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EAN : 9782846813853
59 pages
Les Solitaires Intempestifs (06/06/2013)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Comment écrire pour des étudiants de théâtre ?
Comment écrire pour une compagnie ?
Comment écrire pour un amour ?
Comment écrire pour un pays ? Un ventre ? Une source ?
Comment écrire, parce que la mort vous l’exige, alors vous mettez la vie à contribution, et vous n’êtes plus que vos mots, même pas vos histoires, parce que vous n’en avez pas, vous écrivez pour les autres.
Pour les autres. Pour les autres. Pour les autres.
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critiques presse (1)
NonFiction
21 octobre 2013
Le dramaturge congolais Dieudonné Niangouna livre une compilation de réflexions sur l’écriture théâtrale et la situation du théâtre en Afrique. Une écriture à la beauté orageuse.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Acteur de l'écriture

Arriver devant chaque porte, c'est pour moi commencer quelque chose qui n'existe pas encore et que je vais chercher pour vivre avec, par son absence d'abord. De là je vais m'inventer, moi, à vouloir forcément entendre les endroits où cette chose me manque, les moments où je suis mal sans elle, le goût des choses qui me quitte dès l'instant où elle apparaît, de manière idéelle, dans ma vie. La somme de toutes ces sensations me convoque très intimement à moi. Et c'est parce-que je vais fouiller dans ma crasse personnelle que je peux lire le monde. C'est-à-dire avec mes yeux.
Cette chose qui me manque tant, cette quête, ce besoin sans cesse insatiable va me pousser à aimer la retrouver. Mais elle n'est qu'en moi, ma parole. Et je marche, pas après pas, curiosité après curiosité, le courage dans mon acte. Cette chose, c'est la curiosité qui me l'apporte plus tard. Et la curiosité chez moi est question de peur. Il y a un degré de peur qui devient envoûtant. Être hypnotisé par une sorte d'angoisse devient la raison de ma captivité. je m'avance vaincu vers le monstre rédempteur ; avec ma peur au ventre, et mes membres qui tremblent. Et je marche dans ses sillons de terreurs et de troubles. Une soudaine tendresse va me faire pleurer. Là où je rends les armes, c'est là où je commence à parler. Une longue suite de monologue en marchant; c'est comme ça que ça vient. Et c'est parce-que ça vient que je le prononce. le plus animalement possible. Tout sera dit en marchant. Tous sera proféré sur le bout des lèvres, puis à haute voix. Ma tête plus tard commencera à l'écrire avant ma main. Plus le texte me vient par la bouche, plus le corps le porte et plus il s'inscrit en moi, conquiert tout mon être, mes habitudes et mes ornements de folie. Quand le Diable aura entièrement assiégé l'être, je serai l'hameçon de la bête. C'est à cet instant que je pars me coucher sur la feuille; nus, tous les deux, la feuille et moi. Mais je couche sur elle, me répands sur elle; Je vomis tout. Tout. JUSQU'A LA FATIGUE.


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Le devoir de construire

Faire du théâtre en Afrique, c'est déjà un geste de résistance.
Résistance contre toutes les formes de polémiques sur les idées reçues qui nous on précédé, qui se sont taillé le luxe de nous écrire à tort et à travers et de définir qui nous sommes avant qu'on ait ouvert la bouche.

Nous savons que le pouvoir d'achat et le niveau de vie d'un individu en Afrique subsaharienne ne laissent pas la liberté aux artistes d'être le plus à l'aise dans leurs créations, leurs productions, et de mener une vie artistique quand bien même une carrière paraît entamée et un talent remarqué.

La condition politico-économique est au centre de nos préoccupations et mine l'artiste que nous sommes au quotidient.

Nous savons que ce que nous sommes en Afrique ne nous permet pas de faire du théâtre répondant aux attentes de l'Occident et ses soeurs, qui exigent de nous de rentrer dans le "marché mondial" (...)

Devant de telles imprécations, nous posons une question qui a toujours été à la page depuis la nuit des temps "A quoi ça nous sert, à nous, de faire l'art comme ils veulent absolument nous corriger ?"

Je comprends parfaitement qu'on ait souvent besoin d'un plus petit que soi pour se sentir vibrer, se sentir en force, savoir qu'on est puissant, qu'on est une grande culture, une grande nation, et tout le blablabla...(...)

Pourquoi alors nous demander de faire des choses à l'endroit où on serait faibles, à l'endroit où on serait mal à l'aise ?
Vous, l'Occident et vos soeurs, vous nous demandez de nous mettre à un endroit où on ne peut pas s'en sortir. C'est de la triche.

Moi je dis : "Que chacun se batte avec ce qu'il est" Et qu'on arrête de donner des leçons aux gens, de les corriger, de les coter et de leur dire ce qui est de l'art et ce qui n'en est pas!

C'est de la triche de me demander de faire comme vous, d'emprunter votre langage, votre culture, votre écriture.
Vous savez très bien que ça ne marcherait pas, ça je ne ferais que vous singer, et y aurait rien dans l'âme. En plus je vous aurais tellement emprunté qu'il faudrait que je vous paye la dîme toutes les fois, et que je vienne faire Ave et vous baiser les pieds.

Non mais ça va, la traite négrière, là. Quand on emprunte, on paye toujours à la fin. Moi je n'ai aucune envie de vous payer.

On fait le théâtre avec ce qu'on est, pas ace ce que l'autre a. Et surtout pas avec ce qu'on nous dit de faire.
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Au bout de ma ritournelle de folie - parce que le spectacle finit par se fatiguer dans le coeur de l'acteur et s'en aller en déplaçant le corps de l'acteur ailleurs que dans la maison de l'assiégé-, mon état vient vomir, mais vraiment, avec la bouche et les doigts dans la bouche. Mon état vient vomir le rôle que j'ai été durant le siège. L'endroit depuis lequel j'apercevais la tragédie en attendant la fatigue des assassins. Et je vomis ce qu'on m'a fait manger. C'est pas interdit de vomir, spectateurs, ça vous êtes au courant. C'est là qu'on m'appelle auteur, ou tout au moins que je me considère ainsi. Je vomis.
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Si je travaille dans des espaces qui sont comme le jour, c'est pour appeler la nuit. Le silence de la nuit dans l'écriture,, le bruit de ce qui se tait, l'absence de ce qu'on n'a pas dit.
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Toutes les victoires ne sont que des mensonges. Ce qui compte c'est les coups qu'on donne et les coups qu'on reçoit, qui nous apprennent mieux ce que nous sommes venus faire au milieu de la surface de la terre.
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Vidéo de Dieudonné Niangouna
Lecture musicale par Coumba-Joanna Wone & David Sidibé Accompagnés de David Neerman au vibraphone Rencontre animée par Jean-Luc d'Asciano
Trois pays vivent en autarcie, perdus sur la ligne torride de l'équateur : Crâneurs, Mikissi, Salima. Encerclés par des forêts primaires, un fleuve hanté de sirènes et autres divinités préhistoriques, des savanes aux animaux féroces et des îles sauvages et exotériques, ces territoires se voient imposer par un conquérant nommé Malogum une civilisation où l'effroi épouse le merveilleux, où la cruauté flirte avec la poésie, où les fantômes tiennent les vivants en joug. Ici, des divinités, égarées dans le labyrinthe du monde et des songes, revivent sans cesse leurs morts et leurs naissances, et le peuple des vivants s'efforce de survivre au- dessus de toutes vérités…
Avec son premier roman, Papa tombe dans la Lune, le dramaturge congolais Dieudonné Niangouna fait voler en éclats les codes de la littérature afin de nous offrir un texte flamboyant et fabuleusement moderne.
À lire – Dieudonné Niangouna, Papa tombe dans la lune, L'Oeil d'or, 2022.
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