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sur 840 notes
Alliant faits réels à une fiction, Gaëlle Nohant nous livre un roman fort où les maîtres-mots sont courage, force, combat et non résilience.

Le personnage central de l'histoire est Eliza, une jeune trentenaire américaine qui fuit sa ville natale de Chicago durant les années 1950. Elle arrive à Paris, ville des Lumières, pour se reconstruire mais surtout, pour échapper à un passé dont le lecteur devra poursuivre un long moment sa lecture pour en découvrir ses secrets. Pourquoi fuir un mari fortuné, un petit garçon aimant et une vie privilégiée?

J'ai apprécié de découvrir ce Paris de l'après-guerre mais aussi tout ce connecte entourant les émeutes de Chicago de 1968, qui eurent lieu après l'assassinat de Martin Luther King. C'est toute la force des livres qui, au départ d'une fiction, étoffent des faits historiques. Cela permet d'y apprendre plein de choses de l'Histoire, avec un grand H, sans s'en rendre compte et aussi de pouvoir diversifier ses intérêts.

De très nombreux thèmes sont abordés, comme l'émancipation de la femme, la lutte des classes, la vie de l'après-guerre, le combat de la communauté afro-américaine,… Certains des sujets abordés sont encore très actuels et déferlent dans les médias, près de 50 ans plus tard.

Débuté courant des années 50 à Paris, on effectue ensuite un bond dans le temps et dans l'espace afin de se retrouver début des années 70 à Chicago.

Ce livre nous étreint par beaucoup d'émotions, sans tomber dans les sentiments mièvres. C'est à la fois un roman doux de par son style que charpenté par ses sujets brûlants, judicieusement évoqués.

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lecteurs de l'Actu Littéraire, première sélection.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Je continue la découverte de cette auteure dont j'ai apprécié énormément "Légende d'un rêveur éveillé " et également "La part des flammes".

Vous pouvez trouver mes billets : Ici et là ou en tapant sur les titres !

Continuant sur ma lancée, j'ai eu la chance d'obtenir ce livre en version numérique grâce à Net Galley.

J'ai donc choisi ce livre car j'aime cette auteure et puis la belle couverture en noir et blanc de la photo de cette jeune femme au sourire doux, prise en contre-plongée m'a attirée. (dans les lectures numériques les couvertures me manquent ...)

Dans ce livre on suit l'histoire d'Eliza Bergman, ou plutôt de Violet Lee... L'auteur ne nous en dit pas vraiment plus dès le départ. On se retrouve directement à Paris mais on ne sait rien du pourquoi ni du comment de sa fuite de Chicago à Paris.

Nous comprenons qu'elle a laissé son enfant dans son exil et pris son appareil photo.

Violet/Eliza (je la nommerais Violet désormais) va ainsi arriver à Paris où elle va tenter de poursuivre sa nouvelle existence engendrée par son exil forcé.

Son appareil photo fait parti de sa vie. Par petites touches Gaëlle Nohant essaye de nous faire comprendre cette femme, mais j'avoue que j'aurais aimé en savoir plus dès le départ. Nous sommes informés que très tardivement de ce qui a poussé Violet à fuir son pays (vers la page 100). Ceci a eu pour effet de ne pas m'attacher à cette femme ...

L'exil et sa nouvelle identité font de cette femme une personne effacée, comme un négatif non révélé.

" La seule chose qui la distingue du flot, c'est le Rolleifleix"

L'auteur en profite de cette histoire pour dresser par l'intermédiaire de Violet les portraits de Paris et de Chicago dans les années d'après guerre.

Le portrait de cette femme qui a laissé cet enfant derrière elle.

La photographie dans la vie de cette femme est comme une bouée de sauvetage

" Depuis le jour où j'ai pris ma première photo, je n'ai jamais réussi à m'en passer. Je sais quand je tiens une image et alors il me la faut, rien d'autre ne compte. C'est un mélange d'instinct et d'urgence, une excitation très particulière. "

Elle ferra la rencontre de personnes qui vont l'aider malgré les rudesses de la vie, entre autre, Rosa une jeune prostituée. Mais également un homme Sam qu'elle fuira et aimera ou inversement...

J'ai aimé cette histoire, mais je regrette que l'histoire d'Eliza /Violet soit finalement survolée de façon très tardive et de plus pour un nombre important des grands moments de sa "double" vie.

Sur la deuxième partie du livre qui se déroule 20 ans après, Violet/Eliza retournera chez "elle" aux USA dans le but de retrouver son fils abandonné, Tim.
" L'exil est un poison tenace, tu le sais mieux que moi. j'avais rendez-vous avec les lambeaux de ma vie."
Le deuxième partie se situe en plein milieu des émeutes et autres manifestations anti-guerre du Vietnam et lutte pour les droits des noirs américains. Nous sommes déjà à la page 200 / 294 pages.

La vie de cette femme ne m'a pas autant été révélée que je l'aurais souhaité.

Si Gaëlle Nohant a une belle écriture, très visuelle et si elle sait très bien nous décrire des périodes de l'histoire avec un grand H, j'ai trouvé qu'elle a travaillé son personnage de Violet/Eliza un peu trop de façon elliptique.

Les vingt ans de la seconde partie sont quelque peu effleurés. Son histoire avec Horacio Price le pianiste d'un club de jazz parisien exilé lui aussi...

Ce livre se lit néanmoins agréablement et nous fait vivre tel un reporter photographe des événements historiques.

Un livre avec de nombreuses ellipses qui m'ont un peu dérangées dans la mesure où elles ont eu pour effet de me détacher du personnage principal.

Ce n'est pas mon préféré de cette auteure (vous l'aurez compris...) que je continuerais néanmoins à suivre pour son bel univers et son écriture.

Merci à Gaëlle Nohant pour cette histoire et je la remercie aussi pour l'excellente Play List qu'elle nous offre en fin de livre pour accompagner cette lecture et que j'écoute tout en écrivant ce billet.

Je me suis amusée à la créer sur Spotify ♥ Belle écoute à vous ! (A voir sur mon blog)
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Sans surprise, j'ai beaucoup aimé La Femme Révélée, le dernier roman de Gaëlle Nohant.
L'auteur raconte la ségrégation raciale aux Etats-Unis, et plus particulièrement à Chicago, dans les années 1950 et 1960. Si elle n'est pas inscrite dans les textes de loi, elle n'en est pas moins violente et sournoise. Et puis il y est aussi question des manifestations de 1968 contre la guerre au Viet-Nam, les violences policières, lors du congrès des démocrates ; des manifestations qui ont tourné à l'émeute à cause des répressions violentes ordonnées par le maire.
Outre l'aspect historique, le roman dresse le portrait d'une femme chahutée par la vie. A cause d'une seule erreur, parce qu'elle s'est montrée trop naïve lorsqu'elle a choisi son mari (un magnat de l'immobilier qui profite de la ségrégation officieuse pour louer des taudis à prix d'or et préfèrerait la voir morte que de divorcer), elle a dû renoncer à sa vie aux Etats-Unis, à son fils, à sa mère et à son identité même… On la suit les premiers mois en France, alors qu'elle essaye de se construire une nouvelle vie sur des mensonges et des silences ; puis dix-huit ans plus tard, à son retour à Chicago après la mort de son mari, tandis qu'elle tente de renouer les liens avec son passé et surtout avec son fils.
Le style de Gaëlle Nohant est très agréable à lire, avec un texte très fluide émaillé de quelques expressions américaines (mais après tout la narratrice est américaine et cela semble donc tout à fait naturel). L'auteur retranscrit avec beaucoup de justesse les émotions de son héroïne (peur, déchirement, bonheur impossible,…) et elle parvient aussi à insuffler dans son récit un certain suspense en ne nous dévoilant qu'à petites touches ce qui a obligé cette jeune femme à tout quitter puis en l'immergeant dans un Chicago à feu et à sang.
Donc un très beau roman cette fois encore pour Gaëlle Nohant…
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Un passeport au nom de Violet Lee, Eliza ignore tout de celle dont elle porte désormais le nom. A-t-elle fini poignardée dans une ruelle ou étranglée par un amant de fortune ? Elle est peut-être morte de froid sur un banc ou d'une dose de trop. Désormais, elle doit oublier jusqu'à son prénom. Elle a fui Chicago et a trouvé refuge à Paris dans un hôtel minable qui transpire la crasse et l'avarice. Ceux qui sont à ses trousses ne penseront pas à l'y chercher. de son passé, il ne lui reste que la photo de son fils et son appareil photo accroché à son cou.

En refermant ce roman de Gaëlle Nohant, j'ai eu l'impression d'avoir lu deux romans bien différents. La première partie ressemble à un Polar, le lecteur se demande bien quelle menace a bien pu conduire une jeune femme à abandonner son fils et à fuir Chicago. Gaëlle Nohant nous entraîne dans le Paris des années 50 celui de Saint-Germain-des-Prés et de ses caves voûtées où résonne le Jazz. L'auteur nous parle aussi de la passion d'Eliza pour la photo. Depuis le jour où elle a pris sa première photo, elle ne peut plus s'en passer. Elle cherche à attraper les images, à retenir ce qui va mourir. Ses amis l'ont baptisée « Kodak Girl ». Elle parcourt les petites rues de Paris à la recherche d'un visage singulier, d'une scène à capturer sur le vif, des prostituées que la police est en train d'embarquer. Des clochards qui dorment sous un pont, des couples d'un soir qui s'embrassent, des petites gens, des ouvriers, des vieilles au sourire édenté. Ces passages m'ont rappelé l'histoire de Vivian Maier photographe de génie complètement ignorée, dont Gaëlle Josse a tracé un magnifique portrait dans « une femme à contre-jour ».

Mais voici Eliza de retour à Chicago 18 ans après,
« L'exil est un poison tenace, tu le sais mieux que moi. J'avais rendez-vous avec les lambeaux de ma vie. »
Commence alors dans cette deuxième partie un récit totalement différent. Gaëlle Nohant nous plonge dans l'Amérique de la discrimination, par avidité, on rase des quartiers pauvres pour construire des ensembles luxueux, repousser les Noirs en périphérie. Après les assassinats de Martin Luther King et de Robert Kennedy, nous suivons de l'intérieur les manifestations contre la guerre du Vietnam. L'écriture de l'auteur se fait précise et le lecteur devient acteur de la révolte de la jeunesse contre cette société où la prospérité repose sur l'injustice, nous voilà au milieu des émeutes et de la sauvagerie de la répression policière.

Dans ce roman captivant et très bien écrit, Gaëlle Nohant nous offre deux portraits de femmes magnifiques Rosa la prostituée au grand coeur, humiliée à la fin de la guerre, le corsage déchiré, les crachats, les insultes, une bête marquée, exposée en place publique pour avoir aimé Hans. ; et puis Eliza, élevée par un père dans le souci permanent de la justice et qui se retrouvé bafouée par un mari qui a perdu toute moralité. Une femme prête à tout pour retrouver son fils. Mais aussi l'auteur nous plonge dans deux grandes villes à deux époques différentes, l'insouciance de Paris après-guerre et la violence de Chicago fin des années 60.

Une fois de plus Gaëlle Nohant réussit, avec sa plume réaliste, à restituer les événements en mettant en scène des personnages forts et attachants.

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Lu par hasard car ce titre figurait dans les livres de la liseuse que j'avais empruntée.
1950
Eliza Donneley a quitté Chicago où elle laisse derrière elle son fils Tim, son mari fortuné et une vie confortable. Elle se retrouve à Paris dans un hôtel de passe. Très vite ses bijoux lui sont volés. Il ne reste plus qu'à Eliza son nom d'emprunt, violet, et surtout son Rolleiflex. Elle va rencontrer une prostituée qui va l'aider et se mettre à photographier des scènes de vie.
A Paris Eliza va se reconstruire. On va découvrir peu à peu ce qu'elle fuyait.
Et le roman prend une tournure à laquelle je ne m'attendais pas en mettant en scène des événements historiques dont la ségrégation des afro américains, la guerre du Vietnam et les hippies.
J'ai trouvé l'écriture très belle mais j'avoue avoir eu un peu de mal avec la politique de l'Amérique. de plus, je ne me suis pas vraiment attachée à l'héroïne dont j'ai eu du mal à comprendre les choix de vie.
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Quelle terrible menace a donc poussé Eliza, femme d'un riche homme d'affaires Chicagoan, à fuir sa patrie et à renoncer à son identité, laissant derrière elle, son fils de huit ans et le confort douillet d'une vie de bourgeoise nantie ?
Nous sommes à Paris au début des années 1950. Une page se tourne pour Eliza qui devient Violet, une jeune veuve à la conquête d'une vie nouvelle. Vite à court de ressources, cette dernière va devoir trouver des solutions pour survivre et s'adapter à une vie de bohème.
Lui reste ses souvenirs et son précieux rolleiflex. Sa passion pour la photo va lui permettre de supporter de nombreuses déconvenues et lui ouvrir les portes d'un monde totalement inédit, aussi dangereux que stimulant pour sa créativité.
C'est une femme nouvelle que l'on voit émerger au fil des pages de ce lumineux roman, une femme laissant l'audace prendre le pas sur la crainte, s'ouvrant à la vie et aux autres, telle une plante trop longtemps privée d'oxygène qui renaît à la lumière du soleil.
Navigant entre le présent de l'aventureuse Violet et le passé de l'énigmatique Eliza, le lecteur va découvrir peu à peu le secret bien gardé de cette femme au destin d'exception...

Flirtant avec le roman d'apprentissage, cette fiction merveilleusement narrée nous dresse le portrait d'une femme en quête de liberté dans une société en pleine mutation. Des caves enfumées de Saint-Germain-des-Près qui swinguent au son du jazz aux ghettos de Chicago, des hôtels de passe parisiens aux mouvements contestataires pour les droits civiques dans l'Amérique de la fin des sixties, l'auteure nous livre un récit bouillonnant d'énergie qui foisonne de personnages aussi étonnants que passionnants.
Alternant les lieux et les époques, l'auteure nous plonge dans le fabuleux destin d'une femme qui va refuser les compromis et se battre pour plus de justice et de liberté envers les minorités bafouées.
Militant et palpitant, ce roman basé sur des faits historiques rend hommage à ces combattants de la liberté qui ont parfois perdus la vie pour que d'autres puissent entrevoir la lumière d'un monde plus juste !
Lien : https://leslecturesdisabello..
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Dans les années 50, Eliza fuit Chicago, son mari et son petit garçon pour Paris où elle devient Violet. de sa vie aisée, elle n'a gardé que son appareil photo, autant bouclier qu'arme. Dans la ville Lumière, elle se cache autant qu'elle se réinvente. « La vérité, c'est qu'il y a dans nos vies des impasses dont on ne peut s'échapper qu'en détachant des morceaux de soi. » (p. 20) Progressivement, le lecteur découvre à quoi Eliza/Violet a voulu échapper, notamment un mariage fondé sur des illusions et pétri de violence plus ou moins larvée. « À défaut de te montrer enthousiaste, tu pourrais être décorative. » (p. 139) Bien que torturée par l'absence de son fils, l'Américaine n'a pas peur de se battre pour son indépendance et pour les autres, farouchement animée par des idéaux de justice et d'égalité. « C'est humain, tu vois, d'aspirer à la liberté, de ne pas supporter la cage. » (p. 18)

Sur fond de scandale immobilier dans le ghetto noir de Chicago, l'autrice dépeint une ville au bord de la rupture qui, une décennie après le départ de Violet, explose. « Derrière le racisme, il y a la rapacité d'un système qui a besoin de fabriquer des esclaves. » (p. 256) Les figures martyres de Martin Luther King et de Robert Kennedy ne font que couronner la pile des jeunes Américains morts au Vietnam. Et Violet ne cesse de brandir son appareil photo pour saisir la vérité et finir de renouer avec elle. « Mais vous, petite femme blanche dans ce grand pays empoisonné par le racisme, comment vous retrouvez-vous à photographier ces gens ? » (p. 154)

Violet se raconte et se révèle progressivement, comme sortie du bain de ses souvenirs. Dans les premières pages, j'ai craint un roman convenu et cousu de fil blanc, avec une histoire d'amour un peu trop facile. Mais c'est tout le talent de l'autrice d'avoir su me surprendre avec une ellipse qui, loin d'être frustrante, tombe fort à propos. de fait, la dernière partie du roman est celle qui m'a le plus convaincue, au terme d'une lecture finalement très agréable.
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J'avais besoin d'un roman qui m'embarque tout de suite et ne me lâche plus. Un roman qui ne laisse pas mon esprit s'égarer vers des questions sans réponse pour l'instant. Gaëlle Nohant m'a offert ce précieux répit, quelques heures arrimées à d'autres destins, non pas légères - les questions abordées sont trop importantes et dramatiques - mais denses, dépaysantes, immersives, instructives. J'ai toujours aimé les romans dont le héros ou l'héroïne est photographe, professionnel ou amateur, alors au début, j'ai eu un peu peur d'en avoir déjà trop vus. A tort. le choix de Gaëlle Nohant n'a rien de superficiel, bien au contraire. Tout au long du roman, il est question du regard, celui du photographe qui aide à décrypter le monde, à révéler les êtres dans ce qu'ils ont de plus profond et souvent caché à l'oeil non averti.

On a déjà beaucoup parlé de ce livre, donc vous êtes nombreux à connaître le pitch : dans les années 50, Eliza Donneley s'installe à Paris sous un nom d'emprunt et devient Violet Lee pour ses nouvelles connaissances. On apprendra peu à peu les raisons qui l'ont poussée à quitter précipitamment Chicago, la bonne société, son mari et leur fils de 8 ans pour ce cacher de l'autre côté de l'Atlantique dans un hôtel miteux, tout en la suivant dans sa nouvelle vie, non exempte de péripéties. Accro à la photographie depuis que son père lui a offert son premier appareil, Violet/Eliza ne se sépare jamais de son Rolleiflex et c'est avec ses yeux que nous, lecteurs captons l'essence de ces années d'après-guerre entre les deux rives de la Seine. Des quartiers populaires aux brasseries et caves de Saint-Germain, du Luxembourg aux faubourgs d'Aubervilliers le regard et le pas de Violet s'affirment et se superposent à ceux d'Eliza encore meurtris d'avoir dû abandonner son enfant. Les destins sont faits de rencontres et celui de la jeune femme ne déroge pas à la règle ; de quoi consolider sa posture lorsque, de nombreuses années plus tard, elle retournera à Chicago où se joue un moment crucial de l'histoire des États-Unis.

Il y a deux raisons essentielles à l'intérêt de ce roman. D'abord le coup de projecteur donné à la lutte des Noirs américains contre une ségrégation de fait sur un territoire censé ne pas les discriminer, raison de leur migration des états du sud vers ceux du nord. On sent que Gaëlle Nohant s'est totalement imprégnée du sujet au point de fondre son propos de façon particulièrement fluide dans la trame romanesque du roman ; ce sont bien les personnages, y compris les (superbes) seconds rôles qui portent l'ensemble et offrent aux lecteurs une expérience immersive, toujours bien plus agréable qu'un cours magistral. Mention spéciale aux scènes des manifestations de 1968 au moment des primaires démocrates dans un Chicago où se mêlent cortèges anti guerre du Vietnam et défenseurs des droits des Noirs sur fond d'assassinat de Martin Luther King et de Robert Kennedy. Vivantes, vibrantes, jamais trop appuyées mais spectaculaires, à hauteur de l'appareil photo de Violet/Eliza. Et puis, il y a comme une déclaration d'amour à la ville de Chicago que l'auteure nous fait partager par l'intermédiaire de son héroïne, la saisissant dans toutes ses contradictions mais aussi ses forces, et donnant follement envie d'aller voir un peu sur place.

Au final, cela donne un très bon roman qui a le mérite de montrer le travail du temps, ce qui est appréciable à une époque où nous sommes habitués à convoquer le changement d'un claquement de doigts. Ici, le temps fait son oeuvre, révélant progressivement la femme jusqu'à ce qu'elle soit prête à affronter son destin qui se confond avec celui des citoyens américains au moment d'affronter le leur. Véritable hymne à l'engagement, invitation à l'action, hommage à ceux qui luttent et superbe portrait de femme : que demander de plus ?
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Deux identités, deux vies, deux continents, ainsi pourrait se résumer la vie de « La femme révélée »

Lorsque nous faisons sa connaissance, c'est à Paris que Violet essaie de se reconstruire, après avoir mis quelques milliers de kilomètres entre elle et celle qu'elle était avant.

Installée dans un hôtel de passe, on comprend rapidement qu'elle a peur et tente de passer inaperçu.
A cours d'argent, après le vol des bijoux qu'elle comptait vendre, elle doit gagner sa vie et trouve une place dans une famille bourgeoise, pour s'occuper des enfants.
Ses nombreuses déambulations dans la Ville Lumière vont lui permettre d'assouvir sa passion pour la photographie. Munie de son Rolleiflex qui ne la quitte jamais, elle observe et fixe sur la pellicule des visages, des sourires, des rides, des instantanés de vie comme autant de rencontres qui l'ont bouleversée l'espace d'un instant.

Qui où quoi fuit-elle ? Pourquoi a-t-elle quitté « Son rêve américain fortuné » est la question que nous nous posons dans la première partie du roman, jalonnée de belles rencontres, de belles amitiés.

Les personnages secondaires sont intéressants, parfaitement décrits. On comprend que Violet ne veut pas les blesser en gardant le flou sur les fantômes qui la hantent.
Rosa, la prostituée est une figure majeure du récit.

L'écriture de Gaëlle Nohant est parfaite et rend tout à fait l'angoisse, mais aussi l'espoir qui habitent son héroïne.

La seconde partie du livre est le retour aux sources, une sorte de voyage à l'envers vers Chicago, ville où tout paraissait possible.
Elle se replonge dans le ghetto où son père, médecin engagé dans la défense des noirs l'emmenait régulièrement.
« Mon père estimait que je grandirais mieux s'il me montrait le monde tel qu'il était ».

La violence la rattrape pendant les émeutes qui secouent la ville, elle arpente inlassablement les scènes d'émeutes, toujours munie de son appareil photo pour témoigner et laisser une trace tangible.

Par son écriture subtile et romanesque, Gaëlle Nohant a l'art de nous entraîner dans la psychologie et les pensées intimes de ses personnages, nous faisant partager les émotions qui les assaillent.
L'écrivaine restitue aussi à merveille l'ambiance du Paris des années 50 avec ses clubs de jazz où elle aime traîner jusqu'au bout de la nuit.

A Chicago, c'est une partie de l'histoire de la ville et du racisme qui nous est décrite, du crash de Wall Street jusqu'en 1968 avec l'attentat de Martin Luther King.

En mêlant la petite histoire à la grande, l'auteure nous offre une belle fresque romanesque et historiques foisonnante et réaliste, ancré dans l'histoire et la société, porté par une plume poétique, visuelle et une héroïne mystérieuse qui peu à peu va se révéler.

Une magnifique lecture pour laquelle je remercie NetGalley et les Editions Grasset.
#Lafemmerévélée #NetGalleyFrance


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Gaëlle Nohant a l'art de peindre, outre des histoires de vie passionnantes, des époques bien documentées...
"La part des flammes" parle de la fin du XIX ème siècle et y campe de belles figures féminines ; " La légende d'un dormeur éveillé" évoque la vie de Desnos et les poètes qui l'ont entourés..
Dans " Une femme révélée", nous sommes juste après la deuxième guerre, années 50 et Eliza Donnelly a quitté son mari, son fils, et les beaux quartiers de Chicago pour se réfugier à Paris sous le nom de Violet Lee. Sa passion, la photographie, elle peut alors la vivre sans barrières.
Violet donc va de rencontres en découvertes. Avec elle et ses photos Paris des années 50 nous est révélé. le jazz dans les caves, les quartiers sombres , le monde des proxénètes et des prostituées.
Elle découvre aussi l'amour , Violet, et peut un instant oublier la douleur de l'exil et ses brûlants souvenirs .
Dans la deuxième partie du roman, de retour à Chicago, fin des années 60, elle trouve une ville à feu et à sang, une population qui se bat pour la liberté, contre les injustices raciales.
J'ai beaucoup aimé cette femme sensible, traquée, et son rapport à l'autre à travers la photographie.
En fin d'ouvrage, une liste magnifique de titres de morceaux musicaux... Ne pas passer à côté de l'écoute!
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