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3,74

sur 814 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un suicide mystérieux ? Un chasseur de livres à gage ? Un chapitre manuscrit des Trois mousquetaires ? Une jeune femme qui se fait appeler Irène Adler et dont l'adresse est 223B Baker Street ?
Pour une amoureuse de la littérature, les multiples références ainsi que l'analyse de l'oeuvre de Dumas (sale type, finalement que ce D Artagnan), ce livre ne pouvait que me séduire, même si la structure est alambiquée et qu'il est parfois difficile de s'y retrouver.
Bref, j'ai adoré.
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L- Chouette, il y a des images : comme dans les bibliothèques roses ou vertes ! Waouh, il y a les mêmes à 3 endroits différents : c'est con, non ? Ils auraient pu mettre des différentes !
E- Dis, tu lis pas ?
L- Arrête, je regarde d'abord les images moi, j'ai toujours fait comme cela, pour m'encourager. D'ailleurs regarde, c'est pas vraiment les mêmes. C'est le jeu des 7 erreurs ! Chic, on va jouer ! Eh, eh j'ai trouvé, mais pas sur toutes. Ce serait plus gai à deux.
E- Ben moi je compte pas alors, c'est pas parce que c'est toi qui lis et moi qui écris que je ne peux pas jouer aussi. Et d'ailleurs, toi derrière ton écran, tu peux jouer puisque tu lis aussi. Ah, c'est pas les mêmes qui sont différentes dans le 3ème jeu.
L- Y a un problème : on n'en trouve que 6 d'erreurs. Normalement c'est toujours 7.
E- Oui, bon, faudra lire pour comprendre. Maintenant, tu ferais mieux de regarder les schémas, les schémas c'est toujours ce qu'il y a de plus important.
L- Bien moi je peux te dire que si il y a des schémas alors c'est un livre de mécanique ou pour faire des câblages et des connections.
E- Euh, c'est pas marqué que c'est un livre sur les livres et sur Dumas ?
L- Non, avec des schémas c'est un livre de mécanique. Bon d'accord, ça peut aussi bien être un traité de mécanique de lecture !
E- Ou d'écriture !
L- C'est forcé puisque celui qui lit il écrit aussi dans sa tête, son histoire. Et celui qui écrit, il l'a écrite en pensant à ce que pourrait penser celui qui la lira. Bon laisse-moi lire.


Là cher lecteur il faut que j'interrompe ces enfantillages, même si les enfants sont les meilleurs lecteurs et acceptent les règles du jeu que leur propose l'auteur. Mais toi derrière ton écran qui est adulte, tu te demandes pourquoi je ne parle pas de Dumas, ni des neufs portes ? Je vais te surprendre : ce ne sont que deux exemples (d'après moi). Car quand c'est l'auteur qui est représenté par le narrateur qui parle ; c'est bien de l'art d'écrire, du travail de l'écrivain et de l'art de lire, du plaisir du lecteur dont il nous entretient. Mais aussi et bien sûr du plaisir de l'écrivain de jouer avec ses lecteurs. L'écrivain omniscient qui ne laisse rien au hasard, mais qui essaye d'empêcher son lecteur de deviner la fin avant l'heure. C'est un exercice bien étrange auquel s'est appliqué Arturo Pérez-Reverte avec ses jeux intertextuels : comme quand un magicien vous dit qu'il va vous expliquer un tour de magie, et lorsque vous croyez avoir compris, il recommence autrement quelque chose de plus difficile. Et vous, vous avez des étoiles plein les yeux comme quand vous étiez enfant. Ca c'est la magie d'un grand écrivain.


Alors il ne faut connaître ni Dumas, ni la cabale, ni Sherlock Homes, rien du tout car tout le monde peut jouer et éprouver un plaisir différent. Bon évidemment quand Arturo raconte quelque part que les Dupondts sont rusés, alors que comme policiers ils se font voler leur portefeuilles sur le marché, je me dis qu'il est grand temps de relire le secret de la licorne. « 3 frères unys, 3 licornes de conserve voguant au soleil de midi parleron. Car c'est de la lumière que viendra la lumière. »
Et toi, toujours derrière ton écran je l'espère, sache encore que tu apprendras plein de choses sur les parchemins, les incunables, les feuilletons, sur Dumas, sur l'ésotérisme et bien d'autres choses. Sur toi-même aussi, peut-être, si tu joues bien.


Bon, ce sont les vacances et si tu n'as pas le Club Dumas sous la main, je vais te dire un petit secret. Tu peux bien exercer toute ta sagacité en allant lire Certes, Terces reste secret qui a remporté le défi d'écriture de juillet. Tu le trouveras dans Forum – café littéraire – défi d'écriture de juillet ou avec le lien http://www.babelio.com/forum/viewtopic.php?t=10675&start=15. Cela aussi c'est malin et tu pourras bien t'amuser.


Bonnes vacances.
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Après une accroche un peu difficile, j'ai plongé avec bonheur dans cette histoire traitée de manière magistrale du début à la fin. le récit compile plusieurs genres - aventures, thriller, mystère - et fait la part belle aux livres anciens et aux romans de Dumas plus particulièrement.



C'est autour de Corso que se construit tout l'intérêt de cette histoire car c'est un homme peu banal qu'a imaginé Arturo Perez-Reverte : complexe, hanté par son passé et imbibé de gin Bols à toute heure du jour ou de la nuit, mais surtout possédé par l'amour des vieilles reliures et des éditions rares, il est incontestablement l'anti-héro par excellence. D'apparence paisible voire ordinaire mais recelant bien des réserves lorsqu'il est acculé, Corso est doté d'une intelligence et d'une culture stupéfiantes. Envoyé en mission à travers l'Europe pour authentifier un mystérieux ouvrage de démonologie pour le compte de Varo Borja, son puissant propriétaire, Corso doit comparer son édition aux deux seuls autres originaux existants au monde. Il est grassement payé pour cette mission et doit se rendre au Portugal ainsi qu'en France afin d'y rencontrer les propriétaires respectifs. Dans le même temps il assiste à la réapparition subite d'un chapitre manuscrit du récit des Trois Mousquetaires - pièce rare qui aurait été rédigée de la main même de Dumas et que le détective bibliophile va aussi s'atteler à authentifier. Mais Corso n'est pas seul dans cette galère : les ouvrages sont convoités par de mystérieuses figures qui ont toutes d'étranges ressemblances avec les personnages de Dumas, et qui gravitent autour de lui et le poursuivent où qu'il aille, déterminées - semble-t-il - à lui mettre des bâtons dans les roues.

Une fois familiarisé avec le style lyrique de l'auteur et avec le vocabulaire du milieu, les chapitres défilent à toute allure et on assiste à la progression de l'enquête par un Corso déstabilisé, dont le parcours est semé d'embûches et qui pense être devenu lui-même le personnage d'un de ces romans-feuilleton si populaires au XIXème ! En effet, les allusions au roman le plus connu de Dumas se succèdent - dans l'allure des protagonistes comme dans les différentes scènes qui opposent Corso à ses ennemis. Mais le plus intéressant, c'est la manière dont l'auteur a entremêlé le destin de ce chapitre original des Trois Mousquetaires et les Neuf Portes du Royaume des Ombres - ouvrage qui permettrait à celui qui le possède d'invoquer Lucifer en personne ! On dévore littéralement l'histoire pour entrevoir enfin la clé de l'énigme. La façon dont l'auteur crée des parallèles entre les deux oeuvres tout en opposant Corso à toutes sortes de situations plus ou moins inconfortables, les personnages secondaires subtilement imaginés - Irène Adler n'étant pas des moindres ! - les dialogues, les lieux évoqués et les références littéraires au Vicomte de Bragelonne, au Comte de Monte-Cristo, à Vingt ans Après et à toutes sortes de romans connus ou pas du lecteur, mais surtout le style coloré de l'auteur qui donne un formidable pouvoir d'évocation à son oeuvre, absolument tout s'associe au plaisir de cette lecture.

Il n'y a pas de temps mort, les fréquents déplacements et les nombreuses rencontres de Corso permettent de voyager à travers le temps et l'espace et accélèrent le rythme du récit. Et toutes les références littéraires ou historiques qui sont faites au fil des pages comme celles disséminées ici ou là à propos de Dumas, de son passé ou de ses oeuvres, sont autant de points important qui permettent de maintenir l'intérêt du lecteur tout en satisfaisant sa soif de connaissance.

Un conseil pour ceux qui, comme moi, n'avaient vu que l'adaptation ciné de 1999 : ne vous fiez pas au film et prenez plutôt le temps de lire le livre. L'intrigue est développée plus subtilement, le périple de Corso est bien plus passionnant, tout est mieux démontré, différent et l'atmosphère du livre ne se retrouve pas dans le film : ça n'a tout simplement rien à voir !

C'est un coup de coeur, forcément ! Comment ne pas adorer ce genre d'aventure qui met en scène des bibliophiles passionnés prêts à tout pour s'emparer de la pièce rare ??!! Ce Club Dumas est une excellente surprise et un must à conserver dans sa bibliothèque pour tous les amoureux des livres et de la littérature !
Lien : http://tranchesdelivres.blog..
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J'ai savouré ce roman. le mélange bibliophilie et ésotérisme m'a ravie.

Corso est un chasseur de livres rares. Il se voit confier la recherche d'un livre si rarissime qu'il n'en reste que trois exemplaires. Imprimé par un homme qui a fini sur le bûcher, Les neufs portes du royaume des ombres doit permettre d'invoquer le Malin. La plupart des exemplaires ont connu le même sort que lui. Pourtant Torchia a pu sans mentir assurer qu'il n'y en avait pas d'autre identique à celui qu'on lui présentait.
Par ailleurs on demande à Corso d'expertiser des pages manuscrites du chapitre le vin d'anjou des Trois Mousquetaires, certaines écrites par Maquet et celles révisées par Dumas.
Est- un hasard si Torchia est justement mort l'année où le personnage qui a inspiré D Artagnan est mort ? Et Richelieu si important dans le roman de Dumas n'était t-il pas amateur de livres ésotériques ?
Et pourquoi Liana Taillefer dont l'époux éditeur à succès de livres culinaires s'est pendu, (ou a été tué) veut-elle à tout prix récupérer les feuillets du Vin d'Anjou, elle qui ne s'intéressait pas du tout à la passion de son mari pour la bibliophilie ?
Toutes questions auxquelles doit répondre le héros, avec l'aide relative d'une jeune fille qui dit s'appeler Irène Adler et possède la beauté du Diable.

Nous évoluons dans le monde des bibliophiles, passionnés jusqu'à la folie comme Victor Fargas ou relativement opportunistes comme la baronne Ungern, dans celui des artisans de la remise en état (ou de la falsification) comme les frères Ceniza que j'ai trouvés particulièrement savoureux.

Citations littéraires, dont une d'un livre qui semble avoir été écrit sous le pseudonyme de Lucus de René par le père de l'auteur, nombreuses références au roman de Dumas, et autres comme Scaramouche ou Moby Dick, personnages extravagants, parfois attachants, parfois seulement ridicules, jamais totalement antipathiques font de ce livre un moment très vivant. La fin toutefois laisse un peu... sur sa faim.
Ce roman parle également de la présence dans nos vies des héros de romans.

Des livres anciens j'en ai eu des tas dans les mains, la plupart sans valeur particulière, énième édition reliée en peau de la Somme de Saint Thomas d'Aquin et autres ouvrages passionnants que je devais cataloguer et nettoyer. J'ai quand même touché aussi un vrai incunable et un Coran manuscrit. Mais hélas aucun de ceux qui font courir les amateurs de livres anciens, rares et précieux. Mais ce roman m'a un peu permis de retrouver des termes, un environnement, ce qui n'a sans doute pas été étranger au charme qu'il a eu pour moi.

Et sur ce, je vous quitte, j'ai rendez-vous avec D Artagnan, ses compagnons et ennemis.

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Le héros de ce récit, Corso, est spécialiste bibliophile des livres anciens qu'il traque pour de riches collectionneurs. Deux de ses quêtes vont se trouver intimement mêlées l'embarquant dans une aventure dangereuse digne d'un roman !
D'une part un ami libraire lui demande d'authentifier les pages manuscrites d'un chapitre des « Trois Mousquetaires » d'Alexandre Dumas, d'autre part Varo Borja, riche collectionneur d'ouvrages ésotériques, lui confie la mission d'aller comparer son exemplaire des « Neuf portes du royaume des ombres » (censé pouvoir lui donner les clefs d'une invocation vers la vie éternelle) avec les deux seuls autres existants pour en déceler un éventuel manque.
Corso ne s'attendait pas au fil de ses voyages en France ou en Espagne, être traqué par Milady et Rochefort et devoir faire face à la mort des personnes qu'il venait juste de visiter pour observer leur exemplaire du livre des « Neuf portes... ».
Sa route va alors croiser celle d'une étrange jeune femme qui déclare être là pour le protéger.
J'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire mais plus l'aspect « Dumas » que la face diabolique. On navigue au milieu des amoureux des livres rares et rencontre nombre de personnages passionnés.
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J'avais entendu parler de la Neuvième Porte, film de Roman Polanski avec Johnny Depp (d'où la couverture du livre), mais je ne l'avais pas vu et j'ignorais totalement que c'était une adaptation de ce roman.

Me voici donc projetée dès les premières pages dans un univers qui me passionne, celui des livres. Car les personnages sont des bibliophiles avertis, comme Lucas Corso, un chasseur de livres rares et anciens. Ses clients, des particuliers ou des libraires particulièrement riches, font appel à lui lorsqu'ils veulent mettre la main sur un ouvrage particulier, de telle édition, de telle année... ou encore pour authentifier un manuscrit qu'ils ont pu dénicher. C'est ainsi que Corso se retrouve avec deux affaires à résoudre : un chapitre manuscrit des Trois Mousquetaires à authentifier, et un exemplaire des Neuf portes du royaume des ombres, dont il n'existe que trois spécimens au monde, un seul étant authentique, d'après la légende.

Le manuscrit du Vin d'Anjou, chapitre des Trois Mousquetaires, va poser beaucoup de questions et de problèmes à notre chasseur de livres, qui sera rapidement l'objet de tentatives de meurtre d'un inconnu ressemblant étrangement à Rochefort, et rencontrera à plusieurs reprises la veuve du précédent propriétaire de ce manuscrit lui rappelant sans cesse Milady. Les Neuf portes, quant à lui, est un ouvrage très particulier par son vécu. Il est passé au travers des siècles comme étant un livre diabolique permettant d'invoquer les démons et comporte neuf xylographies intrigantes. Deux affaires a priori sans aucun rapport, mais qui vont s'entrecouper et se rejoindre tout au long de l'histoire.

C'est donc un parcours étrange, diabolique et jonché de cadavres qui attend Corso, dans cet univers passionnant qu'est la bibliophilie. L'auteur nous entraîne dans son histoire en disséminant les indices qui permettent au lecteur d'avancer dans son enquête, parallèlement au détective. Car même si mon esprit est beaucoup moins érudit (et ce n'est pas peu dire) et intelligent que celui du chasseur de livres, je me suis beaucoup amusée à dénicher la moindre piste qui me mettrait sur la voie. Car il n'y a pas plus curieux comme intrigue, et on a envie de savoir où Arturo Pérez-Reverte nous emmène, ce qu'il veut nous faire découvrir, et surtout, quel lien peut bien exister entre ces deux ouvrages si différents.

J'ai particulièrement aimé les passages de l'expertise des Neuf portes, et de ses comparaisons avec les exemplaires Deux et Trois. L'ouvrage est décortiqué dans les moindres détails, du type de reliure à la composition du papier, de l'usure de l'encre à la qualité de la gravure... Passionnant ! Cet ouvrage est également une mine d'informations extrêmement riche sur l'oeuvre et la vie d'Alexandre Dumas, sur le monde des livres et de la bibliophilie en général.

Un petit bémol quand même, concernant la fin de l'ouvrage, que j'avais espérée plus spectaculaire, plus fantastique, différente en tous cas. Mais cela n'enlève rien au charme de cet ouvrage, qui est un vrai régal alternant suspense et savoir.
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Quelle découverte ! un régal de lecture, de culture et d'intrigue.
Je ne savais pas à quoi m'attendre lorsque une amie m'a conseillé ce titre.
Mais dès les premières pages je me suis trouvée "absorbée" par ce livre, et ses personnages; la mystérieuse Iréne, Corso et les autres. ces "neufs portes" sont un mystère qui se dévoile tout au fil de l'intrigue, la quête n'est pas sans dangers d'où le suspens certain.

Ce roman est une mine de références littéraires, et semble forcément écrit par un passionné.

Un gros coup de coeur donc, que j'avais emprunté à la bibliothèque mais que je m'offrirai un jour je pense.

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Club Dumas/ Arturo Perez-Reverte
Boris Balkan, le narrateur, est un passionné des premières éditions d'un texte, tout autant en matière de critiques que de recensions. Il est aussi traducteur de classiques du français en espagnol. Il reçoit un jour la visite d'un mercenaire de la bibliophilie, un chasseur de livres à gages, Lucas Corso, avec sous le bras une version originale manuscrite du chapitre XLII des « Trois Mousquetaires » de Dumas, intitulé « le Vin d'Anjou ». Sa clientèle est constituée d'aristocrates de l'incunable pour qui parchemin au lieu de vélin se comptent en milliers de dollars. Pour être certain de l'authenticité du manuscrit, Corso conseille de recourir à un graphologue de haut rang, un certain Achille Replinger.
Balkan aimerait bien savoir où a été trouvé ce manuscrit. Corso lui explique que c'est chez l'éditeur Enrique Taillefer qu'un de ses clients a trouvé et acheté le document, garanti authentique. Taillefer est mort peu après par pendaison : assassinat ou suicide ?
Lucas Corso, en une démarche zététique pour en savoir plus, rend alors visite à un certain La Ponte, libraire ayant pignon sur rue. Ils ne sont pas certains de l'authenticité du manuscrit vendu par Taillefer.
Entre en jeu la veuve de Taillefer, Liana, une veuve à laquelle n'importe quel mâle apporterait avec plaisir un réconfort idoine. Grande blonde aux mouvements languides, elle sait séduire son monde. Corso en fait vite l'expérience :
« Il faisait de son mieux pour soutenir le regard de Liana, en évitant les écueils rugissants-Charybde et Scylla- constitués par ses jambes au midi et son buste exubérant que le sweater d'angora moulait de façon parfaitement dévastatrice au septentrion. » Quel style !
Un autre libraire entre en jeu, Varo Borja. Il détient un ouvrage très recherché, « Les neuf Portes du royaume des ombres », un texte de démonologie édité à Venise en 1666. Borja est un personnage redoutable qui sait suivre à la trace les livres rares partout dans le monde, combattant avec acharnement sans répugner aux coups bas pour mettre la main dessus, sombrant parfois dans une vésanie dangereuse, et Corso doit traiter avec lui car il a le sentiment qu'il y aurait un rapport étroit entre ce livre diabolique dont l'auteur fut brûlé en 1667, l'année même de la mort de d'Artagnan, et le chef d'oeuvre de Dumas.
C'est alors qu'il sort de chez Borja que Corso frôle la mort suite à un chauffard qui manque de le renverser…Il a reconnu le conducteur, l'homme à la cicatrice…
Corso, chercheur de livres rares pour collectionneurs fortunés risque sa vie à chaque étape de sa quête …avec des rencontres bizarres et parfois charmantes, buttant sur des cadavres de Tolède à Sintra en passant par Paris et Meung sur les bords de la Loire.
On notera l'incroyable érudition de l'auteur en matière de bibliophilie ! Et sa passion pour Alexandre Dumas au sujet de qui il nous glisse quelques révélations et notamment l'extraordinaire popularité du romancier dans une Europe qui ne jurait que par lui, ainsi qu'en Amérique qui envoyait des bateaux dans le seul but de ramener ses livres qu'on lisait aussi bien à New York et au Caire, à Moscou, à Istanbul qu'à Chandernagor. Dumas a porté à son comble un goût de la vie subsumant tout le reste, en quête pour en jouir à toute heure d'un art du plaisir et de la popularité. Il a vécu en jouisseur, il est monté sur les barricades, il s'est battu en duel, il a été trainé devant les tribunaux, il a aimé, il a mangé, il a dansé, il a gagné dix millions et en a dépensé vingt…
Une lecture qui demande une attention soutenue pour bien noter les détails qui font l'intrigue et crée le suspense. Avoir lu « Les trois Mousquetaires » est un atout certain pour une totale appréciation du roman ; de même avoir lu « Moby Dick » de H. Melville permettra de saisir quelques subtilités. Référence est faite aussi aux oeuvres d' Agatha Christie et de Conan Doyle.
Les bibliophiles se régaleront du soin qu'apporte l'auteur à décrire un ouvrage ancien et en décrypter le contenu. Et puis quel rôle a joué Auguste Maquet, l'un des 45 nègres de Dumas, dans la construction du chapitre XLII des « Trois Mousquetaires » intitulé « le vin d'Anjou » ?
Un roman à entrées multiples étonnant à tout point de vue. Et Boris Balkan dans l'histoire, est-il vraiment seulement le narrateur ?
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Arturo Pérez-Reverte s'aventure dans le milieu des bibliophiles et livre un thriller billant. Une partie de l'intrigue a été adaptée par Roman Polanski en 1999, sous le titre La Neuvième porte, avec Johnny Depp.
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Haletant polar qui emporte le lecteur dans le milieu très fermé de la bibliophilie et de Dumas. L'adaptation qui en a été tirée au cinéma par Polanski dessert ce roman, en livrant une interprétation très fantastique. Clins d'oeils littéraires et historiques ponctuent l' intrigue, tandis que le héros, détective de son état à la recherche de livres rares pour clients érudits et fortunés, devient malgré lui la proie d'un chasseur amateur d'occultisme.
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