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EAN : 9782953990010
120 pages
Editions Marciana (18/04/2012)
5/5   1 notes
Résumé :
En 1974, une délégation composée de trois membres de la revue "Tel Quel" - Philippe Sollers, Julia Kristeva et Marcelin Pleynet - ainsi que de François Wahl et de Roland Barthes, se rend en Chine. Ce livre est le journal que Marcelin Pleynet a tenu, trois semaines durant, au cours de ce voyage qui l'a conduit à Pékin, Shanghai, Nankin, Luoyang et Xi'an.
Publié une première fois en 1980, chez Hachette dans la collection "P.O.L.", la présente édition a été revu... >Voir plus
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Dimanche 5 mai 1974 – de retour en France

Je me retrouve en France avec le sentiment d’avoir quitté la Chine précipitamment. Si au départ
de Paris nous ne savions pas vraiment ce que nous allions trouver en Chine, nous partions
pourtant et, dès que la passerelle de l’avion fut franchie, nous n’étions plus en France. Nous
quittions la France pour, dans le demi-sommeil d’une nuit de voyage, partir vers un continent
sans autre réalité sous son nom que son tracé géographique et l’occidentalisation de ses mœurs.
À Pékin, en montant dans l’avion qui nous ramène à Paris, nous sommes déjà en France. À la
première page des journaux les élections françaises, et en page 4 ou 5, quelques brèves nouvelles
de la Chine, Lorsqu’en cours de voyage nous avons pu consulter le Bulletin d’information de
l’agence Hsinhua, nous avions parfois en dernière page, venant après les informations sur la Chine
et sur le continent asiatique, quelques nouvelles de la très lointaine Europe.
Nous faisons escale à Karachi à 17 h 45 : chaleur torride, l’air est lourd et humide. Impossible de
ne pas penser à la parenthèse de ces trois semaines. Impossible d’être présent à cet entre-deux du
retour. L’avion est en grande partie occupé par un groupe d’Alsaciens qui fêtent bruyamment,
champagne et chansons, leur départ de Chine. Nous survolons Téhéran, Ankara, Sofia, Zagreb,
Munich. Nous sommes en France, Après un moment de repos la délégation alsacienne a repris
son tapage de plus belle, le reste du voyage est un cauchemar sans sommeil.
Mon retour en France dans cette campagne familière où je passe chaque week-end, me laisse tout
à fait ahuri et en somme passablement dépaysé. Ce qui m’apparaît immédiatement et avec force
c’est la surcharge du décor. La campagne française est sur-décorée, pas un endroit où l’œil puisse
se poser sans rencontrer une surcharge dont le plus souvent l’inutilité n’égale que la laideur.
Même chose chez moi, des bibelots, des meubles, des livres : des anecdotes superflues. Je sais déjà
que je m’y ferai très vite, que très vite ils me deviendront à nouveau indispensables. Mais au
retour c’est la surprise avec comme un mouvement de recul et de crainte devant ce que j’ai cru, ce
que je crois devoir assumer. Ce n’est pas seulement le lieu commun de la société de
consommation, c’est son histoire, l’histoire de la culture de consommation, de son décor, des
traces partout perceptibles d’un récit « dix-neuviémiste », sans autre dimension que la commune
mesure psychologique. Je notais avant-hier, dans un autre carnet, qu’un voyage en Chine, qu’un
récit de voyage en Chine doit toujours forcément commencer en Occident, et pour nous
inévitablement en France. C’est de là, et d’une certaine façon c’est là que se fait, que s’est fait ce
voyage. Cette impression qui était alors quelque peu abstraite se confirme tout à fait ce matin
entre Chartres et Dreux. Le voyage commence avant le voyage et c’est au retour qu’il se confirme,
que les clichés se fixent.
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Comme je crois l’avoir noté ici même, c’est peu à peu par analogie avec la France et l’Europe que
nous avons réussi à nous familiariser avec la Chine, et chaque fois la comparaison et la
ressemblance nous paraissaient on ne peut plus convaincantes. Au retour, et plus particulièrement
ce matin au cours de cette promenade dans la campagne française, toute possible analogie avec la
Chine disparaît et s’efface. Le paysage que je traverse, les habitudes de travail qu’il suppose, ce qui
l’a conditionné comme mode d’appropriation et d’économie, son dessin, ses couleurs et jusqu’au
ciel pâle qui le couvre, rien là qui puisse se comparer à quoi que ce soit de ce que nous avons vu
en Chine. Le paysage chinois peut certes être étendu et plat, comme celui que je traverse un peu
avant Dreux, et même beaucoup plus vaste, mais sa division, son unité de mesure, de perception,
lui donnent une tout autre dimension. Ici, les champs sont divisés en plus ou moins grandes, plus
ou moins inégales parts de cultures, le paysage chinois auquel je pense est également divisé par le
quadrillage des canaux qui l’irriguent. Pour ce que j’en ai vu, le territoire chinois à être plus vaste
n’en semble pas moins plus maîtrisé, à être moins occupé plus naturellement proche de celui qui
l’habite. L’impression que j’ai eue très souvent en Chine, et que je n’ai peut-être jamais notée ici,
en voyant un paysan accroupi dans les blés en herbe, ou près des rizières, seul et arrachant une à
une les mauvaises herbes, s’appropriant seul et ponctuellement la vaste étendue, c’est que rien ne
serait impossible à la volonté, tour à tour, au cours de son histoire, patiente et impatiente, de ce
peuple de se transformer et de transformer son histoire. Qu’il s’agisse de la Grande Muraille de
Chine, ou de ce paysage de rizière, le signe, la trace que laisse le Chinois a toujours deux mesures,
celle de l’homme et celle de l’espace qu’il habite : la fixation de l’une dans l’autre – vaste écriture
idéogrammatique de l’étendue. Il faudrait dire que si les cyprès qui entourent Sienne ont tous leur
histoire dans Horace, c’est un peuple entier là-bas qui trace et irrigue de la terre jusqu’au ciel,
d’un horizon à l’autre, ou penché sur la rizière sans horizon, la légende sans âge des grands
caractères de son histoire.
Au retour de Dreux j’aperçois la flèche de la cathédrale de Chartres que je veux revoir dès
aujourd’hui pour comprendre ou ne pas comprendre – ce qui, au-delà de l’actualité (les élections
présidentielles), se mêle et se démêle des grandes aventures humaines dans ces sortes d’écrits
géants (pris dans la traversée des siècles) que nous portons, que nous vivons aussi, le plus souvent
peut-être, à ras de terre. La politique sans doute ne pourra jamais me permettre de penser cela,
quoique les deux dimensions monumentales et scripturales, herbeuses et lapidaires, qui fixent ce vécu, soient aussi des pensées…
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Vidéo de Marcelin Pleynet
Édouard Manet (1832-1883) : Nuits magnétiques par Jean Daive (1983 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 8 juin 1983. Peinture : Édouard Manet, "Autoportrait à la palette", 1879. Par Jean Daive. Réalisation Pamela Doussaud. Avec Philippe Lacoue-Labarthe (critique, philosophe, écrivain), Dominique Fourcade (écrivain), Marcelin Pleynet (écrivain, critique d'art), Jean-Pierre Bertrand (artiste peintre), Joerg Ortner (graveur, peintre), Jean-Michel Alberola (artiste), Constantin Byzantios (peintre), Isabelle Monod-Fontaine (conservatrice au musée Georges Pompidou) et Françoise Cachin (conservatrice au musée d'Orsay). Lectures de Jean Daive. Édouard Manet, né le 23 janvier 1832 à Paris et mort le 30 avril 1883 dans la même ville, est un peintre et graveur français majeur de la fin du XIXe siècle. Précurseur de la peinture moderne qu'il affranchit de l'académisme, Édouard Manet est à tort considéré comme l'un des pères de l'impressionnisme : il s'en distingue en effet par une facture soucieuse du réel qui n'utilise pas (ou peu) les nouvelles techniques de la couleur et le traitement particulier de la lumière. Il s'en rapproche cependant par certains thèmes récurrents comme les portraits, les paysages marins, la vie parisienne ou encore les natures mortes, tout en peignant de façon personnelle, dans une première période, des scènes de genre : sujets espagnols notamment d'après Vélasquez et odalisques d'après Le Titien. Il refuse de suivre des études de droit et il échoue à la carrière d'officier de marine militaire. Le jeune Manet entre en 1850 à l'atelier du peintre Thomas Couture où il effectue sa formation de peintre, le quittant en 1856. En 1860, il présente ses premières toiles, parmi lesquelles le "Portrait de M. et Mme Auguste Manet". Ses tableaux suivants, "Lola de Valence", "La Femme veuve", "Combat de taureau", "Le Déjeuner sur l'herbe" ou "Olympia", font scandale. Manet est rejeté des expositions officielles, et joue un rôle de premier plan dans la « bohème élégante ». Il y fréquente des artistes qui l'admirent comme Henri Fantin-Latour ou Edgar Degas et des hommes de lettres comme le poète Charles Baudelaire ou le romancier Émile Zola dont il peint un portrait : "Portrait d'Émile Zola". Zola a pris activement la défense du peintre au moment où la presse et les critiques s'acharnaient sur "Olympia". À cette époque, il peint "Le Joueur de fifre" (1866), le sujet historique de "L'Exécution de Maximilien" (1867) inspiré de la gravure de Francisco de Goya. Son œuvre comprend des marines comme "Clair de lune sur le port de Boulogne" (1869) ou des courses : "Les Courses à Longchamp" en 1864 qui valent au peintre un début de reconnaissance. Après la guerre franco-allemande de 1870 à laquelle il participe, Manet soutient les impressionnistes parmi lesquels il a des amis proches comme Claude Monet, Auguste Renoir ou Berthe Morisot qui devient sa belle-sœur et dont sera remarqué le célèbre portrait, parmi ceux qu'il fera d'elle, "Berthe Morisot au bouquet de violettes" (1872). À leur contact, il délaisse en partie la peinture d'atelier pour la peinture en plein air à Argenteuil et Gennevilliers, où il possède une maison. Sa palette s'éclaircit comme en témoigne "Argenteuil" de 1874. Il conserve cependant son approche personnelle faite de composition soignée et soucieuse du réel, et continue à peindre de nombreux sujets, en particulier des lieux de loisirs comme "Au Café" (1878), "La Serveuse de Bocks" (1879) et sa dernière grande toile, "Un bar aux Folies Bergère" (1881-1882), mais aussi le monde des humbles avec "Paveurs de la Rue Mosnier" ou des autoportraits ("Autoportrait à la palette", 1879). Manet parvient à donner des lettres de noblesse aux natures mortes, genre qui occupait jusque-là dans la peinture une place décorative, secondaire. Vers la fin de sa vie (1880-1883) il s'attache à représenter fleurs, fruits et légumes en leur appliquant des accords de couleur dissonants, à l'époque où la couleur pure mourait, ce qu'André Malraux est un des premiers à souligner dans "Les Voix du silence". Le plus représentatif de cette évolution est "L'Asperge" qui témoigne de sa faculté à dépasser toutes les conventions. Manet multiplie aussi les portraits de femmes ("Nana", "La Blonde aux seins nus", "Berthe Morisot") ou d'hommes qui font partie de son entourage (Stéphane Mallarmé, Théodore Duret, Georges Clemenceau, Marcellin Desboutin, Émile Zola, Henri Rochefort).
Sources : France Culture et Wikipédia
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