[...] nous avons trop tendance aujourd'hui à percevoir la solidarité comme celle d'un petit groupe. L'unité chez nous, se fait essentiellement au détriment d'une tierce personne. En effet, travailler ensemble, courir ensemble, s'entraider pour avancer ensemble, ne paraît pas possible. Il faut absolument un ennemi désigné, afin que nous ayons envie de le détruire parce qu'il nous pose un problème à tous. Et c'est davantage le besoin et la nécessité de la destruction qui nous unissent, que celle de la construction.
Autrement dit, c'est l'unité pour renverser le maître, l'unité en vue de l'abolition de l'esclavage, mais non l'unité pour construire un pays, avec une vision commune, une décision commune et une action commune.
Saturnin Molia relate souvent des comportements assez brutaux de supporters envers les cyclistes [dans la première moitié du XXè siècle]. Considérant leurs attaques trop molles ou trop tardives, ils n'hésitent pas à prendre une branche d'arbre et venir les fouetter sur leur vélo, afin de les stimuler ou leur rappeler qu'ils peuvent mieux faire. Ces méthodes pédagogiques d'antan n'étaient malheureusement pas propres au sport. Elles étaient utilisées de manière récurrente, afin de mieux faire travailler les élèves à l'école ou faire obéir les enfants au domicile ; elles constituent la normalité à l'époque.
Le vélo est comme une sorte de seconde peau, un outil pour aller au travail, un outil pour pratiquer une activité sportive, un outil pour défier les autres, un outil pour s'exprimer, un outil pour exister, un outil pour être reconnu.
[...] dans la pratique de ce sport, on retrouve des questions communes à nos problématiques sociétales [antillaises et guyanaises] et en retour, nous pouvons nous appuyer dessus pour questionner, analyser et tenter de faire avancer les questions fondamentales pour nos sociétés.
[...] un élément de nos sociétés créoles : la difficulté à faire ensemble et le désir de toujours tirer son épingle du jeu.
Comment expliquer le phénomène de violence dans la société antillaise et guyanaise. Ces régions sont aujourd'hui les plus violentes de France. Un expert de la cour d'appel de Basse-Terre en Guadeloupe, Errol Nuissier livre son regard, auteur d'un livre "les violences dans les sociétés créoles".