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sur 9884 notes
C'est dans les marais autour de Barkley Cove, petite ville de Caroline du Nord, que grandit Kya, auprès de ses frères et soeurs et de ses parents. Leur vie est rude, leur maison est une masure, le père, infirme de guerre, taquine volontiers la bouteille et bat sa femme comme plâtre. Un jour, elle craque et s'enfuit, laissant ses enfants derrière elle. Pour Kya, ce premier abandon sera suivi de nombreux autres. La fratrie essaime, le père prend la tangente et la petite fille se retrouve seule dans les marais. Il va lui falloir survivre, apprivoiser la solitude, échapper aux services sociaux et supporter la méchanceté des habitants de Barkley Cove. Malgré l'adversité, Kya saura trouver dans la nature qui l'entoure un havre de paix, des ressources pour le corps et l'esprit. Et puis, certains sauront passer outre les préjugés et lui venir en aide. Pourtant, celle qu'on appelle ‘'la fille des marais'' n'accorde pas facilement sa confiance, par peur de l'abandon et de la trahison.

En entrant dans le marais, il faut laisser tomber le réalisme, la vraisemblance, et voguer sur la barque de Kya, nourrir les oiseaux, observer la nature, la respecter, vivre en harmonie avec elle. le marais et Kya font corps et illuminent un roman par ailleurs désenchanté. Car si la nature est bonne, si le marais, hostile aux étrangers, reconnait les siens et sait se faire accueillant, il y a malheureusement les humains. Et ils sont rares ceux qui cultivent la bienveillance, la tolérance, la gentillesse. Solitaire depuis l'enfance, Kya a soif d'amitié et d'amour, elle accordera sa confiance par deux fois, et par deux fois sera trahie. Cette vie hors norme laisse au lecteur un sentiment doux-amer. Kya, belle et sauvage, Kya la guerrière, nous touche au coeur. On vibre, on pleure, on souffre avec elle. Et surtout, on la suit sur les chenaux mystérieux de son marais, on s'extasie de la beauté de ce lieu préservé, silencieux mais bouillonnant de vie.
Avec ce roman poétique et délicat, Delia Owens nous emmène dans les pas d'une héroïne émouvante et libre qui sait que l'essentiel est de savoir écouter le chant des écrevisses.
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Catherine Danielle Clark. Kya. La fille des marais.
Caroline du Nord, Barkley Cove.
À 10 ans, Kya apprend à vivre seule, dans une cabane délabrée et isolée. C'est toute sa famille qui l'a abandonnée : d'abord sa mère alors qu'elle a seulement six ans, puis les aînés l'un après l'autre et enfin son père, cet homme violent qui avait fait fuir sa femme des années plus tôt. le marais devient sa mère nourricière, les oiseaux ses amis. Jumping et Mabel, des noirs aussi pauvres qu'elle, la prennent en pitié et l'aident autant qu'ils peuvent. Tate, un gamin de Barkley Cove, lui apprend à lire, puis part faire ses études et l'abandonne à son tour. Une mauvaise rencontre et…

Dans ce magnifique roman, nous suivons Kya de son plus jeune âge à sa mort. Elle m'a subjuguée, face à l'adversité, elle se relève encore et encore. Elle observe, étudie méticuleusement son environnement, s'adapte. La sauvageonne apprivoise les éléments. Elle apprend à faire fi des préjugés de la petite société bien pensante de Barkley Cove, à apprécier la solitude de son quotidien, la vie au sein des marais. L'auteure est biologiste et cela se sent. Elle nous mène « Là où chantent les écrevisses », ce lieu où la nature reprend ses droits, tous ses droits sur l'Homme. L'univers de Kya.

J'ai beaucoup apprécié la plume de Delia Owens, l'immersion dans le marais est totale, sa découverte fascinante. Kya a l'étoffe des grandes héroïnes : belle, sauvage, indomptée, libre, farouche, naïve, résiliente et fragile à la fois. Une superbe histoire, dramatique et poétique. Ce livre question émotions, c'est un tour de manège, de montagnes russes : une envolée avec les oiseaux et hop une plongée dans les canaux du marais. Votre coeur va s'emballer, parfois naviguer en eaux troubles et vibrer, VIBRER...

Un seul bémol, l'auteure m'a un peu perdue dans la dernière partie de l'histoire que je n'ai pas trouvée si cohérente, une fin qui m'a paru presque hésitante. Comme un pas de danse. Un pas en avant, puis un en arrière. Mais cela reste un coup de coeur et Kya une de mes plus belles rencontres. Je vous recommande ce livre sans aucune hésitation.
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Traduit de l'anglais par Marc Amfreville

Oh, que j'ai trouvé cette enfant attachante !
Kya, "la Fille des Marais", comme l'appellent avec dérision les habitants de Barkley Cove en Caroline du Nord, a été livrée très jeune à elle-même.
Petit à petit, toute sa famille l'a abandonnée, même Tate, son seul ami.
La confiance qu'elle aurait pu avoir en l'espèce humaine l'a abandonnée, elle aussi. Son seul refuge, son seul réconfort, ce sont les marais, sa faune et sa flore. Elle en connaît tous les coins et recoins, elle s'en nourrit, même.
Bien des épreuves l'attendent, dans cette grande solitude.
Je me suis plongée avec Kya dans cette nature aussi sauvage qu'elle, j'ai navigué avec elle dans tous ces canaux, j'ai évité le monde et je m'en suis très bien portée.
Un très beau livre, une belle lecture pleine de poésie, un suspense, aussi, et une fin...surprenante.
Je vous le recommande.
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«Là où chantent les écrevisses» est une expression familiale que la mère de Délia Owens lui disait quand elle était enfant : «Ce que ma mère évoquait par là, c'est que si j'allais assez loin dans la nature, seule, et que je la ressentais vraiment, alors j'entendrais les écrevisses chanter. En d'autres mots, il fallait que j'écoute ce que la nature avait à me dire».

Ses connaissances en biologie et zoologie vont permettre à l'auteure de nous rendre à la perfection cette atmosphère si particulière des marais. L'intrigue, somme toute assez simple, va être transcendée, sublimée par cette ambiance si bien recrée. Cette nature palpable, ne faisant qu'un avec l'héroïne.

Ce roman est construit sur des allers-retours entre l'enfance de Kya et une intrigue policière se déroulant dans la petite ville proche des marais, quelques années plus tard.

Abandonnée seule dans les marais, petit à petit par tous les membres de sa famille, Kya va se débrouiller seule. Déçue par le genre humain et perdue, le marais va devenir tour à tour sa famille, son confident, son refuge, pour finalement fusionner avec elle. Kya puise toute sa force dans ces marais. Cette force qui lui permettra de survivre, de se nourrir, qui l'aidera à faire face aux préjugés, à l'abandon et à la solitude.

Méprisée de toute la petite communauté de Barkley Cove, ville côtière de caroline du nord, seuls Jumping, sa femme Mabel et Tate l'ami d'un de ces frères, vont se préoccuper d'elle et la soutenir. Tate connaissant son vécu va l'aider du mieux qu'il peut et lui apprendre à lire, lui ouvrant par là-même d'autres horizons.

Délia Owens nous dépeint avec justesse et simplicité, une histoire où se mêlent tour à tour fraîcheur, candeur, gravité, solitude et souffrance.

N'hésitez pas à pousser la porte de Kya, même si elle n'est pas là elle n'est jamais bien loin. Et laissez vous charmer par le monde envoûtant de «son marais».
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Ma meilleure lecture 2020. Qu'est-ce que c'était beau et touchant! Et cette plume! Magnifique! Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas senti aussi proche d'un personnage de roman. Et ça fait du bien. J'ai refermé ce livre avec beaucoup de mélancolie. Je sais bien que la magie n'opèrera pas sur tout le monde, mais en tout cas, futur lecteur, je te la souhaite de tout mon coeur. Lu en VO.
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J'ai apprécié ma lecture mêlant plusieurs thèmes qui m'intéressent : la nature, la solitude, l'amour et également une enquête policière.

Delia Owens nous livre le portrait de Kya qui, très tôt est abandonnée par tous les membres de sa famille. Ils la lassent dans la maison au fin fond du marais. Enfant, Kya va devoir se débrouiller seule et va tout de suite rejeter la société pour vivre au sein de la nature.

Les marais sont là pour elle, un espace très sauvage qui sait aussi donner à qui apprend à le connaitre des moyens de subsistance et de protection.

Mais vivre seule n'est au bout du compte pas si facile et la jeune Kya va malgré tout essayer de sortir de cette solitude et de cette vie en dehors de la société des hommes.

Il y aura des hommes pour Kya.

Tate le premier sera le plus important dans sa vie. Il lui apprendra à lire et compter tout en restant dans le marais et en partageant sa passion pour la nature.

Il y aura Jumping aussi un homme noir qui sera là pour Kya dans biens des situations compliquées.

Et puis il y aura Chase également ce même homme que l'on découvre mort en tout début de roman en bas d'une tour de guet. C'est cette mort suspecte qui va pour l'enquête nous faire remonter dans le passé des protagonistes du marais.

Les chapitres de ce livre se situent à différentes périodes de la vie de Kya.

C'est un roman sur la différence, sur ce qu'elle inflige aux individus qui vivent à part.

Mais aussi finalement sur le besoin humain d'être avec les autres et de se conformer à la société. Sur ce besoin viscéral pour l'homme, d'appartenir à une société, un groupe, un foyer.

Kya a une force de caractère admirable et toute petite on peut se demander un instant si c'était possible de survivre ainsi ... Mais ce livre nous embarque avec plaisir dans cette histoire.

Des personnages positifs traversent la vie de Kya. Je pense à Jumping et à sa femme. A Tate bien entendu et à l'un de ses frères.

Il y a surtout dame nature, les oiseaux, les crustacés, les arbres, les plantes ... Kya y puise toutes sortes de ressources !

Delia Owens a publié des ouvrages sur la nature et les animaux et on ressent toutes ses connaissances dans ce livre.

Elle décrit le marais avec intelligence et poésie.

Je me suis attachée à cette gamine et je l'ai suivi au plus profond du marais là où elle se fondait avec tant de facilité. Dans son univers.

J'ai espéré qu'elle soit enfin aimé et malgré tout intégré à un foyer...

Ce livre m'a beaucoup plu j'ai aimé accompagné Kya dans les passages de sa vie d'enfant à adulte.

Là où chantent les écrevisses m'a fait penser au livre "De pierre et d'os" de Bérengère Cornut car comme dans ce dernier on s'intéresse à la vie d'une jeune femme enfant puis femme évoluant seule dans une nature sauvage exigeante et aussi foisonnante et où la poésie au contact de la nature se déploie admirablement.

Alors chers amis, n'hésitez pas à partir

à la découverte du marais en suivant les traces de Kya.

Mais chut, il faut être très silencieux pour n'effrayer personne ...

Bonne lecture à vous et bon confinement !

Ben oui, c'est reparti pour un tour avec les livres pour seule évasion à moins d'avoir un marais à moins de 10 kms à vol de héron cendré !
Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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Ce livre nous plonge dans une lecture très immersive. On partage la vie de Kya, de la petite fille abandonnée à la femme solitaire, farouche même due à une vie pas facile pour le moins que l'on puisse dire.

Toute petite, elle est abandonnée par sa mère et ses frères et soeurs, elle reste aux mains d'un père alcoolique et violent qui finira, lui aussi, par disparaître. Il y a mieux pour prendre la vie par le bon bout.
Le contact avec la nature, lui permettra de survivre. C'est sans aucun doute un élément essentiel de ce roman. On comprend vite que la nature peut tout donner, tout apporter et sauver des vies.

Le personnage de Kya est tellement immersif, tellement dense et émouvant, on ne peut que s'attacher à elle. Elle va devoir affronter le rejet des autres, la différence n'est pas acceptée. Moquée, rejetée, elle ne pourra compter que sur elle-même pour s'en sortir. Elle va devenir un être farouche apeurée, vivant seule dans la nature, mais tellement combative et admirable.
Jumping est également un personnage central de ce roman, et il est lui aussi très attachant. Il porte en lui, tout comme son épouse Mabel, une très grande humanité.
Et puis, il y a aussi Tate, personnage ô combien central dans ce récit. Il est lui aussi empreint d'une grande humanité mais pas toujours présent comme on le voudrait.
Ce roman est une excellente lecture, on se laisse porter par ce récit et la plume de l'autrice qui est sublime. On ressent une certaine plénitude par moment, beaucoup de tristesse à d'autre, et pour finir, de la noirceur due à la bêtise humaine, à la peur de la différence. C'est tellement humain mais aussi tellement triste et révoltant. On passe par de nombreux sentiments en traversant cette histoire dans la peau et la tête de Kya. C'est un récit tellement poignant au final qu'on a du mal à le lâcher. A lire absolument.
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1952, Catherine Clark, Kya, cadette d'une famille de 5 enfants vivant dans les marais de Barkley Cove en Caroline du Nord et dont la famille se délite après le départ successif de sa mère et de ses frères et soeurs, se retrouve seule avec son père. Alcoolique, brutal et de plus en plus absent, il finira lui aussi par abandonner sa fille, qui sera dès lors et à l'âge de 10 ans, livrée à elle-même.

Aidée par quelques bonnes âmes, elle grandira à l'écart de tous, mais accompagnée en pointillé par Tate Walker, un garçon rencontré dès son plus jeune âge.

1969, le corps de Chase Andrews, jeune homme de Barkley Cove, "le meilleur quarterback qu'on avait jamais eu dans cette ville", est retrouvé dans le marécage.

Meurtre ou accident, on ne le sait pas encore, mais "dans la petite ville on racontait que Chase et la Fille des marais avaient eu une aventure un an avant son mariage".

Evidemment que le soupçon pourrait peser sur Kya, cette fille si secrète ; "la fille du marais", celle qui peut aller se cacher là où personne ne la trouvera, tout là-bas, où on entend le chant des écrevisses. "Ca veut dire aussi loin que tu peux dans la nature, là où les animaux sont encore sauvages, où ils se comportent comme de vrais animaux."

A mon avis :
On entre dans ce livre comme dans un marais... on y découvre un univers qu'on ne connait pas, on s'étonne de la dureté de la vie et des hommes, on s'émerveille de la nature qui y est décrite.

Et on se prend d'affection pour cette petite fille, abandonnée d'abord par sa famille puis par les hommes. On aime la voir évoluer, apprendre, devenir adulte.

Oui, finalement c'est un livre sur l'abandon, sur ce qu'il fait des enfants et des adultes, sur la lâcheté qu'il implique et la colère qu'il provoque, sur les conséquences qu'il génère et les souffrances qu'il laisse.

On se sent connecté avec les personnages, même si l'époque et l'environnement ne sont pas les nôtres. Car le marais c'est l'endroit des pauvres, de ceux qui ont échoué... ou des noirs à une époque ou le racisme ne se cachait pas, et surtout pas en Caroline du Nord.

Avec une écriture d'une grande poésie, Delia Owens nous entraîne donc dans son univers et l'on s'y sent bien.
Il faut reconnaitre aussi quelques improbabilités, mais en toute franchise je ne l'ai remarqué que bien après ma lecture.
Durant celle-ci, j'étais trop plongé dans le texte pour le remarquer, mais il est vrai que la vie de cette fillette et son développement sont un peu "too much", même si elle est d'une intelligence supérieure à la moyenne.

Comme je le disais, cela n'a pas affecté ma lecture et il règne dans ce livre la même atmosphère que dans le film éponyme, à quelques détails près.
Les deux m'ont beaucoup plu.


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https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
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Ayant noté ce titre après "visionnage léger" de critiques (c'est à dire de celles ou partie de celles qui ne divulgâchent pas un roman), de la plupart des mes Babéliamis, j'ai profité de la torpeur estivale pour le lire.
Et ce n'est pas facile d'en parler sans tomber dans le travers précité.
On pourra aimer le côté naturaliste, la description d'une société étasunienne xénophobe qui, croît-on, a disparu. On appréciera une certaine justesse psychologique des personnages principaux. On passera avec gourmandise d'une temporalité à l'autre, attendant avec impatience l'avènement de l'explication finale.
On regrettera peut-être un petit côté "feel good", l'ode à la nature chantante rendant l'ensemble presque champêtre.
Mais le fond du fond, pour moi, a été : "Qui a tué le docteur Lenoir ?".
Et ça, vous ne le saurez qu'en lisant ce roman jusqu'au bout...
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Voilà un ouvrage qui jouit d'une cote exceptionnelle sur Babelio et pas seulement. Il n'est ni plus ni moins que deuxième des meilleures ventes en poche après son succès en édition originale. Il ne m'a cependant pas touché à hauteur de cette cote, sans toutefois me déplaire. de la même façon que les amitiés ne se transmettent pas, l'engouement inconditionnel ne m'a pas gagné. Il y a entre un ouvrage et un lecteur une alchimie complexe qui s'apparente à l'inclination entre les êtres. J'ai bien peur que les lecteurs aient donné leur satisfécit en forme de soutien à la jeune fille abandonnée et rejetée par tous, plutôt qu'à la qualité de l'ouvrage proprement dite. Une forme de compassion orchestrée en rachat du comportement d'une société indigne. L'intrigue y est à mon goût très artificiellement construite et proche du naufrage dans le pathétique dégoulinant, en tout cas dans sa première partie. La phase qui concerne l'enquête sur la mort de Chase Andrews, l'accusation, le procès et l'épilogue sauvent l'ouvrage du misérabilisme définitif. La chute est surprenante et a quelque peu racheté l'ouvrage à mes yeux.

C'est le propre du genre romanesque que de s'affranchir du crédible pour se focaliser sur l'essentiel : la stimulation des émotions. Mais à trop vouloir en faire on aboutit à l'effet contraire, au risque de perdre en empathie pour un personnage lequel attire sur lui, il faut bien le reconnaître, tous les malheurs de la vie terrestre. L'auteure en fait une victime expiatoire de la forfaiture des autres, sans évidemment la moindre part de responsabilité de l'infortune qu'elle endosse à son corps défendant.

Mais à trop piétiner l'innocence, faisant de Kya une sauvageonne recluse en sa cabane avec la sollicitude des seuls animaux du marais, l'auteure s'est rendue compte à un moment qu'il fallait justifier le mauvais sort qui lui était réservé. Elle tente alors un rétro pédalage à faire admettre au lecteur qu'une mère puisse abandonner ses enfants répondant ainsi à une sourde prédisposition de toute espèce à transmettre ses gènes coûte que coûte, y compris en sacrifiant une génération. C'est assez indigeste.

La vie de la pauvre Kya est une surenchère d'atteinte à l'intégrité affective de la toute jeune fille, histoire de bien enfoncer le clou de la commisération : abandon, solitude, rejet, trahison amoureuse et pour finir, accusation de meurtre. Acharnement opiniâtre du sort. Heureusement que le bon Jumping est là pour éclaircir le tableau. Sauf que dans cette Amérique raciste des années 60 il est noir et ma foi fort démuni pour défendre le cas de la jeune Kya auprès de ses congénères blancs. le tableau resterait désespérément sombre si ce n'était quelques coups de baguette magique qui promeuvent la sauvageonne en naturaliste, artiste, auteur de renom.

La deuxième partie est plus crédible parce que moins nécessairement sordide. le suspense reprend ses droits. La justice suit son cours. L'avocat est vertueux et compétent. Avec la tenue d'un procès à l'américaine - objection votre honneur la question est tendancieuse et propre à orienter la réponse du témoin. Objection rejetée, poursuivez monsieur l'avocat général – le réalisme reprend ses droits. Anxiété de l'attente du verdict.

Alors bien sûr, il y a l'ode à la nature. Unanimement saluée à juste titre. C'est le côté terre nourricière savamment dépeint. Joliment dépeint. La poésie est au rendez-vous. Il contrebalance efficacement la dérive artificielle de l'intrigue. C'est la vie du marais. Avec Kya on hume les senteurs, on entend les bruissements animaux, le clapotis de l'eau, on ressent humidité et fraîcheur de l'aube. On voit le soleil percer les brumes sur le marais. La faune s'éveille. Les nocturnes se terrent jusqu'à la nuit prochaine. On se perd dans le marais avec délice, quand on est sûr de passer la nuit à l'abri. On fait confiance à la jeune Kya pour nous conduire à ses lieux d'intérêt, de fuite, de dissimulation, d'observation, de communion avec la nature. C'est le bon aspect du roman. Il est réussi. Il est inspirant.

Un roman de valeur inégale selon moi. Il perd à mes yeux une partie de son âme à vouloir forcer le trait de l'émouvant. La jeune Kya devient un bouc émissaire de commisération, elle y perd en humanité. C'est dommage parce que l'aspect communion avec la nature est plutôt réussi.
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