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« L'origine des autres » Toni Morrison (90p)
Six brèves conférences données en 2016 par Toni Morrison dans une université américaine. A partir de l'histoire plus spécifique des USA et du racisme endémique qui y sévit, TM s'interroge sur ce qui rend cet «autre», le noir, si indispensable au blanc pour qu'il se sente «normal». Elle montre que pour se sentir intégrés, les nouveaux migrants venus d'Europe dès la fin du XIXème siècle (juifs, catholiques, européens du Sud ou de l'Est…) ont eu besoin de s'identifier au racisme ambiant constitutif de l'esclavagisme. C'est la désignation de cet autre dans sa supposée inhumanité qui créée pour ces nouveaux venus ce sentiment d'appartenance et d'intégration. («La nécessité de faire de l'esclave une espèce étrangère semble une tentative désespérée pour confirmer que l'on est soi-même normal» et «Le danger de compatir avec l'étranger, c'est la possibilité de devenir un étranger.») Les descriptions de situations d'abominations dans le sort réservé aux esclaves d'origine africaine, y compris aux affranchis, puis aux afro-américains encore aujourd'hui, sont explicites. Les exemples qu'elle tire de la littérature (de «La Case de l'oncle Tom», à Hemingway) montrent aussi combien le paternalisme prétendument moins violent est l'autre face de la même médaille de mépris à vision d'exploitation. Cette perception finit par modeler une vision du monde par des noirs américains, au point que certains d'entre eux créeront des villes «noires» qui devaient se prémunir contre «l'impureté blanche». Dans le dernier texte, Toni Morrison m'a mis en appétit curieux de «Le Regard du roi», un roman allégorique de l'écrivain guinéen Camara Laye qui inverse les postures, avec un blanc déchu qui se perd (ou se trouve en perdant ses préjugés ?) dans un royaume africain.




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J'ai parfois eu du mal à saisir le propos de Toni Morrison au fil des conférences rapportées dans cet ouvrage

Certains points étaient tout de même intéressants, notamment par rapport à l'approche de certains auteurs quant à leur manière de présenter les personnages noirs dans leur roman

Je ne pense pas être suffisamment éduquée sur la question pour que ce livre déclenche en moi une réflexion plus poussée mais je le conseille tout de même, ne serait-ce que pour pointer quelques pistes de remise en question de notre manière de penser
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Ce livre est la retranscription de la conférence Charles Eliot Norton qui a eu lieu en 2016.
L'auteure explique avec beaucoup de délicatesse et d'émotions fortes d'où provient la qualité de la race. Pourquoi les Blancs sans se poser de question existentielle ont fait du Noir l'infériorité humaine. La différence au sein de la communauté noire aussi est étudiée car la différence engendre la peur de l'incompréhension, de l'inconnu. L'homme blanc doit être au dessus, dominant prenant le droit de la propriété.
On minimise le poids qu'a eu le fait de trouver des excuses au racisme dès sa naissance.
La différence peut être un force mais ici elle est plutôt une chose qui peut vous trahir surtout si la couleur de votre peau est foncée.
Or. on constate que l'homme noir était comparé à un bête, à un spécimen inhumain or ce passage du livre révèle bien la vérité de la situation : « quel acharnement ils mettent à définir l'esclave comme inhumain, sauvage, quand la définition de l'inhumain décrit en vérité très largement celui qui punit ». Car on remarque avec horreur que les châtiments exercés par les blancs étaient plus que souvent non justifiés et d'une violence dépassant l'entendement, d'un sadisme incontenté.
« La nécessité de faire de l'esclave une espèce étrangère semble une tentative désespérée pour confirmer que l'on est soi-même normal ».

L'auteure nous explique que si on enlève les codes raciaux, la couleur de peau aux personnages, le
lecteur ressent un manque. Il est vrai que si il y a un noir et un meurtre dans l'histoire notre penchant nous attire à porter la culpabilité sur le noir par acquis générationel. Alors que si l'on suit le cours historique, il nous faut admettre que le blanc a détruit, anéanti bien plus qu'il ne l'admettrait en toute circonstance.

Je reproche à cette retranscription son effet un peu brouillon d'explications successives. A part cela, c'est un récit intéressant qui survole ce vaste sujet de l'origine des autres.
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Ce petit livre rassemble six conférences données par Toni Morrison à Harvard en 2016.
Elle y explore "l'altérité" (plus précisément ce que les auteurs noirs francophones appelleraient la négritude) au travers de multiples sources : souvenirs d'enfance, documents historiques, extraits d'oeuvres littéraires, y compris les siennes, dont elle explique les intentions (et ces passages-là sont passionnants).
Le livre est tout petit, certes ; mais tout y est.
Toni Morrison en appelle à l'histoire de l'esclavage aux États-Unis, elle analyse ce qui a rendu possible l'esclavage, mais aussi ce qu'il a produit en termes d'inhumanité.
Car l'Autre, pour être traité ainsi, doit être justement autre, déshumanisé ; inhumain. Au travers de nombreux exemples (l'horreur des textes médicaux du 19ème siècle !) elle montre la fabrication de l'inhumanité des Noirs, et à quel point elle a procuré aux Blancs de nombreux avantages.
Et à quel point aujourd'hui être Américain, c'est encore être blanc.
Mais elle montre aussi que l'inhumain, celui qui ne se conduit pas en être humain, bien entendu, c'est le raciste.
La litanie des personnes noires lynchées au 20ème siècle… il faut la lire pour prendre conscience. Même si elle brise le coeur.
Tout comme aujourd'hui la liste des personnes tuées par la police, liste qui a fait se lever le mouvement "Black lives matter".
Toni Morrison termine en se penchant sur les effets culturels de la mondialisation par l'analyse du roman de Camara Laye, "Le regard du roi" (que je n'ai pas lu mais que j'ajoute illico à mon pense-bête).
Comme dans tous ses livres, ma Nobel préférée écrit avec une intelligence si lumineuse, si bouleversante, que cette modeste critique ne saurait en rien parvenir à lui rendre hommage.
Traduction parfaite de Christine Laferrière.
Avant-propos dispensable de Ta-Nehisi Coates (il dit la même chose que Morrison en moins bien).
Challenge Nobel
LC thématique de décembre 2022 : "Littérature étrangère (hors U.E.)"
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Coup de coeur pour 𝑳'𝒐𝒓𝒊𝒈𝒊𝒏𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆𝒔 de Toni Morrison qui est édité aux édition Bourgois. Ce livre est une retranscription et une traduction des six conférences données par l'autrice à l'université de Harvard en 2016, dont :

1. Embellir l'esclavage
2. Etre et devenir l'étranger
3. L'obsession de la couleur
4. Configuration de la noirceur
5. Raconter l'Autre
6. La patrie de l'étranger

Un essai très court mais essentiel dans sur les questions du racisme. Par le prisme de la pluridisciplinarité, l'autrice mêle Histoire, littérature et politique. Dans ce récit humaniste, elle analyse ses propres écrits pour apporter une réflexion sur les notions d'identité, d'appartenance et les façons d'aborder l'Autre.
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Toni Morrison revient dans ce court essai sur les liens entre la littérature et l'Autre. Après une présentation de ce qu'est être Autre, cet essai interroge différents liens entre la littérature et le racisme en faisant toujours référence à des auteurs ou des extraits de textes. Toni Morrison développe également le rapport qu'elle entretien avec ces questions en tant qu'auteur, la façon dont elle essaie de dépasser cette question de l'Autre dans ses romans.

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Dans « l'origine des autres « , Toni Morrison fait valoir que le besoin de confirmer son humanité tout en commettant des actes inhumains est le fondement même de l'attitude des Blancs vis à vis des Noirs. La notion de race n'existe que dans la mesure où il faut prouver que l'autre est inférieur, et ceci s'est avéré pour cautionner l'esclavage. le racisme crée la race avec ses différences négatives pour ceux qui se sont trouvés si longtemps dans une situation d'inférieurs. Pratiquement tous les groupes sur terre ont essayé de transformer le différent en un Autre doté de telle ou telle qualité, afin d'imposer leurs croyances en leur supériorité. Après ces considérations sur la suprématie blanche en Amérique, Toni Morrison, dans ces conférences à l'université de Harward cite longuement ses propres romans , et son analyse du processus de la création de l'Autre. Définir l'Autre par sa couleur, dit elle, c'est réaffirmer encore et encore la supériorité blanche innée et l'horreur d'une seule goutte de sang noir – et pour cela elle critique Faulkner et Hemingway. Ce refus d'un « colorisme » la conduit à ne pas faire mention de la couleur, et à gommer tous les codes raciaux dans ses romans . Comme c'est le premier livre d'elle que je lis, je suis mal placée pour comprendre vraiment ce qu'elle dit. Sauf que, curieusement, elle avoue à la fin de son « origine des autres » la vision qu'ont les Noirs Américains de l'Afrique « une immense terre natale dans le besoin, à laquelle nous étions censés appartenir, mais qu'aucun d'entre nous n'avait vue ni n'avait particulièrement envie de voir, habitée par des gens avec lesquels nous maintenions une relation délicate d'ignorance et de dédain réciproques…. » Et , ne craigant pas de se contredire, elle cite Conrad, « le coeur des ténèbres », en critiquant sa vision de l'Afrique , » énigmatique, répugnante ou désespérément contadictoire ». Il est très étrange qu'une ecrivaine renommée puisse se permettre de critiquer un des très grands écivains connus en sortant une des phrases du début du livre de celui ci hors de son contexte. Alors je vais relire Conrad.

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Six conférences de la très grande dame de la littérature, Toni Morrison, seule écrivaine noire récompensée par le Prix Nobel de Littérature, pour nous faire réfléchir sur l'Autre et la construction vicieuse et insidieuse du racisme. le regard de l'auteure sur ses romans pour nous accompagner dans sa démarche de toute une vie, pour nous questionner sur nos peurs et transmettre sa volonté de faire resurgir la profonde humanité qui devrait exister en chacun.e d'entre nous.
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Deuxième essai de Toni Morrison sur la littérature et les personnages noirs dans les romans, L'Origine des autres est un recueil qui contient des "résumés" de six cours que l'auteure américaine a dispensé à l'université. Une fois n'est pas coutume, Toni Morrison y aborde les sujets qu'elle connait le mieux : l'identité afro-américaine, la littérature (la sienne mais pas seulement) et l'histoire des Noirs aux Etats-Unis.

Ses réflexions sont toujours très incisives, très justes (et dans un langage limpide!) et son admiration pour la littérature et les possibilités qu'elle offre plus que contagieuse. Certes, on sent fortement (comme dans ses romans) l'influence de la morale chrétienne, surtout quand elle parle d'amour ; d'amour de soi et/ou d'amour de son prochain.

J'ai trouvé cet essai enrichissant - mais bon, c'est Toni Morrison, quand il s'agit d'elle il me semble toujours que l'objectivité est une notion qui me devient totalement étrangère ! - avec des arguments très pertients bien sûr. Toutefois, j'ai préféré Playing in the Dark que je trouve plus complet, plus abouti. L'Origine des autres ne contient pas de synthèse globale ici, un détail qui m'a laissé un peu sur ma faim. Malgré ce détail, je dirai quand même que c'est une lecture dont tout amoureux des lettres américaines et/ou de littérature en général ne devrait pas se passer !
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La première de couverture est une photo de profil de Toni Morrison. Noble.
Dans ce recueil de 90 pages sont réunies six conférences prononcées en 2016 dans une célèbre université américaine.
Elle intervient sur la déshumanisation liée à assujettissement des noirs africain durant l'esclavage. Elle évoque la couleur de peau comme identification à l'étranger.
"L'enfer, c'est les autres", de Jean-Paul Sartre. La nature consciente est refusée à l'esclave. le statut d'individu est nié.
Comment se construire une identité humaine et sociale dans une société blanche et raciste ?
Des propos lucides.
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