«
le troisième Policier » (95, Granit, 266 p).
« Tout le monde ne sait pas comment j'ai tué le vieux Philip Mathers, lui défonçant la mâchoire à coups de pelle. » Voilà une première phrase de roman qui annonce la couleur. C'est celle du deuxième roman de FO'B, mais qui ne sera publié qu'après sa mort en Angleterre. Entre temps, l'auteur se l'est vu refusé par plusieurs éditeurs.
Pour en revenir au narrateur, il devient orphelin très jeune, ne sachant pas trop bien où étaient partis ses parents (et son chien), qui disparaissent soudain, alors qu'un gros homme au visage rouge et vêtu de noir fait son apparition dans la ferme-auberge familiale. Il part en pension, où il découvre l'oeuvre de de Selby. de ce dernier, on apprend qu'il a écrit « Heures Dorées » et « Album de Campagne ». Cet auteur (fictif) prend de l'importance dans la vie du narrateur ? Importance également dans le livre sous la forme de notes qui deviennent envahissantes. de simples notules dans les premiers chapitres, elles passent à plus de 2 pages au chapitre VIII, 4 pages au chapitre IX à 6 pages à l'avant dernier chapitre XI. On part simplement des références des principaux ouvrages de de Selby à des commentaires en allemand (« de Selby Leben » par Kraus) ou en français (« Dieu ou Homme » ou « L'Enigme de l'Occident » de le Fournier). Toutes ces oeuvres et auteurs sont naturellement fictifs.
On retrouve de Selby dans «
L'Archiviste de Dublin » avec le développement d'une substance « P.M.D. » capable d'extraire de l'oxygène d'une atmosphère confinée et d'en faire un excellent whisky en une semaine. En effet, « une atmosphère désoxygénée annule la nature apparemment sérielle du temps, nous confronte avec le temps vrai, et simultanément, avec toutes les choses et les créatures que le temps a jamais contenu ou contiendra, pourvu que nous les évoquions ».
Au cours de son séjour en pension, le jeune narrateur, qui a entre 16 et 19 ans, s'instruit donc, et se casse la jambe. En fait, elle s'est cassée toute seule en six endroits, et quand il se retrouve d'aplomb, il a une jambe de bois. Inapte aux travaux de la ferme, il laisse cette occupation à John Divney, qui a repris l'exploitation familiale et qui sera en partie sa mauvaise conscience. On en arrive (enfin) à l'épisode de la mort du voisin, le vieux Philip Mathers, afin de lui voler sa cassette, pleine de pièces d'or, déjà évoqué dans la première phrase du livre.
Il est inculpé de meurtre et est confronté à deux policiers : le sergent Pluck et le policier MacCruiskeen. A partir de là, tout devient complexe. « C'est à propos d'une bicyclette ? » question cruciale car presque tout a rapport à la bicyclette (avec « des affaires de guidon dévissé » et « les pédales ratières sont fantastiques pour les collines »). Une théorie (« la Théorie Atomique ») précise que si l'on passe beaucoup de temps sur une bicyclette, une sorte d'osmose se produit et l'homme devient progressivement cycle, alors que ce dernier s'humanise. Ainsi O'Feersa en n'est qu'à vingt-trois pour cent, alors que Gilhaney en est à quarante-huit pour cent. le facteur, de par sa profession en est déjà à soixante-et-onze pour cent bicyclette. (On peut donc ainsi mesurer le danger encouru par la brave population cycliste irlandaise). Bref, au cours de ces entretiens avec les deux policiers, il est confronté à une conversion des sons en lumière, prenant le nom d'omnium, l'énergie fondamentale de l'univers. Et ceci se passe dans une pièce mystérieuse, dans laquelle le temps est arrêté.
le narrateur va également rencontrer Martin Finnucane, lui aussi unijambiste, mais aussi Joe sa conscience ou son âme. Après maintes discussions avec le sergent Pluck, le narrateur lui fait admettre qu'il n'a pas de nom. Pas de nom, donc pas de poursuites et pas de peine.
le narrateur réussit tout de même à s'enfuir alors que l'on construit un échafaud tout neuf, à son usage. Il regagne la maison du crime et y retrouve
le troisième policier Fox. A vrai dire Fox a le visage de Mathers et abrite son commissariat secret dans les murs de la maison. Ensemble, ils trouvent la fameuse cassette (qui contient, non pas de l'or, mais de l'omnium, qui peut se transformer en ce que l'on désire). Retour au village où il retrouve son ami et complice John Divney, mais celui-ci a vieilli de seize ans et est marié avec enfants. Choc à la revoyure et le narrateur le laisse, apparemment mourant. le livre se termine au poste de police où ils sont reçus par le sergent Pluck avec la même question : « C'est à propos d'une bicyclette ? »
On voit que le livre se situe à la frontière entre réalité et pure fiction, pour ne pas dire illogisme. Une discussion au hasard : « Pouvez vous me notifier le sens du mot bulbul ? – Bulbul ? – Oui, qu'est ce que c'est qu'un bulbul à votre avis ? – Pas une de ces femmes au charme vénal ? – Non – Pas les tuyaux de cuivre d'un orgue hydraulique allemand ? – Pas les tuyaux – Rien à voir avec l'indépendance de l'Amérique ou quelque chose de ce genre ? – Non – Un appareil mécanique pour remonter les horloges ? – Non – Une tumeur, ou la bave qui est dans la bouche d'une vache, ou ces petits riens élastiques que portent les dame ? – Vous n'y être pas du tout » « Un bulbul est un rossignol persan ». Il est important que les livres servent aussi a nous cultiver en nous tenant au courant des merveilles de la nature.