Au sein de la famille sioniste, plus d'un membre aurait bien voulu se débarrasser de moi, et il en est d'autres qu'il ne m'est pas trop agréable d'avoir comme proches parents. Mais le pluralisme est un fait, il faut s'en accommoder, fût-ce en grinçant des dents. Ne pas se laisser aller à des excommunications, des bannissements et des refoulements de l'autre côté de la barrière. La diversité du peuple juif et de l'Israël d'aujourd'hui impose le pluralisme, que cela nous réjouisse ou nous inquiète. Personnellement, je m'en réjouis. Je n'y vois pas «un mal nécessaire», une étape à franchir «avant que ne se dessillent tous les yeux» et que nous nous retrouvions tous réunis autour de la même Vérité. Je crois en la nécessité d'un pluralisme spirituel, en une floraison de courants, d'approches diverses, de traditions et de styles de vie - y compris de «produits d'importation» intellectuels, car ainsi naîtra une tension féconde et productive.
Que n'y avait-il pas dans ces rues du temps de mon enfance? Le monde entier s'y trouvait réuni. Des officiers anglais assis dans les cafés, deux missionnaires finlandaises venues emprunter des livres à mon père, des policiers et des ouvriers en salopette qui se retrouvaient là pour parler politique, des artisans, dont l'un connaissait l'oeuvre de Jung sur le bout des doigts. Des gamins, en chemise bleue d'uniforme, couraient vers le local de leur mouvement de jeunesse. Il y avait aussi un dentiste qui prétendait obstinément avoir connu personnellement Staline, dont il aurait presque réussi à modifier l'attitude à l'égard du sionisme en particulier et de l'intelligentsia en général.
1/10 Amos Oz : Ailleurs peut-être (France Culture - Adaptation radiophonique). Diffusion sur France Culture du 20 juin au 1er juillet 2016. Photographie : Arad. Amos Oz. 2004 © MICHA BAR AM / MAGNUM PHOTOS. La vie de tous les jours dans un kibboutz imaginaire des années 60, décrite par un des plus grands écrivains israéliens contemporains. Roman traduit de l’hébreu par Judith Kauffmann. Adaptation : Victoria Kaario. Réalisation : Jean-Matthieu Zahnd. Conseillère littéraire : Emmanuelle Chevrière. Ce feuilleton en dix épisodes est l’adaptation du premier roman d’Amos Oz, « Ailleurs peut-être », publié aux Éditions Gallimard. Amos Oz y dépeint la vie des membres d’un kibboutz imaginaire, celui de Metsoudat-Ram, dans les années soixante. Sur le fil d’une année, Ezra, Reouven, Bronka, Noga et les autres, s’aiment, se trompent, se quittent, font des enfants, légitimes ou pas. Et ces drames intimes qui jalonnent le récit n’entravent en rien la marche de la vie collective, rythmée tant par les célébrations communistes que par les rumeurs qui empoisonnent la vie des villageois.
1er épisode : Un village idyllique, Messieurs-dames
2ème épisode : Le charme de la banalité quotidienne
3ème épisode : Le Premier Mai
4ème épisode : Puissance du mal
5ème épisode : Deux femmes
6ème épisode : Soirées poétiques
7ème épisode : Un personnage diabolique
8ème épisode : Tu es à nous
9ème épisode : Idylle familiale
10ème épisode : Tableau final
Avec :
Violaine Schwartz, Quentin Baillot, Jean-Gabriel Nordmann, Evelyne Guimmara, Mohamed Rouabhi, Christine Culerier, Rebecca Stella, Nicolas Lê Quang et bien d’autres
Bruitage : Sophie Bissantz
Equipe de réalisation : Bernard Lagnel et Anil Bhosle
Assistante de réalisation : Julie Gainet
Source : France Culture
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