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EAN : 9782749165639
416 pages
Le Cherche midi (27/08/2020)
3.54/5   40 notes
Résumé :
Molly participe à des fouilles dans une ancienne station-service. Elle déterre un jour des objets dont la nature perturbe sa conception de l’univers logique, comme cette Bible où Dieu est désigné par le pronom « elle ». Chez elle, Molly doit affronter une situation tout aussi perturbante : son mari a dû se rendre à l’étranger pour donner un concert, la laissant seule avec leurs deux enfants en bas âge. Mais voilà qu’un soir elle entend des bruits de pas dans le salo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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°°° Rentrée littéraire 2020 # 25 °°°

« Elle s'accroupit devant le miroir dans le noir, cramponnée à eux. le bébé sous son bras droit, la fillette sous son bras gauche.
Des pas résonnaient dans l'autre pièce.
Elle les avait entendus un instant plus tôt. Elle avait éteint la lumière, s'était emparée de son fils, avait traîné sa fille à l'autre bout de la chambre pour se cacher dans un coin.
Elle avait entendu des pas.
Mais elle entendait parfois des choses. Une ambulance qui passait, prise à tort pour les plaintes nocturnes de Ben. Les gonds crissant de l'armoire à pharmacie, devenant le soupir agacé de Viv avant que celle-ci pique une crise .
Son coeur et son sang battaient fort. Elle aurait aimé qu'ils battent moins fort. »

Dès les premières lignes, ce roman très singulier distille une ambiance insidieusement étrange rendant le lecteur immédiatement nerveux, sensation de menace sourde qui perdurera durant tout le roman. D'autant plus que Molly, paléobotaniste, a découvert dans la Fosse, son site de fouilles, de curieux artefacts à l'origine inconnue, des objets connus correspondant à des périodes spécifiques mais avec une excentricité déroutante comme une bouteille de coca avec le script penché à gauche et surtout une vieille Bible où le pronom divin est « Elle » …

Helen Phillips revisite de façon très personnelle le thème de la maternité en ancrant son roman dans la conscience d'une femme épuisée, désorientée depuis son premier accouchement ; elle fouille la vie émotionnelle de Molly couche après couche dans un récit en poupées gigognes constitué de chapitres courts à tir rapide pour mieux accentuer la vitesse folle des turbulences que Molly traverse.

C'est très rare de voir la maternité présentée sous un angle aussi effrayant, conduisant Molly au bord de la folie : la maternité comme confrontation schizophrénique des identités rivales d'une femme qui s'inquiète de la personne qu'elle devient pour répondre aux besoins de la famille, qui se bat avec le quotidien utilitaire que la société lui impose alors qu'elle aspire à d'autres horizons.

Helen Phillips pousse les curseurs très loin avec ce thriller domestique aux accents lovecratfiens. C'est très pertinent d'utiliser les tropes de l'horreur du quotidien pour déclencher une réflexion féministe. Comme Molly, le lecteur est sans cesse désorienté, ses repères brouillés par cette atmosphère anxiogène qui naît d'une phrase, d'un mot, toujours à la frontière du fantastique, entre fantasmes, peurs, cauchemars et hallucinations.

Un bémol toutefois, j'ai trouvé que LA révélation fondamentale du roman arrivé un peu trop vite, ce qui a tendance à étirer le dénouement ou du moins le chemin qui mène à lui. La quatrième de couverture est très dommageable, d'ailleurs, car elle révèle d'emblée ce qui ne devait pas l'être.

Reste que ce roman est brillant, autant imprégné de vérités essentielles sur la maternité que d'un sentiment sauvage désarticulé d'irréalité. Un tour de force qui tord les attentes du lecteur en manipulant une histoire apparemment très simple. A noter, une traduction vraiment remarquable de la part de Claro qui permet de savourer une écriture de vraie styliste.

Lu dans le cadre du Prix du roman Fnac 2020
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Une mère et son double
*
Je ne saurais vous dire si j'ai apprécié le primo-roman de cette jeune auteure américaine. Je pourrais lui mettre l'étiquette d'"étrange" et en même temps "irréel" et "inquiétant". Mais je suis contente d'avoir pû expérimenter cette mystérieuse alchimie de SF et de fantastique.
Je pourrais le comparer à l'inclassable Lumikko du finlandais Jaaskelainen.
*
Molly paléobotaniste mais aussi maman de deux jeunes enfants fait une découverte incroyable dans une fosse. Une bible dont Dieu a le pronom féminin. Un soir chez elle, surgit son doppelganger (double bien réel). Devient-elle folle? Non, cette femme est identique à tous points de vue sauf que ses propres enfants sont morts dans un attentat.
La menace plane sur toute la maison. le mari absent, que fera Molly pour protéger ses petits?
*
Une tension est palpable tout le long du récit. L'apparition de cet alter-ego trouble l'esprit du lecteur. Pas d'effusions de sang mais une grande malveillance plane sur ce foyer. J'avoue qu'en tant que mère, je me suis laissée dominer par la peur plusieurs fois. Que ferais-je dans ce cas-ci? Et cette alternance de voix (tantôt l'une, tantôt l'autre) m'a embrouillé l'esprit. L'angoisse monte crescendo. le suspense est à son comble à la fin.
*
Attirance , fascination mais aussi répulsion pour ce Moi envahissant. La mère est vue dans sa plus simple banalité du quotidien mais aussi dans sa complexité de sentiments. C'est malin et subtil !
*
Un roman singulier qui ne plaira pas à tout le monde de prime abord mais qui vous ne lâchera pas une fois entamé.
*
Lu dans le cadre du Picaboriverbookclub
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Le premier roman publié en France de l'américaine Helen Phillips traduit par Claro est vraiment étrange et déroutant ! Je remercie Léa du groupe FB PicaboRiverBookClub pour m'avoir fait découvrir ce livre totalement surprenant et inclassable.

Il m'a tenu en haleine dès les premières pages car le suspens est maintenu en deux lieux différents qui alterne 1 chapitre sur 2 dans la première partie du livre. le temps varie aussi entre un présent ancré sur la maison de Molly et un passé de quelques heures seulement dans la Fosse d'une ancienne station service où Molly est paléobotaniste. Elle a fait récemment des découvertes qui bousculent totalement la compréhension du monde tel que nous le connaissons aujourd'hui et créent des tensions dans la société.
On sent un danger qui plane sur les deux endroits. Molly est une mère débordante d'amour pour ses deux enfants, sa fille Viv 4 ans très mutine et le bébé Ben nourrie au sein. Mais une mère lasse et dépassée par ses tâches domestiques dont l'état de fatigue l'empêche d'être totalement heureuse. A-t-elle des hallucinations quand elle se trouve face à son double qu'elle appelle Moll ? Moll qui était une mère heureuse avant de perdre ses enfants exige de Molly le partage de Viv et de Ben.

Voilà ce que j'ai aimé, c'est l'inconnu. Les prémonitions qui sommeillent dans notre subconscient et se réveillent sous le choc d'une vision même furtive. le côté fantastique, presque métaphysique du roman m'a fait perdre pied en jouant sur les frontières du réel.
En aparté, parce que c'est un domaine qui me passionne, j'aurais voulu apprendre de Molly,
paléobotaniste davantage sur les fossiles des fleurs.

Mais le point central du récit est ailleurs. Il m'a fait perdre mes repères. Je ne savais plus qui de Molly ou de Moll prenait la place de l'autre et si c'était l'une ou l'autre qui intervenait dans le récit. le sang ne coule pas à flot dans ce roman, ce n'est pas cette peur qui m'effraie. C'est la perte de notre réalité et des êtres qui nous sont chers.

Il y a dans ce roman de très belles images touchantes de tendresse sur les liens maternels et le quotidien du petit déjeuner aux myrtilles jusqu'à la berceuse du soir.
Moll et Molly forment une bulle autour de Ben et de Viv mais le monde bouge.
Mais la menace est latente, très proche. J'ai tourné vite les pages qui se lisent facilement.

A la fin de ma lecture, je suis restée un peu sur ma faim. Je n'ai pas tout compris. Mais là n'est pas l'important. Et c'est pour moi ce qui fait le mystère et le charme de ce roman qui laisse toute la place à notre imagination.




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Bon allons droit au but, faisons comme avec les sparadraps : tirons d'un coup, ça fait moins mal. Cela faisait un petit bout de temps que je n'avais pas ressenti ça mais c'est un rendez-vous totalement manqué avec ce livre, « La femme intérieure ». Pourtant, quand je relis encore la quatrième de couverture, son résumé m'avait fait très envie. Mais une fois la lecture terminée, je suis toujours autant perdue.

La première chose est que je ne pense pas avoir compris le fin mot de l'histoire. Or, c'est atroce quand on arrive aux toutes dernières pages en espérant que l'auteure va vous éclairer et vous offrir un final révélateur. Et puis, c'est l'effet-flan (une expression que je n'avais pas utilisée depuis longtemps !) : alors que j'attendais une lecture passionnante, je clos ma lecture et je ne pense pas avoir compris l'histoire tout simplement.

En plus, quand je lis que ce livre a été élu Meilleur Livre de l'Année par le New York Times et le Washington Post (excusez du peu!), je me sens comme la reine des imbéciles de ne pas l'avoir compris ou je me dis que j'ai dû m'endormir dessus sans m'en rendre compte. Pourtant, non (enfin, j'espère ne pas être trop idiote 😉 )

Le manque d'empathie ressenti à l'égard de l'héroïne principale aura sûrement joué pour beaucoup mais je suis donc passée complètement à côté de cette lecture. Est-ce le fait que je ne suis pas mère moi-même qui fait que cette analyse des liens maternels ne m'a pas touchée? Est-ce que j'en attendais trop de ce livre au vu des prix reçus? Je ne sais définitivement pas mais il s'agit d'un livre totalement original (pourtant d'habitude, j'aime plutôt cela) et étrange. Cette dichotomie de Molly m'a vraiment perturbée car je n'ai pas eu d'explication concrète et tout cela est resté trop flou. En somme, je pense que l'abstrait n'est peut-être pas quelque chose de fait pour moi.

Je ne dirai pas que ce livre est mauvais, loin de là car je n'en ai pas la prétention et je l'ai lu avec intérêt mais c'est une déception pour moi. Ceci est et restera mon humble avis personnel, je ne peux donc que vous conseiller de le lire et de vous faire votre propre opinion.

Je remercie Léa du Picabo River Book Club ainsi que les éditions Cherche Midi pour l'envoi de ce livre.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Pas évident de chroniquer un livre tel que La femme intérieure, d'Helen Phillips, traduit par Christophe Claro. Un de ces livres qu'on ne peut classer dans un genre et dont on ressort sans pouvoir dire si on l'a aimé ou pas. Un livre d'ambiance, inquiétante et fascinante à la fois. Un livre dont la profondeur contraste avec la simplicité du style, accessible, simple et direct. Un livre où la banale réalité du quotidien se confond avec la troublante et angoissante dualité de Molly.

Paléobotaniste et mère de deux enfants Viv et Ben, Molly effectue des fouilles sur La Fosse, le terrain d'une ancienne station-service Phillips 66. Au milieu des habituels fossiles, elle y a découvert plusieurs objets de datation étonnamment récente, ainsi qu'une bible ou « Il » est devenu « Elle », déclenchant curiosité et passion. Lorsque son mari s'absente une semaine pour un déplacement professionnel, une intruse débarque dans sa maison et dans sa vie. Une intruse qui n'est autre qu'elle-même, venue solder une immense douleur du passé.

Difficile et inutile d'en dire davantage sur ce livre qui inaugure la collection Vice caché de Cherche Midi, élu – excusez du peu - meilleur livre de l'année par le NY Times et le Washington Post. Un livre qui explore et interroge la maternité, le deuil, la complexité des êtres, les passions exacerbées ou la variabilité des destinées. Un livre où la frontière entre réalité et monde parallèle est ténue. Un livre sous tension permanente. Un livre qu'on adorera, qui intriguera ou que l'on rejettera, mais qui ne laissera probablement aucun lecteur insensible…
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critiques presse (1)
LeSoir
21 décembre 2020
Tout est troublant dans le roman de Helen Phillips, «La femme intérieure», pour le personnage principal comme pour le lecteur ou la lectrice.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Les deux femmes et leur ombre unique quittèrent le palais par une rue pavée d’or. Elles marchèrent jusqu’à ce que l’or se change en terre battue, et continuèrent de marcher.
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La voiture sentait le vieux biscuit rance et le papier mâché. Molly se réfugia dans l'odeur. Tout en conduisant elle pensa: quelque chose de terrible t'est arrivé mais cette chose ne m'est pas arrivée à moi, je suis horriblement désolée pour toi mais le quotidien de ma petite vie m'appartient et m'appartient seulement, pourquoi devrais-je subitement partager mes enfants avec une inconnue, quelque chose d'horrible t'est arrivé mais cette chose ne m'est pas arrivée à moi, je suis horriblement désolée pour toi mais le quotidien de ma petite vie n'appartient qu'à moi, pourquoi devrais-je subitement partager mes enfants avec une inconnue.

Molly se gara, jaillit hors de la voiture et fonça vers sa maison éclairée.

Elle vit Erika dans la cuisine, qui riait au téléphone.

Quand soudain, sur l'allée menant à la porte d'entrée, une bouteille de verre cassée, la menace acérée d'échardes vertes.

Puis : découvrir que le verre brisé n'était que des feuilles mortes éparpillées.
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En arrivant que le feu passe au vert et l'autorise à tourner à droite, elle n'arrivait pas à croire qu'elle était presque arrivée chez elle ; ne se rappelait aucune seconde du trajet. C'était vraiment étrange, monter dans sa voiture puis arriver à destination sans le moindre souvenir de ce qui se déroulait autour de vous.
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Son problème remontait à quatre ans, peu après la naissance de Viv. Elle n'en avait parlé qu'à David, désireuse de savoir s'il avait jamais éprouvé la même sensation, échouant à la traduire en mots: de légères désorientations qui la tourmentaient parfois, de petites erreurs liées à la vue et à l'ouïe.
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Cette musique non musicale l'aidait à se couper de sa journée de travail, qui l'avait éreintée. C'était une bonne bande-son pour passer devant les chantiers à l'arrêt, le bois nu des maisons inachevées et la terre retournée qui durcissait avec le temps. Puis l'artère commerçante, le boulevard délabré.
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