AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,54

sur 40 notes
5
9 avis
4
12 avis
3
7 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Molly, paléobotaniste, participe à des fouilles dans une ancienne station-service. Dans la Fosse où travaille l'équipe différents objets , dont une Bible où le pronom "elle" remplace le "Lui" habituel , perturbent la logique temporelle et attirent les foudres de nombreux croyants.
L'autre moitié de la vie de la jeune femme est occupée par ses deux jeunes enfants dont elle va devoir s'occuper seule pendant une quinzaine de jours, son mari étant à l'étranger pour son travail.
Une existence bien remplie et bien fatigante donc, ce qui explique peut-être pourquoi Molly, après différents incidents pour le moins étranges aimerait confier à son mari une vérité dérangeante :"Il existe une autre version de moi. Elle est venue par la Fosse. Ses enfants sont morts. Elle veut nos enfants."
Le tour de force de Helen Phillips est de présenter son héroïne à la lisière de deux réalités juxtaposées qui peuvent facilement apparaître étranges, tout en restant banales en apparence. Il y a le quotidien cérébral d'une scientifique et sa réalité biologique de mère allaitante :"Elle allait pousser la porte et s'avancer dans son autre vie, cette vie animale et secrète dans laquelle elle coupait des pommes, décongelait des petits pois, torchait des petits culs et laissait son corps se faire traire sans cesse et se remplir sans cesse."
Mais l'autrice n'en ménage pas moins une tension extrême entre ces deux mères tellement semblables qui veulent toutes deux les enfants et semblent prêtes à tout. Même à établir une relation en apparence pacifiée :"Une étrange camaraderie avec la personne qu'elle voulait éliminer, la personne qui voulait l'éliminer."
Utilisant un montage alterné, procédé cinématographique très efficace , Helen Phillps fait monter le suspense et trouve une manière originale de résoudre le problème posé à son héroïne.
Il émane de ce roman une grande puissance , tant par sa tension dramatique, que par sa manière d'utiliser le genre fantastique, un fantastique qui fait la part belle au quotidien, scruté avec une extrême attention , repérant "Les innombrables motifs de chantage que nous avons tous sur nous.", décrivant au plus près la réalité corporelle d'une mère, ses failles et ses forces insoupçonnées. Un style fluide et plein de notations surprenantes ajoute au plaisir de lecture.Un grand coup de coeur qui file directement sur l'étagère des indispensables.

La Femme Intérieure Helen Phillips, traduit de l'anglais (E-U) par Claro, un gage de qualité, Éditions du Cherche-Midi 2020, 411 pages dévorées d'une traite.

Merci au Picabo River Book Club et à l'éditeur.
Commenter  J’apprécie          140
La Femme intérieur de Helen Phillips est le premier titre de la nouvelle collection Vice Caché.

Mary est une paléobotaniste qui a découvert d'étranges artefacts pas tout à fait de ce monde dans une vieille station de service, y compris une Bible controversée. Les gens affluent vers la Fosse pour des visites. Cette découverte a aussi suscité pas mal de réactions haineuses. Mary est un peu nerveuse. Elle est également privée de sommeil et stressée parce qu'elle s'occupe de son fils d'un an et de sa fille de quatre ans pendant la tournée musicale de son mari lorsque un inconnu avec un masque de cerf apparaît chez elle et semble en savoir beaucoup sur son monde, le lien fragile de Mary avec la réalité commence alors à se désintégrer.

C'est vraiment un chef-d'oeuvre littéraire. Je suis époustouflée et stupéfaite par sa beauté. Il n'y a absolument aucun genre dans lequel ce livre puisse être classé.

Un côté surréaliste, un regard profond sur le fait d'être parent, à la fois le haut et le bas, la joie et l'angoisse, associé aux événements hallucinants que l'autrice maitrise parfaitement, en font une lecture exquise et unique. Non seulement Helen Phillips changera votre façon de voir le monde, mais elle vous touchera en plein coeur pendant qu'elle le fera.

La traduction est de Chrisrophe Claro donc excellente.

Fortement recommandé.
Commenter  J’apprécie          50
La femme intérieure est typiquement le genre de roman auquel l'adjectif addictif semble correspondre à 100%. Alors que je pensais n'en lire que 10/20 pages pour me faire un avis sur le style avant faire autre chose, j'ai été surprise d'en avoir dévoré plus d'une centaine sans même m'en rendre compte. Helen Phillips nous offre un roman à la tension permanente et à l'intrigue machiavélique. Alors même que peu de choses se passent, on se retrouve à tourner les pages fébrilement, porté(e)s par le mystère qui entoure ce livre atypique mais surtout par la construction narrative qui sème un doute permanent sur la réalité et nous maintient, du début à la fin, sur le qui-vive. Tout comme[...]

Pour lire la suite de cette critique, rendez-vous sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
Commenter  J’apprécie          50
A la place 417 de ma pal depuis le 27 Juillet, j'ai été sélectionnée par le groupe #picaboriverbookclub, spécialisé dans les lectures américaines et gérée par la trés sympathique Léa qui nous propose énormément de choses autour des auteurs et autrices américaines
Molly est paléobotaniste et participe à des fouilles dans une ancienne station-service, chez elle, son mari est en déplacement, et elle est seule avec ses deux petits enfants en bas âge, elle commence à entendre des pas, et une présence, est ce que c'est son double ? Comment accepter cette intruse dans sa petite vie bien rangée

Histoire originale, ou un double rentre dans la vie de Molly, le coeur de son livre, le lien maternel est omniprésent, comment chacun réagirait si une personne qui vous ressemble voulez s'immiscer dans votre vie personnelle ? Probablement très mal.
Le début de cette lecture a été difficile, je n'arrivais pas vraiment à accrocher, mais à partir du moment que Moll est intervenu dans cette trame, j'ai vraiment été passionnée par ce récit ou Molly se bat pour ses enfants, pour l'amour des siens.
Difficile de classifier cette lecture dans un genre particulier, je dirais mi fantastique et mi émotionnel, ou on joue sur l'affectif d'une mère.
Evidemment c'est une fiction, mais comment être insensible au désarroi de Molly ? Comment arriver à se mettre à sa place ? Moi je me suis complétement senti en apathie avec ce personnage qui se démène avec ses tracas.
Après l'action est omniprésente, on ne se s'ennuie pas, et le déroulement des évènements est vraiment palpitant, on n'arrive pas à le lâcher, et on se demande vraiment comment ça va finir.
La fin est aussi atypique que le reste, je pense l'avoir comprise, évidemment on n'y attend pas et c'est ça qui est vraiment appréciable.
C'est un livre vraiment différend de tout ce que j'ai pu lire, et moi ce que je recherche dans mes lectures, c'est toujours être surprises, et surtout lire des histoires étonnantes, celle-ci as toutes les caractéristiques, et ça fait tellement bien de pouvoir me plonger dans un récit tellement hors normes.
Je remercie le groupe #picaboriverbookclub et les éditions Cherche Midi de m'avoir permis de lire ce récit.


Lien : https://www.nathlivres.fr/l/..
Commenter  J’apprécie          40

LA FEMME INTERIEURE est sans contexte un roman à découvrir et à se faire sa propre idée. Un livre qui divise, qui bouleverse, qui subjugue, qui effraye, qui rebute. Pour ma part j'ai tout simplement adoré cet inconfort qui s'installe dès les premières pages et qui prolifère au fil des chapitres.
Dès le départ il est difficile de savoir sur quel pied dansé. Je suis vite bourlinguée dans cette histoire qui semble aux premiers abords vraiment dingue. Et puis y ce qui clash, cette apparition. Fiction ou non ? Il me faut faire avec et apprendre à valser avec la plume captivante d'Helen Phillips.


Un roman dérangeant, dangereux, douloureux mais tellement magnifique. Helen Phillips nous plonge dans les affres quotidiennes d'une femme, cette mère qui doit faire face à deux petits chenapans. La maternité, la relation maman-enfants et maman-papa n'échappent pas à l'oeil acéré de l'auteure. Les petits détails qui font sourire, qui font grincer les dents, un tableau envoûtant et parfois répugnant. Une maman a ses faiblesses, elle n'est ni parfaite ni exceptionnelle. C'est une femme avant tout qui tente du mieux qu'elle peut d'élever ses enfants selon un modèle social et principes moraux. Helen Phillips y décrit avec candeur et une honnêteté sans faille les méandres de cette relation fusionnelle et éternelle. Cette histoire aurait pu être assez banale si la même femme si différente et si identique n'apparaissait pas. Et là il faut tout reconsidérer et être attentif à certains mots clefs qui fleurissent ici et là.


Et si cette histoire n'était pas ce qu'elle paraît ?


J'ai longtemps réfléchi après avoir refermé ce livre à ce qu'il se cachait sous ces métaphores, ces imbroglios, ces illusions, ces mots puissants. Après moult conjectures, je reste convaincue que cette histoire cache un sujet bien plus intense et qu'il ne faut pas s'arrêter à cette déstructuration voulue et plutôt bien imagée et réussie. La psychologie du personnage mérite toute attention et il faut aller au-delà des apparences. C'est ainsi qui m'est apparue comme une évidence la notion des cinq étapes du deuil : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l'acceptation ; que j'ai associés aux cinq parties du roman. Évidence ?


Une lecture de toute beauté qui ne m'a pas du tout laissé indifférente. Une lecture atypique par sa construction, par son audace et pas son thème. Une lecture qui fait encore battre mon coeur et qui y restera longtemps.


Je terminerai par la dernière phrase du roman qui résume en ces quelques mots son intensité et son pouvoir.
Lien : https://lesmisschocolatinebo..
Commenter  J’apprécie          30
La femme intérieure d'Helen Phillips est un roman envoûté, envoûtant, spécial. Je ne vous cache pas que je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre avec cette lecture. La 4eme de couverture me fascinait et en même temps me faisait peur. Je craignais de tomber sur quelque chose de bizarre, d'incompréhensible, de trop perché, voire d'être trop littéraire à mon goût. J'étais perdu face à son ampleur et puis je me suis lancé pour lire un ou deux chapitres, histoire de prendre la température… Au final, j'ai relevé les yeux du livre au bout d'une heure et plus de cent pages après. Ce roman a un pouvoir d'attraction incroyable, si bien qu'il devient un véritable aimant. L'ouvrir, c'est tomber dans son engrenage et n'en ressortir qu'une fois la dernière page terminée. Pourtant, je ne peux pas dire que l'histoire soit palpitante, loin de là, mais il y a quelque chose qui fonctionne, quelque chose de l'ordre du surnaturel peut-être…


Autant le dire tout de suite, mais La femme intérieure ne sera pas un roman qui va plaire au plus grand nombre. Je suis certain que beaucoup ne se sentiront pas concernés ou touchés par cette histoire envoûtante. Je pense qu'il faut avoir l'esprit très ouvert pour plonger intensément dans ce récit et pour prendre la pleine puissance de la plume de l'autrice. D'une thématique simple, Helen Phillips théorise et part dans une métaphore de la maternité et du rôle de la femme qui devient maman au sein d'un couple. La plume se veut simple, parfois aussi incisive qu'un scalpel. C'est une écriture qui se vit, qui se respire et qui se ressent. L'autrice joue avec nous en mélangeant les codes de divers genres, passant facilement du drame le plus intime, à un thriller incroyablement fort, voire par moment à un véritable roman d'épouvante qui pourrait en faire pâlir plus d'un. Véritable équilibriste des genres, Helen Phillips ne se trompe jamais et ne tombe jamais dans la phrase de trop ou l'atmosphère plombante. Celle-ci d'ailleurs se veut tantôt explosive, tantôt contemplative, mais elle ne laisse jamais indifférent. On plonge dans cette drôle d'histoire et on vit ce que le personnage vit, même si cela paraît complètement fou…

La femme intérieure, c'est un roman brillant sur la maternité et sur le changement que cela entraîne chez une femme. Entre l'amour intense pour ses enfants, un dévouement sans faille ou presque pour sa progéniture, mais aussi une rage sourde et la fatigue qui s'accumule. Helen Phillips ne nous épargne rien, puisque celle-ci évoque les terreurs nocturnes, le bruit, les caprices, l'allaitement, parfois à outrance, l'inconfort que cela peut susciter chez les femmes, l'envie de tout envoyer bouler, l'envie de tuer pour protéger ses enfants, mais aussi de voir ses enfants mourir, afin d'avoir un mari qui fait plus attention à nous. L'autrice va loin, nous terrifie par moment et en même temps évoque un amour si fort, qu'il nous touche à coup sûr.
Malheureusement, je ne peux vous en dire plus, parce qu'il faut absolument découvrir ce récit sans trop en savoir. Il faut plonger dans cette histoire qui mêle suspense, métaphysique et d'autres choses encore avec beaucoup de brio.

Je ne vais pas vous faire un dessin, mais lisez La femme intérieure. C'est sans aucun doute l'oeuvre la plus étrange de cette rentrée littéraire et en même temps l'une des plus riches et des plus intéressantes. Helen Phillips a su me secouer, me toucher comme jamais je n'avais été par un roman sur la maternité… Au passage, merci à Le Cherche Midi éditeur qui m'a permi de découvrir ce roman, car je pense que je serais passé à côté sinon.
Lien : https://tomabooks.wordpress...
Commenter  J’apprécie          30
Un roman troublant d'une grande originalité.
L'auteure aborde plusieurs thèmes dont la parentalité.
On suit Molly qui jongle entre son boulot, ses enfants pendant que son mari s'est absenté.
Enfants en bas âge qui lui demande énormément de temps, d'énergie et qui la fragilise dans son quotidien, qui d'ailleurs est éprouvant à souhait 😱
J'aime la façon dont sont exploitées ses différentes situations et j'ai ressenti de l'empathie pour cette femme, cette mère qui est dépassée par les événements de son quotidien auxquels vont se rajouter des rebondissements hors du commun...
Certains chapitres sont effrayants, j'en ai eu des frissons.
Je suis complètement rentrée dans cette histoire et j'ai surkiffé.

Je ne sais pas dans quelle catégorie placer ce livre mais ce que je sais c'est qu'il faut le lire absolument 😅
Commenter  J’apprécie          30
Une mère de famille, Molly, qui s'enfonce, coincée seule avec ses deux enfants, Vivian, 4 ans et Ben (qu'elle allaite encore). Son mari, David est en concert à l'étranger, et Molly n'en peut plus, même le soutien d'Erika, la formidable baby sitter de ses enfants. Rien ne peut plus compenser l'immense fatigue qui la submerge ainsi que le désespoir de ne plus supporter ses enfants. le tire-lait, les jouets dans tous les coins, le someil en morceaux, les traces de crayon partout, les oppositions systématiques des enfants, leurs sollicitations permanentes ont réduit Molly à l'état de zombie. Molly travaille comme paléo-biologiste, dans une fosse proche d'une ancienne station-citerne, à la recherche de plantes préhistoriques, des éléments incongrus apparaissent : une Bible datant de 1900, un penny, une bouteille de coca, un soldat en plastique, une boîte de pastilles et ils présentent tous une anomalie : Dieu dans cette Bible est une femme, le soldat a une queue de singe et l'inscriiption sur la bouteille de coca penche dans le sens inverse habituel. Shaina, Corey et Roz Moto, ses collègues se disent que c'est l'occasion de mettre en valeur leur chantier et de récolter des fonds pour la recherche. Mais, de la fosse, ne sortent pas que des artefacts et des plantes, un être en émerge, elle s'appelle Moll et veut récupérer ses enfants. Moll vient d'une dimension alternative et ses enfants sont morts : ils ont été tués avec Erika alors qu'ils étaient venus visiter le site, dont les artefacts avaient provoqués l'ire des extrémistes religieux. Mais, qui est vraiment Moll, cette femme qui a compris combien ses enfants lui manquent une fois qu'ils étaient partis ?
Un roman comme un rêve, onirique, très bien construit. Molly/Moll, une seule et même femme déchirée entre sa vie individuelle et sa vie de mère. Molly m'a beaucoup fait penser à Sylvia Plath, écrivain et poète américaine, mère de deux enfants, déchirée elle aussi entre sa vie de femme, sa vie d'artiste, sa vie de mère et qui s'est suicidée au gaz, tout en protégeant ses enfants, parce qu'elle n'avait pas trouvé l'aide dont elle avait besoin. J'ai retrouvé dans ce livre les nombreuses sensations que j'ai vécu moi-même en temps que mère entre fusion et désir de mort. La maternité est tout sauf un univers merveilleux qu'on nous vend depuis fort longtemps : c'est un champ de bataille où l'on perd souvent, où l'on est même pas reconnu et où l'on attend des femmes, des compétences qu'elles n'ont pas au même titre que les pères.
Commenter  J’apprécie          20
« La Femme Intérieure » de Helen Phillips, traduit par C. Claro, (2020, Cherche Midi, 416 p.), c'est tout d'abord une bonne nouvelle. Cette nouvelle collection intitulée « Vice Caché » doit reprendre la collection « Lot49 », dirigée par Christophe Claro et Arnaud Hofmarcher, avec un clin d'oeil tout aussi évident à Thomas Pinchon. Non forcément pour faire l'apologie de cet auteur, quelque peu culte, mais pour avoir permis de faire connaître foule d'auteurs américains. Brian Evenson (Père des Mensonges, Contagion, La Conférence des Mutilés, Inversion) et ce n'était pas que du copinage avec Claro. Ou les différents tomes de William Tanner Vollmann (Les Fusils, La Tunique de Glace), de Paul Verhaeghen (Omega Mineur) sans compter les différents romans de William Howard Gass (Le Tunnel, Sonate Cartésienne) ou de Richard Powers (Le Temps où nous chantions, Trois Fermiers s'en vont au Bal, L'Ombre en Fuite) ou plus récemment Sergio de la Pava (Une Singularité Nue). Excellent travail de traduction et d'édition.
Helen Phillips, tout d'abord, née il n'y a pas si longtemps dans le Colorado, puis études à Yale et MFA au Brooklyn College où elle obtient un poste avec son mari, l'artiste Adam Douglas. Un premier recueil intitulé « And Yet They Were Happy », petites miniatures (2011, Leapfrog, 309 p.) déjà primé par « The Story Prize », puis un roman « The Beautiful Bureaucrat » (2015, Picador, 192 p.), distingué par The New York Times en 2015. « Some Possible Solutions » l'année suivante (2016, Henry Holt & Company Inc , 240 p.). Et enfin un roman « The Need », traduit en « La Femme Intérieure ».

Je l'avais entendue, tout à fait par hasard à la librairie « BookCourt », librairie indépendante à Brooklyn, hélas fermée depuis, lire des extraits de « And Yet They Were Happy », un vrai régal. Bien que de près de 300 pages, le livre est divisé en 19 sections, chacune comprenant une série d'articles d'environ 2 pages chaque fois. Chaque section est qualifiée par un son. On commence par « The Floods » dans lequel on retrouve un Noé vieillissant, qui se plaint de ce que « la pluie n'arrive pas. Il va être difficile de les [les animaux] rassembler deux par deux ». Puis ses cauchemars, toujours à propos de la pluie qui manque, et lui qui a construit une arche qui peut être ne servira pas. Adan et Eve, Noé et son arche, le tout revisité en quelques pages. Suit un chapitre « We ? » à propos des difficultés pour un jeune couple de se rencontrer, ou éventuellement se séparer, par un voyage ou par un décès. Ou comment sauver son oisellerie de salon lors de leur mort prochaine. Idem pour l'arche, mais dans ce cas, on utilise les techniques modernes, en les mettant au congélateur. Toujours dans la même section, on assiste au désespoir d'une femme « dont la tristesse était si grande car sachant qu'elle ne pourrait pas se concentrer dans un cube d'un centimètre de côté ». Comme quoi, l'existence est une lente expansion. Suit une sombre histoire de lavanderie dans laquelle il est interdit de faire sécher son linge. Et on en arrive dans « Regime » à instituer un « National Reproduction Day » pour augmenter la natalité.

« Some Possible Solutions » pose la terrible question de savoir comment réagir si son double hermaphrodite existait réellement, fût-ce sur une autre planète. Et ce n'est qu'une possibilité dans « The Joined » parmi d'autres options. Est-il possible de connaître exactement le moment de sa mort dans « The Knowers ». Ou bien, est-il possible, lorsqu'on vient d'accoucher de voir que la ville est remplie d'autres femmes qui vous ressemblent. Cette question, heureusement ne s'adresse qu'aux femmes. Peut-on assister sans danger à des réunions et constater que le temps se fige pour tout le monde sauf soi ? Une autre question à résoudre dans « The Children », comment être sûre que ses enfants ne sont pas des monstres extra-terrestres ? Et il reste encore trois autres questions toutes aussi angoissantes dont celle de « Flesh and Blood ». Dans laquelle nouvelle, une femme voit à travers la peau des gens « c'était assez pénible de voir de la sorte des étrangers et des amis. Mais à voir aussi ses propres parents. Etre forcé de reconnaître l'architecture de leurs corps, le chaos de leurs vaisseaux sanguins, l'humilité de leur crâne. de savoir que cette vulnérabilité a été l'endroit d'où l'on a grandi ». Et que penser alors de cette question « Comment j'ai recommencé à saigner après six mois angoissants à ne plus le faire ».

Donc « La Femme Intérieure », histoire assez étrange, dans laquelle des fouilles dans une ancienne station d'essence « Phillips 66 » ont ressurgir des objets totalement hors de notre logique, dont des douzaines de nouvelles espèces de plantes fossiles. Mais le plus extravagant reste certains objets usuels, mais totalement déformés. Telle cette vieille « bouteille de Coca-Cola du milieu des années1970 » au logo distordu, un « soldat en plastique des années 1960 », ou plus étrange encore, une « bible des années 1900 » dans laquelle Dieu est désigné simplement par « Elle ». Ceci dit Molly, qui a fait ces découvertes est seule avec ses deux enfants Viv et Ben. Et ces distorsions vont la poursuivre à la maison, lui faisant confondre les sirènes des ambulances avec « les plaintes nocturnes de Ben ». C'est à se demander si dans la traduction du titre, il n'y a pas eu de lapsus entre le f et le t dans l'épithète. Il y a bien une surprenantes traduction du titre original « The Need » en « La Femme Intérieure ».

Ces recherches s'effectuent effectivement dans le sous-sol de l'ancienne station, un lieu appelé « La Fosse » que le Dr Roz Moto « après avoir achevé ses recherches doctorales dans une carrière de fossiles proche d'ici, avait soupçonné puis vérifié (après plusieurs visites nocturnes clandestines) que le champ adjacent à l'ancienne station essence était bien riche en fossiles […]. Elle avait réussi à racheter le terrain, en vente depuis des années ». Et régulièrement, il y a une réunion où l'on fait le point sur ces recherches dans ce site « qui fournit une importante quantité de fossiles – cinquante, soixante-dix jusqu'à une centaine par jour ». Où l'on expose aussi dans une vitrine « les fossiles les plus impressionnants et les plus énigmatiques jamais exhumés sur le site ».
Il y a aussi la vie avec les enfants, Ben 2 ans que sa mère allaite, et Vivian (Viv) 4 ans qui se promène « en brandissant dans sa main droite un feutre violet sans capuchon telle la torche de la statue de la Liberté ». Cela permet d'égayer le mur blanc tout proche. Elle s'inquiète également à propos de son livre « le Livre des Pourquoi ». Pendant ce temps-là, David le mari vole vers un concert à Buenos Aires. Mais un intrus est dans la maison. Il a un masque de cerf « fabriqué [par David] avec du papier mâché et peint à la bombe dorée. le masque, qui recouvrait toute la tête, avait un museau fin, des yeux étroits, des bois pointus ». Il offre « le Livre des Pourquoi » à Vic.

Et quand Molly découvre son intrus, c'est Moll. « Les mêmes sourcils inégaux et les rides récentes au front. Les mêmes boucles d'oreille hexagonales qu'elle portait tous les jours depuis un mois. Les cheveux foncés et courts qui auraient bientôt besoin d'une nouvelle coupe. L'angle du nez : la position du grain de beauté sur le cou. La couleur des yeux, les capillaires visibles dans le blanc des yeux, les cernes discrets sous les yeux ».

Les confrontations de Moll et Molly sont étonnantes. « Tu peux lire dans mes pensées ? demanda Moll. / Ce sont mes pensées ». Des phrases aussi étonnantes. « il existe une autre version de moi. Elle est venue par la Fosse. Ses enfants sont morts. Elle veut nos enfants ». En effet « Cette Molly-là a perdu ses deux enfants après un attentat sur son lieu de travail ». Livre somme toute assez étrange. « La maison avait glissé dans une réalité alternative, le calme sublime qui enveloppe une espace quand ses habitants non domestiqués sont, enfin, au repos »
« Elle allait pousser la porte et s'avancer dans son autre vie, cette vie animale et secrète dans laquelle elle coupait des pommes, décongelait des petits pois, torchait des petits culs et laissait son corps se faire traire sans cesse et se remplir sans cesse. Cette vie où son nom était crié et réclamé des douzaines de fois par jour».

Le livre est divisé en cinq parties très inégales. Les chapitres sont souvent courts, d'une seule page où deux. Ils sont entre-mêlés avec la vie familiale de Molly avec ses enfants. En particulier de ses montées fréquentes de lait qui humidifient son soutien-gorge. Les autres évènements sont les recherches à la Fosse, les intrusions dans la maison, qui rendent le récit asse dynamique, malgré des redites. « Elle allait pousser la porte et s'avancer dans son autre vie, cette vie animale et secrète dans laquelle elle coupait des pommes, décongelait des petits pois, torchait des petits culs et laissait son corps se faire traire sans cesse et se remplir sans cesse ».

Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          10

Lecteurs (106) Voir plus



Quiz Voir plus

Freud et les autres...

Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

3
4
5
6

10 questions
434 lecteurs ont répondu
Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

{* *}