculées dans la littérature américaine. En analysant ses propres récits, elle questionne l'individualité de l'Autre. Comment fabrique-t-on l'Autre ? Et si l'autre n'était qu'une partie projetée de nous-mêmes, l'Etranger inavouable - parce qu'inacceptable – en nous ?
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Toni Morrison revient dans ce court essai sur les liens entre la littérature et l'Autre. Après une présentation de ce qu'est être Autre, cet essai interroge différents liens entre la littérature et le racisme en faisant toujours référence à des auteurs ou des extraits de textes. Toni Morrison développe également le rapport qu'elle entretien avec ces questions en tant qu'auteur, la façon dont elle essaie de dépasser cette question de l'Autre dans ses romans.

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