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4,2

sur 1560 notes
Après les récits des survivant.es des camps (Simone Veil, Ginette Kolinka, ...) au début des années 2000, la fiction romanesque vient raconter l'horreur, l'indicible aux jeunes générations. Pour ne pas oublier et surtout, pour que cela ne se reproduisent pas.

La force du roman, comme le bureau d'éclaircissement des destins est de pouvoir embrasser plusieurs destins, plusieurs pays et de pouvoir nous monter que si nous avons eu la chance d'avoir une longue période de paix en Europe depuis 1945, les séquelles de la deuxième guerre mondiale sont encore bien présentes.

Une oeuvre forte, à lire absolument.
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« Quand la directrice [de l'International Tracing Service] m'a confiée cette mission, j'ai eu peur, parce qu'elle impliquait de rencontrer les descendants. de fait, ces rencontres ne sont jamais ce que j'imaginais. Elles sont plus complexes et imprévisibles, plus intenses… »

C'est par ces mots qu'Irène Martin, héroïne de ce magnifique roman, investigatrice de l'International Tracing Service, cet organisme chargé de retrouver les traces des personnes disparues dans les camps de concentration nazis, décrit la mission qui lui a été récemment donnée : restituer des milliers d'objets ayant appartenu à des victimes des camps et dont l'ITS a hérité à leurs descendants. Un pierrot en peluche, un médaillon, des petits objets en apparence insignifiants mais qui ont en réalité une valeur immense, celle de l'humanité de leurs anciens propriétaires, celle de représenter un bout de leur histoire rendue à des familles souffrant d'un trou dans leur arbre généalogique.

Un roman donc, car, de l'aveu de l'autrice en fin d'ouvrage, les personnages et les enquêtes qui y sont décrits sont entièrement fictifs. Et pourtant, quand on lit les histoires poignantes de Wita Sobieska, disparue à Ravensbrück, et de ses enfants Agata et Karl qui se retrouveront après soixante-dix ans de séparation, de Lazar Engelmann, revenu de Treblinka et d'Allegra Torres, on a l'impression de rencontrer de véritables personnes de chair et de sang, et non pas de papier. Des personnes unies par l'horreur de leur destin, leur force morale incroyable pour ne pas disparaître face à l'insoutenable. Et ce qui aurait pu n'être qu'un catalogue de destins exceptionnels est relié par l'humanité incroyable d'Irène Martin, cette enquêtrice qui se démène pour que les victimes inconnues ne le restent plus, que leur histoire leur soit rendue. Irène, cette femme forte mais fragile par certains aspects, qui dédie sa vie à ses recherches, et le peu qui en reste à son fils Hanno, né de sa brève union avec un Allemand dont elle s'est séparée après un incident dans sa belle-famille, suscitant chez elle une culpabilité qu'elle essaie de compenser par ses enquêtes, bien que régulièrement abattue par l'immensité de sa tâche, et ses impacts émotionnels : « Elle se sentait vaine et insuffisante. de quel droit prétendait-elle raccommoder ces vies déchirées ? Elle ne pouvait rien réparer. Pas même les dommages qu'elle causait dans la sienne. ».

J'ai aimé profondément ce roman pour l'humanité qui sourd de ces pages, de chaque histoire. J'ai aimé accompagner Irène dans ses quêtes, qui ne concernent pas seulement le passé, mais également notre présent et l'avenir, comme le résume si bien la citation avec laquelle j'ai commencé ma critique, mais surtout la jeune Ursula, qu'Irène rencontre lors d'une visite à Ravensbrück, et qui a le projet de faire un musée des blocks dédiés aux « asociales », ces femmes qui ne correspondaient pas aux critères du Troisième Reich : « On ne veut pas d'un musée où on pleure sur les victimes en s'achetant une conscience […]. Nous, on veut faire réfléchir les gens sur la continuité de l'histoire, aux nouvelles formes de fascisme. Aujourd'hui, on brûle des foyers de migrants et les caravanes des Roms. On rejette les transgenres, les homosexuels, les Juifs, tous ceux qui dérangent… il est temps d'ouvrir les yeux ». La continuité de l'histoire, le roman l'évoque largement avec certains sujets abordés qui relèvent de l'actualité – l'interdiction de l'avortement en Pologne, l'attentat terroriste survenu à Berlin en décembre 2016 –, comme une mise en garde : être toujours vigilant et ne jamais croire que les horreurs perpétrées dans le passé ne pourraient plus arriver aujourd'hui.
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Gaëlle Nohant est une écrivaine dont j'apprécie particulièrement les romans. J'avais été touchée notamment par la description des conditions de vie de Robert Desnos dans le camp de concentration de Theresienstadt dans "Légende d'un dormeur éveillé" et j'avais donc repéré une certaine forme de continuité avec "Le bureau d'éclaircissement des destins".
Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce bureau existe bel et bien et a pour mission de rendre aux familles des victimes des nazis des objets qui leur appartenaient et de remettre en lien des membres d'une même famille.
Le roman raconte donc comment Irène, archiviste dans ce service, effectue ses enquêtes, réussit sa mission pour quelques personnes. C'est tout simplement un travail de fourmi et d'une extrême patience,
Comme à son habitude, l'auteure a effectué des recherches documentaires historiques importantes et les distille de manière juste pour les transmettre et émouvoir le lecteur sur les injustices, mais aussi les conditions de vie que tant de gens ont pu vivre.
Cependant je n'ai pas tant accroché que je l'imaginais avec ce roman malheureusement. En effet, j'ai eu l'impression que Gaëlle Nohant ne me prenait pas suffisamment la main pour me faire avancer dans les recherches d'Irène. Il m'a manqué des liens pour que je la suive pleinement dans son récit. A d'autres moments, j'ai eu l'impression que le hasard faisait aussi trop bien les choses, avec des conclusions faciles. Dommage pour cette impression de manque d'homogénéité mais la thématique reste passionnante et à ne pas oublier.
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Le bureau d'éclaircissement des destins aborde le thème de la Shoah sous un angle inédit : celui des archives Arolsen. Leur rôle est de proposer, encore aujourd'hui, de la documentation précise sur les persécutions nazies et leurs victimes, pour le grand public comme pour les descendants desdites victimes.

Irène, notre héroïne, y est employée comme enquêtrice et doit notamment chercher à qui restituer des objets du fonds Arolsen : un petit pierrot et un médaillon avec une photo. Elle se plonge corps et âme dans son enquête, et nous plongeons avec elle.

Ce faisant, elle va remonter le fil de plusieurs histoires singulières et tragiques, nous rappelant les Lebensborn ou la barbarie particulière de Treblinka et nous faisons découvrir Thessalonique, certaines régions de Pologne... et beaucoup d'êtres humains magnifiques.

Car l'amour n'est pas absent de ce récit, bien au contraire. Il est présent à toutes les pages et sous toutes ses formes : amour maternel, coup de foudre, amitié inconditionnelle, amour fou, tendresse fraternelle, bienveillance pour un enfant inconnu.

C'est cet amour qui donne du corps au récit et fait de ce livre bien plus qu'un documentaire sur ces archives aussi indispensables que bouleversantes.
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2016, Irène se souvient de ce jour de 1990 ou elle découvrait pour la première fois ces espaces envahis de dossiers qui allaient devenir les siens (les espaces comme les dossiers).

Ces drôles de bureaux installés dans l'ancien château d'un dignitaire nazi déchu et défait de ses avoirs à la sortie de la seconde guerre mondiale.

Drôles de bureaux dans un drôle de site pour une drôle de mission : restituer aux victimes (ou à leurs proches) les objets retrouvés dans les camps d'extermination à leur libération.

Par le biais de divers objets miraculeusement retrouvés (un pierrot en tissus, un pendentif, une alliance…), la petite histoire rejoint la grande et permet à l'auteur de braquer un projecteur averti sur certains faits de guerre qui ont pu tomber dans l'oubli (les prisonniers évacués des camps par les SS mais entassés dans un paquebot flottant pavillon nazi pour que les ailiers le prennent pour cible, la ‘germanisation' des territoires occupés par les nazis par l'enlèvement et le déplacement d'enfants présentant des caractéristiques aryennes pour adoption par des parents de substitution allemands…)

Par le truchement d'une lettre confession, l'éternelle question nous est posée du « qu'aurions nous fait à la place de ces simples gens, citoyens allemands ordinaires, qui, d'autorité, ont été enrôlés dans l'organisation du III Reich pour y tenir des postes de gardes-chiourmes, par exemple » ?

Seule notre conscience peut y formuler une réponse intime, aujourd'hui, mais avec le recul, en sachant, à l'abri, hors contexte, loin de l'oppression et de la terreur d'alors.

Que de questions , tellement  peu de réponses.

Alors quand, au hasard d'une enquête, une ancienne lettre d'amour échoit entre les mains émues d'Irène, elle se sent investie de la mission quasi divine de résoudre le mystère d'une disparition que les affres de la guerre ont laissée irrésolue.
Elle s'y jette au-delà du raisonnable pour que cet amour ne reste pas incompris, mort à jamais.

Cet investissement émotionnel lui permet également de prendre du recul avec sa propre histoire, à elle, la jeune française venue remuer les archives nauséabonde d'une Allemagne qui n'a pas encore pansé toutes ses plaies, à elle qui avait épousé un jeune allemand dont elle a eu un enfant mais qui a mal supporté qu'elle immisce le doute quant à la posture de ses parents à lui durant la guerre et surtout quant à l'implication de son propre père dans les ‘exactions' de l'occupation.

À la fois un sacerdoce et un exutoire, sa mission l'emmène vers des profondeurs d'une noirceur qu'elle sait mais dont la découverte des détails l'engloutit davantage et la pousse vers des abîmes de plus en plus profond, ceux auparavant insoupçonnés de la nature que l'on dit humaine.

Elle fait aussi le choix de refaire, à rebours, le chemin de vie d'une collègue/amie disparue qu'elle n'a pas osé questionner sur son passé de déportée de peur de rouvrir des blessures pas même cicatrisées, s'interrogeant cependant si ces peurs pouvaient avoir été prises pour une forme d'indifférence.

Un roman utile qui nous renvoi à des quantités d'interrogations quant à la façon dont la ‘question juive' a été abordée au sortir de la guerre, à d'autres, tout aussi terrifiantes quant à la réinsertion d'anciens nazis dans des institutions dont ils ont pu modifier les fonctionnements pour pouvoir se racheter une conduite si ce n'est saboter les enquêtes qui auraient pu permettre de les retrouver et les traduire devant les autorités compétentes.

Quelques coups de griffes également pour rappeler combien les alliés ont pu faire preuve de tiédeur quand il s'est agi de restituer aux familles des déportés ce qui leur avait été spolié durant ces mois absolument abominables, tiédeur volontairement maintenue pour ménager certains personnages en vue qui ne s'étaient pas toujours montrés glorieux.

Un roman utile surtout parce qu'il entretient la flamme du souvenir qui, espérons le, réussira à tenir à distance encore longtemps ces loups qui n'ont jamais cessé de montrer les crocs et qui, aujourd'hui, défilent décomplexés sous de brunes oriflammes qui font craindre des lendemains qui déchantent.

À lire.
 
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Encore un. Encore un livre sur le nazisme et l'extermination juive. Mais, encore une fois, on apprend pas mal de choses. Ici, particulièrement, notre narratrice est une enquêtrice au sein du Centre d'archives d'Arolsen. Métier remarquable qui consiste à restituer aux survivants et/ou à leur famille les objets et souvenirs pillés, perdus, abandonnés, etc. Roman tiré de faits réels et rempli de témoignages. Et, une fin qui boucle joliment la boucle.
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Poussons la porte des archives Arolsen, devenu l'International Tracing Service, accompagnant Irène, enquêtrice méticuleuse du centre de documentation et de recherche de la persécution nazie.

Famille éclatées, enfants volés, individus persécutés, descendants en recherche de souvenirs ou réponses…
Le passé est un cimetière fait de morts aux destins inconnus et d'objets abandonnés. L'enjeu de retrouver les parcours des personnes déplacés ou disparues donne un éclairage nouveau de l'après-guerre, prenant en compte le nouveau contexte géopolitique où se dessine peu à peu la Guerre-Froide.

On peut encore et toujours s'interroger sur la pertinence de personnages fictifs dans le drame absolu de la Shoah. Est-il toujours besoin d'incarner les douleurs humaines du nazisme quand la réalité suffit ? J'ai beaucoup pensé à la démarche plus réaliste de Daniel Adam Mendelsohn avec Les disparus.

Roman d'enquêtes et de mémoire, structuré en chapitres dédiés à quelques exemples de personnes persécutées, perdues ou détachées de leur propre histoire familiale. En évitant néanmoins le piège de l'émotion tout en étant pétri d'humanité, le récit se fait volontiers documentaire et met en lumière une collection inscrite à l'Unesco peu connue du grand public.
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A toutes les lectrices et lecteurs de Gaëlle Nohant, vous pouvez dès aujourd'hui trouver son tout dernier roman dans toutes les librairies !

Bad Arolsen, c'est dans cette ville de la Hesse en Allemagne qu'Irène est installée maintenant depuis plus de vingt cinq ans. Divorcée juste après la naissance de son fils, elle reste là, ne revient pas en France, son pays d'origine. C'est au coeur de l'International Tracing Service qu'elle travaille. Ce centre de documentations sur les persécutions nazies qui dispose du plus important fond d'archives sur les victimes et survivants de la seconde guerre mondiale. L' ITS a hérité de quatre mille objets au début des années soixante, Irène à ce jour, se voit chargée d'une nouvelle mission et c'est une enquête exceptionnelle qu'elle va mener avec beaucoup d'émotion. Mais parviendra t-elle à temps à tous ses rendez-vous ?
Un roman foisonnant d'histoires terribles, tragiques, émouvantes à souhait que l'auteure met en lumière, elle donne avec élégance voix aux oubliés et toutes ces victimes.
" Ce que la guerre nous a arraché est notre secret. Si nous en parlons, qui serait prêt à nous écouter ? "


Lien : https://www.facebook.com/lec..
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Le dernier livre de Gaëlle Nohant ne pouvait que me faire très envie alors je l'ai sollicité sur Net Galley et obtenu en version numérique.

Gaëlle Nohant est une auteure que j'aime beaucoup et dans sa bibliographie il ne me reste plus beaucoup de livre à découvrir d'elle.
Et dans toutes mes lectures, il y a un de ses livres qui reste tout au creux de moi comme une lecture précieuse :

" Légende d'un dormeur éveillé " est un livre qui restera en moi longtemps.
J'ai fait là une très belle rencontre avec cet homme,
ce poète doué pour vivre et pour aimer
que vous m'avez fait aimer à mon tour.
Un homme éperdu de liberté, d'amour et d'amitié.
Un poète qui fait danser les mots pour couvrir les maux !
Un homme bon et généreux.


J'ai appris d'ailleurs que c'est grâce à l'écriture de "Légende d'un dormeur éveillé " que Gaëlle Nohant a découvert l'existence de l'International Tracing Service !

https://lubartworld.cnrs.fr/its-archives-bad-arolsen/

Et c'est à partir de ce lieu qu'elle a tissé la trame de son histoire.

Irène est le personnage principale de ce livre, cette femme qui travaille dans ce lieu et se consacre à remettre aux descendants de déportés, d'exécutés, des objets trouvés dans des camps de concentration.

J'ai fini ma lecture depuis longtemps et je suis embêtée pour en faire un billet. Non pas parce que que je n'ai pas aimé, mais justement et au contraire car j'ai vraiment apprécié ce livre et que j'ai peur d'en abîmer la teneur tant celle-ci est riche ...

Comment ne pas être encore une fois sidérée par toutes ces destins brisés par toutes ces horreurs commises …

Irène a donc comme mission de restituer des objets des disparus aux descendants.

C'est par ce prisme que Gaëlle Nohant enquête sur toutes les horreurs que les déportés, les déplacés, les exterminés ont eu à subir. de nous plonger dans le noir de tous ces destins brisés, de ces vies volées.

Trouver les descendants n'est pas chose aisée et Irène a à coeur de le faire pour apporter des éléments parfois très ténus à des personnes qui vivent avec en eux, des silences, des fêlures immenses. Elle redonne des racines à des vivants. Elle éclaircit les destins.

Dans ce livre, j'ai aussi appris des choses, en premier l'existence de ces archives mais aussi celle des enfants juifs (ceux qui avaient le plus de caractères physiques de types aryens) kidnappés pour être donnés à des familles allemandes pour leur donner une éducation allemande. Tous ces enfants qui ont été "reconditionnés" avec un total mépris de leur véritable famille.

Je suis toujours stupéfaite de ce que les hommes ont pu, peuvent (hélas encore...), faire subir à d'autres hommes, ça m'a toujours beaucoup tourmenté et stupéfaite.

Alors, ce travail engagé par ces archives me parait essentiel, fondamental. Il permet de redonner des liens, des réponses de redonner un peu d'existence à toutes les personnes disparues, exterminées.

On raccommode les filiations brisées et Gaëlle Nohant à grâce à ce livre fait parler le passé mais aussi s'intéresse aux répercussions de cette guerre sur le monde contemporain.

Dans une interview de Gaëlle Nohant dans le magazine Page (offert par ma librairie ♥), l'auteure nous dit :

" Je tenais beaucoup à la dimension contemporaine de ce roman qui n'est pas sur la Seconde Guerre mondiale mais sur les traces transgénérationnelles de cette guerre dans nos vies actuelles".

Gaëlle Nohant a réussi parfaitement grâce à ce livre à nous faire remonter dans cette histoire terrible, avec un travail de documentation extrêmement riche et intéressant.

Par le biais de la restitution de ces objets et avec les personnages fictifs de son roman elle nous plonge dans le destin de toutes ces "Petites" histoires ( au sein de la grande qui se répercutent encore sur tous les descendants.

Je vous invite à découvrir les personnes qui peuplent ce roman : Irène, Lazar, Eva, Wita, Elvire et les autres (si j'ai un bémol à émettre pour cette lecture, c'est d'avoir eu du mal, parfois, à comprendre tous les liens entre les uns et les autres).

Merci à NetGalley, aux éditions Grasset
et surtout à Madame Gaëlle Nohant pour avoir éclairci ces destins
tout en nous parlant des répercussions contemporaines
de la Seconde Guerre Mondiale avec justesse et originalité.
Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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Le thème du nazisme et ses ravages semble infini. Parce que son horreur est infinie. Je suis toutefois admirative de ces auteurs qui s'y frottent, armés de toute leur humanité, leur délicatesse et leur détermination à exprimer différemment ce qui a déjà été exprimé, mettre en lumière une facette laissée dans l'ombre jusqu'à présent.
Ce roman fait un peu écho à celui d'Anne Berest : La Carte postale. Comment les descendants retrouvent des morceaux du passé entre ceux qui n'ont pas voulu voir, qui se sont arrangés avec la réalité pour soulager leur conscience ternie, et ceux qui ont tout tenté.
Là tout se passe en Allemagne, aux archives Arolsen. J'ai été fascinée et extrêmement rassurée humainement parlant, de découvrir que ces archives existaient pour de vrai. Que dans ce monde qui va vite, on prenne encore le temps des dizaines d'années après, de tenter d'apporter des bribes d'informations sur des gens dont le nazisme a tragiquement bouleversé la vie. Je suis convaincue que le traumatisme de la Shoah est inscrit dans les gènes des descendants des survivants. Ils portent le chromosome H comme Holocauste. Pour avoir croisé une survivante d'Auschwitz il y a quelques années, j'ai été frappée par la lumière et la douceur de sa présence. Cette rencontre a été extrêmement marquante, car il était difficile de superposer le bonheur, l'amour et le confort actuel dans lequel elle vivait, avec l'horreur des camps. Alors j'imagine à peine la force de caractère qu'il a fallu pour avancer vers la vie lestée du poids de cette période funeste.
Pour ce qui est du roman qui nous intéresse, nous marchons dans les pas d'une enquêtrice qui tente de redonner des objets aux descendants, et de restituer aux familles des vérités longtemps cherchées ou évitées. On y apprend quelques passages de l'Histoire dans le guetto, dans les camps. On y touche du doigt la difficulté pour le peuple allemand, de vivre avec l'ombre de ces horreurs perpétrées sur leurs sols et par certains des leurs. L'après-guerre a remélangé tout le monde : ceux qui ont lutté contre le nazisme, ceux qui se sont tus, ceux qui sont passés à travers les mailles du filet et ceux qui par fierté nationale ont du mal à reconnaitre tout ce qui est reproché. C'est exagéré, ça ne peut pas être aussi grave non ?
Bien que l'angle soit très intéressant, je me suis un peu perdue dans les enquêtes qui s'entrecroisaient, peinant, malgré le sujet fort, à susciter mon empathie pourtant particulièrement développée.
Et puis je ne peux m'empêcher d'être sceptique, peut-être à tord, sur le fait de transmettre ces objets. J'ai eu l'occasion il y a quelques années, de visiter Auschwitz et j'avais été choquée par les monceaux de valises, de lunettes, de chaussures et objets personnels qui étaient exposés pour témoigner de l'horreur individuelle appliquée au collectif. C'était il y a plus de trente ans et je suis toujours incapable de dire si c'est un témoignage bouleversant et nécessaire pour en pas oublier, ou un effet voyeuriste. Mais en effet il ne faut pas oublier. Et ces objets dans le roman m'ont rappelé le malaise que j'ai éprouvé devant ces objet orphelins. Je pense qu'il faut laisser les morts et leurs ombres en paix et que la plus belle façon de leur rendre hommage est de vivre dignement, du côté du bien.
Alors faut-il le lire ? Si vous voulez, c'est intéressant. Tentez aussi La Carte postale de Anne Berest. Sans vous citer des romans ultra connus, je vous propose Kinderzimmer de Valentine Goby.
De Gaëlle Nohant, je recommande La Part des flammes un roman historique sur l'incendie du Bazar de la Charité.
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