On garde de Guadalupe Marín (1895- 1981), épouse du peintre Diego Rivera l'image d'une femme bafouée et revancharde qui, le jour du remariage de Rivera avec Frida Kahlo souleva la jupe de sa rivale et s'exclama devant les invités: “Miren, miren por qué par de piernas me cambió Diego Rivera”.
Autant dire que l'on se demande quel intérêt il y a à lire la nouvelle biographie romancée d'Elena Poniatowska, Dos veces Única, consacrée à la mégère qui se moqua de la jambe atrophiée de la Friducha le jour de ses noces. On sait de Lupe Marin qu'elle fut éclipsée à la fois par ses deux génies d'époux, le peintre Rivera avec qui elle eut deux enfants, et le poète Jorge Cuesta et par Frida Kahlo pour laquelle Rivera éprouva une véritable passion.
Certes on connaît son visage, représenté plusieurs fois par son premier mari dans ses fresques murales. Mais pour le reste elle était toujours reléguée au second plan. A la lecture de l'ouvrage, on apprend qu'elle ne fut pas qu'une mère et une épouse mais qu'elle fut l'auteure d'un roman, Un día patrio et d'une autobiographie, La Única. Guadalupe nous apparaît finalement bien différente de celle que l'on imaginait un peu comme Angelina Beloff, la peintre russe première compagne de Rivera qu'il fit tant souffrir (Cher Diego, Quiela t'embrasse). Elle fut une femme dotée d'un grand tempérament, dont le parcours fut étroitement lié à la vie artistique mexicaine, puisque l'on croise au fil des pages Jean Charlot, José Vasconcelos, Xavier Guerrero, Jose Clemente Orozco, Siqueiros, Cartier-Bresson etc…
Si cette femme n'a pas suscité chez moi beaucoup d'empathie, la lecture du dernier roman de Poniatowska fut tout de même très agréable. Son intérêt réside dans la toile de fond inlassablement brodée depuis des années par l'auteure, celle d'un passé glorieux et révolu quand le Mexique brillait comme un phare. On retiendra cette phrase de Poniatowska, la plus Mexicaine des Polonaises qui fuyait la guerre et qui depuis contribue à enrichir la légende de son pays d'adoption: "Cuando llegué a México en 1942 me asombró encontrar en un mapa de la República Mexicana que muchas zonas por descubrir, pintadas de amarillo, se ofrecían a la vista de los alumnos de primaria. Venía de Francia, donde los jardines son pañuelos y se cultiva hasta el último pedacito de tierra. Quise documentar a mi país no solo por sus aguas como las del Papaloapan, o sus jaraneros bajo los arcos del Café de la Parroquia, sino por sus personajes que eran en sí mismos un territorio florido y contradictorio: Carlos Pellicer, Tabasco; José Revueltas, Durango; Lupe Marín y Juan Soriano, Jalisco; Diego Rivera, Guanajuato; Octavio Paz, Mixcoac, en la capital; Guillermo Haro, Puebla, o mejor dicho, Tonantzinla. »
Dos veces Única est donc une nouvelle pierre portée à l'édifice de l'histoire de México (CDMX).
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Jérémy Chaponneau, chargé de collection au département Philosophie, histoire et sciences humaines, vous propose un programme de lectures autour des voyages d'Henri Cartier-Bresson :
« le Musée du peuple mexicain », Pedro Ramirez Vazquez, Vilo, 1968 https://c.bnf.fr/NKm
« La Nuit de Tlateloco », Elena Poniatowska, Éditions CMDE, 2014 https://c.bnf.fr/NKp
« Autobiographie ou Mes expériences de vérité », Gandhi, PUF, 1982 https://c.bnf.fr/NKs
« Gandhi : la biographie illustrée », Kapoor Pramod, Chêne, 2017 https://c.bnf.fr/NKv
« Gandhi, athlète de la liberté », Catherine Clément, Découvertes Gallimard, 2008 https://c.bnf.fr/NKy
« Mahatma Gandhi », Romain Rolland, Stock, 1924 https://c.bnf.fr/NKB
« Mahatma Gandhi : a biography », Bal Ram Nanda, Oxford India paperbacks, 1959 https://c.bnf.fr/NKE
« Histoire de l'U.R.S.S. », Nicolas Werth, Que sais-je ?, 2020 https://c.bnf.fr/NKH
« Staline », Oleg Khlevniuk, Gallimard, 2018 https://c.bnf.fr/NKK
« U.R.S.S. », Jean Marabini, le Seuil, 1976 https://c.bnf.fr/NKN
En savoir plus sur l'exposition Henri Cartier-Bresson. le Grand Jeu : https://www.bnf.fr/fr/agenda/henri-cartier-bresson
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