Bienvenue dans la petite ville de Saint-Sauvignac au Québec, une bourgade fictive où les journées monotones se succèdent. Hormis la plantureuse poitrine de la belle Chelsea, les distractions sont plutôt rares. Jusqu'à ce que le journal local annonce la construction d'un nouveau complexe aquatique afin de revitaliser le quartier de l'autre côté du chemin de fer. Les enfants n'ont alors qu'une hâte : descendre la « Calabrese », une glissade d'eau à pic renommée.
Mais, le jour de l'ouverture du parc aquatique, un clou mal positionné, transperçant le plastique turquoise, est à l'origine d'un drame blessant 118 enfants. À la suite de cet incident, tout dérape et l'existence de ces cicatrisés en est bouleversée.
Quatre saisons composent ce court roman surprenant, chacune d'elle ayant été écrite par un auteur différent. Quatre voix, quatre élèves de Saint-Sauvignac présents lors de l'accident prennent tour à tour la parole. Des protagonistes marginaux que j'ai trouvé attachants, même l'égocentrique Cédrik, pour lequel j'ai éprouvé un pincement au coeur lorsque j'ai découvert le sort qui lui était réservé.
Dès les premières lignes, le ton est donné. La prose est crue, drôle, et le ton décalé.
Une intrigue déjantée où les adultes en prennent pour leur grade et dans laquelle les cicatrisés sont victimes de discrimination. Une mise à l'écart qui leur portera préjudice mais sera aussi source de bénéfices.
En dépit des huit mains qui composent ce récit, l'ensemble garde une unité et les mots québécois qui parsèment ce texte ne gênent aucunement la compréhension de cette histoire singulière qui se dévore.
Les quatre romanciers dépeignent l'adolescence et son rapport à la sexualité avec justesse tout en y ajoutant une dose d'absurde absolument jouissive. Et derrière ces lignes légères, on décèle quelque chose de plus profond, de touchant.
Un texte québécois savoureux et loufoque qui sort, pour notre plus grand plaisir, des sentiers battus et nous procure une expérience de lecture follement divertissante.
De ta Mère se targue de proposer des textes novateurs dans des formes littéraires qui sortent des modèles traditionnels et, visiblement, les Cicatrisés font honneur à cette mission. On a ici affaire à un roman à huit mains, soit un auteur différent pour chacun des quatre chapitres. Quatre voix, mais un seul récit qui possède une belle unité de ton malgré la polyphonie des plumes. Chaque chapitre marque en fait le passage d'une saison dans la vie des écoliers du village de Saint-Sauvignac. le rêve commun de ces enfants – pouvoir occuper tout leur été à dévaler la fameuse « Calabraise » – tourne au cauchemar lorsqu'on découvre, trop tard, que la glissade fétiche du nouveau parc aquatique municipal est défectueuse. Après avoir refermé ce livre, l'idée que vous vous faites d'un simple clou, et de la menace qu'il peut représenter, ne sera plus la même, j'en fais le pari! Parodie sur la ségrégation et sur le sentiment de culpabilité sociale, les Cicatrisés nous présentent aussi les petits combats d'une enfance hors norme, dans un monde où les adultes rivalisent de sottises et d'idioties.
Très drôle et divertissant. Parfait pour se changer les idées en fin d'études.
Orgueil et ..., de Jane Austen ?