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3,44

sur 274 notes
zombie est à mes yeux l'ouvrage le plus dérangeant et déroutant de Joyce Carol Oates. Et côté noirceur, difficile de la dépasser en l'occurrence.

Le narrateur, un tantinet dérangé, cherche à se créer un zombie. Un homme (très jeune de préférence) sur lequel pratiquer une lobotomie afin d'assouvir ses pulsions sexuelles et sadiques sur cette victime toujours consentante.
Il vaut mieux avoir l'estomac bien accroché en entamant ce roman. Outre la violence et la crudité de certaines descriptions, on tourne sans arrêt en boucle dans l'esprit malade du personnage.

Joyce Carol Oates traite rarement du monde merveilleux des Bisounours dans ses romans ou nouvelles, certes. Pourtant, avec ce récit, elle atteint des sommets à faire pâlir d'envie nombre d'auteurs de thriller sanglant.

J'en suis ressortie non pas lobotomisée mais avec la sensation d'avoir reçu un électrochoc. Une partie de moi éprouvait une profonde répulsion pour les confessions du narrateur, diaboliquement rusé qui plus est et une autre ressentait la fascination de ce récit mené avec maestria.

Choquée - et l'estomac barbouillé - force est néanmoins de reconnaître la capacité de l'auteure de se glisser dans toutes sortes de personnages, thèmes et intrigues. Limite qu'elle ferait peur en dépit de sa silhouette menue!
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Quentin, trente et un ans, serial killer, prédateur sexuel. Condamné jusqu'alors pour "simple" délit sexuel sur mineur, seulement deux ans avec sursis parce que papa, universitaire émérite, a des appuis et de l'argent.

Quel est l'intérêt de lire un tel ouvrage ? Je me le demande. C'est noir, sanglant, glauque, désespéré, désespérant. Il reste la plume de Joyce Carol Oates, la narration insolite et agaçante, celle d'un homme immature et dérangé, avec des esperluettes pour écrire les "et", des majuscules à foison, des croquis.

Il serait temps que je passe à autre chose avec cette auteur de talent, que j'ose enfin me lancer dans la lecture de ses pavés. Y met-elle également en scène des hommes violents qui dominent et détruisent femmes et/ou enfants ? L'horreur y est peut-être moins concentrée...
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La plupart du temps, j'aime la narration à la première personne, ça me permet d'être plus en "phase" avec le/la narrateur/narratrice, de vivre plus intensément les événements qu'il vit, ce qu'il ressent. Là où c'est plus compliqué, c'est quand il s'agit d'un "anti-héros", bien que pour la plupart, on finit par les trouver sympathiques, on s'attache malgré leurs défauts. Mais quand il s'agit d'un tueur en série complètement psychopathe, sans le moindre état d'âme, sans empathie, il est impossible de se croire à sa place, ou même de tenter de le comprendre. Et c'est là que tout le talent de l'autrice entre en scène : nous sommes propulsés dans l'une des âmes les plus noires, pour qui on ne ressent que du dégoût, et elle réussit tout de même à nous faire aimer notre lecture.

Q... P... est un jeune trentenaire bien sous tout rapport, il a une famille aimante et n'a jamais manqué de rien, il travaille en tant que gardien en même temps qu'il suit des études d'ingénierie. En apparence, rien ne laisse supposer qu'il a écopé de deux ans de prison avec sursis pour agression sexuelle sur mineur, qu'il doit rendre des comptes à son contrôleur judiciaire, et qu'il est suivi thérapeutiquement depuis.

"Zombi", c'est son journal, il raconte tout. La plupart du temps de manière désordonnée, il couche les mots et les idées tels qu'ils viennent. Il n'y a rien de poétique, c'est totalement immature, franc, cru, sans la moindre émotivité et sensibilité. Les seuls moments où on le voit ressentir enfin quelque chose se produisent dans ses instants de pure excitation, qu'il ne peut contrôler, et encore si l'on peut parler d'émotions plutôt que d'instincts...

Et c'est dans cette tête-là que je me suis retrouvée durant ces 224 pages. Pas toujours facile évidemment, d'autant plus quand on connaît son objectif. Parce que oui, il tue, à de nombreuses reprises. Mais là n'est pas son but, s'il tue, c'est "involontaire" de sa part. Ce qu'il veut..., je ne le dirai pas, c'est ce qui fait toute la trame de l'histoire et il serait dommage que vous ne le découvriez pas par vous-même....

C'est dégoûtant, impensable, ignoble. Mais j'ai aimé, jusqu'à ce que le dénouement arrive... Ah bah non, il n'arrive pas justement, il n'y a pas de fin, pas la moindre chute... Et c'est là tout le problème... Ça casse tout...
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Joyce Carol Oates, écrivaine prolixe et étonnante, féministe avant l'heure, avant-gardiste méconnue, signe ici un roman court et choc.
Les pensées de Q. homme presque ordinaire, sont toxiques. Il rêve de n'avoir rien que pour lui un "zombi" créé par ses soins...
Livre à ne pas mettre entre toutes les mains. On n'en ressort pas indemne, le malaise est là, et on prend conscience que la folie prend souvent un visage dérangeant qui nous fait détourner le regard alors qu'on devrait la regarder bien en face afin de pouvoir la surveiller.
A lire par tous ceux qui sont fascinés par les serial killers...
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Zombi est une des fictions les plus effrayantes qui m'ait été donnée de lire.
Pourtant, du thriller, de l'horrifique, j'en ai pratiqué, et ma PAL me réserve à l'avenir encore de belles surprises du genre...
Mais là, ce livre-là, il est fantastiquement insoutenable.

Quentin est un jeune trentenaire, issu d'une famille bourgeoise, qui a connu quelques déboires ; du moins, de son point de vue… Il a en effet été reconnu coupable d'une agression sexuelle envers un jeune mineur et soumis à deux ans de probation. Soutenu par sa famille qui veut croire en un simple accident de parcours, il occupe un emploi de gardien dans une des propriétés familiales, convertie en résidence pour étudiants étrangers.
Il suit une thérapie, rencontre régulièrement son agent de probation, entretient des rapports en apparence ordinaires avec ses locataires ou sa famille. Mais derrière cette façade sociale construite de toutes pièces, et avec efforts, se cache un tueur en série à l'ambition claire : créer son propre zombi, un esclave personnel à jamais soumis à ses fantasmes et imaginé comme suit : « Un vrai ZOMBI serait à moi pour toujours. Il obéirait à tous les ordres & les caprices. En disant « Oui, maître » & « Non, maître ». Il s'agenouillerait devant moi les yeux levés en disant : « Je t'aime, maître, il n'y a que toi, maître. ». Et les essais s'enchaînent...

Comment ne pas penser à Jeffrey Dahmer dont j'avais lu l'histoire grâce à Derf Backderf. Vrai, la référence de base est déjà terrible mais ce récit réussit à aller au-delà… Déjà parce que le récit est à la première personne, comme une entrée directe dans l'esprit dérangé du jeune homme ; ensuite parce que l'écriture de Joyce Carol Oates installe avec un talent incroyable une sorte d'inconfort de lecture avec notamment l'utilisation de l'esperluette ou de petits dessins enfantins ; enfin, car l'aveuglement familial décrit combiné à la perversité de Quentin ne nous offre aucune sortie de secours.
C'est donc là un ouvrage d'une noirceur extrême qui nous laisse sans espoir ni explication. Pas de recul possible ni d'échappatoire, il ne reste que l'acceptation. C'est d'une froideur clinique, factuelle. C'est stupéfiant.
Cette auteure n'en finira jamais de me surprendre...
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Encore un coup de coeur pour Joyce Carol Oates qui a un don magnifique : elle me fascine par son talent à me déstabiliser, me mettre mal à l'aise et j'en redemande!
Un peu maso certes mais son style clinique, très détaillé est impressionnant.
Cette fois, il s'agit d'un homme, Q.P. 31 ans, sous surveillance policière et médicale depuis son agression sur un jeune garçon. Était-ce un crime raciste? Non, son déséquilibre va au delà de ça : son but ultime est de créer un zombi, en lobotomisant une victime anonyme, afin de créer un esclave qui obéirait à chacun de ses ordres.
Inspiration libre de Jeffrey Dahmer, l'autrice nous plonge dans la tête de ce psychopathe, un récit à la première personne glaçant.
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Quentin est un homme d'une trentaine d'année qui n'a jamais pu affirmer sa tendance homosexuelle et s'est toujours senti sali par ses envies et rejeté à cause d'elles. Plus jeune, il a même dû plaider coupable dans une affaire d'attouchements sexuels sur mineur. Mais au fond, sa grand-mère voit en lui le petit-fils parfait qui tond sa pelouse, sa mère l'aime même si elle ne le comprend pas toujours. Son père, un peu déçu, l'épaule autant qu'il peut ; Quant à sa soeur, elle le voit comme le petit frère qu'elle doit sauver de la solitude et de l'ennui. Tous pressentent quelque chose de différent chez Quentin, voire de légèrement inquiétant peut-être ; Mais si chacun tente de l'aider à sa manière, aucun ne semble vouloir mettre trop de perspicacité à regarder en face sa réelle personnalité.


Le lecteur, lui, sait dès les premiers mots, dès les premières lignes que quelque chose cloche chez Quentin. Car Quentin est narrateur de cette histoire et, très vite, sa façon de penser, ses actes, ses plaisirs coupables, ses fantasmes affluent et se bousculent jusqu'à nous ouvrir totalement, et sans retenue aucune, les portes béantes de sa personnalité de tueur psychopathe. Une personnalité qu'il met toute son intelligence à cacher au reste du monde en évitant tout contact visuel, en essayant d'avoir l'attitude que les autres attendent de lui, en faisant tout pour passer inaperçu : de ses déguisements en passant par son métier tranquille, banal et planqué de gardien d'immeuble – qui lui laisse par ailleurs tout loisir de consacrer la cave et le grenier à ses plaisirs sadiques et ses projets follement meurtriers.


Mais ce n'est qu'après les 30 premières pages que vous comprendrez réellement le titre de ce roman (je fais vraiment des efforts pour ne pas spoiler, là…). Une explication glaçante car assez dingue pour exister dans la tête d'un psychopathe, un plan logique dans un cerveau malade…


*****

« Hudson River » m'avait fait découvrir le potentiel et l'atmosphère des romans de l'auteure, mais sans me convaincre totalement à cause de certaines longueurs et d'un personnage masculin difficile à aimer. J'ai donc décidé de retenter l'expérience avec un roman plus court. Et cette fois, j'ai été impressionnée par la capacité de l'auteure de raconter de manière crédible l'irracontable, voire l'inimaginable pour le commun des mortels. En peu de pages (210), elle parvient à nous projeter dans l'univers bien glauque de ce garçon en nous rendant accessible la conception d'horreurs que nous n'aurions pu concevoir sans entrer dans la tête du tueur.


Et pour nous y aider, l'auteure ne néglige aucun stratagème : syntaxe, typographie déséquilibrée et changeante comme les humeurs ou les facettes du personnage, séances de psy, thérapies de groupe, imitation d'un comportement normal, filatures et j'en passe. On est totalement dans le rôle ! L'auteure écrit comme pense son personnage, faisant de ce roman une véritable expérience de lecture, au même titre que la lecture du roman « Des fleurs pour Algernon » nous plaçait dans la tête d'un attardé mental qui, après une expérience scientifique, devient intelligent.


Une découverte intéressante et convaincante ; Un exercice difficile mais maîtrisé.

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Zombi est un livre écrit sous forme de journal, ou plutôt le recueil de pensées d'un psychopathe de la pire espèce.
Le détachement du narrateur lorsqu'il décrit les actes abominables qu'il commet est stupéfiant, et extrêmement bien rendu. Glaçant serait le mot approprié.
J'imagine que ce roman est à déconseiller aux amateurs de feel good et à toute personne effrayé par les bouquins de Maxime Chattham.
Sur l'échelle de l'abomination, on s'approche plutôt du Corps exquis de Poppy Z. Brite, même si le style n'a rien à voir. C'est quand même costaud dans l'extrême. Il m'a plutôt évoqué un film autrichien pour le moins perturbant, Angst (Shizophrenia), avec qui le roman partage le même détachement. À savoir que l'auteur n'explique jamais les agissements de son "héros", ni ne prend partie pour le tueur ou ses victimes. Un postulat qui fait la force de ce texte.
Un roman très court, presque une étude, que je conseille sans hésiter aux lecteurs qui ont un bagage solide en littérature gore / tueurs en série.

Malheureusement, la fin est abrupte et aurait sans doute mérité davantage de développement. Peut-être l'autrice ne supportait-elle plus son personnage, et on ne peut pas lui en vouloir...
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Quentin P., jeune trentenaire timide et paumé, . Depuis, Quentin se tient à carreau Et lorsque ce souhait tourne une fois de plus à l'obsession, Quentin est prêt à repasser à l'acte.

Zombi est un journal fictif : celui dans lequel Quentin P. se présente et nous fait part de ses pulsions les plus sombres et malsaines. Avec froideur, détachement et détermination, Joyce Carol Oates décrit les réflexions et les actes de ce jeune homme perturbé, qui parle de comme d'autres pourraient parler du temps qu'il fait ou de leur plat préféré.
Au bout d'un court moment de lecture, on en vient même à oublier que c'est un écrivain (femme de surcroît) qui se cache derrière ce récit et l'on a réellement l'impression de lire le journal intime d'un cinglé quelconque. le talent de cette grande dame de la littérature américaine contemporaine fait donc merveille, puisqu'elle parvient à s'effacer derrière un personnage particulièrement sombre et malsain. C'est morbide, mais fascinant et surtout très réussi !

Challenge Solidaire 2021 : 6/30
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Q. P. a trente et un ans. Chaque semaine, il a rendez-vous avec son contrôleur judiciaire et deux thérapeutes. Il doit aussi suivre un traitement. Ses parents, bien que mortifiés par ce qu'a fait leur fils, veulent lui faire confiance et lui confient la garde de la maison familiale transformée en logements pour étudiants. « Mon père R. P. m'a confié cette responsabilité et je suis content d'avoir une chance de me racheter à ses yeux et à ceux de Maman. » (p. 14) Mais quelle est la faute de Q. P. ? Un délit racial contre un jeune garçon. C'est pour cela qu'il a été condamné à une peine avec sursis et à une période de probation. Mais en vérité, Q. P. n'en était pas à son coup d'essai et il n'arrête pas son oeuvre macabre. Son rêve est d'avoir un zombi à son service, après avoir pratiqué sur sa victime une habile opération de lobotomie. « Un vrai ZOMBI serait à moi pour toujours. Il obéirait à tous les ordres et les caprices. En disant ‘Oui, maître' et ‘Non, maître'. Il s'agenouillerait devant moi et les yeux levés vers mois en disant : ‘Je t'aime, maître. Il n'y a que toi, maître'. Et c'est ce qui se passerait, et c'est ce qui serait. Parce qu'un vrai ZOMBI ne pourrait pas dire quelque chose qui n'est pas, seulement quelque chose qui est. Ses yeux seraient ouverts et transparents, mais il n'y aurait rien à l'intérieur qui voie. Et rien qui pense. Rien qui juge. » (p. 47) Hélas, ce fantasme de domination et cette excitation macabre n'aboutissent jamais, car toutes les opérations ratent. Cependant, Q. P. ne cesse pas de chercher celui qui deviendra son zombi.

Joyce Carole Oates est la reine du malaise et de la chute qui glace le sang, comme je l'ai constaté souvent et récemment dans Daddy Love. Q. P. sera-t-il puni ? Son oeuvre sordide sera-t-elle découverte et punie ? Lisez ce très court roman pour le savoir, de préférence pas après un bon repas. Nausées garanties ! le récit est souvent porté par un débit ininterrompu dont on ne sait pas s'il est monocorde ou excité. Il traduit des pensées confuses, inachevées et entrecoupées, fortement malades et une personnalité changeante et double. « Et puis se débarrasser. le poids de. Si LOURDS. Comme s'ils le faisaient exprès, qu'ils RÉSISTENT. » (p. 81) C'est difficile à écrire, mais j'ai beaucoup aimé ce roman. Cela dit, je vais enchaîner avec un truc genre Bisounours…
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