Après une longue pause dues aux soucis de l'éditeur qui a depuis rejoint la collection de Dupuis, voilà le retour des aventures de Natsuko qui signent en plus la moitié de la série.
Comme toujours, c'est une lecture assez dense, déjà parce que ce sont des tomes doubles donc avec une pagination importante, mais aussi parce que l'auteur nous apporte maints détails sur la fabrication du saké et tout ce que cela implique autour. C'est vraiment un petit guide précieux pour qui s'intéresse à la façon traditionnelle, mais pas que, nous le verrons dans ce tome, dont on le fabrique.
Nous retrouvons donc Natsuko qui est toujours en train de participer à l'élaboration d'un nouveau cru de saké traditionnel au sein de sa famille, avec ses amis aussi passionnés qu'elle. Si je ne suis pas personnellement passionnée par la description bien longue de tous les éléments techniques liés à la fabrication du saké, ce qui a même tendance à m'ennuyer parfois vu leur profusion, en revanche j'aime beaucoup tout ce que l'auteur tisse autour.
Dans une première partie, il s'intéresse à la commercialisation du saké. Nous découvrons à quoi ressemble le marché du saké au Japon à la fin des années 80. Nous apprenons aussi les procédés que certains fabricants peu scrupuleux utilisent pour brasser et commercialiser du saké à bas coût vendu comme du très bon afin de faire le maximum de profit. La faute aussi à des clients qui, pour la majorité, ne s'y connaissent plus et cherchent surtout l'ivresse. Les vendeurs de bien des caves n'y connaissent rien non plus et vendent les plus connus ou les plus avantageux pour eux sans les goûter. C'est une vision assez terrible.
Heureusement, il y a une nouvelle génération comme Natsuko qui ne se laisse pas abattre et qui tente de relever le niveau aussi bien côté fabrication, que vente et découverte. Tout n'est pas perdu. L'auteur nous montre cependant que ce n'est pas simple de lutter contre le progrès qu'on cherche à nous imposer et à opposer à la tradition. Ainsi Natsuko se heurte à une maison rivale dont le père lui met des bâtons dans les roues tandis que le fils voudrait faire comme elle et promouvoir l'excellence. Pas facile.
Il est également question de transmission de témoin dans ce tome. Autant depuis le début Natsuko s'évertue de reprendre la flamme de son frère, mais là elle est pleinement reconnue comme nouvelle gérante, ce qui est bien méritée. Son ami Shingo tente aussi de prendre la relève mais c'est moins simple. Kusakabe, lui, va se lancer pour devenir Toji. On rencontre même un jeune caviste passionné qui fait le tour des petites maisons de saké pour les promouvoir et changer les habitudes des consommateurs. C'est vraiment chouette de les voir tous à l'oeuvre.
Enfin dans une seconde partie assez longue, nous revenons aux sources de la série : l'agriculture, qu'on avait un peu oublié depuis que Natsuko avait fini de récolter son riz. Là aussi tradition et modernité s'affrontent. Les amis de Natsuko, poussés par celle-ci, deviennent des chantres de l'agriculture biologique raisonnée et s'opposent ainsi aux pesticides et autres épandages, ainsi qu'au regroupement brutal et barbare des parcelles qui massacre tout. Cependant quand on est petit agriculteur et qu'on cherche à faire des économies parce que ça paie mal, c'est dur de ne pas céder à la facilité de ces procédés, surtout quand de grands groupes font pression et tentent de nous manipuler.
Ainsi dans ce nouveau tome très riche, l'auteur n'hésite pas à nouveau à dresser un portrait fidèle mais rude de la réalité de l'agriculture au Japon à cette époque-là ainsi que de la fabrication du saké. Tout n'est pas rose loin de là, de nombreuses difficultés se dressent sur le chemin de l'héroïne, mais justement ce qui est beau c'est de la voir lutter pour les traverser, et ça, ça fonctionne à merveille !
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