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EAN : 9782981665133
71 pages
Thierry Noiret (10/08/2017)
4.83/5   6 notes
Résumé :
C’est en poète que l’auteur nous fait découvrir son pays d’adoption. Pour lui, les lieux, les paysages du Québec ont une âme qu’il nous donne à voir dans un lent contrepoint de nouvelles, confessions et courts poèmes.

C’est l’hiver à Montréal, le froid et la neige engourdissent la nature autant que la conscience humaine; l’auteur hésite à regagner son pays natal. Les courts récits proposent quelques tableaux de l’âme du Québec : un phoque victime de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Entre solitude des grandes étendues glacées et solitude de l'exil.
Une poésie vive et piquante comme le froid canadien.
Solitude, oubli, exil sont des thèmes récurrents. La neige, le fleuve, l'histoire et les histoires d'un pays forment une alternance de récits et poèmes.
Un pays neuf pour oublier, un exil du coeur et d'un pays . Mais est-ce s'éloigner où se rapprocher de ce que l'on fuit.
Suivre le fleuve, conter les habitants, leur vies, ce repli sur soi imposé par la neige.
Thierry Noiret a un sens de l'humour, de la fantaisie mais aussi un esprit critique avec lui les mots se font idées. C'est un belle prose, un beau voyage. On y trouve aussi un certain désenchantement.
Une chose est sûre : Sous la neige, le fleuve est une belle découverte.

Challenge POÉVIE : la POÉSIE c'est la VIE (2022-2023)
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« Au commencement, était le vide… »

C'est par ces quelques mots que débute le joli livre de Thierry Noiret. Certains reconnaîtront leur ami The_Noir, auteur de neuf livres, dont celui-ci paru en 2017 et que j'ai choisi pour son titre. On rêve souvent d'un livre à partir de son titre.

« Au commencement, était le vide » ayant l'heureux effet d'inviter le lecteur aux promesses de l'après, c'est avec une grande curiosité que je me suis laissée embarquer. Car c'est ainsi qu'il faut cheminer dans ce livre qui n'a pas d'histoire au sens strict d'un seul récit mais une géographie. Des aéroports, des grottes, des provinces, des lacs, la ville de Montréal et le fleuve Saint-Laurent.
Or cette géographie, qui embrasse l'histoire du pays et des hommes, sans complaisance et parfois même avec amertume et colère, se présente comme un assemblage de mini-séquences - soit un prologue et dix parties. Nous pensons au premier abord qu'il pourrait s'agir d'un catalogue d'expériences biographiques, de mythes et de légendes, mais non. le contraire de tout cela. Car chacune des parties, dont la tendance est de se dérober, semble continûment recouverte de blanc comme une page qui attendrait d'être remplie. C'est là que le cheminement devient intéressant car nous allons de surprise en surprise, le narrateur, lui, avançant de sa plume comme un aventurier n'ayant pas préparé son effet. Tout semble sortir de sa rêverie, laquelle, erratique comme se présentent les rêves, passe d'une forme à l'autre, avec la même fluidité qu'un nuage qui dérive et se métamorphose. Tantôt journal intime, tantôt récit, tantôt essai, tantôt conte ou légende, tantôt poème.

C'est un livre que l'on respire, narrateur et lecteur faisant route dans l'air froid et la neige qui est omniprésente. La poésie y laisse à même le sol gelé des traces protéiformes que l'on se délecte d'identifier, comme un petit bestiaire à côté d'un fleuve aussi légendaire que prodigue et dans un hiver interminable qui au sortir des dernières neiges commence à rêver d'équinoxe.

Je recommande vraiment. C'est un très joli moment de lecture.
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Il n'est pas inutile que l'auteur s'autocritique. Il prépare ainsi la longue avenue des ouvrages à venir.

Ce recueil manque d'un fil conducteur. Entre les poèmes et les récits, nous avons affaire à un journal intime, qui ne se résout que par un vol sans retour dans le dernier poème.

La fin pourtant, était prévisible dans la nouvelle Les dépouilles de papier, où l'oubli et l'enfouissement semblent inexorables.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
de la vieille Europe, je t'offre de vagues souvenirs de vagues de sel; de cornes de brumes et de sable triste, des heures oubliées au coin des impasses peu sûres et de chemins perdus,
je t'offre l'agitation, je t'offre les matins de colère, les soirs d'indicible tristesse, je t'offre la vieillesse, le soleil plus tôt et l'hiver plus lâche, de pures antiquités comme des mouchoirs trop sales et les ruines mal faites que furent mon passé,
je t'offre ces paysages antiques de pétales d'acanthe, ces souvenirs lointains et pluvieux de territoires de paradoxe et ces chemins de partout qui mènent à Rome, de la vieille Europe, je t'offre ce troisième mouvement dissonant pour marche nuptiale
de la vieille Europe, je t'offre ton histoire, comme un passé manquant, un mensonge de racines, un lieu à oublier,
de mon pays d'automne, je te rapporte des coquillages de fête, de petits désespoirs pas bien méchants, de veuves mélancolies et des photos au soleil blanchissant,
de mon pays, je t'apporte un paquet de fables, toutes plus vraies que les légendes qu'elles t'inspirent, je pose à tes pieds quelques rues, un coin de lumière et deux ou trois passants,
de ma vieille Europe, je t'apporte trois fois rien, ni de regrets, ni des heures longuement passées à t'attendre, je t'effeuille les ciels en paysage que dessinent les nuages du mauvais vieux temps
de ma vieille Europe je t'apporte des mots étranges que
l'on trouve dans mes livres et que tu ne reconnais point,
des rires bien sages et quelque sentiment
je t'amène enfin les mots que j'ai tant de peine
Des mots, des mots et l'amour et la peur à te dire, et qui s'effondrent dans les gouffres béants du Saint-Laurent.
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Puis ce sont toujours plus de colons en Nouvelle-France. Le long du Saint-Laurent, Champlain établit ses comptoirs tandis que Jeanne Mance évangélise. Et toujours, sur les berges, un phoque rieur. Était-ce le même ? Cela paraissait bien improbable surtout que l'histoire retient peu les détails, elle préfère les grands faits humains aux sourires de phoques. Et la biographie de Cartier ne mentionnait aucun phoque, ni les livres de compte de Champlain. Le bréviaire de la très pieuse Jeanne ne contenait que prières, croyez-moi. Les phoques sont bien peu de choses aux yeux des historiographes.
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Petit phoque, tu me regardes tristement, et tes moustaches tombent soudain comme les branches d'un arbre fané. Es-tu comme moi, loin de ta femelle, déprimé ? Ballotté par les remous de ta vie plus que par le grand fleuve ? Petit phoque, je t'en prie fais-moi signe !
Pourquoi es-tu venu me rejoindre dans cette croisière ? Viens-tu comme moi à la rencontre des grandes baleines en transhumance ?
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Dans la moiteur du Pub, j’enchaîne sur le papier encore quelques traits de lucidité : Enfin, pourquoi t’attardes-tu ici ? que fuis-tu ?  L'océan n’est-il pas partout le même, fait de la même ivresse, oui, un océan de Guinness.  N’est-il pas temps de décrire d'autres paysages, aller à la rencontre d'autres femmes, d’autres couleurs que le blanc ? Ne fait-il tout simplement pas trop froid à Montréal pour aimer ?

*

Non, ceci n’était pas une figure poétique, pour sûr qu’en ce moment, je préférerais oublier que vous convaincre mais les eaux du fleuve prenaient vraiment une forme pâteuse et brillante comme un suaire de soie précieuse où grimaçaient de vielles carcasses pourries.  J’ai l’imagination fertile et le verbe bien souvent racoleur mais pour le coup, j’avais peur et les vagues se riaient de mes angoisses.  Pourquoi les conteurs n’auraient-ils pas le droit d’avoir peur somme toute ?  Les mots et les sensations leur seraient-ils interdits sous prétexte qu’ils en tirent leur subsistance ?  Bref, les eaux s’épaississaient et mon effroi pareil.
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C'est une nuit froide de février, où les vents du Labrador embarquent d'impalpables icebergs sur les berges du fleuve et les déversent comme une cargaison au plus profond de nos squelettes. Nos yeux s'embuent et l'alcool de nos remords y gèle comme une vulgaire flaque de boue. C'est le temps de cracher l'air, plus lourd que des cailloux, prisonnier de nos poumons, de nos narines et de nos lèvres.
Yeux de boue, salive de graviers, ainsi est ce soir le troubadour qui aime de loin.
C'est l'heure où ferment les Pubs à Montréal… il n'est plus temps pour les bars à danseuses, il me suffit d'écouter mes pas écraser la neige cendreuse jusque chez nous. Comme il est dur d'achever la nuit : solitude, signification, dignité, symboles, rêveries. Consommer le temps qui passe avec lucidité.
Il y aura encore un peu d'exil dans mon café demain matin.
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