Je comprenais que ma maison c’était d’errer de mot en mot, tantôt dans une fiction finie et achevée, avec tout le confort, tout bien tracé, balisé, repeint de neuf, une forme complète, tantôt dans ces trames incertaines et fuyantes, filandreuses, pleines de trous , des haillons de pensée, des ruine en construction qui ne protégeaient pas des courants d’air. Il me fallait les deux, et surtout, me trouver devant le vide d’une route, qui s’ouvrait vers je ne sais qui, je ne sais quoi, un autre monde…
Quel Nord, quel Orient ? Vers où s’orienter ? Où vivre et où aller ? Et comment ? Nous, Occidentaux post-modernes, nous sommes désormais déboussolés. Pourtant, chaque village, chaque ferme, posés sur ces versants, nous disent: « Tous les chemins ne conduisent pas à Rome. Il en est quelques-uns qui ne mènent qu'à moi. » Comme un boulanger travaille sa pâte, rends comestible l'or des mots, la fleur de leur farine, pétris-la et cuis-la, laisse-la gonfler peu à peu, qu'elle lève et devienne succulente et nourrissante à la fois.