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3,44

sur 274 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bram Stocker 1995 Prix du meilleur roman : Zombi de J C Oates !
Si ma culture littéraire s'étendait au delà de quelques rizières , j'aurais associé Dracula à ce prix et aurais su à quoi m'attendre . mais voilà, je ne savais pas . Et , mon Dieu, quelle claque!
C'est clair , depuis Ciao Connard , oeuvre complétement déjanté et déroutante, je n'ai rien lu de si "trash'.
Q...P... vient d'un milieu aisé. Son père est une sommité universitaire , sa soeur directrice d'école. Petit polo, mocassin à glands et brushing américain des années 80.
Q....P... lui est juste gardien d'immeuble, même s'il suit des cours d'ingénierie dans la fac locale.A 30 ans.
Parce que Q...P...a un peu déconné sur un mineur et qu'il est en liberté conditionnelle pour deux ans. Cela se passe bien. Il est poli, tond la pelouse de mamie et semble courtois avec son entourage.
Mais Q... P... a un rêve. Se fabriquer un Zombi, qui lui dirait "oui maitre, je suis à toi, encule moi". (Ce n'est pas du moi mais de madame Oates, je ne me permettrais pas :) ).
ça tombe bien , il tombe sur un document qui lui explique comment attaquer le cerveau à partir du globe oculaire ! En avant l'aventure !

C'est un livre à ne pas mettre entre toutes les mains, mais je suis admiratif devant le texte livré et cette immersion de l'auteur dans la peau de son personnage. le style , la folie latente, les apparences, la société qui passe à côté et derrière cette question des délinquants sexuels dans la nature et l'offuscation générale à la récidive.
Dire que ce livre est dérangeant, c'est un euphémisme . Mais le travail de l'auteur est remarquable.
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C'est curieux comme il arrive que l'on se fasse de fausses idées.

Ainsi, je m'étais imaginé que Joyce Carol Oates était une auteure de romans sentimentalo-intellos, une sorte de Danielle Steel pour lectrices de Télérama.*
D'où me venait cette idée ? Mystère, peut-être une simple confusion, erreur sur la personne...
Enfin bref...

Avec Zombi, nous sommes très loin du roman à l'eau de rose, intellectualisant ou pas !
Dans ce roman, l'auteure donne la parole à Quentin, qui d'ailleurs ne parle de lui que comme Q... P...

Q... donc, est un trentenaire fils d'un universitaire, il pourrait être le produit standard de la classe moyenne blanche américaine, mais Q...est un jeune homme "spécial".

Il ne rêve pas d'une belle carrière d'une charmante épouse, et d'une maison au bord d'un lac pour ses vieux jours.

Son grand projet, c'est de créer un zombi, il n'est pas adepte du vaudou, il veut un esclave sexuel tout dévoué.
En cela, il rejoint un certain Jeffrey Dahmer, dont l'auteure s'est manifestement inspirée.

Et la morale dans tout cela, Q...est-il puni..?
Cela, je ne vous le dévoilerai pas, sachez juste qu'on le soigne...

Bien joué Mme Oates, vous nous démontrez, s'il en était besoin, que les femmes écrivent des romans aussi dérangeants et malsains que leurs collègues masculins.

*Je sais, ce n'est pas gentil pour Danielle Steel.
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La force de Joyce Carol Oates, outre son indéniable don de créatrice et son incontestable talent de plume, c'est, pour moi, sa capacité à se réinventer en permanence... quitte à se "planter"... ce qui, convenons-en, fait plutôt figure d'exception dans son oeuvre magistrale et variée.
Fi des romans fleuves dépassant largement les 1000 pages de lecture, - Zombi - paraît presque "minuscule" à côté de ce que l'écrivaine nous propose fréquemment.
Que sont en effet pour cette habituée des trails littéraires que 185 pages largement "aérées" et agrémentées de nombreux dessins à l'encre de Chine ?
Rien... a priori...
Mais beaucoup lorsqu'il s'agit d'entrer dans la tête d'un serial killer homosexuel et pédophile, à moins que l'exercice ait consisté à le faire sortir de ses propres entrailles, accoucher d'un de ses propres démons ( s'adresser à monsieur Freud pour tenter d'en apprendre davantage !), de le faire parler, de lui donner la parole... à moins que ce soit lui qui s'en soit emparé...Et là, je salue l'artiste qui a su ( c'est un de ses nombreux talents ) trouver un verbe, une langue, une syntaxe, un lexique, une grammaire, une ponctuation, un rythme, un souffle tout à fait originaux, voire bluffants, à son personnage.
Le personnage en question est le fils cadet... il a une soeur, Junie, de cinq ans son aînée, proviseure d'un établissement scolaire coté... d'une famille bourgeoise ; des notables nantis qui ont le bras long.
Et il faut posséder un certain pouvoir, avoir les moyens, pour sortir ce fils qui vient d'agresser sexuellement un gamin noir de douze ans, des griffes de la justice.
Une justice qui le condamne à deux ans de prison avec sursis et deux ans de mise à l'épreuve.
La famille qui possède des biens et en l'occurrence un immeuble dont elle loue les studios qui le composent à des étudiants étrangers, donne à Quentin qui s'appelle Q...P, la possibilité de repartir à 31 ans, de zéro, de se refaire, socialement, une "virginité", en travaillant comme gardien de l'immeuble familial, tout en suivant des cours à l'IUT tout proche, espérant faire de leur rejeton un ingénieur en "quelque chose"...
Pour cela, le jeune homme qui a fauté... mais à qui la famille veut offrir l'occasion de se racheter et de préparer son "avenir", compte sur un psy de leurs amis, sur un agent de probation, un groupe de parole et sur l'avocat de la famille, grâce auquel Q...P a bénéficié d'une peine légère.
Ça, ce serait envisageable si Q...P n'en était qu'à sa première "faute", qu'à son premier délit, qu'à sa première agression qu'à sa première victime.
Or, c'est très/trop loin d'être le cas ; et tout le monde est dans l'ignorance.
Il y a déjà d'autres précédents : "YEUX-RAISIN", "PATTES-DE-LAPIN", BALAISE, SANS-NOM... ÉCUREUIL(?)... d'autres ZOMBIS passés et à venir(?)...
Ce qui obsède Q...P, c'est ce désir permanent, cette pulsion impérieuse de posséder des esclaves sexuels, des ZOMBIS...
Pour ce faire, il a trouvé dans ses lectures, un moyen infaillible : la lobotomie transorbitale.
Comprenez-par là que, substituant au leucotome chirurgical, un pic à glace stérilisé sur la plaque chauffante de sa cuisinière, il se fraie un chemin à travers les orbites de ses cobayes jusqu'aux lobes frontaux de ses victimes, lobes frontaux dont les fibres sectionnées matérialiseront son rêve de zombification de ses sujets.
Et son rêve de zombification, il l'explique ainsi :
"Un ZOMBI ne jugerait pas. Un ZOMBI dirait : "Dieu te bénisse, maître "Il dirait : "Tu es bon, maître. Tu es généreux & miséricordieux." Il dirait : " Encule-moi à me défoncer les boyaux, maître. Il mendierait sa nourriture & il mendierait l'air qu'il respire. Il mendierait la permission d'aller aux toilettes pour ne pas souiller ses vêtements. Il serait toujours respectueux. Jamais il ne rirait ni ne ricanerait ni ne froncerait le nez de dégoût. Il lécherait avec sa langue comme demandé. Il sucerait avec sa bouche comme demandé. Il écarterait ses fesses comme demandé. Il ferait l'ours en peluche comme demandé. Il poserait sa tête sur mon épaule comme un bébé. Ou je poserais ma tête sur son épaule comme un bébé..."
Nul besoin de "psychiatriser". Cette obsession plusieurs fois répétée ( énoncée ) dans le roman, nous dit beaucoup de la psyché de Q...P.
Comme il est de mon habitude, j'essaie autant qu'il m'est possible de ne pas trop dévoiler de l'histoire de cette lecture qui sera peut-être vôtre un jour prochain.
Je tiens cependant à ajouter que, ( c'est un marqueur de l' oeuvre de JCO ), l'histoire de ce serial killer s'inscrit dans un contexte, une époque, un pays, sa sociologie, son histoire, sa culture ses moeurs.
Q...P ne pourrait pas être tout à fait ce qu'il est ni faire tout ce qu'il fait s'il n'était aidé "involontairement" par une famille bourgeoise, qui a pignon sur rue, qui place les apparences en tête des vertus sociales cardinales, et ainsi, à l'insu de son plein gré, par un effet domino, crée les conditions qui permettent à Q...P de vivre sa psychopathologie quasiment dans l'impunité.
C'est amoral ?
Bien évidemment !... à l'image du monde que nous avons créé et auquel nous ne voulons apporter aucune correction.
Une immersion déstabilisante, oppressante, frustrante dans le monde de nos démons.
J'ai néanmoins voulu garder un espoir quant à l'absurde de ce monde, absurde souvent trahi par et pour ce qu'il est.
Q...P a une faille ; il collectionne des "souvenirs" de ses ZOMBIS. Eux et les preuves de leur fin tragique ont disparu. Que deviendront ces "souvenirs" ?...
J'ai aimé.
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Zombie
Traduction : Claude Seban

Roman relativement court puisqu'il ne dépasse pas les cent-quatre-vingt-quatre pages en édition du Livre de Poche, "Zombi" possède le froid et l'impitoyable tranchant d'un couteau de boucher. Je ne dirai pas "scalpel" puisque Oates limite son intrigue au premier meurtre, demeuré impuni parce que non découvert, de son anti-héros, Q ... P ..., et que celui-ci, en dépit d'une préméditation que le lecteur découvre avec une horreur croissante, en est encore à tâtonner pas mal sur la voie du crime en série.

C'est donc un serial killer non pas néophyte mais encore en phase de "formation" que nous décrit la romancière. Les brouillards de son esprit et de son âme sont d'autant plus impénétrables que Q ... P ... est et restera notre seule "voix" de référence. Tient-il un journal ou ne s'agit-il que de ses pensées auxquelles Oates, par l'autorité de l'écrivain, nous donne accès sans autre forme de procès ? On ne le sait pas mais le résultat fascine autant qu'il angoisse.

Non sur l'instant - enfin, certainement pas pour celles et ceux qui s'intéressent au phénomène des tueurs en série et ont déjà lu des ouvrages, documentaires ou pas, sur le sujet - mais une fois le livre refermé et rangé. En effet, "Zombi" ne connaît pas l'espoir.

Q ... P ... n'est pas mauvais, au sens où l'entendent la plupart des religions et le commun des mortels, non, il est simplement fait comme ça : tel un enfant de six ans qui souhaite désespérément qu'on lui offre un jouet bien précis, notre anti-héros veut se procurer une sorte d'esclave lobotomisé qui lui obéirait sans états d'âme. Viscéralement incapable de songer à la douleur infligée par son délire aux uns et aux autres, il ne songe qu'au meilleur moyen d'obtenir ce qu'il désire. Non, répétons-le, il n'est pas mauvais : il n'a aucune notion du Bien, ni du Mal, c'est tout, et à peine celle de l'Interdit, un interdit qu'il ne comprend pas du tout et qu'il cherche simplement à contourner.

Pourtant, il est loin d'être idiot et sait très bien calculer et prévoir, mais toujours en fonction de ce que ces prévisions peuvent lui rapporter - ou lui éviter de fâcheux. Sinon, c'est le néant. Claquemuré dans un monde que les psys peinent à saisir, il avoue lui-même, avec une innocence étrange, ne pas avoir de rêves.

Sur son passé, Oates nous donne le minimum de détails : un père à la carrière de chercheur et d'universitaire exemplaire, une mère attentionnée, une soeur aînée brillante et une grand-mère aimante. "Un peu trop de femmes," entonnera certainement le choeur des psys. Sans aucun doute mais cela n'explique en rien l'abîme qui dort en Q ... P ...

Raffinement suprême, Oates pousse le sadisme envers son lecteur jusqu'à lui instiller goutte à goutte la certitude que, au-delà l'apaisement de ses désirs sexuels, Q ... P ... recherche en l'acte de tuer quelque chose qui nous dépasse tous, lui y compris, et dont il nous est impossible de nous faire une idée claire.

C'est en cela que "Zombi" est terrifiant, d'autant qu'il se termine sur la vision d'un Q ... P ... pour qui le meurtre va devenir une routine. En d'autres termes, le pire est à venir et Joyce Carol Oates vous laisse l'imaginer à loisir.

Du grand art. ;o)
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Zombi est une des fictions les plus effrayantes qui m'ait été donnée de lire.
Pourtant, du thriller, de l'horrifique, j'en ai pratiqué, et ma PAL me réserve à l'avenir encore de belles surprises du genre...
Mais là, ce livre-là, il est fantastiquement insoutenable.

Quentin est un jeune trentenaire, issu d'une famille bourgeoise, qui a connu quelques déboires ; du moins, de son point de vue… Il a en effet été reconnu coupable d'une agression sexuelle envers un jeune mineur et soumis à deux ans de probation. Soutenu par sa famille qui veut croire en un simple accident de parcours, il occupe un emploi de gardien dans une des propriétés familiales, convertie en résidence pour étudiants étrangers.
Il suit une thérapie, rencontre régulièrement son agent de probation, entretient des rapports en apparence ordinaires avec ses locataires ou sa famille. Mais derrière cette façade sociale construite de toutes pièces, et avec efforts, se cache un tueur en série à l'ambition claire : créer son propre zombi, un esclave personnel à jamais soumis à ses fantasmes et imaginé comme suit : « Un vrai ZOMBI serait à moi pour toujours. Il obéirait à tous les ordres & les caprices. En disant « Oui, maître » & « Non, maître ». Il s'agenouillerait devant moi les yeux levés en disant : « Je t'aime, maître, il n'y a que toi, maître. ». Et les essais s'enchaînent...

Comment ne pas penser à Jeffrey Dahmer dont j'avais lu l'histoire grâce à Derf Backderf. Vrai, la référence de base est déjà terrible mais ce récit réussit à aller au-delà… Déjà parce que le récit est à la première personne, comme une entrée directe dans l'esprit dérangé du jeune homme ; ensuite parce que l'écriture de Joyce Carol Oates installe avec un talent incroyable une sorte d'inconfort de lecture avec notamment l'utilisation de l'esperluette ou de petits dessins enfantins ; enfin, car l'aveuglement familial décrit combiné à la perversité de Quentin ne nous offre aucune sortie de secours.
C'est donc là un ouvrage d'une noirceur extrême qui nous laisse sans espoir ni explication. Pas de recul possible ni d'échappatoire, il ne reste que l'acceptation. C'est d'une froideur clinique, factuelle. C'est stupéfiant.
Cette auteure n'en finira jamais de me surprendre...
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Quentin est un homme d'une trentaine d'année qui n'a jamais pu affirmer sa tendance homosexuelle et s'est toujours senti sali par ses envies et rejeté à cause d'elles. Plus jeune, il a même dû plaider coupable dans une affaire d'attouchements sexuels sur mineur. Mais au fond, sa grand-mère voit en lui le petit-fils parfait qui tond sa pelouse, sa mère l'aime même si elle ne le comprend pas toujours. Son père, un peu déçu, l'épaule autant qu'il peut ; Quant à sa soeur, elle le voit comme le petit frère qu'elle doit sauver de la solitude et de l'ennui. Tous pressentent quelque chose de différent chez Quentin, voire de légèrement inquiétant peut-être ; Mais si chacun tente de l'aider à sa manière, aucun ne semble vouloir mettre trop de perspicacité à regarder en face sa réelle personnalité.


Le lecteur, lui, sait dès les premiers mots, dès les premières lignes que quelque chose cloche chez Quentin. Car Quentin est narrateur de cette histoire et, très vite, sa façon de penser, ses actes, ses plaisirs coupables, ses fantasmes affluent et se bousculent jusqu'à nous ouvrir totalement, et sans retenue aucune, les portes béantes de sa personnalité de tueur psychopathe. Une personnalité qu'il met toute son intelligence à cacher au reste du monde en évitant tout contact visuel, en essayant d'avoir l'attitude que les autres attendent de lui, en faisant tout pour passer inaperçu : de ses déguisements en passant par son métier tranquille, banal et planqué de gardien d'immeuble – qui lui laisse par ailleurs tout loisir de consacrer la cave et le grenier à ses plaisirs sadiques et ses projets follement meurtriers.


Mais ce n'est qu'après les 30 premières pages que vous comprendrez réellement le titre de ce roman (je fais vraiment des efforts pour ne pas spoiler, là…). Une explication glaçante car assez dingue pour exister dans la tête d'un psychopathe, un plan logique dans un cerveau malade…


*****

« Hudson River » m'avait fait découvrir le potentiel et l'atmosphère des romans de l'auteure, mais sans me convaincre totalement à cause de certaines longueurs et d'un personnage masculin difficile à aimer. J'ai donc décidé de retenter l'expérience avec un roman plus court. Et cette fois, j'ai été impressionnée par la capacité de l'auteure de raconter de manière crédible l'irracontable, voire l'inimaginable pour le commun des mortels. En peu de pages (210), elle parvient à nous projeter dans l'univers bien glauque de ce garçon en nous rendant accessible la conception d'horreurs que nous n'aurions pu concevoir sans entrer dans la tête du tueur.


Et pour nous y aider, l'auteure ne néglige aucun stratagème : syntaxe, typographie déséquilibrée et changeante comme les humeurs ou les facettes du personnage, séances de psy, thérapies de groupe, imitation d'un comportement normal, filatures et j'en passe. On est totalement dans le rôle ! L'auteure écrit comme pense son personnage, faisant de ce roman une véritable expérience de lecture, au même titre que la lecture du roman « Des fleurs pour Algernon » nous plaçait dans la tête d'un attardé mental qui, après une expérience scientifique, devient intelligent.


Une découverte intéressante et convaincante ; Un exercice difficile mais maîtrisé.

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Zombi est un livre écrit sous forme de journal, ou plutôt le recueil de pensées d'un psychopathe de la pire espèce.
Le détachement du narrateur lorsqu'il décrit les actes abominables qu'il commet est stupéfiant, et extrêmement bien rendu. Glaçant serait le mot approprié.
J'imagine que ce roman est à déconseiller aux amateurs de feel good et à toute personne effrayé par les bouquins de Maxime Chattham.
Sur l'échelle de l'abomination, on s'approche plutôt du Corps exquis de Poppy Z. Brite, même si le style n'a rien à voir. C'est quand même costaud dans l'extrême. Il m'a plutôt évoqué un film autrichien pour le moins perturbant, Angst (Shizophrenia), avec qui le roman partage le même détachement. À savoir que l'auteur n'explique jamais les agissements de son "héros", ni ne prend partie pour le tueur ou ses victimes. Un postulat qui fait la force de ce texte.
Un roman très court, presque une étude, que je conseille sans hésiter aux lecteurs qui ont un bagage solide en littérature gore / tueurs en série.

Malheureusement, la fin est abrupte et aurait sans doute mérité davantage de développement. Peut-être l'autrice ne supportait-elle plus son personnage, et on ne peut pas lui en vouloir...
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Quentin P., jeune trentenaire timide et paumé, . Depuis, Quentin se tient à carreau Et lorsque ce souhait tourne une fois de plus à l'obsession, Quentin est prêt à repasser à l'acte.

Zombi est un journal fictif : celui dans lequel Quentin P. se présente et nous fait part de ses pulsions les plus sombres et malsaines. Avec froideur, détachement et détermination, Joyce Carol Oates décrit les réflexions et les actes de ce jeune homme perturbé, qui parle de comme d'autres pourraient parler du temps qu'il fait ou de leur plat préféré.
Au bout d'un court moment de lecture, on en vient même à oublier que c'est un écrivain (femme de surcroît) qui se cache derrière ce récit et l'on a réellement l'impression de lire le journal intime d'un cinglé quelconque. le talent de cette grande dame de la littérature américaine contemporaine fait donc merveille, puisqu'elle parvient à s'effacer derrière un personnage particulièrement sombre et malsain. C'est morbide, mais fascinant et surtout très réussi !

Challenge Solidaire 2021 : 6/30
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J'aime beaucoup Oates, comme je le disais dans le billet à propos de la Fille du fossoyeur. J'aime la manière dont elle décrit les États-Unis, la proximité qu'elle parvient à créer entre ses personnages et ses lecteurs. Pourtant, ici, j'ai été vraiment mal à l'aise tout au long du roman. Dans Zombi, le narrateur est un meurtrier en série visiblement psychotique, obsédé par l'idée de créer un zombi qui le vénèrerait et lui obéirait en tout. Certains passages sont à la limite de l'insoutenable. Je sais bien, avec la télé et les séries on devrait être habitués à ce type de scènes, mais je n'ai pas la télé et j'ai du mal à lire une description froide et clinique d'une lobotomie au pic à glace sans avoir envie de vomir, ou de tomber dans les pommes, voire les deux à la fois. du coup, entre frissons et hauts-le-coeur je ne suis pas réellement certaine d'avoir apprécié ce roman à sa juste valeur. J'aime toujours autant l'écriture d'Oates, son côté précis et empathique, mais j'ai eu du mal à supporter la violence de Quentin. Il y a dans ce personnage un côté erratique, ni froid ni précis ni même organisé, qui me fait encore plus frémir que Dexter, par exemple. Il ne fait que suivre des pulsions, sexuelles la majorité du temps, voit toute autre personne comme un ennemi, hait le monde entier … et au final ça donne un univers probablement trop sombre et désespéré pour moi.

Sauf que, en fait, j'ai quand même apprécié ma lecture. Je crois que c'est ce qui me donne le plus de frissons. Moi, qui me considère comme psychologiquement plutôt normale (enfin, non, mais bon, vous voyez ce que je veux dire, je suis passablement tarée mais j'ai peu de pulsions meurtrières, et en tout cas il ne me viendrait pas à l'idée de les mettre réellement en oeuvre) j'ai apprécié de lire l'histoire d'un malade mental pervers qui viole et torture de jeunes hommes (voire garçons) pour satisfaire son ego. Est-ce que c'est ce qu'a voulu Oates ? Est-ce qu'elle a profondément désiré semer le doute dans l'esprit de ses lecteurs quant à leur santé mentale ? Si c'est le cas, c'est réussi ET C'EST PAS BIEN GENTIL ! En même temps, cette illustration de la présence de la folie tout autour de nous est réussie et, même si je ne la conseille pas aux âmes sensibles, elle mérite une lecture. Caché dans un coin, peut-être.
Lien : http://www.readingintherain...
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En s'inspirant très librement de Jeffrey Dahmer, auteur des meurtres de dix-sept jeunes hommes, Joyce Carol Oates met en scène Quentin P., fils d'une famille bourgeoise d'une petite ville du Michigan. Issu d'un milieu aisé, intelligent sans être surdoué mais effacé et peu sociable, Quentin est en période de probation après avoir été jugé coupable d'agression sexuelle envers un jeune mineur. Mais si malgré leur inquiétude à son sujet ses parents, sa soeur et sa grand-mère veulent croire à un moment d'égarement, Quentin n'a pas abandonné ses fantasmes. Au contraire, et c'est lui qui nous le raconte dans ce récit haché et halluciné à la première personne, il envisage de créer son propre zombi. Un esclave sexuel à demeure. Et pour cela il compte sur sa capacité à pratiquer artisanalement la lobotomie transorbitale.
Figure dorénavant incontournable de l'imaginaire américain, au même titre que la Cadillac ou le Coca Cola, le tueur en série est aussi devenu la tarte à la crème des cinéastes et romanciers, pour le meilleur parfois, mais le plus souvent pour le pire. Côté littérature, on retiendra notamment le Dragon rouge de Thomas Harris et surtout Un tueur sur la route, de James Ellroy. Et, c'est heureux, c'est plutôt de ce dernier que se rapproche Joyce Carol Oates avec Zombi.
En se glissant dans la tête du tueur, Oates se livre moins à une recherche de ce qui fait, qui forme, un tueur en série, qu'à une étude intime de son comportement avec ce que cela peut comporter de crudité et d'incohérence dans la pensée et le comportement. L'exercice est difficile, propre à tourner, s'il est mal maîtrisé, à l'inventaire horrifique et voyeuriste, mais l'auteur arrive à trouver un équilibre, à en dire et en montrer assez pour rendre son récit glaçant sans pour autant verser dans l'exhibition gore gratuite. Car s'il ne sait pas – et ne se demande même pas – pourquoi il agit ainsi, Quentin est bien conscient que ce qu'il fait est mal. Et, d'une certaine manière, sans renier ses fantasmes et ce qu'il est, il se voile la face, ne serait-ce que pour pouvoir faire bonne figure lorsqu'il doit se confronter aux autres ; ses parents, son agent de probation, son psychiatre, ou les locataires de l'immeuble de rapport familial dont il est le gardien.
Cela donne un livre étrange, inconfortable et malsain, mais aussi fascinant – parce que, en fin de compte, on peine toujours à lutter contre nos tendances morbides et voyeuristes. Et surtout, c'est un bel exercice d'écriture de la part de Joyce Carol Oates.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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