Quatrième de couverture:
Genna et Minette partagent une chambre sur le campus. Et c'est tout ce qu'elles ont en commun. Minette est aussi noire, indomptable et solitaire que Genna est blanche, timide et généreuse. Fascinée, Genna fait son possible pour fendre la cuirasse de Minette et devenir son amie. Observant la menace des violences racistes croissantes, elle est sa seule alliée ; pourra-t-elle la sauver ?
L'Auteur:
Née en 1938,
Joyce Carol Oates, professeur de littérature à l'université, est une nouvelliste et romancière prolifique.
Eux,
Les Chutes (prix Femina étranger 2005) et
La Fille du fossoyeur sont notamment disponibles en Points.
Mon ressenti sur cette lecture
Une histoire d'amitié à sens unique sur fond de chronique politique, sociale et raciale.
L'histoire principale se déroule dans les années 74/75 aux USA, donc au lendemain du scandale du Watergate et de la démission de
Richard Nixon.
Generva, surnommée Genna, jeune femme étudiante, blanche, est la fille d'un Avocat, Maximillian Meade, notablement connu pour son « activisme » en faveur des objecteurs de conscience, farouchement opposé à la guerre du Vietnam et à la politique anti-communiste de Nixon, et plutôt de tendance maoïste.
Maximillian Meade est lui-même le descendant d'une riche famille de Quarkers, dont son grand-père Elias Meade (fondateur du Schuyler Collège) et de Generva, sa seconde épouse, féministe militante et toute dévouée à la cause « des gens de couleur ».
La mère de Genna, Veronica Hewett, a épousé sans aucune retenue le mouvement hippie, et n'en est jamais véritablement ressorti… Elle a continué drogues, alcool et sexe et sa stabilité psychique est plutôt fluctuante.
Genna va partager sa chambre d'étudiante avec Minette Swift, jeune femme noire, et fille d'un Pasteur de grande renommée.
Peu à peu, le lecteur va découvrir la quête permanente d'une amitié sans retour à travers le regard de Genna. En effet, Genna mettra tout en oeuvre pour craqueler la carapace de sa supposée « amie » Minette, mais en vain… Minette toujours trop… trop polie, trop méprisante, trop dédaigneuse, trop orgueilleuse, trop indifférente… tient à son isolement et provoque volontairement son ostracisme de la part de l'ensemble des étudiantes du Schuyler College, y compris de la part des autres jeunes femmes « de couleur », laissant sciemment planer le doute sur d'éventuels actes racistes à son encontre. le seul refuge que Minette accepte est celui de la religion, de manière excessive.
Genna va également nous dévoiler ses doutes sur les activités réelles de son père, qu'elle surnomme parfois Mad Max, ses craintes sur la véracité des faits telle que décrite par sa mère « chancelante », ses questionnements sur son enfance et les évènements tragiques dont elle a été le témoin.
Le livre sans titre qu'elle a rédigé lui permettra d'obtenir une certainement forme de « rédemption » vis-à-vis d'elle-même, sans toutefois avoir la réponse sur certaines zones d'ombre. A ce propos, je pense que l'auteure a volontairement instauré l'ambigüité quant à certaines situations et certains propos.
J'ai trouvé cette lecture particulièrement intéressante par ce qu'elle contient en toile de fond sur les années pré et post
Richard Nixon dans un contexte politique et social marquant ainsi que les lentes avancées en terme de politique raciale, notamment sur le délicat problème de l'intégration de la communauté noire dans divers Etats des USA.
Cette lecture a suscité chez moi, l'envie d'en connaître davantage sur l'histoire des Quarkers, leur mode de vie, leurs revendications, et l'importance de leur engagement en faveur "des gens de couleur ". J'ai ainsi découvert, entre autres, qu'il s'agit d'un surnom qui signifie « Trembleurs » donné aux membres de la Société Religieuse des Amis, prônant la paix, l'intégrité, l'égalité et la simplicité, donc des valeurs profondément universalistes et égalitaristes.
En revanche, j'ai été gênée par le style indirect omniprésent utilisée par
Joyce Carol Oates, laissant trop peu de place à des échanges directs entre les principaux protagonistes sous forme de dialogues. Ce choix a, me semble t'il, l'inconvénient d'appesantir la lecture et d'entrainer le lecteur dans une attitude passive et détachée… Dommage, car j'aurais aimé être plus proche de Genna que je ne l'ai été…
Je remercie le forum Partage et Lecture ainsi que les Editions Points pour m'avoir permis de découvrir l'auteure
Joyce Carol Oates.
Note : 8/10