Les filles de Sainte-Hélène sont toujours ensemble, sont soudées comme les doigts d'une main...en apparence.
Un jour, tout le bahut reçoit une photo de Scarlett, nue. Et là elle est lâchée par le groupe, insultée, accusée, jugée coupable. Coupable de quoi au fait ? je pense que les filles elle-mêmes ne le savent pas : d'être une salope, trop naïve, de plaire, de ne pas s'intégrer ?
Dans la construction du texte, les filles semblent parler d'une seule voix, mais de temps en temps un sursaut émerge, un doute, une remise en question du jugement et de la violence. C'est bref, mais ça affleure. Parfois on pense qu'une voix dissonante va plus se faire entendre, qu'un geste bienveillant va finir par être esquissé. Mais la plus forte ici c'est bien Scarlett.
Violence des filles entre elles, adolescence et besoin de s'intégrer, tiraillement entre féminisme, conformisme, soumission et indépendance, harcèlement scolaire, silence passif...une lecture qui ne laisse pas indifférent.
Un texte fort, pas simple, mais qui reste en tête.
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Excellent ! Ca c'est du théâtre : j'ai vu les persos virevolter devant moi en lisant. le thème est intense, les phrases coup de poings, le final superbe. A faire lire autour de soi !
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Loin de se satisfaire de la « simple » exposition de la violence avec laquelle est traitée Scarlett et de sa progressive exclusion, Evan Placey pose en germe dans certaines répliques des graines de sursaut de conscience, de révolutions qu’elles soient adolescentes ou féministes, appelez-les comme bon vous conviendra.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Musique : Run the World (Girls) de Beyoncé. Les filles mettent leurs écouteurs. Elles chantent et dansent avec la musique – une chorégraphie qu’elles ont clairement répétée. Tout à coup, la musique s’arrête. Elles retirent leurs écouteurs. Elles ont cinq ans.
Quand Scarlett arrive, ses deux nattes sont mal faites et elle a des taches de jus de fruits autour de la bouche.
On a cinq ans. Je suis dans le bac à sable en train de construire un château de princesse qui ressemble plutôt à une grosse crotte de cheval.
Je suis près du robinet – j’aime bien sentir l’eau couler sur les petits poils blonds de mon poignet.
Je suis sur le tapis le doigt dans le nez en train de me demander pourquoi la dame qui ressemble à Nanny McPhee doit remplacer ma mère quand une autre fille me fonce droit dessus. Elle s’assoit à côté de moi ; nos jambes se touchent. Et je sais que je suis quelqu’un. J’ai été choisie.