Souvent percutantes, les photos de
Martin Parr font sourire, et font également, parfois, vraiment réfléchir. Des Anglais avachis et rougeoyants sur des pages moches, des touristes qui sont au même moment des dizaines à faire semblant de tenir la tour de Pise dans leur main, des touristes qui déambulent à Angkor, sauf qu'ils sont si nombreux que l'on se croirait à la station Châtelet à 8 h du matin (bon l'arrière-plan est un peu plus joli, mais me dira-t-on forcément, le bilan carbone bien moins bon...). Et puis il y a cette uniformisation hallucinante, les mêmes casquettes, les même tee-shirts, et puis cette tendance frappante dans ces photos à associer deux lieux, à vouloir en quelque sorte un dépaysement au carré. On est en Thaïlande avec un tee-shirt Venise, en Angleterre avec un tee-shirt Bangkok...
Les bémols tiennent ici à la laideur des reproductions (déjà que les photos de
Martin Parr ne sont pas forcément les plus esthétiques). Et puis certaines sont plus banales que d'autres, moins rigolotes et en ce cas
Martin Parr, le pourfeudeur de la banalité, se banalise un peu lui-même...
Mais pour la réflexion qu'il suscite sur notre époque, sur le tourisme de masse, et notre ridicule, cela vaut vraiment le coup d'être vu. Et en plus ici c'est pour une bonne cause.