Pour ce qui est de l'utopie, c'est vrai. Je pense souvent que notre génération devrait s'appeler la génération de l'utopie. Toi, moi, Laurindo, Vítor, tel qu'il était avant, pour ne parler que de ceux que tu as connus. Mais tant d'autres, avant ou après, nous tous, au fond, à un certain moment, nous étions purs et voulions faire quelque chose de différent. Nous pensions que nous allions construire une société juste, sans différences, sans privilèges, une communauté d'intérêts et de pensées, le Paradis des chrétiens, en somme. À un moment donné, même si, dans certains cas, ça n'a pas duré longtemps, nous avons été purs, désintéressés, nous ne pensions qu'au peuple et nous nous battions pour lui. Et ensuite... tout a dégénéré, tout a pourri, bien avant qu'on accède au pouvoir. Quand les gens se sont aperçus que, tôt ou tard, il était inévitable qu'ils accèdent au pouvoir.
- Écoute, je ne comprends pas grand-chose à tout ça. Mais je sens que les mulâtres, pas tous, bien entendu, sont en train de s'éloigner des Blancs.
Précisément à cause des critiques de cette bande de Noirs qui sont plus pro UPA. Comme ils sont accusés d'avoir fait le jeu des Blancs, maintenant ils veulent montrer qu'ils n'ont rien à voir avec les Blancs, seulement avec les Noirs. Beaucoup oublient qu'ils ont un père blanc, ils ne parlent que de leur mère noire.
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Alors les mulâtres donnent raison aux Noirs, c'est un argument fort. Et ils mettent les Blancs à l'écart, même s'il s'agit de leurs amis. Ils ne les présentent plus comme des amis, uniquement comme des connaissances.