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4,15

sur 545 notes
Que d'éloges sur ce livre un peu particulier qui aurait pu ne jamais voir le jour. Evelyne Pisier meurt avant qu'il soit terminé et c'est son éditrice, Caroline Laurent, qui décide d'y apporter la touche finale comme elle l'a promis à celle qui était devenue son amie. J'ai moi aussi succombé à cette extraordinaire histoire de femmes, sa beauté et son originalité.

"Et soudain, la liberté" est l'histoire romancée d'Evelyne Pisier et de sa mère. Elles donnent vie aux personnages de Lucie et Mona et j'ai été fascinée par leurs destins hors du commun. On suit ces deux femmes d'exception pendant des années à travers les continents; l'Indochine, la Nouvelle Calédonie, Cuba juste après la révolution et la France des années soixante. J'ai été emportée par leur histoire; l'éveil de Mona aux idées féministes, sa soif de liberté et d'indépendance, son engagement militant, valeurs qu'elle a transmises à sa fille, tout aussi libre et engagée. J'ai adoré suivre leurs parcours marqués par des événements importants et des rencontres avec des gens remarquables.

Le récit est d'une telle fluidité qu'on a du mal à lâcher le roman auquel les interventions de Caroline Laurent apportent de la fraîcheur. J'ai apprécié ces petites parenthèses, souvent très personnelles, où elle fait part de son expérience d'éditrice devenue écrivaine. Cependant, quand elle donne quelques précisions en démêlant la réalité de la fiction, j'aurais préféré rester dans l'ignorance.

Le roman a été élu second par les blogueurs du premier Grand Prix des Blogueurs Littéraires et si je l'avais lu avant, j'aurais certainement voté pour ce magnifique livre.
Lien : http://edytalectures.blogspo..
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Cinquième roman faisant partie de la sélection des Talents Cultura, « Et soudain, la liberté » trouve son originalité par sa conception : roman écrit à deux voix, Evelyne Pisier et Caroline Laurent, deux femmes qui n'auront passé que six mois ensemble.

En effet, la première étant décéde d'une grave maladie et la seconde, son éditrice devenue sa biographe, tentant de porter le message de la première en lui restant le plus fidèle possible et on rendra grâce à Caroline Laurent d'avoir porté ainsi la salutaire voix d'Evelyne Pisier.

On voit à quel point cette relation d'abord professionnelle s'est immédiatement transformée en une amitié réciproque, faite d'admiration et de compréhension mutuelle.

Ce livre qui alterne d'une part le récit d'une vie, celle de Lucie ( le nom du personnage d'Evelyne), l'histoire de ses parents, de sa mère Mona qui fut si importante et d'autre part la voix de Caroline l'éditrice du roman qui nous parle de son lien avec Lucie/'Evelyne,

Un récit doux et sensible, plein de sincérité qui se mue vite en une ne ode à la liberté, aux combats nécessaires pour acquérir les droits que toute femme se doit d'obtenir : un récit entre fiction et roman qui montre combien ces destinées sont peuplés de lutte sans merci entre désir et contraintes et désir de se réaliser pleinement et librement.

Un livre écrit à quatre mains avec une belle fluidité, par ces deux femmes unies par une amitié fulgurante qui laisse irriguer une émotion douce et sincère.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Evelyne Pisier (soeur de Marie-France peu citée, dommage !) envoie à une jeune éditrice un manuscrit à qui elle donne la charge de le romancer. 37 ans les séparent. A priori elles sont opposées et pourtant… Amitié et complicité vont naître… jusqu'à la mort de Evelyne, il y a un an. Quelle vie incroyable ! Malgré l'envie que j'en ai, je ne le dévoilerai pas parce que c'est ce qui fait le charme et que le lecteur est à chaque page tour à tour surpris, étonné, bluffé. Caroline Laurent insère quelques brides de sa vie tout en finesse. Ne se raconte pas, se lit. En un mot Magnifique !

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Je découvre cette biographie fictionnelle, Et soudain, la liberté, grâce aux 68 premières fois… un roman écrit « à quatre mains, à deux âmes », sur une idée et un manuscrit d'Évelyne Pisier et une écriture finale de Caroline Laurent.
Nous sommes devant un cas de figure assez exceptionnel : une histoire originale et intéressante mais qui mérite d'être remaniée, la rencontre entre une vieille dame et une jeune éditrice pour un travail de relecture et de réécriture… Quand la vieille dame meurt à peine le chantier littéraire mis en oeuvre, la jeune éditrice termine et publie le roman.
J'ai eu le privilège de rencontrer Caroline Laurent et de l'écouter parler de ce livre ; c'est une jeune femme passionnée et passionnante. Ce roman est devenu l'histoire et le reflet d'une belle rencontre, d'une belle amitié et il porte en lui cette force étrange et intimiste. Il y a du partage, de la transmission, une polyphonie empreinte de « confiance »…

La petite Lucie pose un regard de gamine attentive sur le monde qui l'entoure, sur cette ambiance coloniale dans laquelle elle est venue au monde, là où les « gens de couleur » sont les domestiques des blancs, là où les nounous n'ont pas de prénom mais une fonction, où elles sont malmenées et si peu considérées, sauf par l'enfant, dans « une société naturellement hiérarchique ». Il y a beaucoup de moments forts autour des nounous dans ce livre, notamment « la scène du crouton »… Nous voyons grandir Lucie à Saigon, lors de l'emprisonnement avec sa mère dans le camp de concentration japonais… Nous l'accompagnons dans sa construction de l'Indochine à la Nouvelle Calédonie puis en France, dans son parcours d'adolescente, d'étudiante, de femme, d'amante, d'épouse, de mère, de fille surtout.
Mona voulait être médecin, mais elle a interrompu ses études pour devenir l'épouse d'un haut fonctionnaire et obéir ainsi aux codes de la bourgeoisie du milieu du XXème siècle. Ce livre est l'histoire de sa quête de « libération » ; l'objet du livre tourne autour de l'affranchissement, de la rupture d'avec une éducation raciste, coloniale, antisémite, intolérante, homophobe… dans laquelle un homme vaut toujours mieux qu'une femme.
Ce livre est « un grand portrait de femmes dont le courage doit nous inspirer et, qui sait, nous guider dans nos propres vies » pour reprendre ici les termes de la dédicace de Caroline Laurent.

Ce roman est riche d'une intertextualité particulière, fruit à la fois des souvenirs et des notes d'Évelyne Pisier et du parcours universitaire de Caroline Laurent.
Je n'ai pas tout relevé mais particulièrement apprécié, entre autres, l'Antigone d'Anouilh pour faire le lien entre les nounous de Lucie et celles qui, des années plus tard, s'occuperont des enfants d'Évelyne. La littérature va souvent servir de ponts entre les époques et entre la fiction et la réalité. Nietzsche éclaire le rapport au passé, « l'attitude antiquaire » de la jeune éditrice qui ne peut rien jeter.
L'allusion à La petite Chèvre de Monsieur Séguin de Daudet pour illustrer deux points de vue antagonistes sur le courage et la défaite est assez savoureuse ; pour les deux auteures, « on ne perd rien à essayer ».
La lente décolonisation et ses limites, ses séquelles, est admirablement mise en lumière par la lecture de Peau noire, Masques blancs de Frantz Fanon…
Le deuxième Sexe de Simone de Beauvoir est remis à sa juste place ; en effet, pour nous aujourd'hui, c'est une haute référence féministe, mais pas forcément lue en entier. Le beau personnage de Marthe, la bibliothécaire, est entièrement inventé, figure emblématique et synthétique de « littéraire engagée ».

Caroline Laurent nous propose aussi une plongée dans la mise en abyme de l'écriture, dans ses nuits blanches, dans ses doutes, dans l'urgence de terminer le livre et de le faire exister… dans l'inévitable confrontation de la vie d'Évelyne Pisier avec sa propre vie de fille et de femme.
Se mettre en scène dans le roman donne une dimension autre, une ouverture ; c'est une réponse aux remarques et aux questions, une défense contre « la peur du jugement, du mépris, des mauvaises interprétations » et surtout contre « la peur de blesser, de tomber à côté de la plaque », la peur de trahir Évelyne…
L'écriture est claire et fluide bien que scandée par un chapitrage court. Cela traduit l'urgence, l'impossibilité de fignoler, de donner un cadre trop strict… Malgré la complexité entre les différents niveaux de narration, la lecture est facile… trop, peut-être.

Qui dit biographie fictionnelle, dit contexte historique, personnages référentiels et informations sur une réalité extérieure au récit. Et soudain, la liberté répond à ces critères définis par les théories littéraires, qui autorisent la liberté de l'imaginaire, mais pas seulement : il y a une dimension supplémentaire qui en fait un roman atypique et original mais qui me gêne un peu.
En effet, si Lucie et Mona sont les miroirs d'Évelyne Pisier et de sa mère, si Victor est le double de Bernard Kouchner, si Fidel Castro participe à la fiction et procure un effet de réel… la vraie Évelyne, souvent convoquée par Caroline Laurent, peut-être dans un souci de légitimité de son écriture posthume, brouille les codes du genre. C'est un ajout que j'aurais mieux accepté si le livre était axé sur Lucie, mais Et soudain, la liberté s'achève avec la mort de Mona ce qui prouve bien que le noeud thématique du roman s'inscrit autour du rapport avec cette mère, autour de son parcours exceptionnel, de son évolution d'épouse soumise et dépendante à son rôle de femme militante et libérée, jusque dans le choix de sa fin.
Ainsi, j'ai pu être perturbée par des passages ou des phrases qui mêlaient Mona et Évelyne, la mère de fiction et la véritable instigatrice du roman…

Je salue le travail de recherche, de mise en forme, d'interprétation respectueuse, la part de danger acceptés et assumés par Caroline Laurent.
Un étrange roman qui me laisse une impression d'inachevé, comme si moi, lectrice, j'avais aussi un rôle à jouer.
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Je referme ce livre avec tristesse et émotion. Si je pouvais mettre dix étoiles à la notation, je le ferais sans hésitation.
Quel beau récit!
Une histoire inclassable, rédigée par quatre mains, celles d'Evelyne Pisier, écrivaine et politologue (elle fut d'ailleurs l'épouse de Bernard Kouchner puis d'Olivier Duhamel) et celles de Caroline Laurent, jeune éditrice.
Evelyne a pour projet d'écrire une biographie romancée de sa propre vie, avec un véritable hommage à sa propre mère, Mona, qui lui a permis de prendre part au combat des femmes pour obtenir les mêmes droits que les hommes.
Evelyne, rebaptisée Lucie pour les besoins de la fiction, est née à Hanoï en 1941. Sa mère est une bourgeoise qui ne travaille pas et ne s'occupe même pas de ses enfants: c'est le travail de la nounou. Son père, André, est un partisan du régime de Vichy qui soutient la colonisation et méprise les gens de couleur. Entre eux, c'est l'amour fou. Mais les aléas de l'Histoire vont pousser Mona à vouloir vivre autrement. Passer son permis, travailler sont à cette époque de véritables combats pour les femmes, qui dépendent totalement de leur mari pour prendre la moindre décision liée à une éventuelle prise d'indépendance. Mais Mona va divorcer, pour revenir en France et mener la vie qu'elle veut mener. Ses rencontres avec d'autres femmes "libérées" vont la mener sur la voie du militantisme: le droit à l'avortement, à la contraception, puis plus tard, l'homosexualité, le droit de mourir dans la dignité...
Lucie - Evelyne a suivi cette évolution de près et s'est investie très tôt dans la politique. Elle deviendra l'une des premières femmes agrégées en droit et en politique, tout en continuant à manifester dans les rues de Paris. Elle ira même jusqu'à Cuba avec sa bande d'amis de gauche pour y rencontrer Fidel Castro; avec qui elle vivra une histoire d'amour passionnée.
Bref, un récit passionnant et remarquablement bien écrit. La plume de Caroline Laurent est intelligente et fluide. J'espère qu'elle envisage la rédaction d'autres romans!
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Il ne nous est pas donné à lire tous les jours un roman aussi joliment émouvant. Des pages qui diffusent une émotion douce, sincère, respectueuse et belle. Un livre écrit à quatre mains mais surtout deux têtes, deux âmes soeurs unies par une amitié incomparable. Une amitié fulgurante comme peut l'être l'amour parfois.

Evelyne Pisier et Caroline Laurent n'ont passé que six mois ensemble. Leur relation de travail s'est immédiatement transformée en une amitié pleine et entière, faite d'admiration et de compréhension mutuelle. Une amitié d'une telle force qu'elle a permis à Caroline Laurent de terminer d'écrire ce roman lorsque Evelyne Pisier a été vaincue par la maladie. Comme habitée par l'esprit de son amie et la volonté de la servir au mieux. le résultat est magnifique.

Il y a presque trois histoires en une. Celle d'Evelyne, celle de Mona, sa mère et celle de l'écriture de ce roman. Car Evelyne Pisier et son éditrice, Caroline Laurent ont choisi la forme romanesque plutôt que le récit pour raconter la vie de Mona (qui a tout d'une héroïne de roman) et celle d'Evelyne à travers elle. L'histoire de femmes extraordinaires à travers laquelle défile également toute l'histoire de France et notamment son passé colonial. En poste en Indochine puis en Nouvelle-Calédonie, Pierre et Mona seront les témoins et les acteurs des transformations et des changements de modes de vie d'une certaine caste "dominante" qui voit ses certitudes mises à mal par l'éveil des peuples occupés. Mona, femme amoureuse et soumise sera victime de violences abjectes lors de la guerre d'Indochine. Mais ce n'est que bien plus tard, lors de son installation en Nouvelle Calédonie que la lecture de Simone de Beauvoir fera naître son désir d'émancipation. Amant, divorce, retour en France et début d'une vie militante, notamment pour la cause des femmes, le planning familial et le droit à l'avortement. Un exemple pour Evelyne (baptisée Lucie dans le roman), même si la relation entre mère et fille est bien plus complexe, qui poussera le militantisme encore plus loin, un engagement qui la mènera jusqu'à Cuba dans les bras de Fidel Castro. Des vies de combats, des destins confrontés aux dilemmes qui jalonnent la vie des femmes entre désir et contraintes de la maternité et envie de se réaliser pleinement et librement.

Vous l'aurez compris, il n'est pas étonnant que le récit d'Evelyne ait suffisamment fasciné Caroline pour l'amener à produire ce très joli roman. Et les lecteurs ne bouderont pas leur plaisir au fil des pages qui déroulent ces trajectoires passionnantes dans un contexte historique foisonnant. Mais les plus beaux moments sont ceux au cours desquels Caroline Laurent, en cours d'écriture prend la parole pour s'adresser à Evelyne, évoquer leurs échanges récents ou convoquer son esprit pour le mêler au processus de création. Elle fait alors preuve d'une sensibilité, d'une qualité d'écoute et d'empathie qui donnent le frisson et contribuent à faire de ce livre un très beau moment de lecture.

"C'est fou. Quand on te répète en permanence qu'il y a des races et que ce sont elles qui fondent les rapports humains... Quand la religion est partout, qu'on t'élève dans l'antisémitisme, la haine des protestants, des homos, des métèques... Comment as-tu fait ? Et ta mère ? Ta mère ! Elle a grandi avec ces idées-là, elle les a partagées avec son mari... Et puis la rupture. C'est inouï. Comment avez-vous fait pour vous affranchir de tout ça ?" Evelyne me ressert un verre de vin en souriant : "C'est tout l'objet du livre, non ?"

Oui, c'est tout l'objet du livre, avec un supplément d'âme, cette petite dose de magie qui donne à l'ensemble une force, une grandeur d'âme qui le rendent remarquable. Ce qu'on appelle l'amour en somme. Et qui fait de ce livre un véritable cadeau.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Ce récit m'attirait à plusieurs titres : j'ai lu beaucoup de billets le concernant : plus ou moins enthousiastes, ensuite le thème : la condition féminine qui me touche particulièrement, et puis rien que la couverture : magnifique portrait de femme, regard étonnant..... à l'époque de la révolution cubaine d'une femme qui assume ses choix, qui va jusqu'au bout mais avec un petit côté fleur bleue. Mais n'allons pas trop vite.

Et d'ailleurs il n'est pas question d'une femme mais de 2 femmes, voir 3, non 4 : Mona, Lucie, Caroline, Guillemette, Marthe et puis de toutes les autres. Et tout commence avec Mona et là nous partons de loin.... Mariée à un homme raciste, colonialiste, pétainiste, antisémite, brutal etc..... tout pour plaire mais le problème c'est qu'il lui plaît, elle l'aime et il l'aime, elle le suivra au bout du monde, frôlera la mort avec sa fille (Lucie/Evelyne) dans les prisons japonaises durant la guerre d'Indochine, aura un amant, divorcera, reviendra.

Lucie/Evelyne, une des auteures avec Camille Laurent, qui sont devenues très proches, très vite, amies de courte durée puisque Evelyne est décédée après quelques mois de collaboration. Un destin étonnant, qui fréquentera Fidel Castro, rencontrera Ché Guevara, épousera un médecin humanitaire de renom...... Un certain Bernard K (Victor dans le récit).

J'ai été touchée, intéressée par l'amitié de ces deux femmes qui semble avoir été profonde, intense, ébauchée mais incomplète, mais tel n'était pas le but du livre. Et là est un peu le problème : biographie, roman, féminisme, amitié ...... tout se mélange un peu.

Le personnage le plus marquant pour moi est Mona : peut être une question de génération mais aussi parce que c'est en partie cette génération qui a été de toutes les luttes féminines, sûrement par leurs parcours des années 40 : planning familial, avortement, contraception, liberté, droit à mourir dans la dignité etc.....  Ce qu'elles ont vécu, enduré depuis si longtemps ont forgé une énergie,  une force incroyables mais avec parfois des réflexes encore violents devant certaines causes (homosexualité) mais avec la lucidité de reconnaître ses erreurs pour Mona.

Evelyne a été élevée par une mère qui a du se battre pour exister, pour gagner sa liberté, pour affronter le regard des hommes, de la classe bourgeoise dans laquelle elle vivait. Elle a permis ainsi à sa fille d'être libre et de faire ses choix, de vivre sa vie. On suit la lente transformation de cette mère, la prise de conscience de sa condition et tout ce qu'elle a refusé par la suite. Une vie libre, refusant le mariage par tout ce qu'il a de contraignant et d'enfermement, portant un regard sur la détresse humaine et une détermination à vouloir changer les choses. Agaçante parfois par sa passivité au début mais sûrement expliquée par l'amour qu'elle portait à son mari, par son éducation, mais active, combattante ensuite, jusqu'au bout refusant même de laisser le temps et la souffrance passer sur elle.

Dans sa philosophie, rêver et agir se confondaient : elle voulait la vie mais en mieux. (p85)

Du fait du décès d'Evelyne Pisier durant la rédaction de ce livre, Caroline Laurent a repris les rênes et ses interventions régulières au cours du récit sont parfois un peu gênantes car elles le coupent, interrompant le flux de l'histoire, mais peuvent aussi permettre de comparer, à 50 ans d'intervalles, que parfois les choses ne changent pas tant que cela ou que les combats du passé, au contraire, ont pu les modifier. Elle nous fait surtout partager l'amitié qui la liait à Evelyne, rapide, fulgurante, inexplicable sûrement une concordance de parcours, de passion.

Pour moi un flash-back sur une époque, pas si lointaine, que j'ai connue, mais où les choses ont bougé un peu mais nous partions de loin, les combats étaient rudes, violents parfois, mais grâce au combat de certaines, en particulier Simone Veil et Simone de Beauvoir, nos vies ont changé et il n'est pas inutile de les rappeler (voir les récents scandales). 

On découvre également un Fidel Castro amoureux,  assez caricatural même, bien loin de l'image que l'on peut s'en faire. Image média et intimité...... En parlant d'intimité je me suis interrogée sur l'absence de Marie-France Pisier dans le récit mais on en a l'explication à la toute fin du livre.

Le livre est composé de 3 parties : la première retrace le parcours de Mona en Indochine, la deuxième traite de la découverte du féminisme par Mona grâce à Marthe et en particulier du deuxième sexe de Simone de Beauvoir, la troisième le retour à Paris et les combats.

J'ai été beaucoup plus passionnée par la narration du parcours de Mona mais je ne comprends pas la volonté de modifier les prénoms alors qu'il est clairement établi qu'il s'agit d'une biographie enfin deux biographies : Mona et Lucie (Evelyne Pisier et sa mère). Soit on romance totalement soit on assume totalement surtout que certains personnages sont clairement révélés.

Je pense que la lecture peut être très différente en fonction de l'âge que l'on a : pour une tranche d'âge ce sont les souvenirs plus ou moins bons, pour une tranche d'âge plus jeune c'est une découverte des luttes féminines et de la lente et difficile accession à la liberté pour les femmes.
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Deux plumes entremêlées (Evelyne et Caroline) pour deux vies entremêlées, indissociables tant elles se sont influencées l'une l'autre : Mona la mère et Lucie-Evelyne sa fille.
Avec seulement une vingtaine d'années de différence et une même fougue pour les justes causes, chacune suit un parcours de pasionaria, entre idéal, ferveur et fureur.
A la fois roman et témoignage, le récit exalte leur penchant pour la vie militante et leur désir tout puissant de liberté, avec ses limites, ses erreurs, ses contradictions .
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Une histoire dense, riche pour témoigner sur l'intensité que peut avoir la vie. Certains destins sont incroyables et fascinants. Les chemins de la vie sont parfois étonnants, ceux empruntés par Évelyne Pisier sont inoubliables, intensément émouvants, notamment ceux qui ont permis ses rencontres avec Fidel Castro et Bernard Kouchner.
Caroline Laurent, éditrice, joint sa plume à celle d'Évelyne Pisier, écrivaine et politologue, aujourd'hui décédée, pour nous conter une époque, celle du colonialisme, milieu du XXème siècle, avec toutes les horreurs qui ont accompagné cette terrible expansion guerrière, fomentées par des cultivateurs d'abominations, et livrer un récit vertigineux sur le féminisme , les batailles des femmes, leur émancipation.
« Tibaï », « nounou » en vietnamien, a été sa première amie. Plus tard, en Nouvelle-Calédonie, ce serait Rosalie. Des femmes de l'ombre, souvent malmenées et peu considérées - par ailleurs, des indigènes. Je crois qu'elles ont composé les premiers paysages qu'a observés et aimés Évelyne, des paysages humains, mouvants, émouvants, dans lesquels elle puisera toute sa vie. »
De l'Indochine à La Nouvelle-Calédonie, de la France à Cuba, Évelyne Pisier et Caroline Laurent mêlent avec talent la petite histoire dans la grande Histoire.
« Qui fait l'histoire ? La mémoire collective ? Les soldats, les gouvernants, les historiens, les professeurs ? Sans doute. le premier producteur d'histoire, toutefois, c'est le présent. Pour des raisons qui m'échappent, les années 2000 n'avaient pas besoin de l'Indochine. On m'avait appris la Shoah, le stalinisme, la guerre d'Algérie. La guerre du Vietnam - pas celle de l'Indochine. J'admets que c'était déjà beaucoup. Évelyne m'apprenait autre chose. La grande leçon de Lévi-Strauss : « Porte ton regard au loin. » »
Ce livre est aussi le témoignage d'une immense amitié entre Évelyne Pisier et Caroline Laurent.

Bouleversant ! Superbe !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Livre lu dans le cadre du Prix Elle des lycéennes 2018.

Evelyne Pisier est décédée un jeudi de février 2017, en laissant inachevé un projet d'écriture commencé avec son éditrice Caroline Laurent. Très touchée par la mort de son amie, cette dernière a pris son courage à deux mains et a décidé de terminer le livre, selon les dernières volontés d'Evelyne. Dans ce roman, les deux femmes réinventent l'histoire de la mère d'Evelyne, « Mona ». Jeune mère au foyer au départ follement amoureuse de son mari, un pétainiste, qui élève leur fille, Lucie, dans une optique raciste et intolérante, elle va petit à petit se détacher de lui pour devenir plus indépendante. Lorsque le Deuxième Sexe atterrit entre ses mains, tout change. Mona et sa fille ne sont qu'au début d'un long chemin : celui de la liberté…
Il s'agit d'un roman efficace et pertinent, émouvant parfois. Caroline Laurent insère dans le récit des anecdotes, comme pour poursuivre le dialogue avec Evelyne : j'avoue avoir parfois été dérangée par ces intrusions qui nous font sortir du récit principal – certains commentaires me paraissaient moins pertinents que d'autres. Toutefois, je me suis régalée à la lecture de ce livre : l'enfance à Hanoi puis l'adolescence dans les rues de Nouméa, mais aussi la vie au camp suite à l'invasion japonaise, la vie auprès de Fidel Castro : Lucie est devant nous, et nous l'observons grandir et mûrir. Evelyne Pisier et sa mère ont eu une vie remplie et passionnante : une vie de roman.
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