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sur 415 notes
Un roman sur le racisme ? Plus que ça, sur l'adolescence bien sur, Oates maîtrise bien le sujet. Sur le rapport aux autres, l'amitié, l'amour, l'envie, l'égoïsme, la peur, l'intérêt, la construction de soi, le rapport aux parents... J'ai cru lire un roman sur la ségrégation. En fait, pas vraiment. Comme Genna le dit à la fin, c'est un "texte-ombre".
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C'est un roman plein d'ambiguïté, à commencer par ce personnage de Minette qui est particulièrement troublant. Si, ici ou là, elle se révèle touchante et potentiellement attachante, elle reste la plupart du temps difficile, voire impossible à cerner. Personnage énigmatique que sa compagne de chambre – et nous avec – essaie désespérément de comprendre. Il faut avouer que Minette se montre aussi fortement antipathique par moment, repoussant toute tentative d'amitié ou de sympathie, rejetant les critiques en blâmant les autres, restant irrémédiablement fermée.
Les personnages sont finalement assez peu sympathiques, tant la hautaine Minette que Genna avec son désir absolu d'être l'amie de Minette, son abandon d'elle-même malgré la manière dont elle est mille fois repoussée. Genna semble placer Minette sur un véritable piédestal : sa couleur de peau l'oblige à être forte, sa famille est stable et présente et, pour une fois, elle pourra peut-être aider quelqu'un, être utile.
Toutes deux partagent un attachement démesuré au père : craint et respecté pour Minette, adoré et parfois incompris pour Genna. Cette influence de la famille – qu'elle soit libertaire ou stricte – offre des instants poignants avec les deux filles qui peinent à trouver leur place. Genna se révèlera même une enfant traumatisée aux souvenirs qui referont surface au fil de l'année scolaire.

La culpabilité, avérée ou fantasmée, est omniprésente dans ce roman qui questionne la responsabilité de chacun, les choix effectués – choix influencés par le passé, les espoirs, les attentes, le bagage émotionnel… Culpabilité d'être blanche également étroitement liée avec la peur d'être raciste « sans le vouloir » : telle ou telle pensée est-elle raciste ? critiquer Minette est-il du racisme ? Enfin, culpabilité du père (dont la lutte pour un monde qu'il espère meilleur finit par entraîner la mort) et culpabilité de la narratrice liée à ce père.

Les tensions raciales sont également palpables au cours du récit. Actes racistes, étudiantes noires dénotant parmi les Blanches malgré cette université ouverte et égalitaire. Cependant, alors que l'intrigue se déroule, on s'apercevra que tout ne tourne pas autour de Minette : si Genna est la narratrice, c'est sans doute parce qu'elle aura un long parcours quasi initiatique pour se révéler et comprendre son passé. En dépit d'un manque d'amitié pour elle, j'ai ressenti de l'empathie tandis que son histoire se dévoilait, que les enjeux amplifiaient et que le drame se nouait.

Fille noire, fille blanche est un texte à la hauteur de Minette : difficile à cerner. (D'où une chronique confuse que vous me pardonnerez, j'espère.) S'il m'a parfois semblé chaotique et décousu dans sa narration, il reste atypique et troublant dans les questionnements qu'il soulève, intéressant dans sa forme et parfois surprenant. Néanmoins, j'ignore totalement s'il me laissera un souvenir impérissable.
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Ce roman m'a dérouté. Bien sûr, tout oppose Genna, blanche, issue d'un milieu aisé, athée (sa famille récuse toute religiosité) à Minette, noire, boursière, fille de pasteur, chrétienne jusqu'au fanatisme. Pourtant, elles ont au moins deux points communs. le premier est leur admiration pour leur père, le second est leur isolement. Minette est seule sur le campus, et les coups de fil, les colis de sa famille ne semblent guère la rasséréner. Genna est désespérément seule, sa mère, hippie usée par les excès, est d'un monstrueux égoïsme, son père est trop occupé par ses "activités" pour prendre soin de sa fille. le portrait des parents de Genna est sans concession. Elle montre le côté obscur de l'Amérique aisé, son extrémisme fait froid dans le dos.
Le récit a beau être rétrospectif puisque Genna précise qu'elle écrit quinze ans après les faits, elle transcrit les événements tels qu'elle les a vécus. Les commentaires contemporains de son écriture sont rares, et orientent sporadiquement les interprétations de l'auteur.
Car, enfin, de quoi s'agit-il ? D'actes racistes dans un campus américain ? Minette est la seule afro-américaine à subir ses actes, alors que les autres étudiantes noires semblent parfaitement intégrées. Je ne dis pas que le roman ne montre pas le racisme latent dans les universités américaines pendant les années 70, je trouve néanmoins que ce n'est pas le sujet principal de ce roman. Il est question de filiation, d'héritage. Les enfants vont-ils se montrer à la hauteur de ce que leurs parents attendent d'eux ? Vont-ils suivre leur voie, ou au contraire, tracer leur propre sillon ? Genna, enfant modèle mais ignorée, illustre magistralement ce thème.
Plus précisément, Je me suis demandée si Minette n'avait pas mis en scène certains actes (Genna le laisse entendre, du moins pour l'un d'entre eux) ou profité de circonstances (la tempête qui détruit la vitre de sa chambre) pour se poser en victime. Orgueilleuse, elle n'aurait trouvé que ce moyen pour se démarquer. Son fanatisme religieux la pousse à rechercher la souffrance et l'isolement.

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La narratrice, c'est la "fille blanche" Genna Meade. En 1990, elle revient sur un événement qui a marqué son passé : la mort de Minette Swift, sa co-locataire à l'université. En 1974, elles ont toutes deux dix huit ans et entrent en première année au prestigieux Shuyler College. Elles vont partager la même chambre dans la résidence universitaire de Haven Hall. Ce sont les ancètres de Genna qui ont fondé cette université afin que Blancs et Noirs, sans discrimination, puissent étudier ensemble. Elle est bonne élève, mais n'a pas vraiment trouvé sa place dans sa cellule familiale. Son père, avocat, est très engagé politiquement à gauche ; il a milité contre la guerre du Viet Nam, trempé dans des affaires douteuses. Espionné par le FBI, il est sans cesse en fuite. Sa mère, souvent sous l'influence de drogues ou de médicaments, passe son temps dans les fêtes organisées par ses amis hippies. Son frère Rickie a fui la maison alors qu'il n'avait que seize ans et a coupé les ponts avec sa famille.
Minette est noire, issue d'une famille très conservatrice, plutôt modeste : son père est un pasteur apprécié de ses ouailles, sa mère est femme au foyer. Elle est boursière, très religieuse,elle passe tout son temps libre à lire la Bible et à prier et elle est persuadée qu'il lui faut souffrir pour mériter sa place auprès de Dieu.
Genna s'efforce de se conformer aux idéaux de ses ancêtres et veut absolument se lier avec Minette pour qui elle éprouve une réelle affection. Mais Minette l'ignore, la fuit, comme elle le fait avec les autres filles de la résidence. Elle a un caractère plutôt désagréable, elle se montre hautaine, dédaigneuse, renfrognée, solitaire. Bientôt elle va se mettre à dos les autres étudiantes et les attaques racistes vont commencer. Genna veut la défendre, la protéger, mais Minette la repousse et l'ignore.

Joyce Carol Oates fait partie de mes auteurs préférés. Comme la plupart des auteurs prolifiques, elle est assez inégale dans ses écrits, mais jusqu'à maintenant, elle ne m'avait jamais déçue. Une fois n'est pas coutume, je n'ai pas vraiment apprécié Fille Noire, Fille Blanche.
D'abord l'une comme l'autre, les deux jeune filles m'ont été très vite assez antipathiques : Minette à cause de son caractère détestable, sa pédanterie et ses "Par-don", Genna par son immaturité, son obsession à se faire aimer de sa camarade de chambre, à vouloir à tout prix "ne pas être raciste" et faire correspondre Minette à l'idée préconçue qu'elle a des Noirs. Ensuite, Genna la narratrice, interrompt son récit à de nombreuses reprises pour évoquer l'histoire de sa famille, ses souvenirs d' enfance. Cela aide à mieux connaître son environnement, à mieux la comprendre mais amène un certain déséquilibre dans le texte. On sait presque tout de Genna, presque rien de Minette. Leur seul point commun c'est l'attachement à leurs pères respectifs. Minette se conforme en tout point à l'enseignement du pasteur, Genna souffre de ne pas savoir qui est vraiment Max Meade : un héros ou un délinquant traqué par le FBI, et de son absence.
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C’est un récit qui nous plonge au cœur des Etats-Unis pendant les années 70 : deux jeunes filles commencent leurs études universitaires : Genna Meade, blanche, descendante du fondateur du collège et Minette Swift, noire, fille d’un pasteur, boursière. Elles sont camarades de chambre et Genna tente par tous les moyens de devenir amie avec Minette qui se montre distante et sur la défensive, voire blessante. En parallèle, on découvre la famille illustre de Genna, ses parents assez marginaux aux idées politiques contestataires. On comprend que Genna, durant l’enfance, a dû grandir seule, sans l’amour de ses parents, sa mère étant dépressive et son père distant.

Le dénouement est tragique, pour toutes les deux :
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Abandonné. Je m'ennuie de trop.
Je ne renie pas l'intérêt sociologique et historique du livre. Mais non, décidément le rythme est trop mou. Comme pour "Les Chutes", j'ai du mal à avancer alors je dis "stop !".
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1974, c'est la première année d'université pour Genna Hewett-Meade, jeune fille de bonne famille, dont les parents, bourgeois engagés et vaguement hippies, sont liés aux fondateurs du Schuyler College où elle va commencer ses études. Genna est ravie de partager sa chambre avec une étudiante noire, fille de pasteur boursière. Voilà qui va lui permettre d'appliquer les grands principes humanitaires de son père et de briller aux yeux de celui-ci.

Mais dès les premiers jours, Minette Swift, sa camarade de chambre, se montre hautaine et indifférente à tout, en particulier aux tentatives d'amitié de Genna. Elle ne met d'ailleurs pas plus d'enthousiasme à sympathiser avec quiconque, devient le centre de l'attention par son attitude désagréable puis, par la suite, par les incidents dont elle est victime.

Un véritable plaisir de lecture ! Troisième livre de Joyce Carol Oates que je lis, après Les chutes et Délicieuses pourritures, j'ai retrouvé l'atmosphère des universités américaines de ce dernier roman, mais le thème en est plus intéressant dans Fille noire, fille blanche. Ou plutôt les thèmes, car sous celui assez évident du racisme, apparaissent celui du poids de la famille et du poids de l'histoire. Genna fait des études d'histoire, et ce n'est pas par hasard. le thème de la culpabilité aussi marque tout le récit de Genna, raconté à la première personne, une quinzaine d'années après les faits. Dès le début, on sait que Minette meurt dans des circonstances dramatiques et que tous les évènements vont converger vers celui-là. Mais c'est compter sans l'art de JC Oates, qui a le don de vous forcer à tourner les pages pour y trouver soudain quelque incident inattendu, quelque révélation sulfureuse, quelque remarque vraiment déroutante… L'histoire est déjà passionnante en elle-même, on ne les attend donc pas spécialement, mais elle arrive toujours à surprendre.

Car tout n'est pas donné dès le début, les personnages se dévoilent progressivement. Genna est blanche, de corps et d'esprit, voire même un peu transparente, mais dans son éducation, son père est terriblement présent. Max Meade, dit Mad Max, avocat des causes difficiles comme la défense des protestataires contre la guerre au Vietnam, celui à qui elle veut plaire à tout prix, celui qui lui a transmis la honte d'être blanche. Il faudra donc bien qu'au fil des pages, la vraie Genna apparaisse enfin.

Minette est noire « Cette fille si noire que sa noirceur se répand sur ceux qui l'accompagnent. » et malgré son éducation religieuse, qu‘elle doit à son père pasteur, elle ne fait aucun effort pour montrer aux autres un aspect un tant soit peu agréable d'elle-même : mal habillée, pas très soignée, revêche, sarcastique avec tout le monde, elle devient victime d'actes aussitôt qualifiés de racistes… Tout s'enchaîne alors.

Il faudrait aussi parler des couleurs, enfin du blanc et du noir, omniprésents, de la lumière, d'un carreau qui la laisse passer et par lequel tout commence lorsqu'il est brisé, mais sans en dire plus, j'espère avoir tout simplement donné quelque envie de lire Joyce Carol Oates.
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Genna accueille sa colocataire avec un grand plaisir. Comme c'est la tradition dans les internats universitaires américains, les étudiants sont logés deux par deux et la blanche Genna se retrouve avec la noire Minette. Rien pourtant ne semble lier les deux jeunes filles tant celles-ci sont dissemblables. Genna, fille d'une longue lignée riche et aristocratique (dont le fondateur du Schuyler College où se passe l'histoire, ainsi que son épouse, une des premières grandes féministes de l'histoire américaine), mais dont le père est devenu un avocat militant d'extrême gauche, défendant les déserteurs de la guerre du Vietnam ainsi que d'autres gens issus de mouvances radicales, durant ces années 70. Genna, jeune fille modèle, multipliant les bons résultats scolaires et aux idées généreuses, cherchant à aider son prochain. Minette, jeune boursière, dont le père est un pasteur évangéliste, se met à dos tout le campus avec son attitude hautaine et colérique. Minette, brouillonne, aux tendances boulimiques, et semble rejeter tout soutien extérieur, malgré plusieurs manifestations racistes dont elle est victime. Minette, jeune fille fragile, qui tente par la religion se construire une carapace face à un monde qu'elle considère hostile et obscène. Minette dont la vie semble être continuellement un calvaire, une épreuve pour rejoindre une vie future au ciel. Mais surtout une colocataire absolument insupportable. Et pourtant, de façon quasi obsessionnelle, Genna n'aura de cesse de faire de Minette une amie, voire une soeur. Joyce Carol Oates n'hésite pas à briser le politiquement correct, n'hésitant pas à présenter un personnage noir pas spécialement sympathique, loin s'en faut, et une personne blanche qui pourtant cherche son amitié (justement parce qu'elle est noire, ce qui d'ailleurs peut poser question). Il faut dire que Genna a une faille avec une famille dysfonctionnelle, des parents issus du milieu hippie, vivant dans une vieille demeure. Un père avocat, limite gourou, entouré continuellement d'aficionados et de charmantes jeunes assistantes. Une mère à tendance schizophrène, multipliant les jeunes amants. Un grand frère rejetant ces idées pour continuer ses études dans la finance. Une famille sans amour pour une petite fille qui grandit dans l'invisibilité. Durant cette première année universitaire, Genna tente donc de mieux connaître (ou tout simplement connaître) et séduire Minette qui semble pourtant ignorer sa voisine. Une année difficile et semée d'embûches. Une lente descente aux enfers pour les deux jeunes filles à la recherche d'elles-mêmes, finalement. Sans être mon roman préféré de cette auteure prolifique, Fille noire, fille blanche montre tout le talent de Joyce Carol Oates.
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J'ai laissé tomber au bout de quelques pages, pas moyen de me plonger dans ce livre : le style d'écriture, la progression de l'histoire, les personnages, rien de tout ça m'a portée à continuer la lecture.
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Joyce Carol Oates aime traiter des sujets délicats. Elle a une vision critique de son pays et l'affirme sans détours.Ici, elle s'attaque à l'épineux problème du racisme et de la position des États-Unis pendant les années 70 en terme de politique étrangère.
Effectivement, Genna Meade qui conte cette histoire, est la fille d'un avocat opposé au régime nixonien et notamment à la guerre du Viet-Nam. Il défend des objecteurs de conscience et notamment un terroriste, Ansel trimmer, responsable de la mort d'un vigile noir lors de l'attentat de l'usine Dow-Chemical qui produit le napalm.
Genna vénère son père parce qu'elle ne connaît pas sa réelle implication et aussi parce qu'elle le voit peu. Sa mère est une ancienne hippie, dépressive après une grande consommation de drogue et d'alcool. Son enfance est donc assez perturbée et elle en garde un malaise et un besoin d'être aimée.
Ainsi, lorsqu'elle rencontre Minette Swift, une jeune fille d'un révérend noir, elle veut à tout prix s'en faire aimer, la défendre contre les attaques racistes. Son amour est tel qu'elle va occulter les risques et les signes inquiétants du caractère de Minette. Car, cette jeune noire est aussi une jeune fille perturbée qui assume mal sa différence. Agressive, sauvage, elle se replie sur une foi excessive.
Dès le départ, l'auteur nous prévient du drame et l'atmosphère du livre est donc assez pesant. D'autant plus que le comportement de Minette s'aggrave au fil du temps. Joyce Carol Oates détaille avec minutie et gravité les états d'âme des deux jeunes filles.
Mais il y a en fait deux histoires dans ce livre. Bien sûr la rencontre et l'évolution de la relation des deux jeunes filles mais aussi, l'histoire de la famille de Genna.
" Car, à mon insu, en composant mon texte sur Minette Swift, je composais un texte-ombre qui n'avait pas grand chose à voir avec elle."
Ce qui peut effectivement gêner certains lecteurs car il y a deux intrigues simplement liées par l'état d'âme de Genna. le caractère désagréable de Minette est aussi agaçant mais c'est l'habitude de l'auteur que de prendre des personnages atypiques.
L'auteur parvient au travers d'une histoire relationnelle à traiter de grands sujets comme l'émancipation des femmes (au travers de la mère de Genna), le racisme, la religion, la position des Etats-Unis dans les années 70.

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