Ce recueil aborde la culture du viol : les gestes, les attitudes, tout ce qui nous conditionne dans nos représentations du viol, des violeurs et des victimes.
Ce livre n'est pas uniforme. Il est formé de différents types de textes. Il y a des témoignages, des essais, des fictions, des débats, etc. Ces textes très courts se lisent facilement. Cette diversité est très intéressante car elle évite les répétitions et permet d'aborder de nombreux sujets. J'ai aimé découvrir tout ces textes qui déconstruisent ce concept qu'est la culture du viol. Ils ne font pas le tour de la question mais ils ont le mérite d'ouvrir la voie au dialogue, au consentement, au respect de l'autre et de son corps.
Commenter  J’apprécie         60
C'est un collectif québécois rassemblant des opinions, des témoignages, des analyses et des textes de fiction, et visant à amorcer une conversation sociale au sujet de la culture du viol.
Ce n'est pas ce que j'appellerais une lecture apaisante : seulement après en avoir lu la préface, je bouillonnais déjà de l'intérieur! Pas tout à fait ce à quoi je m'attendais, mais tout de même très pertinent... À lire!
Commenter  J’apprécie         40
L'ouvrage collectif Sous la ceinture présente les nombreux visages de la culture du viol. Ses auteurs, issus de la génération Y, espèrent susciter la discussion.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Je te regarde sauter dans les vagues avec ton père, tous les deux en sous-vêtements et insouciants, et je me dis que je voudrais que tu grandisses en pouvant dévoiler tes épaules si tu as chaud. Grimper dans les arbres sans qu'on sexualise ta culotte-rose-du-jeudi. Porter des jupes courtes si tu en as envie.
(...)
-Maman? Pourquoi tu ne viens pas dans l'eau?
-Je n'ai pas mon maillot de bain.
-Maman! Baigne-toi en culotte! On s'en fout! C'est pas important, tout ça!
J'aimerais tant que tu aies raison, ma puce.
Montrer aux jeunes filles à être davantage que leur apparence, ne pas les y réduire ou ne leur offrir comme modèles que des princesses à coiffer, à habiller, à regarder attendre le prince charmant. Elles valent davantage que de se croire objets à plaire. Ou à être des ménagères. Elles valent plus que de se croire vouées à la passivité. Les garçons valent davantage que de se croire obligés à la force, aux camions, aux jeux de domination. C'est un peu pour tout ça que les stéréotypes de genre sont nocifs : ils circonscrivent le domaine des possibles, confinent l'individu à croire son identité valide uniquement dans le moule qu'on lui impose. Et lorsque, dans ces mêmes moules, ce qui est étiqueté comme étant féminin est souvent risible ("lancer comme une fille"), il n'est pas surprenant que certaines finissent par croire qu'un genre vaut mieux que l'autre. Il n'y a qu'un tout petit pas à faire pour se donner des droits sur lui.
-Véronique Grenier
On peut pus rien dire aux femmes, se plaindra le chevalier galant des temps qu'il commence à trouver compliqués. C'parce qu'on lui a dit souvent qu'il est fort, qu'il domine, qu'il est bon là-dedans, gérer. C'est un prédateur ; son appétit à lui, il est naturel, il est permanent. La vie, c't'une game, pis y faut être on top. Les filles, c'toutes des folles, dit un bumper sticker.
Cette virilité qui ne tient qu'à un fil.
[p120]
Il faut encourager la parole, la voix, l'affirmation des besoins, des limites. Le "non" d'un enfant, certes, il gosse, mais c'est le tout premier pas vers cette capacité de se reconnaître une valeur, un pouvoir sur soi. Casser la capacité de refuser, obliger constamment à se plier à des volontés externes, c'est apprendre à l'enfant qu'il est adéquat d'outrepasser ses limites.
-Véronique Grenier
Quand on est privé de sa volonté, on fait les choix qu'on peut. L'illusion de contrôle, même si c'est un mensonge, est moins terrifiante que la réalité quand, dans la réalité, quelqu'un prend ton corps et se l'approprie comme un câlisse d'objet. Qu'il s'approprie ton corps, le seul que t'as, celui avec lequel tu vas devoir vivre jusqu'à la fin de ta vie, le fixer droit dans les yeux dans le miroir tous les jours, le regarder vieillir, celui dont tu te serviras pour voyager, aimer, nourrir tes futurs enfants, ton corps. [...] La réalité, elle laisse une tache qui partira jamais. Elle pâlit, tu t'habitues, et ça pourrait toujours être pire. Mais ton corps, le seul que t'as, tout ce que t'es, est taché un peu. Pour toujours.
[p176]