AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,62

sur 30 notes
5
3 avis
4
5 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
«Mon destin sera plus extraordinaire qu'un roman d'aventures », assène crânement Louise Révoil de Servannes à l'âge de dix ans. « On écrira des livres sur moi. Dans deux siècles, on se souviendra de la femme que j'étais. Sinon, pourquoi vivre ? »

Est elle née le 17 aout ou le 16 septembre 1810 ?
Un oubli de son fiancé Hippolyte Colet a-t-il reporté son mariage du 4 au 5 décembre 1834 ?

Jessica L. Nelson assume « Que les historiens me pardonnent les libertés prises avec le réel. Quant à Louise, elle ne m'en voudrait pas, je crois, d'avoir traité sa destinée comme celle d'une grande héroïne romanesque. »

Ce roman n'est donc pas une biographie, comparable, par exemple, à « Ariel ou la vie de Shelley » d'André Maurois, mais l'épopée romancée d'une femme de lettres couronnée par plusieurs prix au XIX° siècle.

Montée à Paris, la jeune méridionale écrit « fleurs du midi » qu'elle adresse à François-René de Chateaubriand en sollicitant une préface. Celui remercie en déclinant aimablement la demande de l'inconnue. L'orageuse ne se démonte pas et publie la lettre de l'illustre « chateau brillant » en introduction de son recueil de poèmes qui obtient le prix de l'Académie française d'un montant de deux mille francs en 1839. Elle est à nouveau primée en 1843,1852 et 1854 (performance jamais réitérée) et rappelons que les pièces sont envoyées anonymement ce qui réduit au silence les médisants qui attribueraient à ses charmes ce qui résulte de son talent.

Louise, séductrice, oublie à son tour son époux musicien, et entame une relation avec Victor Cousin qui règne sur la Sorbonne. En 1840 sa maternité est dénoncée comme « une piqure de Cousin » par le journaliste Alphonse Karr. L'orageuse lui plante un couteau dans le dos, et le journaliste à l'élégance de survivre, de ne pas déposer plainte, et d'encadrer le couteau dans son salon avec l'inscription « Donné par Madame Louise Colet (dans le dos) ».

En 1842, Louise rencontre Juliette Récamier et se lie d'amitié avec celle qui domine alors la vie culturelle. Juliette lui remet en 1844 sa correspondance avec Benjamin Constant et lui demandant de l'éditer après sa mort. En 1849 Louise publie cette correspondance au grand dam d'Amélie Lenormand, nièce et légataire testamentaire de Juliette, qui l'accuse d'abus de confiance et insinue qu'elle a rédigé des faux. Malgré le témoignage de Marceline Desbordes-Valmore, le tribunal lui retire cette correspondance.

En 1846 (à 36 ans) elle rencontre Gustave Flaubert (25 ans) alors inconnu … commence une liaison orageuse où Louise harcèle Gustave qui tente de fuir « aime l'art, il vaut mieux que l'amour » et de s'abriter à Croisset sous la protection maternelle. Louise se sépare de son mari et poursuit Gustave jusque dans un fiacre où ils jouissent d'un plaisir que Faubert immortalisera dans la fameuse scène où Emma Bovary voyage avec Léon. Jessica L. Nelson n'étant pas soumise à la censure impériale s'en donne à coeur joie dans cet épisode torride !

La révolution de 1848 permet à la romancière de placer l'Orageuse sur les barricades puis le coup d'état du 2 décembre 1851 l'ancre dans l'opposition au régime impérial. Elle visite Victor Hugo exilé à Guernesey qui admire « La colonie de Mettray », parcourt l'Italie insurgée et publie « L'Italie des italiens » en 1864 qui rencontre le succès puis est reporter en Egypte en 1869 lors de l'inauguration du Canal de Suez.

Elle décède en 1876 à l'époque où nait Marie de Hérédia, future Marie de Régnier, elle aussi multi distinguée par l'Académie française, mais rien de comparable entre le destin d'une provinciale inconnue et celui de la fille et épouse d'un académicien.

Louise Colet a connu Alfred de Musset, Alphonse Daudet, Charles-Augustin Sainte-Beuve alias « Sainte Bave », elle a aimé François-Désiré Mancel, mais sa rupture brutale avec Flaubert en 1855 fait d'elle l'orageuse aigrie qui commet « Une histoire de soldat » puis « Lui » en 1858. Cette rupture, et ses besoins financiers l'éloignent de la poésie où elle excelle, et l'orientent vers la prose qui l'enterre dans l'oubli.

Jessica L. Nelson étaye son ouvrage, richement annoté, sur une impressionnante bibliographie, et il ne manque qu'une table des matières pour attribuer six étoiles à ce roman magnifiquement orchestré. La romancière maitrise parfaitement les techniques du feuilleton et ménage habilement ses effets pour réhabiliter une poétesse qui eut Paris à ses pieds de 1840 à 1855 mais qu'Emma Bovary fit chuter du piédestal en 1856. Son oubli me semble du à l'éclipse générale de la poésie et non au patriarcat ou au parisianisme et, par exemple, Victor Hugo brille aujourd'hui davantage avec Les Misérables qu'avec Les Contemplations.

« Je veux faire comprendre à toutes les femmes ce qu'il faut dire, ce qu'il faut faire, ce qu'il faut exiger » ambitionnait l'orageuseLouise Colet !
Merci Jessica L. Nelson pour ce mémorial.

PS : Lilas blancs et roses noires : le roman de Marie de Régnier
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          860
Louise Colet : ce nom m'était inconnu. Elle était une grande poétesse, elle a obtenu plusieurs prix de l'Académie Française, pourtant l'Histoire n'a retenu que sa beauté éblouissante, son caractère affirmé, ses relations intimes avec Victor Cousin, Alfred Musset, Alfred de Vigny et son grand amour pour Gustave Flaubert. Avec ce dernier, elle a vécu des moments exaltants et des périodes de doutes et de souffrances. A cette époque, contrairement à elle, il était un inconnu. Il était torturé par l'écriture de Madame Bovary.


Cependant, les amants de Louise Colet ne sont qu'une part de son existence. Celle qui a fui le domaine familial pour épouser l'homme qu'elle a choisi (Hippolyte Colet), a été révélée par Fleurs du Midi, un recueil poétique. Ses écrits étaient estimés par son ami, Victor Hugo. Elle a publié des romans, des essais, des récits, etc.


J'ai beaucoup hésité avant de solliciter ce livre en service presse. En effet, je lis très peu de biographies. Néanmoins, la quatrième de couverture m'attirait, d'autant plus qu'elle indique qu'il s'agit d'un roman. Immédiatement, j'ai su que j'allais l'adorer. En effet, même s'il dépeint la vie d'une personnalité réelle, il est imprégné, dès les premières pages, d'un souffle romanesque ardent, effervescent, passionné et fascinant, comme l'était la personnalité de Louise Colet. Féminine et féministe, Républicaine et anticléricale, elle suscitait autant l'admiration que la critique.


« Si jamais la lutte devient grandiose et sanglante, je veux m'y mêler, je veux réunir toutes les femmes, toutes les mères, toutes ces soeurs en douleur et en misère, et leur faire comprendre ce qu'il faut dire, ce qu'il faut faire, ce qu'il faut exiger… pour qu'elles ne soient pas éternellement des machines à plaisir et à reproduction de l'espèce. » Louise Colet


Elle était flamboyante, elle défendait ses convictions avec impétuosité et exaltation ; elle était orageuse, elle m'a éblouie. Elle était audacieuse, comme Chateaubriand a pu le constater. Elle l'a attendu devant chez lui, elle lui a demandé de préfacer ses Fleurs du Midi. Il lui a écrit une lettre de refus et c'est ce courrier qui préface son recueil. Elle était tempétueuse. Elle était avant-gardiste. Elle se battait pour que les femmes puissent exister en tant que telles et être créatrices, c'est la raison pour laquelle a refusé de prendre un pseudonyme masculin.


A travers le portrait de cette femme fougueuse et brillante, l'auteure dépeint, également, le contexte historique et politique. le XIXe a été marqué par plusieurs révolutions qui transpirent dans les écrits de Louise Colet. le travail de documentation de Jessica L. Nelson semble avoir été phénoménal, car elle retranscrit parfaitement l'atmosphère, les enjeux, les luttes, les codes et les lieux de l'époque. Des extraits de correspondance sont insérés, ce qui renforce cette sensation d'immersion. L'orageuse est un vibrant hommage à une femme, avide de liberté, oubliée par l'Histoire. J'ai eu un coup de coeur pour ce roman.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
Commenter  J’apprécie          40
L'orageuseJessica L. Nelson

Autre féministe.

Louise Colet avait une grande aptitude à la lecture et l'écriture qui la calmait dans sa perpétuelle effervescence de sa vie. Son entourage comme ses parents la jugeait parfois mal élevée, voire trop gâtée.

Si elle se marie avec Hippolyte Raymond Colet, un musicographe et compositeur, professeur de composition au Conservatoire de musique de Paris qu'elle suivra sur Paris, son couple ne sera plus aussi fort devant ses objectifs d'écrire, les soirées, le beau monde (Chateaubriand, Hugo, Musset, Vigny) et les amants qu'elle aura notamment dont le plus illustre Flaubert, dont elle aura du mal à se remettre de l'éloignement de ce dernier.

Chaque nouvel auteur devait être adoubé par Sainte-Beuve pour pénétrer le monde des lettres.

Des amies lui ont conseillé à l'instar de George Sand un pseudonyme masculin, mais cette femme « orageuse » à l'esprit bien trempé et combatif a réussi à s'affirmer.

Elle obtiendra quatre prix de l'Académie française pour ses poèmes. Sa vie aux nombreux soubresauts aura marqué son temps.

Un livre ici romancé de la vie de Louise Colet qui décrit à l'instar de Rachilde, homme de lettres, les difficultés d'être une femme dans cette période de l'histoire du XIXe siècle ou elle a connu deux révolutions, un coup d'Etat, la guerre en la France et la Prusse et l'insurrection de la Commune.

Un coup de coeur historique qui se lit d'une traite.
Commenter  J’apprécie          11


Lecteurs (116) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3187 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}