"Tout homme est une histoire sacrée"... ces mots résonnent encore aujourd'hui sous les voûtes de toutes les Églises de France. Bien peu de catholiques savent qu'ils ont été écrits par
Patrice de la Tour du Pin. Après le
Concile Vatican II, ce poète méconnu a contribué à la transcription française des psaumes de l'Ancien Testament. Certains de ses textes furent intégrés à la liturgie des heures, aujourd'hui encore ils sont chantés dans les monastères. Lui qui avait choisi la discrétion, l'effacement même dans son château du Bignon... est sans doute un des poètes français les plus récités... grâce à la voix des religieux.
Les
psaumes de tous mes temps sont de véritables prières, des invocations ciselées qui ne peuvent que toucher le croyant... ou celui qui aspire à une vie spirituelle. Ses thèmes de prédilection : le jardin, l'exode biblique, le désert, la soif de Dieu, la résurrection.
Douce, élégante, limpide, la poésie de Patrice de la Tour du Pin coule de source.
"Fais-moi si c'est possible un sourcier de ton Règne !
tu as rempli ma coupe avec l'eau du baptême,
verse-la goutte à goutte, de tes mains.
Tu m'as permis de t'excéder, inépuisable,
de boire à mon baptême sous les sables :
je t'importune encore pour en faire un jardin! "
Dans cette nouvelle édition de son dernier recueil paru, on voit se dessiner ce qu'il appelle "une réduction assez fidèle de sa fragile quête de Dieu en plein XXe siècle". 90 psaumes remaniés et sélectionnés parmi ceux de sa Somme de poésie, l'oeuvre à laquelle il avait consacré sa vie entière. Et si le poète parle de psaume comme d'une "forme poétique élémentaire", il ne faut pas croire sa modestie...
90 psaumes où transparaissent la douceur, l'humilité, la joie.
"Mon plus profond désir : parler de toi;
ma hantise : te compromettre !
je ne parlerai plus qu'à toi.
Saluons dans cette édition, la jolie et très éclairante note de l'éditeur
François-Xavier Durye ainsi que la postface d'
Isabelle Renaud-Chamska, présidente de la Société des amis de Patrice de la Tour du Pin.
Et pour finir :
"Et que puis-je ajouter à ton nom Seigneur ?
des mots, des inflexions, tout l'inutile de ma voix.
Mon Dieu, tu n'es pas un Dieu triste,
ta nuit brûle de joie".
Les derniers mots de Patrice de la Tour du Pin.