Un récit à la première personne, simple et sincère.
Le personnage nous parle d'évènements marquant de son enfance et de son adolescence. le tout avec beaucoup de pudeur - la fameuse pudeur maghrébine quand il s'agit de parler de ses sentiments les plus intimes.
Il nous parle des souvenirs avec son père, sa Lalla, son ami Youssr et le père de Youssr qui est aveugle et dont la sagesse émeut et éclaire notre personnage.
Mais il parle aussi de quelque chose de plus tragique : la mort de sa mère et de son petit frère peu de temps après.
Et le récit nous raconte sa recherche de la figure fraternelle à travers ses rencontres, notamment un jeune français pour qui sa Lalla travaillait également. de là, le livre parle d'un sujet tabou : les amours de jeunesse et l'homosexualité - et bien sûr le rejet de ces "enculés" comme on les appelle.
Quelques bons passages dans ce court roman mais rien qui m'ait suffisamment marqué. Il m'a manqué un petit je ne sais quoi qui fait la différence. En refermant le livre, je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que c'était dommage car il y avait matière à faire bien plus, et plus fort.
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Le garçon au torse nu et complètement échevelé qu'on voyait sur l'écran se réveillait, je suis incapable de dire par quoi j'étais réellement marqué à ce point-là, c'est juste que je le voyais tenir son bol de chocolat chaud qu'une femme venait de lui proposer. C'était évidemment un film. Le chocolat débordait autour de sa bouche. Une chose était sûre, c'est que je n'avais jamais été autant frappé avant par ce que je voyais. Du coup, j'ai compris que son matin n'était pas comme le mien, que ma boisson, le thé à la menthe, et le pain trempé dans le beurre fondu, j'avais l'impression qu'ils résumaient ma culture, je n'en pouvais plus du thé à la menthe. Quelques jours plus tard, je me suis levé aux aurores, avant que ma Lalla me prépare mon petit déjeuner. Je n'avais pas prévu le moment où je me trouverais nez à nez avec elle. Comment le lui demander, lui expliquer que ce matin je voulais du chocolat chaud ?
Désormais je devenais maître de moi, j'aurais ma propre assurance, je sortirais bien habillé et ne me décoifferais plus jamais, je ne me noircirais plus les mains exprès avec de l'encre pour rester un garçon normal aux yeux de mes camarades, ils trouvaient tous que j'étais d'une propreté étonnante et trop élégant pour un garçon, et tout l'effort que ma Lalla faisait pour mon apparence était pour eux comme un signe qui me rendait efféminé. Mon mal a disparu en quelques heures. J'apprenais à m'aimer, et pourvu que ça dure longtemps.
Avec mes larmes j'espérais retenir son attention et lui faire comprendre que mon histoire n'avait rien d'interdit, qu'elle était simple et méritait considération. Je voulais qu'il soit de mon côté et n'ait rien à me reprocher. En me lamentant je devenais clairvoyant, j'ai compris qu'avec mes camarades j'avais fait le vide autour de moi mais pas en moi, que j'avais un amour si grand que je ne pouvais pas en parler à Youssr, et de plus pour un garçon étranger.
" Je suis aveugle mais mes yeux sont lucides, je vous vois et vous ressens."