Une histoire d'amour et d'amitié tout en poésie et philosophie
Comment vous parler de ce livre sans en abîmer les couleurs, la poésie et la lumière ?
Notre narrateur a à peine 20 ans dans la Corée des années 80. Il se lie d'amitié avec Yohan, et d'amour avec "la fille". Avec le premier, il partagera de nombreuses soirées, à questionner le sens de l'existence dans une société rongée par le capitalisme et dirigée par l'appât du gain, du pouvoir et de la beauté. Société qui marche grâce à l'envie et à la honte de soi contenu en chacun de nous et qui met à genoux ceux qui ont le malheur d'être différents.
Avec elle, il partagera la découverte de l'amour. Il fera naître en elle la lumière qu'elle-même déclenchera en lui. Notre narrateur découvrira également son histoire et la plaie terrible laissée dans son âme par le jugement porté sur elle depuis sa naissance. Car elle est laide. Et être laide dans un pays guidé par l'apparence, ça ne pardonne pas.
Park Min-kyun nous offre dans ce roman de croire en la faculté d'être notre propre visage et de vivre sans juger les autres sur de simples critères superficiels crées et encouragés par une société bancale et où "ce qui est bien" prend le pas sur "ce qui est juste".
Cette histoire d'amour écrite avec une touche d'ironie mais surtout beaucoup de sensibilité et de poésie m'a beaucoup émue. Cette lecture, je l'ai prolongée et savourée en me délectant de la musicalité de l'écriture et de tous les morceaux et artistes cités au fil des pages.
Une très belle découverte et souviens-toi...
"Toi aussi, tu es une oeuvre réussie"...
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Première lecture d'un roman coréen. Voilà ce qui m'avait avant tout poussé à choisir ce livre. Evidemment, la quatrième de couverture avait aussi fait son effet. Mais, comme souvent malheureusement, elle s'attache à des points qui ne sont que des détails de l'intrigue ou exagère d'autres qui ne sont vraiment pas le sujet du livre. Alors, ne vous fiez pas à la quatrième dans cette édition parce que le livre vaut vraiment la découverte.
Une belle écriture, une belle histoire, une fin joliment étrange, bref, un très bon moment, n'hésitez pas.
(Et pour vous éviter de perdre du temps, le titre est tiré d'un morceau composé par Maurice Ravel en 1899. Après l'avoir écouté, je dois dire qu'il convient bien à l'atmosphère du livre).
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À cette époque, dans un recueil de textes courts, j’ai lu le récit suivant :
« On dit que les Indiens, tandis qu’ils galopaient, descendaient de temps à autre de leur cheval et contemplaient le chemin parcouru. Cet arrêt n’avait pas pour but de faire se reposer le cavalier ou le cheval. C’était en fait une marque de prévenance à l’égard de leur âme qui les suivait de près, de peur que cette âme ne soit distancée. Quand leur âme les avait enfin rejoints, à ce moment-là seulement, ils se remettaient en route. »
Chaque fois que je pense à l’année 1985, ces propos me reviennent à l’esprit, invariablement. Ce fut l’époque où la plupart des gens couraient sans jamais prendre le temps d’attendre que leur âme les rattrape. Ma vie n’était guère différente des leurs. Que mon âme avançait à une allure plus lente qu’on imaginait, et que le cheval sur lequel j’étais monté était l’égal du temps qui filait, ça, je ne le savais pas à l’époque. Dans la vie, il se peut bien que nous soyons obligés, à un moment ou à un autre, d’arrêter son cheval et de regarder en arrière. Somme toute, nous ne pouvons vivre sans âme et, à l’évidence, les Indiens ne sont pas les seuls à en avoir besoin.
Très peu de vies humaines méritent d'être appelées "vie". Les gens imitent les chenilles en ne sachant pas s'ils deviendront papillon de jour ou papillon de nuit.
Dieu n'a pas créé l'homme parfait, mais par l'imagination, il lui a accordé la possibilité de le devenir.
Une femme ne se maquille pas pour l'homme. Elle le fait pour son ego.