Roman des
Editions Gallmeister * --- J'apprécie beaucoup ces Éditions*; certes, j'aime ou n'aime pas le livre lu; mais, à quatre-vingt-dix pour cent, c'est original, curieux, dépaysant, bien écrit, style clair, poétique, jamais alambiqué, ... ce qui n'empêche nullement des actions violentes et moments durs. ---
Comment résister à un livre qui débute ainsi : "Tucker marchait depuis six heures dans la brume rampante dont les vagues chatoyaient au petit matin."
J'ai accroché de suite; doux, poétique; dur, âpre, mais de très bon aloi.
Est décrite la vie de Tucker, élevé dans la forêt montagneuse des Appalaches; il est simple, droit, honnête, loyal, foncièrement bon; porté et dirigé, ses parents les lui ont inculquées, par les valeurs de la terre, de la famille, de l'honneur.
Personnages des plus pauvres, jusqu'à la misère; ballotés par la vie et ses mauvaises rencontres, subissant très souvent l'injustice; confrontés parfois à la vengeance, en butte aux malfrats, corruption, violence.
Mais constamment mus, Tucker surtout, par un souci d'humanité inné, une naturelle acceptation sans condition de l'autre, l'amour de la nature omniprésente dont il tire après observation, enseignements et sérénité.
Tucker traverse la vie, droit dans ses bottes, sans donner prise aux évènements, sans se laisser abattre par cette constante et terrifiante adversité, qui, irrémédiable la plupart du temps, n'arrive cependant pas à le déstabiliser : il n'en devient ni mauvais, ni vengeur, ni atteint de folie, mais continue simplement, sans extrapolation, sa ligne de conduite : protéger les siens et réclamer son dû.
Et il ne s'agit aucunement chez lui d'un manque d'imagination, ni de craintes, ni de fonctions handicapantes, mais d'une attitude de vie : la fin de l'histoire, formidable de véracité, en témoigne !
Roman épuré, aucune longueur, aucune faiblesse, aucune indolence; l'amour sous toutes ses formes porté par un poétique souffle épique.
Je terminerai par une citation, inconnue à ce jour, et à laquelle je ne résiste pas, car elle est une peinture du ton du récit; de part le monde, on pouvait entendre :
*En la profonde campagne : "elle a ses lunes, ses ragnagnas, ses rougets." - *A la Réunion : "elle a son z'affaires". - *A l'hôpital : "elle a ses règles, ses menstruations" …
Chris Offut écrit :
"Malade ? Pas vraiment; elle a ses coquelicots."