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EAN : 9782723437400
56 pages
Glénat (05/11/2002)
3.5/5   3 notes
Résumé :
Dans un état totalitaire où l'on veut contrôler les faits et gestes de chacun, il n'est pas toujours facile de justifier la surabondante présence policière. C'est pour cela qu'on a fait appel à un épouvantail public, sorte de Jack l'éventreur de carnaval chargé de faire « BOUH » à la populace. Flanqué de son fidèle complice canin, il course les badauds, disperse en gesticulant les attroupements suspects. La joie d'un travail bien fait. Mais l'épouvantail reçoit une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ça ne va pas être simple. J'ai envie de rugir : cet album est incontournable ! Ne passez pas à côté de ce joyau ! Pourtant, en mon for intérieur, je sais que c'est loin d'être aussi vrai. Il ne rencontrera pas toute l'adhésion qu'il mérite. Affaire de tripes. Moi, c'est avec le bide que je l'ai aimé. Et je me demande encore comment bien l'expliciter.

Les augures sont chagrins : dès l'ouverture, un ersatz de monsieur Jack jacte de peur, de répression et d'état autoritaire. Une approche esthétique aux extérieurs de conte grand-guignolesque, mâtinée d'une thématique totalitaire, et en à peine une page, l'oeuvre esquisse deux audacieux univers, d'autant plus casse-gueules qu'ils sont sous l'influence de beaucoup de papas. Je devrais dire papes. L'invocation des Burton, Orwell, Moore, Selick, Gaiman ou autre Huxley, attise mon souvenir du génie de leurs créations. La bande dessinée va fatalement se perdre dans les méandres du déjà-vu, déjà-lu, et la comparaison va faire bobo.

Ça démarre pourtant pas mal. J'adhère volontiers au trip, en particulier grâce au graphisme ensorcelant et à ce monstrueux format qui me catapulte ses planches grandioses au visage. Virée bucolique dans un monde pessimiste, sinistre à souhait. Mon guide est un épouvantail humain. Échalas masqué, instrumentalisé par l'entité gouvernante afin de terroriser la populace, entretenir la terreur collective et ainsi légitimer la surabondance oppressante de l'appareil policier. Frais licencié, mis au rebut pour un succédané industriel à l'efficacité plus sanguinolente, notre disgracié s'accorde quelques embardées fantastico-mystiques et s'exhibe outlaw indomptable puis fantôme inconsolable. L'histoire se métamorphose en poème lugubre, expose l'amour de l'intangible Roméo à la bobine cassée pour sa Juliette captive d'un asile pouilleux. Entravée, la prisonnière hallucinée hurle dans un effroi infini, son crâne fêlé, saturé de psychoses, repaissant le système despotique et sa nouvelle machine à répandre l'horreur. le récit suit son destin chaotique, et je flotte dans une sorte de contemplation morbide, spectateur de fougues graphiques que je prends, à tort, pour des effets de manche, mais... stop ! Depuis un moment, moult détails me sautent à l'inconscient. Je me suis montré désinvolte, et il y a autre chose, j'en suis sûr. Rewind...

Je n'avais pas tout vu, à présent je vois trop. Déjà l'emblème. Solennel, répétitif, propagandiste. Un oeil stylisé surmonté de trois barres verticales. Et je pense Reich, Big Brother, forcément. Je soupçonne des arrière-pensées dans la plupart des scènes, des symbolismes à tous les coins de cases. Les rêvasseries affluent. J'entends du Floyd. Bowie, entêtant, me squatte la tête. Je songe à « La ferme des animaux », j'entrevois des allusions au petit livre rouge. J'imagine tellement, bien plus que ce que les auteurs y ont réellement mis. Mais je m'en bats les raisins. C'est viscéral. Ce coup-ci, je suis dedans. Connecté, je capte le message, l'allégorie générique. Cet emblème ! J'y repense soudainement comme un troisième oeil : matons-nous le nombril et surtout l'arrière-fond. Dans le hideux miroir se reflètent l'éternel dilemme de l'absurdité de l'existence et le statut de victime consentante. Geôliers, prisonniers de nous-mêmes, de notre égoïsme, de notre lâcheté, de notre ambition, de nos solitudes, de nos angoisses et de nos haines, nous sommes tous des moutons. Nos tares, nombreuses, éclectiques, engendrent et encouragent de méchants bergers, avec leurs vilains clébards.

Tiens, à propos de toutou, je l'avais loupée. L'incarnation de la solitude dans le transfert affectif vers le compagnon quadrupède. Mais toi, sympathique épouvantail, tu l'as prise en pleine bille cette parabole, quand la mort de l'ami canin dénude l'atrocité de ton isolement ! Tu erres, anéanti. Tu t'évapores. Et quand bien même, dans un dernier sursaut, tu te rebellerais, il suffira que l'on t'offre une porte de sortie, une petite part de bonheur individuel pour que tu cèdes à tes illusions. Tu rejoins le troupeau et tu bêles, encore plus fort. Rien n'a changé. Tu n'en as même pas conscience. Mais qui suis-je pour t'accabler ?

Je le sais, beaucoup jugeront les métaphores superficielles, éparses, particulièrement élémentaires, voire un poil lourdingues. Un fardeau de questionnements qui apporte peu de réponses. Oui, on a vu, on a lu mieux. Néamoins, les jalons que j'ai cru percevoir me font éprouver la peinture d'un imaginaire générationnel (je me rends compte que l'auteur a quasiment le même âge que moi). Les réminiscences de références, de thèmes chers à une époque et ses rognes adolescentes maladroites, mais sincères. Moins qu'un discours, une mise en garde figurative qui m'a fourré des musiques plein la tête. Analyse capilotractée ? Peut-être me joué-je de la flûte ? Qu'importe ! La madeleine subjective et ses ponctuations visuelles m'ont bousculé les entrailles. Omond m'a tué.

Beuzelin me ressuscite. Je reviens sur ce grand format qui me rend « carrément » dingue. Un cadeau au talent du dessinateur. Je peux savourer toute la splendeur de son trait nerveux, fragile et gracieux. Il forge un cauchemar éloquent nourri à l'énergie des images somptueuses, de leurs couleurs violentes, et rythmé par l'onirisme torturé ou émouvant qui émane de ses tableaux.

Couvre-feu !
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