Clairement nous ne voyons pas tous le monde de la même façon, à commencer par ses
couleurs.
« les
couleurs se dérobent dès que l'on tente de s'en emparer, elles ne sont qu'illusion…car une couleur c'est une ensemble de symboles et de conventions ». M. Pastoureau
Je me suis toujours demandé comment les daltoniens voyaient le monde, mais aussi mon chien. En fait à la lecture de l'ouvrage, on pourrait étendre cette question à tous nos semblables lorsque l'on découvre l'aspect subjectif et culturel de la perception des
couleurs. Les
couleurs sont véritablement une production de l'homme.
Les
couleurs ne sous sont pas données, mais dépendent d'enjeux économiques, de jugements scientifiques, de conventions, elles n'ont rien de neutre. Après la lecture du petit livre des
couleurs de M. Pastoureau, on ne peut plus porter sur elles le même regard.
Aristote en aurait accepté 4 ou 6 c'est selon, Newton avec sa découverte de spectre lumineux acceptait 6 rayons colorés, il en a ajouté un 7ème (l'indigo) par convention.
Et maintenant nous sommes bombardés de
couleurs, elles sont banalisées, notre oeil est fatigué et on continue de nos proposer des variations extrêmement obscures, alors que selon la science, l'oeil humain ne distinguerait que 180 à 200 nuances…
Mais l'aspect sans doute le plus intéressant de l'ouvrage n'est pas la question de la catégorisation des
couleurs mais leur aspect symbolique, leur évolution, le déclin et le succès de certaines, les suspicions à l'égard d'autres basées sur des malentendus.
Sur le plan du choix des
couleurs, on a perdu la recette de la pourpre romaine et on s'est donc rabattu sur d'autres techniques. On semble parfois oublier qu'il faut obtenir les
couleurs par différents procédés et on se rend compte aussi du lien que l'on perd avec notre environnement en oubliant comment obtenir certaines
couleurs. Ce qui mène à cette perception biaisée du vert qui oui peut s'obtenir par différentes techniques et ne découle
pas uniquement du mélange de
couleurs dites primaires. Cet oubli a eu un impact sur la peinture, car cette théorie de pseudo scientifiques définissant les
couleurs primaires et complémentaires, a influencé les artistes du 19ème siècle et suivant, comme ceux Bauhaus ou Mondrian par purisme et à tort à ne pas utiliser certaines
couleurs comme le vert !
Autre exemple, jusqu'au 18ème la nature était définie par les 4 éléments : le feu, l'air, la terre et l'eau, mais il n'était pas question de plantes avec du vert !
Enfin l'exploitation économique de notre environnement et les bénéfices qui en découlaient ont généré de véritables luttes économiques, en ont découlé des monopoles, des lobbies et donc une compétition entre certaines
couleurs de façon arbitraire, sans lien avec l'esthétique ou la notion de goût.
Cela faisait longtemps que les ouvrages de l'historien M. Pastoureau dédiés aux
couleurs nous faisaient de l'oeil, mais nous n'arrivions pas à nous décider sur une couleur aussi le choix a-t-il été simplifié avec ce petit opus réalisé en collaboration avec D. Simonnet et nous offre une première entrée en matière avant de plonger dans un ouvrage plus conséquent.
On découvre tous les préjugés liés aux
couleurs, dans différents pays, une belle galerie sous nos yeux, de l'histoire mais aussi les liens avec la religion, du rejet et/ou de l'adoration portée à certaines.