Oiseau aux cinq voyelles
je ne rogne plus mes épaules
une porosité furtive fécond l'espace
de cors en corps rien n'est vain
des irruptions sonores irriguent le vide
duvets et semences buissonnent
un roselin enracine son chant
de rouges étincelles pétillent
j'écarte les branches de la haie
sous le bruit des choses familières
un nid bien rond me confie
cinq œufs presque bleus
De la dormance à l'éveil
chatoiements au parc Pointe-aux-Prairies
herbes quenouilles sphaignes des marées
minuscules univers réputés invisibles
bientôt des êtres par myriades
voleront marcheront ramperont
mais déjà le privilège de vous voir
amies tortues aux gestes frugaux
le temps échoue sur les écailles voutées
magnifiques et peu farouches
mésanges à tête noire presque touchées
le printemps ne revient pas il survient
un chant flûté je scrute en vain
les arbres exhibent mon ignorance
une présence ébrèche l'espace
les longues pattes du héron
l'oiseau traducteur de l'ailleurs
une flèche libre de toute cible
trace son sillon filiforme
le ciel s'ouvre et se referme
l'envolée enfouit sa semence