Génie de la bande dessinée

J'ai appris beaucoup de choses que j'ignorais sur la bande dessinée. le sous-titre est assez trompeur : de Rodolphe Töpffer (1899-1946) à Emil Ferris”. D'Emil Ferris, il en sera peu question. Ce petit livre s'intéresse surtout à ce qu'il y a eu avant Tintin, donc de Rodolphe Töpffer à Windsor McCay (1870-1934), on découvre comment les codes que nous connaissons aujourd'hui sont apparus : le phylactère, la lecture de gauche à droite, le rapport entre la narration et le dessin. La démonstration est remarquable, claire, documentée et illustrée par quelques exemples évocateurs. Ce que cherche surtout à souligner Benoît Peeters, c'est que les codes qui sont aujourd'hui détournés régulièrement par une création inventive et curieuse, n'étaient pas en place dans les premières tentatives de narration illustrée. Ce petit livre est une Histoire des débuts de la bande dessinée, un document très intéressant, qui recadre le sujet dans une analyse quasiment scientifique, car souvent les Histoires de la bande dessinée nous racontent que la tapisserie de Bayeux ou même les grottes de Lascaux serait précurseurs de la bande dessinée, ça fait mousser le sujet mais ce n'est pas très sérieux et sans intérêt. Ici, dans ce petit recueil d'une cinquantaine de pages on découvre une vraie recherche, permise et nouvellement développée grâce à la numérisation des archives de journaux, on a là un vrai premier chapitre de l'Histoire du neuvième Art. Je le recommande à tous les amoureux de la bande dessinée.

Connaissez-vous la collection « Conférences » du Collège de France ?

Je l'ai découverte grâce à une masse critique pour laquelle je remercie Babelio et les Editions du Collège de France. Elle permet d'avoir accès à des présentations très documentées, bien structurées, pour développer les connaissances sur un sujet donné.

Ici, avec Génie de la bande dessinée, c'est bien entendu ce médium qui est à l'honneur tant sur le plan historique que dans une études des caractéristiques de ces oeuvres.

En 2022/2023, Benoît Peeters, auteur de BD et essayiste, est titulaire de la chaire annuelle Création artistique du collège de France et c'est dans ce contexte qu'a été publiée une conférence qu'il avait présentée le 7 octobre 2020 dans le cadre du cycle de la bande dessinée au Collège de France.

Le sous-titre est le suivant de Rodolphe Töpffer à Emil Ferris. Benoît Peeters va nous faire voyager aux débuts de la bande dessinée en 1820 avec Rodolphe Töpffer qui invente une nouvelle déclinaison narrative en liant le texte et le dessin. Puis il nous fait parcourir les 200 ans qui ont suivi avec de multiples exemples et reproductions de planches, pour comprendre les apports successifs et réfléchir aux critères de définition, tout en allant jusqu'à Emil Ferris pour illustrer que le neuvième art continue sans cesse à se réinventer.

A mon sens, cette conférence s'ouvre à un large public :
- les passionnés ou amateurs de bandes dessinées, car le propos est vraiment celui d'un connaisseur dans une présentation didactique des théories avancées,
- les personnes néophytes, car elles pourront comprendre la philosophie de la bande dessinée et s'ouvrir à ces oeuvres.

Après cette lecture, je pense que mon approche des cases, des strips, des phylactères et des gouttières va évoluer ! Un livre à conseiller !

Je connaissais Benoît Peeters scénariste des envoutantes Cités obscures, je découvre Benoît Peeters théoricien et historien du 9ème art, spécialiste d'Hergé. Ce court texte est celui, remanié, d'une conférence au Collège de France (excusez du peu ^^).
On y apprend où est née la bande dessinée (il y a 200 ans, avec Rodolphe Töpffer), les apports des premiers génies créateurs, ce qui semble la caractériser (une association indissociable du texte et de l'image, l'un n'étant pas compréhensible sans l'autre, un enchaînement en séquences), sa façon de transmettre le son sur un support muet, sa liberté que le cinéma lui envie, ses réinventions qui explosent dans la créativité sans limite de certains auteurs contemporains.
C'est très instructif tout en allant à l'essentiel, et cela va éclairer mon regard sur quelques dispositifs narratifs utilisés dans mes prochaines lectures.
Je regrette juste le format noir et blanc et la petite taille des reproductions pour ma vue qui baisse :-)