J'ai beaucoup apprécié l'aspect historique du roman et l'évocation de cette période trouble de 1791, alors que la prise de la bastille date déjà un peu et que
Louis XVI, revenu aux Tuileries, est toujours le roi des Français. En revanche, l'intrigue policière qui se greffe sur les événements de la Révolution française en cours m'a moins convaincu.
De nombreux personnages, fictifs ou réels, interviennent dans l'histoire, dont un grand nombre appartiennent à la toute nouvelle Gendarmerie nationale, à la Garde nationale, à divers services de police récemment créés, ou sont d'anciens lieutenants civils du défunt tribunal royal du Châtelet, générant une confusion qui conforte celle ambiante de l'époque. D'autant plus que certains jouent un double jeu dangereux, prêchant pour un camp afin d'en favoriser un autre, entre les nostalgiques de l'ancien régime, les tenants d'une monarchie constitutionnelle, et les fervents partisans de la révolution totale que préconisent Marat,
Robespierre et consorts, les rumeurs de comités complotant dans l'ombre fleurissant allègrement sur un terreau propice à toutes les trahisons, voire à une contre-révolution.
C'est dans ce contexte particulièrement incertain qu'apparaît Victor Dauterive, sous-lieutenant de gendarmerie bénéficiant de la protection de l'illustre
La Fayette, le jeune homme s'étant vu confier par le chef de la police secrète de son mentor la périlleuse mission que constitue l'arrestation de Marat, le principal agitateur des masses, particulièrement bien protégé par les adeptes de ses idées. Une belle plongée en eaux troubles pour le jeune homme qui ne tarde pas à faire les frais de ce qui lui apparaît assez vite comme un jeu de dupes dans lequel d'aucuns auraient peut-être misé sur son inexpérience et une certaine naïveté de sa part.
Dans le même temps, la Seine livre son lot de cadavres sans tête, apportant au récit une intrigue policière qui va son bout de chemin en parallèle des tumultes révolutionnaires, l'enquête ne concernant pas le jeune gendarme. Mais comme les parallèles, c'est bien connu, finissent toujours par se croiser...
Le parcours est semé d'embûches pour Victor qui subit plus les événements qu'il ne les contrôle, ne sachant trop où se situent amis et ennemis, se sortant miraculeusement de situations périlleuses et il faut le dire un peu répétitives. Il trouve tout de même un soutien infaillible auprès d'un vieux chirurgien-barbier, d'un non moins âgé archiviste du Châtelet, et d'Olympe de Gouges, écrivaine abolitionniste convaincue et féministe avant l'heure.
Ce roman est un vrai bon moment de lecture pour qui aime les cadres historiques, l'auteur maîtrisant parfaitement la période de la Révolution. J'ai juste regretté un petit manque de punch et quelques longueurs en début de récit, et trouvé le charisme de ce cher Victor Dauterive un peu faiblard.