Le Fleuve Shinano est un seinen manga réalisé par
Kazuo KAMIMURA (Lady Snowblood, Une femme de Shôwa, le Club des divorcés)
Hideo OKAZAKI. Au Japon, l'oeuvre fut publiée pour la première fois en 1970. En France, une première édition en 3 tomes parut en 2008, avant une réédition en une intégrale de 18€, en août dernier, dans la collection Sensei des éditions Kana. Honte à moi, mais cette oeuvre est ma première lecture de
KAMIMURA, un maître mangaka respecté depuis 10972 avec son Lorsque nous vivions ensemble. Si l'envie de lire Lady Snowblood a toujours été présente en moi, je n'ai jamais franchi le pas. Il faudrait d'ailleurs que je le fasse puisque les éditions KANA ont réédité cette histoire en une intégrale également. le récit se déroule en 1930, où les mangakas nous invites à suivre la vie de Yukie dès son plus jeune âge en pleine campagne. Son père étant un riche commerçant, Yukie possède un statut de “privilégié”, ce qui au contraire de l'idée qu'on peut en avoir ne lui rendra pas forcément service tout au long de son existence. le contexte difficile de l'époque, entre deux-guerre, impose directement un ton dramatique surtout en le plaçant sur les rives du fleuve Shinano sujet à des inondations fréquentes, se révélant fatales pour ses habitants. le coeur du récit se situe dans les histoires d'amour troublantes de notre héroïne au caractère souvent contraire à ce que la norme de la société de l'époque attend des personnes, notamment d'une femme. C'est ainsi que nous la voyons évoluer dans des histoires libertines et passionnelles dès son adolescence. Elle entretiendra, par exemple, un relation charnelle et interdite avec un de ses professeurs de pensionnat.
Chaque amour qui rythme l'existence de Yukie se veut passionné, trop même, jusqu'à la conduire à l'abandon de sa personne pour se dédier corps et âme à celui qu'elle aime. Nul besoin de dire que chacune de ses histoires se finit mal. Mais il serait injuste de ne jeter la pierre qu'à cette jeune femme puisque dans une relation on est en général deux. Corrompue par des adultes censés avoir une morale plus proche de ce que dicte la loi,
KAMIMURA, ne se gêne pas pour pointer les vices de chacun de ses hommes. La narration est agréable et très poétique, avec une grande part de mélancolie sans faire dans l'excessif inutile. La notion de drame passe par le portrait que les auteurs dressent de ce Japon de l'époque, à travers la lente chute d'une femme n'écoutant que les sentiments qui l'animent quitte à choquer la bienséance. À noter que certains passages seront parfois rudes puisqu'il y est question de viol, de scènes à caractère sexuelle (vous vous en doutiez vu ce que j'en ai dit…), de dépression et aussi de suicide. de ce fait, ce manga de plus de 700 pages se doit d'être lu en étant averti avant. le dessin est sobre mais beau, avec une touche de sensualité ici et là qui vient ravir nos yeux. le trait est exécuté avec précision et finesse, rendant justice au scénario. La mise en scène se tient avec une poésie, et nous offre des moments forts. L'édition intégrale par Kana est magnifique, et ne souffre d'aucun défaut. En conclusion, le Fleuve Shinano est une histoire audacieuse et troublante, avec une approche artistique d'un drame social et relationnel mené par les mains de
Kazuo KAMIMURA et
Hideo OKAZAKI impressionnants d'intelligence. Une oeuvre éclatante de modernité malgré ces 50 ans d'âge.
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